| RESTRICTION, subst. fém. I. A. − Réserve, considération qui restreint, apporte des limites à. Accepter (qqc.) avec restriction, avec des/qq. restrictions; émettre une, des restriction(s) à l'égard de (qqc.). Que M. Gabriel Soulages me pardonne la petite restriction que je fais à l'égard de son œuvre (Léautaud,Théâtre M. Boissard, 1926, p. 102).D'autre part, cette même doctrine du pouvoir indirect affirme (...) le droit (...) d'apporter (...) des restrictions à la souveraineté du pouvoir civil (Maritain,Primauté spirit., 1927, p. 30). − Loc. adv. Sans restriction. Sans réserve, entièrement. Celui de mes cousins que j'aimais le plus, c'était Henry − celui qui avait coupé mes boucles − et je l'admirais sans restriction (Gyp,Souv. pte fille, 1927, p. 175). − GRAMM. Proposition de restriction. Proposition subordonnée introduite par excepté que, sauf que, hormis que, hors que, si ce n'est que, sinon que indiquant une réserve, une limite (d'apr. Grev. 1975, § 1046). Synon. proposition restrictive*. B. − Fait de ne pas exprimer volontairement toute sa pensée. Synon. réticence.Rosanette n'avouait pas tous ses amants pour qu'il l'estimât davantage; − car, au milieu des confidences les plus intimes, il y a toujours des restrictions, par fausse honte, délicatesse, pitié (Flaub.,Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 165). ♦ Restriction mentale. Procédé par lequel on ajoute mentalement à la phrase que l'on énonce une condition ou réserve qui va lui donner un sens différent de celui qui sera interprété sans que l'on puisse pour cela être accusé formellement de mentir. Je ne dis pas qu'il ait renoncé pour la circonstance à ses finesses de dialecticien. La phrase est adroite et flaire souvent la restriction mentale (...). Mais enfin il ne ment certainement pas (Bremond,Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 290). II. − Action, fait de restreindre, de rendre plus petit (une quantité, un nombre). Synon. diminution, limitation, réduction.Restriction de la production, des crédits. Justin accepte, en principe, tout ce qui favorise la restriction de nos dépenses (Duhamel,Désert Bièvres, 1937, p. 187).La restriction volontaire des naissances (...) s'introduit de plus en plus dans les types de culture les plus divers (Traité sociol., 1967, p. 288). ♦ Restriction de sens (d'un mot). Le sens primitif d'un mot peut changer par modification simple ou par modification complexe. A. Modifications simples. 1 oRestriction de sens: Pondre (lat. ponĕre, poser): a) déposer; − b) déposer des œufs (Grev.1975, § 155). − Au fig. Fait de limiter. Que je m'enchaîne à la page que je dois écrire ou à celle que je veux entendre, j'entre dans les deux cas dans une phase de moindre liberté. Mais dans les deux cas, cette restriction de ma liberté peut se présenter sous deux espèces tout opposées (Valéry,Variété V, 1944, p. 316). III. − Au plur. Mesures ayant pour but de réduire la consommation en période de pénurie économique. Synon. rationnement.Souffrir des restrictions; période de restrictions; restrictions alimentaires; restrictions sur le gaz, l'électricité. Il tombait sur Londres une pluie de bombes (...). Les objets de première nécessité se faisaient rares, et les restrictions cessaient d'être une menace pour devenir une réalité (Triolet,Prem. accroc, 1945, p. 128): Ma sérénité connut cependant une éclipse pendant la dernière année de la guerre. Il fit grand froid cet hiver-là et le charbon manquait; dans l'appartement mal chauffé, je collais vainement au radiateur mes doigts gonflés d'engelures. L'ère des restrictions avait commencé.
Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p. 64. Prononc. et Orth.: [ʀ
εstʀiksjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1314 restrinctïon « resserrement, contraction » (Chirurgie Henri de Mondeville, éd. A. Bos, 84); 2. fin xives. « limitation, modification » (Roques t. 2, 10503); 1958 restriction des naissances (Romeuf, Dict. sc. écon. ds Rob. 1964, s.v. malthusianisme); 3. 1569 sans restrinction (Montaigne, trad. de R. Sebon, Theol. naturelle, ch. 311 ds Littré); 4. 1656-57 restriction mentale (Pascal, Provinc., éd. Brunschvicg, Boutroux, Gazier, IX, V, p. 204); 5. 1869 « omission volontaire d'une partie de ce que l'on pense » (Flaub., Éduc. sent., t. 2, p. 362); 6. 1890 « action de restreindre quelque chose, ici le sens des mots » (G. Paris, Compte-rendu dict. gén. langue franç. ds Journal des savants, nov., p. 671). B. 1. 1419 subst. fém. plur. restrinccions « réductions des dépenses » (Arch. du Nord, B 17626, dossier domaine ds IGLF); 2. 1921 « mesures qui ont pour objet de réduire la consommation en période de pénurie » (Bourget, Drame, p. 82). Empr. au b. lat.restrictio « modération, restriction ». Fréq. abs. littér.: 569. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 921, b) 500; xxes.: a) 706, b) 940. |