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RESSENTIMENT, subst. masc.
A. −
1. Vx. Sentiment de reconnaissance. Gardant du bienfait seul le doux ressentiment, Il [le chien] vient lécher ma main après le châtiment (Delille, Trois règnes nature, 1808, p. 211).
2. Vieilli. ,,Faible renouvellement d'un mal qu'on a eu, d'une douleur qu'on a ressentie`` (Ac.). Ressentiment d'entérite, d'estomac, de fièvre; avoir des ressentiments dans la tête. Mon fidelle Bertrand, qui était à côté de moi, a été effrayé de m'avoir entendu crier (...) il a cru que quelque ressentiment de ma blessure en était la cause, et je l'ai confirmé dans cette idée (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p. 1642).[Le] marquis (...) venait de Paris malgré un ressentiment de goutte (Stendhal, Armance, 1827, p. 278).
3. BEAUX-ARTS. [Corresp. à ressenti rem. s.v. ressentir] Technique qui accentue les contours ou les renflements d'un corps. Le plus fin connaisseur pourra être pris à un croquis [de Pater], (...) tant l'élève s'est assimilé le jet et le ressentiment du contour de Watteau (E. de Goncourt, Mais. artiste, t. 1, 1881, p. 134).Qu'est-ce qui peut charmer chez Puvis de Chavannes (...)? Est-ce ce dessin sans esprit, sans accent, sans ressentiment (...)? (Goncourt, Journal, 1886, p. 572).
B. − Péj. Animosité que l'on ressent des maux, des préjudices que l'on a subis, avec le plus souvent le désir de se venger. Synon. rancœur, rancune.Ressentiment des injures, des outrages; mortel, vif, violent ressentiment; avoir, garder, montrer, témoigner du ressentiment (pour qqn); concevoir, conserver, éprouver un ressentiment; modérer son ressentiment; être aveuglé par son ressentiment. Karelina, pétrifiée, muette, la regardait venir, image vivante du pardon. Il n'y avait ni ressentiment, ni amertume, sur le fin visage amaigri et pensif (Van der Meersch, Empreinte dieu, 1936, p. 254).Une notion toute négative comme celle du ressentiment (...) [qui] est très bien défini par Scheler comme une auto-intoxication, la sécrétion néfaste, en vase clos, d'une impuissance prolongée (Camus, Homme rév., 1951, p. 30).
Prononc. et Orth.: [ʀ əsɑ ̃timɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1300 « souvenir d'une injure, d'un préjudice » (Macé de La Charité, Bible, Bibl. nat. fr. 401, fol. 152c ds Gdf.: Et con s'il a savoir feist Que ciel et terre le hais Et qu'il n'avoit recentement); 2. 1574 « nouvelle sensation, nouvelle attaque d'un mal » (Lett. de Charle IX, Bibl. nat. fr. 3255, fol. 31 r ods Gdf. Compl.); 3. 1580 « action de ressentir, sentiment » (Montaigne, Essais, I, XXXVI, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 232); spéc. ca 1600 ressentiment de douleur (Montchrestien, Cartaginoise, Au lecteur, var., p. 292 ds Hug.); 4. 1613, 19 mars « souvenir reconnaissant, reconnaissance » (D'Aubigné, Lettre à la reyne ds Œuvres, éd. E. Réaume et F. de Caussade, t. 2, p. 687; v. aussi t. 1, p. 218). Dér. de ressentir*; suff. -(e)ment1*. Fréq. abs. littér.: 598. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 245, b) 428; xxes.: a) 544, b) 923.