| REPTILE, subst. masc. et adj. I. − Subst. masc. et adj. (Tout ce) qui rampe. A. − Vx. Tout animal, vertébré ou invertébré (y compris les insectes), qui rampe ou semble ramper. Le ver est un reptile (Besch.1845). B. − Vx, adj. Qui rampe. Synon. rampant.Les animaux reptiles. Notre serpent aux sifflements jadis harmonieusement modulés (...) n'était pas seulement musical et reptile (Proust,Temps retr., 1922, p. 806). − P. anal. Dont le mouvement (ou l'allure) rappelle celui (celle) des reptiles. On entend dans les pins que l'âge use et mutile Lutter le rocher hydre et le torrent reptile (Hugo,Légende, t. 1, 1859, p. 268).Oui! De mon poste de feuillage Reptile aux extases d'oiseau (...) Je te buvais, ô belle sourde! (Valéry,Charmes, 1922, p. 141). C. − Au fig., vx 1. Adj., littér. Vil, soumis, obséquieux. Non! plus de joug! l'homme est fait, non pour traîner les chaînes, mais pour ouvrir les ailes. Plus d'homme reptile (Hugo,Quatre-vingt-treize, 1874, p. 251). 2. Substantif a) Personne au caractère vil et obséquieux. Tous ces reptiles de la chicane (Robesp.,Discours, Guerre, t. 8, 1792, p. 192): Quoi! Tandis que partout, ou sincères ou feintes,
Des lâches, des pervers, les larmes et les plaintes
Consacrent leur Marat parmi les immortels;
Et que, prêtre orgueilleux de cette idole vile,
Des fanges du Parnasse un impudent reptile
Vomit un hymne infâme au pied de ses autels;
La vérité se tait!
Chénier,Odes, 1794, p. 252. b) HIST. [D'apr. une métaph. de Bismarck dans un discours de 1869] Journaliste qui était payé sur des fonds secrets (fonds des reptiles), aux gages de Bismarck; p. ext., journaliste aux gages d'un gouvernement. Le reptile en question se fait écrire de Berlin (Larch. Nouv. Suppl.1889, p. 210). D. − Rare, empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre, avec le partitif. Propriété de ce qui rampe. Il marche, il avance, lentement, tout d'une pièce, à petits pas posés qui glissent. Il a du reptile dans l'approche et du caméléon dans le mouvement (Goncourt,Journal, 1864, p. 22). II. − Subst. masc. A. − ZOOL. Groupe de Vertébrés ovipares ou ovovivipares comprenant les tortues, les crocodiles, les sauriens (caméléon, iguane, lézard, orvet) et les serpents, caractérisés par une peau écailleuse, une fécondation interne, une température interne dépendante des conditions climatiques et dont certains sont venimeux (d'apr. Animaux 1981). Les reptiles (...) [sont] des animaux ovipares (...) présentant une respiration et une circulation moins perfectionnées que celles des animaux à mamelles et des oiseaux (Lamarck,Philos. zool., t. 1, 1809, p. 153). ♦ Reptiles fossiles. Ordres de reptiles datant pour la plupart de la fin de l'ère primaire et de l'ère secondaire (dinosauriens, ichtyosauriens...). Ses études sur les reptiles fossiles de Normandie (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 373). Rem. Dans des classifications plus anc., le groupe des reptiles comportait aussi les batraciens: Les reptiles sauriens, ophidiens et batraciens sont à-peu-près dans le cas des cétacés; ils ne mâchent guère leur proie, et leurs dents ne servent qu'à la retenir et non à la diviser (Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 169). B. − En partic. [À partir du xixes.] Synon. de serpent.Venin, anneaux, nid, nœuds de reptiles; reptile ondulant, venimeux; un reptile qui fascine, rampe; se glisser comme un reptile. Des ondulations de reptile (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p. 35).Glissements de reptiles (Moselly,Terres lorr., 1907, p. 175). REM. Reptiforme, adj.Qui a la forme, l'apparence du reptile et des animaux rampants. Dans le poisson des mers, et dans l'oiseau des cieux, et dans le quadrupède, et dans toute l'animalité, et dans toute vie reptiforme se mouvant sur la terre (P. Leroux,Humanité, 1840, p. 515). Prononc. et Orth.: [ʀ
εptil]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. 1304 « qui rampe » (Placides et Timeo, ms. Rennes, Bibl. municipale, 593 d'apr. R. Arveiller ds Mél. Horrent (J.), p. 11); 2. 1697 fig. (Regnard, Le Distrait, I, 4 ds Littré). B. Subst. 1. 1314 subst. fém. reptilles « animaux rampants » (Chirurgie Henri de Mondeville, § 1749 ds T.-L.); 2. a) 1532 reptile subst. masc. (Grammaire de G. du Wes, éd. F. Génin, Paris, 1852, p. 1053 d'apr. Ch. Schmitt ds R. Ling. rom. t. 43, p. 29); b) 1798 subst. masc. plur. zool. (Cuvier, Hist. nat., p. 280); 3. a) 1751 fig., péj. (Prévost, Lettres angloises ou Hist. de Clarisse Harlove, t. 2, p. 110); b) 1874 spéc. hist. pol. fond des reptiles (L'Univers, 30 janv., p. I ds Quem. DDL t. 22). Empr. au lat.reptilis, -e « rampant », (dér. de repere « ramper ») notamment sous la forme du neutre subst. reptile en lat. chrét. au sens de « animal rampant » (Genèse, 1, 24). Fréq. abs. littér.: 726. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 332, b) 1 008; xxes.: a) 332, b) 357. DÉR. 1. Reptilien, -ienne, adj.a) Relatif aux reptiles. L'archéoptrix est un oiseau qui présente des caractères de reptile (...) et renforce l'hypothèse de l'origine reptilienne des oiseaux (Chelet,Lithogr., 1933, p. 10).b) Qui rappelle les reptiles, qui a quelque chose du reptile. Les mouvements reptiliens du chat. Il (...) tendait ses doigts reptiliens, les repliait, les enroulait, et les entortillait selon mille figures savantes (Magnane,Bête à concours, 1941, p. 236).c) [Corresp. à supra I C 2 b] L'attitude provocatrice que vient de prendre la presse reptilienne berlinoise (Le Figaro, 15 nov. 1888ds Larch. Nouv. Suppl. 1889, p. 210).− [ʀ
εptiljε
̃], fém. [-jεn]. − 1resattest. a) 1874 « de reptiles » (E. Haeckel, Hist. de la création des êtres organisés, trad. par Ch. Letourneau, Paris, Reinwald, p. 529 ds Doc. DDL), b) 1888 hist. pol. (Le Radical, 10 juill., p. 1 ds Quem. DDL t. 22); de reptile, suff. -ien*. 2. Reptilité, subst. fém.[Corresp. à supra I C] Partout la servitude à voix basse parlait (...). La force avait le droit. Qu'était la conscience? De la reptilité sous de l'écrasement (Hugo,Fin Satan, 1885, p. 811).− [ʀ
εptilite]. − 1reattest. 1885 id.; de reptile, suff. -ité*. BBG. − Quem. DDL t. 5 (s.v. reptilien). |