| REPRENDRE, verbe 1reSection. Empl. trans. I. − [Indique le rétablissement d'un contrôle sur qqc.] A. − [Corresp. à prendre 1reSection I] 1. Saisir de nouveau quelque chose ou quelqu'un qu'on avait lâché ou laissé de côté. Synon. ressaisir; anton. lâcher, laisser.Reprendre un livre, sa valise, son journal, ses outils. Il prend du sucre avec sa pince, le met dans son verre, le remet avec la pince dans le sucrier et le reprend avec ses doigts (Renard,Journal, 1900, p. 565).Il (...) lâcha mon poignet. Mais ce fut pour me reprendre aussitôt dans ses bras et m'entraîner (Sagan,Bonjour tristesse, 1954, p. 121). − SPORTS (de ballon). Avoir de nouveau le contrôle de la balle. Pour les avants, presser l'adversaire, l'obliger à jouer afin de lui reprendre le ballon ou de favoriser le recul et le regroupement défensif (J. Mercier,Footb., 1966, p. 64). 2. a) Prendre de nouveau quelqu'un avec soi, auprès de soi; employer à nouveau quelqu'un. Reprendre sa fille à la maison; reprendre un secrétaire, une bonne; reprendre un amant. À 5 h. du matin, elle m'appela près d'elle, fut très aimable et doublement, quoique souffrante; mais elle ne se fâcha pas et me reprit (Michelet,Journal, 1857, p. 377).À ton âge, on croit volontiers qu'une première amitié engage la vie, toute la vie... Parions que tu espères bien qu'il te reprendra, hein? Que vous ne vous quitterez plus? (Bernanos,M. Ouine, 1943, p. 808). b) Repasser chercher quelqu'un ou quelque chose qu'on avait laissé quelque part. Ernest, qui m'avait laissé à l'orchestre pour aller courir de loge en loge, vint me reprendre, et me conduisit à l'Opéra (Jouy,Hermite, t. 4, 1813, p. 101).Justement, il avait l'intention de passer ce soir, pour vous régler et reprendre sa malle (Romains,Hommes bonne vol., 1932, p. 253). 3. Empl. pronom., au fig. Réagir à quelque chose qui abat ou contrarie. Synon. se ressaisir; anton. se laisser aller.Jef, bouleversé: Oh! j'aurais dû comprendre. Marceline: Mais, dieu merci, je me suis reprise! (Achard,J. de la Lune, 1929, i, 4, p. 7).Au fond, dit-elle rêveusement, je me demande si ce n'est pas toi que j'ai le plus haï. Elle fait un effort sur elle-même, se reprend et sourit les joues encore enflammées (Sartre,Nausée, 1938, p. 184). B. − [Corresp. à prendre 1reSection II] 1. Posséder de nouveau quelque chose qu'on avait dû céder; en partic., occuper un lieu d'où l'on avait été chassé. Synon. réinvestir; anton. abandonner, céder, perdre.Quatre fois les Turcs essaient de reprendre l'île de Rhodes sur les chevaliers, et quatre fois ils sont repoussés (Chateaubr.,Génie, t. 2, 1803, p. 477).Le 77erégiment d'infanterie reprenait à l'ennemi l'important point d'appui constitué par le château de Mondement (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 416). − Loc. Reprendre l'avantage*. Reprendre le dessus. V. dessus2.Reprendre l'initiative de. Encore fallait-il que je fusse assuré que leur capacité de résistance n'en serait pas compromise, sans quoi l'ennemi eût repris l'initiative des opérations que nous venions de lui enlever (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 407). 2. Attraper de nouveau quelqu'un qui s'était échappé. Synon. rattraper.Mais il doit s'être embusqué dans le couloir. Ah! et puis zut! Je crierai s'il veut me reprendre (Colette,Cl. école, 1900, p. 168).Elles hésitèrent, écoutèrent, rapprochées, et d'un même mouvement se mirent à courir. L'idée d'être reprise par eux lançait Pauline comme une folle (Pourrat,Gaspard, 1930, p. 242). − En partic. Accaparer de nouveau (quelqu'un). Je ne croyais pas que repris par ton pays, tu songerais si tôt à moi (Rivière,Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 233).Les rues les reprirent, ils marchèrent longuement (Triolet,Prem. accroc, 1945, p. 58). 3. Posséder de nouveau quelqu'un sexuellement. − Pourquoi est-ce que je vous désire tant? a dit Lewis. − Parce que je vous désire tant. Il m'a prise sur le tapis; il m'a reprise sur le lit et longtemps je suis restée couchée dans l'ombre de son aisselle (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 433). C. − [Corresp. à prendre 1reSection III] 1. Se remettre à utiliser quelque chose qu'on avait laissé. Reprendre un instrument, un outil; reprendre la plume. Déjà je me suis renfermé en moi-même, j'ai repris mes bouquins, je suis revenu à ma solitude (Rivière,Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 272): 1. ... je pensais reprendre ma charrue. Il me fait un procès pour un fossé, disant que ce fossé, au lieu d'être sur mon terrain, était sur le chemin. Je perdis encore un mois à suivre ce procès, que je gagnai vraiment...
Courier,Pamphlets pol., Gazette vill., 1823, p. 188. − Loc. Reprendre les armes. Se remettre à guerroyer. Bientôt il déchirera forcément les traités et reprendra les armes pour maintenir sa dictature (Sand,Hist. vie, t. 2, 1855, p. 2). 2. [Le compl. désigne une fonction sociale ou un objet symbolisant celle-ci] Exercer de nouveau telle ou telle fonction; se trouver, se mettre à nouveau dans telle ou telle situation. Reprendre le deuil, l'habit. Maître Eustache de Laitre reprit les sceaux, comme chancelier (Barante,Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 184).Ayant retrouvé un ancien capitaine du 106e, le capitaine Ravaud, il s'était fait engager dans la nouvelle compagnie du 124e, que celui-ci commandait. Il y avait repris ses galons de caporal (Zola,Débâcle, 1892, p. 584). ♦ Reprendre le collier*. ♦ On ne m'y reprendra plus. [S'emploie pour indiquer qu'on ne veut plus s'engager à faire qqc.] 3. [Le compl. désigne un lieu, une place, une situation où l'on se tient] Occuper de nouveau une place, une position qu'on avait quittée. Reprendre la tête; reprendre son poste. Chaque propriétaire, se dérobant aux bénédictions convenues, reprit place, à son tour, dans le char-à-bancs collecteur qui vint les recueillir (Villiers de L'I.-A.,Contes cruels, 1883, p. 251).Marguerite, guérie, avait repris sa place auprès de ma mère (Duhamel,Confess. min., 1920, p. 193). − VÉN. [Le suj. désigne les veneurs ou le valet du limier] Reprendre ses voies. Revenir sur ses dernières brisées après avoir fait fausse route (d'apr. Duchartre 1973). D. − [Corresp. à prendre 1reSection IV] 1. Reprendre + déterm. + subst. désignant une attitude ou une capacité (de qqn), un aspect (de qqn ou de qqc.), ou un comportement a) [Le subst. désigne une attitude] Reprendre son sérieux. Il aurait crié d'impatience. Ses poings se crispèrent; il eut peur de ne pas pouvoir reprendre une attitude calme, car il fallait lui parler (Louÿs,Aphrodite, 1896, p. 47).Instantanément, Antinéa reprit la pose nonchalante sous laquelle, la première fois, elle m'était apparue (Benoit,Atlant., 1919, p. 258). b) [Le subst. désigne une capacité] Reprendre ses esprits, son sang-froid, son souffle. Durant la route, sa colère s'apaisa, il reprit ses sens et il rentra dans Paris (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 625).Ce n'était pas naturel qu'il fût devenu si peu robuste; Philip l'aiderait à reprendre des forces (Martin du G.,Thib., Épil., 1940, p. 784). c) [Le subst. désigne l'aspect de qqc., l'apparence, l'expression de qqn] Reprendre des couleurs. Puis, quand elle voit que ce n'est pas vous, son visage reprend son expression douloureuse (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p. 292).Qu'est-ce qu'on met dans le trésor? L'enfant reprenait un visage ombrageux (Cocteau,Enfants, 1929, p. 50). d) [Le subst. désigne un comportement] Tout signifiait campement provisoire, lieu de hasard où l'on ne saurait reprendre ses habitudes (Martin du G.,Thib., Mort père, 1929, p. 1348). 2. Reprendre + subst. désignant un état a) Avoir de nouveau telle ou telle capacité. Synon. recouvrer, retrouver; anton. perdre.Reprendre confiance, conscience; reprendre goût à qqc. Tout ce que je me rappelle, c'est que la nuit déjà tombait, au moment où j'ai repris connaissance (Zola,Débâcle, 1892, p. 409).Je n'avais pas à intervenir, la famille était là qui s'extrayait du fourgon-limousine Borniol, la veuve de mon ami venue reprendre possession de son mari (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 52). − En partic. Reprendre sentiment. Il examina les doigts de son pied gauche. Il y cherchait des chiques (...). Chez les blancs, il n'en est pas de même. L'une d'elles s'attaque-t-elle à leur peau? Comme ils sont douillets, ils s'en aperçoivent aussitôt et ne reprennent sentiment que lorsqu'un boy a réussi à la leur extirper (Maran,Batouala, 1921, p. 36). b) Être de nouveau dans la relation ou dans l'état spécifié par le complément. Reprendre vie. Bourget que je consulte me dit: « Un artiste pèche toujours par la virtuosité. Il a toujours bénéfice à reprendre contact avec la réalité (...) » (Barrès,Cahiers, t. 5, 1906, p. 4).Cette habileté qu'il avait à tourner sa veste à propos, à reprendre équilibre quand on l'avait cru par terre (Genevoix,Raboliot, 1925, p. 219). 3. Locutions a) Reprendre du champ. V. prendre du champ (s.v. champ1).Reprendre langue. V. prendre langue*.Reprendre du poil* de la bête. b) Reprendre haleine. Se reposer afin d'être de nouveau en état de faire quelque chose. La nuit serait longue encore: que faire? Il chercha un coin où reprendre haleine (Martin du G.,Thib., Cah. gr., 1922, p. 640). E. − [Dans un échange] Prendre de nouveau quelque chose qu'on avait donné. Anton. céder, donner, redonner. 1. [Le compl. désigne une entité concr.] Il leur disait (...) qu'il était venu reprendre l'héritage conquis par la valeur de leurs ancêtres (Barante,Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 68).Il y avait cet homme sanguinaire qui donne du tabac à sa femme et le lui reprend (Jacob,Cornet dés, 1923, p. 41). 2. [Le compl. désigne (un fait qui constitue) un engagement] Reprendre sa parole. Puis c'est Maupassant, qui me décide à reprendre ma démission de président de la société pour le monument de Flaubert (Goncourt,Journal, 1887, p. 640).Un instant, il me donna son sourire, mais il le reprit tout de suite (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 313). F. − [Corresp. à prendre 1reSection VI] Investir de nouveau quelqu'un en l'affectant, en le privant de certaines de ses capacités. Synon. regagner. 1. [Le suj. désigne une atteinte physique, une maladie, une source d'ennui] En allant au trésor, par le plus beau temps du monde, je fus repris de la grippe (Michelet,Journal, 1857, p. 379).Il faisait maintenant complètement jour... Une crise m'a repris dans l'étage, une nausée terrible! Il me conduisit lui-même aux chiots (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 393). ♦ Empl. trans. indir. La goutte, la fièvre lui a repris (Ac.1935). 2. [Le suj. désigne un état psychol. ou physiol. ou leur manifestation] Être repris par les larmes. Il laissait un demi-sommeil le reprendre (Zola,Débâcle, 1892, p. 511).Je n'osais pas téléphoner à Ponte, repris de mes timidités anciennes (Jouve,Scène capit., 1935, p. 228). II. − [Indique la continuation après une interruption] A. − [Le suj. ou le compl. désigne une activité ayant une certaine durée] 1. [L'activité est précisée dans la phrase] Se mettre de nouveau à faire quelque chose qui avait été interrompu. Synon. recommencer, poursuivre.Reprendre son travail, son attente, ses visites, ses voyages, ses études, sa lecture; reprendre la lutte; reprendre (le fil de) son discours. La mère Chapdelaine reprit ses questions (Hémon,M. Chapdelaine, 1916, p. 48).À Constantinople, les Turcs vaincus (...) n'avaient cédé que pour quelques heures plus tard se révolter, tuer leurs gouvernants et reprendre la guerre (Aragon,Beaux quart., 1936, p. 291). − [L'activité est un mouvement corporel] Reprendre sa course, sa marche; reprendre le trot, le mouvement. Si je ne vais pas aux Ardennes, je ne tarderai point à reprendre mon vol à tire-d'aile vers mon rocher (Hugo,Corresp., 1862, p. 403).Un long moment, elle resta ainsi suspendue, hésitante, puis reprit son ascension (Bernanos,Crime, 1935, p. 756). 2. En partic. [L'activité est le discours lui-même; pour introduire un discours direct] Se remettre à dire quelque chose après qu'on s'était arrêté de parler. Enfin, ils arrivèrent à un bout de couloir complètement sombre. − Nous y sommes, reprit le zingueur (Zola,Assommoir, 1877, p. 424).− Moi, dit la blonde, je suis le courrier personnel de Germain. J'assure en vélo ses liaisons dans la région. − Autrefois, reprit la brune, je vivais à Poitiers (Vailland,Drôle de jeu, 1945, p. 134). B. − [Le compl. désigne un domaine d'activité ou le produit d'un travail] 1. Se remettre à travailler à quelque chose, étudier de nouveau quelque chose. Reprendre une étude, une recherche. Si, primitivement, nous n'avions touché à ce problème que par voie d'allusions, c'est que nous comptions le reprendre et en faire une étude spéciale (Durkheim,Divis. trav., 1893, p. 1).La question sera reprise plus bas (Sauss.1916, p. 33). 2. Remettre la main à une œuvre, à un ouvrage généralement en vue de l'achever ou de le parfaire. Synon. retoucher.Reprendre un tableau. (Dict. xixeet xxes.). Le moulage peut être repris à l'outil (Arts et litt., 1935, p. 20-10).Il avait ses rôles de prédilection. Il aimait à les reprendre pour les parfaire (Duhamel,Suzanne, 1941, p. 228). − MAR. Reprendre un hauban. ,,Le raidir lorsqu'il a pris du mou`` (Gruss 1952). 3. En partic. a) Reprendre qqc. à qqc. (propre à qqn).Apporter une correction à quelque chose qu'a exécuté quelqu'un. Nous n'y avons trouvé à reprendre qu'une seule chose, mais grave et fâcheuse vraiment pour l'auteur (Courier,Pamphlets pol., Procès, 1821, p. 126).Le comte parut sur le seuil, vêtu avec la plus grande simplicité, mais le lion le plus exigeant n'eût rien trouvé à reprendre à sa toilette (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 583). b) P. méton. Reprendre qqn
α) Faire à quelqu'un des observations à propos d'une erreur ou d'une faute qu'il vient de commettre. Synon. corriger, blâmer.Parlant sa propre langue, il avait deux avantages sur son interlocutrice: il pouvait nuancer à l'infini ses propos; et il pouvait la reprendre si elle faisait des fautes (Larbaud,F. Marquez, 1911, p. 89).Empl. pronom. Corriger une faute ou une erreur dans ce qu'on vient de dire. Il dit un mot pour un autre, mais il se reprit aussitôt (Ac.1935).Gabrielle: Eh bien, papa... (se reprenant). Non, mon père... justement, je connais quelqu'un dans ces conditions-là! (Sardou,Rabagas, 1872, i, 4, p. 12).
β) Faire des reproches à quelqu'un sur sa conduite, son attitude. On a beau reprendre ce jeune homme de ses fautes, il y retombe toujours (Ac.1935).Empl. pronom. J'avais souri de pitié en le voyant mettre son pèlerinage au rang de ses meilleures actions. Et puis je me repris moi-même de mon orgueil (Krüdener,Valérie, 1803, p. 213). C. − [Le parcours est d'ordre spatial; corresp. à prendre 1reSection III] Se remettre à parcourir. Synon. repartir sur/ dans; anton. s'arrêter. 1. [Le compl. désigne un espace ou un parcours] Reprendre son chemin, sa route. Ce n'était pas la peine de monter pour nous manger le nez, dit Boche, furieux, en reprenant l'escalier (Zola,Assommoir, 1877, p. 450).Toutes [les barques] étaient là, sur la dune, prêtes à reprendre la mer dès le premier calme (Queffélec,Recteur, 1944, p. 130). 2. [Le compl. désigne un moyen de transport] Utiliser de nouveau, monter de nouveau dans quelque chose. Reprendre le bateau. Alors, il reprit le train pour Rome, sans s'arrêter nulle part (Rolland,J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1445): 2. Il lui semblait maintenant qu'aimer les taureaux était quelque chose d'un peu ridicule, qui le faisait remarquer, qui criait tout de suite qu'il était un Parisien nigaud. Et il reprit l'autobus sans être entré.
Montherl.,Bestiaires, 1926, p. 395. III. − [Indique la répétition d'une occurrence de qqc.] A. − [Le compl. désigne l'occurrence nouvelle de qqc.] Utiliser quelque chose qui avait déjà été employé ou proposé ou qui existait déjà. Reprendre une distinction ancienne; reprendre qqc. à son compte; reprendre une rime, un refrain. Il ne faudra répéter à d'autres la confidence de mon « passé extraordinaire », pour reprendre votre propre expression (Billy,Introïbo, 1939, p. 216).Les conclusions de cette enquête [sur le problème des transports] furent partiellement reprises par le gouvernement et mises dans le domaine de l'application par le décret-loi du 15 mai 1934 (Nav. intér. Fr., 1952, p. 13). − SPECT. Jouer ou produire de nouveau un spectacle. Reprendre une tragédie, une comédie (Ac. 1935). J'aperçois une affiche: changement de spectacle par indisposition de M. J. Périer Manon et l'on ne sait même pas si on pourra le reprendre cette année, car il n'y a plus que 15 jours au maximum avant la fermeture (Rivière,Corresp.[avec Alain-Fournier], 1908, p. 374). B. − [Le compl. désigne un aliment ou une boisson ou une quantité de ceux-ci] Se resservir de nouveau d'une chose, la consommer. Reprendre de la boisson, de la nourriture. − Non, je n'ai bu qu'une gorgée, c'est bien assez, je n'en reprendrai pas (Colette,Cl. école, 1900, p. 168).Antoine buvait à petits coups, sans paraître faire attention à son frère. Jacques s'enhardit, reprit une gorgée, la laissa descendre en lui comme une boule de feu (Martin du G.,Thib., Pénitenc., 1922, p. 707). 2eSection. Empl. intrans. [Corresp. à prendre 2eSection] I. − Manifester de nouveau de la vigueur après une période de langueur, de faiblesse, se remettre à vivre. Synon. se refaire; anton. dépérir.Ce convalescent, ce malade reprend, a bien repris (Ac.1935).Les chairs reprennent (Ac.). − [Le suj. désigne un végétal] Faire de nouveau des racines ou recommencer sa croissance (notamment après transplantation ou greffage). Synon. repousser; anton. s'étioler, dépérir.Ce pommier, ce poirier a bien repris (Ac.).Sous les châssis peints et sous les cloches barbouillées, il ne poussa que des végétations rachitiques. Les boutures ne reprirent pas (Flaub.,Bouvard, t. 1, 1880, p. 31). II. − [Le suj. désigne une activité] Synon. de recommencer, redémarrer.Les affaires reprennent; la bataille, la conversation, la discussion, le murmure a repris. Racontée par moi, c'était un conte sans vraisemblance. À ce sujet, la discussion reprenait de plus belle (Janin,Âne mort, 1829, p. 114).Le lancement des grenades reprit (Malraux,Cond. hum., 1933, p. 254). ♦ [P. méton.] Chien de pays!... Si la neige reprend, nous n'y restons pas huit jours (Bourget,Disciple, 1889, p. 142).L'appel d'un croiseur monta puis se perdit. Ferral marchait vers sa maison aussi vite qu'il le pouvait, mains dans les poches, épaules et menton en avant. Deux sirènes reprirent ensemble, une octave plus haut (Malraux,Cond. hum., 1933, p. 243). − ÉCON. S'accroître de nouveau jusqu'à retrouver un niveau d'échange ou de production antérieur après une période de marasme. Les commandes reprendront en été 1949 et la reprise sera générale en fin d'année, c'est-à-dire 6 mois avant le début de la guerre de Corée à qui certains attribuent à tort l'origine de la reprise (Univers écon. et soc., 1960, p. 32-12). 3eSection. Empl. pronom. (sans corresp. trans.). [Corresp. à prendre 3eSection] I. − [Le compl. verbal ou nom. exprime un comportement ou un affect] Manifester de nouveau tel ou tel comportement, exercer de nouveau telle ou telle activité. A. − Qqn se reprend à qqc.Synon. se rattacher à.Il avait peur de renouer des liens avec les hommes. Il avait peur de se reprendre à la chaîne d'affections et de douleurs (Rolland,J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1437).Il est accablé sous le poids des découvertes des connaissances, incapable de se reprendre à cette activité illimitée (Valéry,Variété III, 1936, p. 216). B. − Qqn se reprend à + inf.Se remettre à. Anton. cesser.Et Jenny, prête à pleurer, se reprit à rire (Janin,Âne mort, 1829, p. 87).Mais Lanoue se reprit à insister et j'acceptai tout de suite, lâchement, en bégayant presque de frayeur (Duhamel,Confess. min., 1920, p. 66). II. − S'y reprendre.Se remettre à faire une chose. S'y reprendre à deux fois. Il a fallu s'y reprendre à plusieurs fois (Ac.1935).On faisait ses classes; on passait, quitte à s'y reprendre, ses examens ou ses concours (Valéry,Variété IV, 1938, p. 196). REM. Repreneur, subst. masc.Repreneur (d'entreprises). Homme d'affaire, dirigeant d'entreprise spécialisé dans l'achat d'entreprises en difficulté pour leur donner une nouvelle impulsion. En relançant la bonne vieille manif des familles le dimanche après la messe, un jeune repreneur d'entreprises en difficultés ferait un malheur (Le Monde, 27 oct. 1984, p. 24). Prononc. et Orth.: [ʀ
əpʀ
ɑ
̃:dʀ
̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1119 « corriger » (Philippe de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 2962); b) ca 1165 « blâmer » (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 20325); 2. a) ca 1140 « prendre de nouveau » (Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 615); ca 1200 reprendre son haleine (Aliscans, éd. de Halle, 528: Reprent s'aleine); 1269-78 reprendre la parole (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 14575); b) ca 1170 « rattraper un malfaiteur » (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 4384); 3. 1170-83 « recommencer » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, 205: Reprist Loier sun filz la guerre); 4. a) mil. xiies. « joindre (une étoffe) » (Alexandre, 251 in Elliott Monographs, n o36, p. 15); b) 2emoit. xiiies. « se joindre, se remettre (de chair) » (Dit Empereur Constant, 230 ds T.-L.); 5. 1176 reprandre « prendre racine, prendre vigueur » (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 1029); 6. ca 1225 se reprendre « revenir à » (Reclus de Molliens, Miserere, éd. A.-G. van Hamel, 205, 4). Du lat. reprendere, forme contractée de reprehendere « saisir et empêcher d'avancer, retenir, arrêter », « reprendre, blâmer, critiquer », dér. de prehendere, v. prendre, préf. re-, fr. re-*, à partir duquel a dû se développer le sens de « prendre à nouveau ». Fréq. abs. littér.: 27 054. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 32 789, b) 47 630; xxes.: a) 40 908, b) 37 488. Bbg. Quem. DDL t. 14. |