| REPRÉSAILLES, subst. fém. plur. A. − Dommage, violence, qu'un État, un groupe organisé fait subir à un autre État, à un autre groupe, à titre de réciprocité. Représailles sanglantes, terribles, violentes; user de représailles. Dans la nuit du 1erau 2 octobre, à quatre heures du matin, six hommes de la landwehr (...) avaient été surpris et enlevés par une bande de francs-tireurs (...). Dès le lendemain, par représailles, les Prussiens incendiaient les maisons où la surprise avait eu lieu (Barrès, Colline insp., 1913, p. 297).Est-ce que les États-Unis exerceraient des représailles massives si une attaque était tentée, directement ou indirectement, contre les régions couvertes par le pacte de Bogota (...)?(Billotte, Consid. strat., 1957, p. 42-05). − Subst. + de représailles.Qui sert pour exercer des représailles. Camp, loi, mesures de représailles. Les pirateries continuelles des Farghiens au long de ses côtes, déclenchèrent de la part d'Orsenna une expédition de représailles, qui parut devant la côte ennemie et bombarda ses ports sans ménagements (Gracq, Syrtes, 1951, p. 13).Dans la situation actuelle où les forces de représailles sont en partie invulnérables, la probabilité la plus grande est pour la stabilité (Beaufre, Dissuasion et strat., 1964, p. 74). B. − P. ext. Riposte, individuelle ou collective, à toute action ou procédé jugé comme mauvais ou dommageable. Synon. vengeance.Pascal poursuivait la série de ses représailles sur la morale des Jésuites (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 10).Il tenait des propos cyniques, mais par représailles, non par conviction (Maurois, Ariel, 1923, p. 212): Il n'avait de paix intérieure que lorsqu'il se sentait en règle avec tous. Et puis, il craignait les représailles des créanciers, comme il craignait tout en cet ordre de choses.
Montherl., Célibataires, 1934, p. 796. Rem. Rarement empl. au sing.: Mon père a passé sa vie à avoir peur: peur de perdre sa couronne, peur d'être trahi, peur d'être tué. Il connaît ses forfaits mieux que nous ne les connaissons, et sait que chacun d'eux crée la menace d'une représaille (Id., Reine morte, 1942, I, 2etabl., 4, p. 153). Prononc. et Orth.: [ʀ
əpʀezɑ:j], [-aj]. Ac. 1694, 1718: -pre-; dep. 1740: -pré-; dep. 1718 au sing. en vedette mais: ,,Il n'a guère d'usage qu'au pluriel`` (vedette également au sing. ds Littré: ,,il s'emploie plus souvent au pluriel`` et ds Rob. 1985: ,,Rare au sing.`` mais vedette au plur. ds Lar. Lang. fr.). Étymol. et Hist. 1401 reprisailles (Choix de pièces relatives au règne de Charles VI, éd. Douët d'Arcq, t. 1, p. 218); 1443 réprésailles, riprisailles (ds Ordonnances des rois de France, t. 13, p. 367 et p. 402); 1564 sing. represaille (Thierry); 1611 droict de represailles, lettres de represailles (Cotgr.). Empr. au lat. médiév.represalie subst. plur. « id. » 1288 ds Latham, (reprisalia fém. sing. « id. » 1384, ibid., reprensalia neutre plur. xiiies. ds Nierm.), peut-être d'apr. l'ital. rappresaglia « id. » xives. ds Tomm.-Bell., ripresaglia « id. » xives., ibid., du part. passé de riprendere « reprendre » xives., ibid., du lat. reprendere, v. reprendre. Fréq. abs. littér.: 265. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 348, b) 317; xxes.: a) 346, b) 450. Bbg. Hope 1971, p. 49. |