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REPÊCHER, verbe trans.
A. −
1. Retirer de l'eau (ce qui y est tombé, ce qu'on y a mis). Repêcher un cadavre, un noyé. Il tomba dans la pièce d'eau, très peu profonde à cet endroit. L'on accourut, l'on repêcha le jeune comte tout ruisselant (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 59).Il raclait au grappin le fond du port et repêchait des bouts de câble, de filet, des ordures (Hamp, Marée, 1908, p. 19).
P. métaph. Il s'agit d'une affaire importante: tâche de repêcher ta raison noyée au fond des pots, et de m'écouter (Gautier, Fracasse, 1863, p. 306).
TECHNOL. Ramener les bûches flottées sur la rive d'un cours d'eau. (Dict. xixeet xxes.).
2. P. anal. Ramasser, reprendre, retrouver. À peine avait-il le pied hors de la chambre que de Perray s'empressa de repêcher la lettre compromettante et de la tirer du feu (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 12, 1869, p. 51).Au lieu d'envoyer Pauline en pension, elle la gardait près d'elle (...), elle parlait de se charger de son instruction (...). On repêcha, au fond de la bibliothèque de Lazare, une grammaire, une arithmétique, un traité d'histoire, même un résumé de la mythologie (Zola, Joie de vivre, 1884, p. 847).
B. − Au fig., fam.
1. Aider quelqu'un à se tirer d'une situation difficile. Synon. sauver.Hurluret, qui a poussé la porte du chef: (...) Les deux lascars?... Voix de Favret: Toujours manquants... Hurluret: Chameaux! Ils vont si bien faire que je ne pourrai plus les repêcher! (Courteline, Gaîtés Esc., 1886, III, p. 47).Une femme se prit d'amour ou de pitié pour cet être de talent noyé, sombré dans la boisson. Elle le repêcha pendant quelques années, se faisant près de lui une bonne sévère et l'empêchant de boire (Goncourt, Journal, 1886, p. 558).
Empl. pronom. réfl. Allons, dis tout, avoue, tu as fait une bêtise, tâche de te repêcher, raconte ce que tu sais, on t'en tiendra compte (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 91).
2. En partic. Recevoir un candidat n'ayant pas été admis lors d'une première sélection ou n'ayant pas tout à fait le nombre de points requis, lors d'un examen; donner à quelqu'un une chance supplémentaire d'être reçu à un examen, de se qualifier dans une compétition. Ne pourrais-tu pas me conseiller pour cet oral (...)? Les questions de repêchage ont-elles l'importance que dit G.? Peuvent-elles repêcher? (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1907, p. 169).Il m'a demandé la distance entre le Soleil et la Lune et puis la Terre et l'autre côté... Je n'osais pas trop m'avancer... Il a fallu qu'il me repêche. Sur la question des saisons je savais un petit peu mieux (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 157).
Part. passé en empl. subst. C'était un usage, les jurés avaient droit à une « charité », chacun d'eux pouvait choisir dans le tas une toile, si exécrable qu'elle fût (...). D'ordinaire, on faisait l'aumône de cette admission à des pauvres. Ces quarante repêchés de la dernière heure étaient les mendiants de la porte (Zola, L'Œuvre, 1886, p. 307).Les exemples où les repêchés gagnent la finale sont assez rares (L'Auto, 9 sept. 1933, p. 1 ds Grubb Sports 1937, p. 63).
[P. méton. de l'obj.] Le manuscrit de Péladan a été repêché au Comité d'hier (Léautaud, Journal littér., 2, 1908, p. 171).
REM. 1.
Repêchable, adj.Qui peut être repêché. Il avait soumis sa liste à l'abbé Petitjeannin, pour le cas où il y aurait eu un seul des licenciés qui aurait été repêchable à cause de sa conduite, de sa piété (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 25).
2.
Repêcheur, -euse, subst.Celui, celle qui repêche. Nadar et un vieil ami, tous deux en vieilles vareuses rouges, en repêcheurs de macchabées (Goncourt, Journal, 1886, p. 594).P. métaph. Et plût au ciel encore que le curé de Larigo se fût montré en son temps aussi bon repêcheur d'âmes que ce prêtre arménien! (Toulet, Demois. La Mortagne, 1920, p. 161).
Prononc. et Orth.: [ʀ əpeʃe], [-pε-], (il) repêche [-pε ʃ]. Ac. 1694, 1718: repescher; dep. 1740: -pêcher. Étymol. et Hist. 1. 1372 flam. repeskier « retirer de l'eau (ce qui y est tombé) » (doc. ds Gdf. Compl.); 1616 repescher (Crespin, s.v. ripescare); 2. a) 1832 repêcher qqn de « aider quelqu'un à sortir d'(une mauvaise passe) » (Hugo, N.-D. Paris, p. 541); b) 1886 « recevoir (un candidat n'ayant pas été admis lors d'une première sélection ou n'ayant pas tout à fait le nombre de points requis lors d'un examen » (Zola, L'Œuvre, p. 303); c) 1896 sports (Le Vélo, 10 juill. ds Petiot). Dér. de pêcher*; préf. re-*. On note rapeskier au sens 1 en a. pic. (1288, Jacquemart Gielée, Renart le Nouvel, éd. H. Roussel, 1433). Fréq. abs. littér.: 132. Bbg. Darm. 1877, p. 104 (s.v. repêcheur). − Quem. DDL t. 6 (s.v. repêché), t. 32.