| REMÉDIER, verbe trans. indir. Remédier à qqc.A. − [Corresp. à remède A] 1. Rare. Traiter par les remèdes appropriés. Remédier à l'anémie. Pronostic. Cette maladie n'est pas ordinairement mortelle, elle n'est pas même dangereuse, si elle n'est pas invétérée, et qu'on y remédie de bonne heure (Geoffroy, Méd. prat., 1800, p. 536): ... on peut supposer que toute modification de l'équilibre physicochimique du milieu intérieur est susceptible d'entraîner une modification de l'équilibre psychique. En remédiant à celle-là il est possible de remédier, au moins dans une certaine mesure, à celle-ci et c'est précisément l'objet des médicaments psychologiques.
Delay, Psychol. méd., 1953, p. 211. 2. P. ext. Remédier à... par...Corriger... par... Le trouble d'accommodation habituel, vers la quarantaine, est la presbytie. On y remédie par l'emploi de verres convexes de plus en plus forts à mesure que l'affaiblissement de la fonction se poursuit (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 283).La plupart des élèves présentent des défauts de conformation ou accusent certains points faibles dus à leur constitution ou à des habitudes vicieuses. Le maître de danse devra déceler ces imperfections et y remédier par des exercices spéciaux (Bourgat, Techn. danse, 1959, p. 20). B. − [Corresp. à remède B] 1. Qqn/qqc. remédie à qqc.Apporter un remède, porter remède à; combattre par les moyens, par les mesures approprié(e)s. Remédier à un abus, à une anomalie, à une carence, à une défaillance, à un défaut, à un inconvénient, à une insuffisance, à une lacune, à une pénurie; remédier à un accident, à une crise; remédier à un état de choses, à une situation. a) [Le suj. désigne une pers.] Une maille défaite à un brise-lames est une grave avarie. L'élargissement du trou est inévitable, et nul moyen d'y remédier sur place (Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 359).Il reste encore beaucoup à faire pour mettre l'administration postale française de pair avec les administrations étrangères: il importe notamment de remédier aux lenteurs du service dans les régions rurales et montagneuses (Pradelle, Serv. P.T.T. Fr., 1903, p. 227). ♦ [Dans une tournure impers.] Si le régime a diminué, la puissance aussi; donc s'il n'est pas remédié à cet état de chose, le moteur va ralentir, pour finalement caler au milieu de la côte (Chapelain, Techn. automob., 1956, p. 80). − Remédier à... par... Je puis m'imaginer remédiant par une conversation à l'obscurité de mon livre (G. Bataille, Exp. int., 1943, p. 197). b) [Le suj. désigne une chose] Qu'un artiste passionné prenne pour un cannibale l'explorateur qui vient décrire les mœurs des cannibales, ce n'est là qu'un malentendu véniel. Le temps y remédiera sans doute (J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p. 19).La loi s'efforce de remédier à l'absentéisme des membres de la Haute-Cour (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 549). − Absol. Des circonstances opportunes, une fois encore, remédièrent (Arnoux, Roi, 1956, p. 334). 2. Qqc. remédie à qqc.Constituer le remède à. Le violoniste ou le pianiste qui travaillaient un concerto, savaient parfaitement qu'à moins d'être millionnaire ou de devenir une vedette des grands concerts, ils n'auraient jamais la satisfaction d'être accompagnés et enveloppés par les sonorités d'un orchestre. Le disque a remédié à cette carence (Arts et litt., 1935, p. 88-9).La solution pour remédier à cette pénurie n'est pas difficile à imaginer (L'Humanité, 19 janv. 1952, p. 2, col. 5). ♦ Vieilli. Qqc./cela ne remédie à rien.Il n'a pas voulu se donner le ridicule de faire de la jalousie; d'ailleurs, il sait que cela ne remédie à rien (Dumas père, Mariage sous Louis XV, 1841, ii, 5, p. 135).Eh bien! moi, je n'ai qu'un moyen d'en sortir, c'est de dire non, non, toujours non! − Ce qui ne remédiera à rien, car tu dis non depuis que je te connais, et depuis que je connais Julie, elle veut être ta femme (Fromentin, Dominique, 1863, p. 228). − P. ext., rare. Venir à bout de. Il résulte clairement de ce récit [les Mémoires de Catherine] qu'il n'y avait que l'étranglement qui pût remédier à un animal comme Pierre III (Mérimée, Lettres à une inconnue, t. 2, 1859, p. 42). Prononc. et Orth.: [ʀ
əmedje], (il) remédie [-di]. Ac. 1694, 1718: -me-; dep. 1740: -mé-. Conjug. prend 2 i aux 2 pers. du plur. de l'imp. de l'ind. et du prés. du subj.: (que) nous remédiions. Étymol. et Hist. 1. 1281 « porter remède » (Règlement de l'Echevinage d'Amiens pour la corporation des Bouchers ds A. Thierry, Hist. du Tiers État, t. 1, p. 243); 2. ca 1355 « combattre un mal quelconque » (Bersuire, Tite-Live, B.N. 20312ter, f o46 v ods Gdf. Compl.); 3. 1636 « essayer de guérir un mal physique » (Corneille, Cid, II, 5). Empr. au lat.remediare « guérir », dér. de remedium (v. remède). Fréq. abs. littér.: 321. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 650, b) 371; xxes.: a) 325, b) 411. |