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RELEVER, verbe
I. − Empl. trans.
A. −
1. [Le compl. d'obj. désigne une pers. ou une chose] Remettre debout, droit quelqu'un/quelque chose qui est tombé. Relever un banc, une chaise, un enfant qui est tombé(e):
1. Oh! Jésus-Christ, qui tendais les bras aux malheureux, pourquoi ne l'as-tu pas relevé de la neige avec tes mains pâles? Pourquoi, Sainte Vierge, ne l'avez-vous pas soutenu d'un geste miraculeux quand il a trébuché pour la dernière fois? Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 151.
Relever une maille. Retricoter, reprendre une maille qui est tombée, qui s'est défaite. Elle laisse tomber des mailles qu'elle ne relève pas. Son lé va s'apetissant (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 240).
Empl. pronom. dir. [Le suj. désigne une pers.] Se relever brusquement, lentement, péniblement; se relever d'un bond; se relever sur ses genoux; tomber pour ne plus se relever; aider qqn à se relever. Un passant glisse sur une pelure de banane, tombe, se relève en grommelant et se frotte le genou (Marrou, Connaiss. hist., 1954, p. 85).[Le suj. désigne une pers. assise] Se relever de table. Il ne s'assied qu'un instant, se relève aussitôt, marche à grands pas (Gide, Journal, 1905, p. 156).[Le suj. désigne une pers. couchée] Il est obligé, comme Harpagon, de veiller sur son trésor et se relève la nuit pour voir si on ne le lui prend pas (Proust, Sodome, 1922, p. 921).[Le suj. désigne une chose] Il avait plu dans la matinée (...), mais l'herbe, couchée par l'ondée, se relevait peu à peu en séchant au soleil (Green, Autre sommeil, 1931, p. 183).
2. En partic.
a) [Le compl. d'obj. désigne un navire qui s'est échoué, qui a chaviré] Remettre à flot. Relever un bâtiment. La machinerie a une puissance de 30 chevaux et suffit pour relever une épave de 800 tonneaux (Bourde, Trav. publ., 1929, p. 302).
b) [Le compl. d'obj. désigne une construction démolie ou tombée en ruines] Reconstruire. Relever des fortifications, un mur, des remparts, des ruines. La plupart de ces maisons à cinq étages, hideuses et malsaines (...) sont tombées en ruines et n'ont pas été relevées (A. France, Pierre bl., 1905, p. 264).V. baguette ex. 6.
c) Vieilli (quand le compl. d'obj. désigne une chose). Prendre à terre, ramasser. Relever les morts sur un champ de bataille; relever une épingle, des gerbes, un mouchoir. J'étais là quand on fauchait, là quand on relevait les fourrages, et je me laissais emmener par les chariots qui revenaient avec leurs immenses charges (Fromentin, Dominique, 1863, p. 51).Une (...) trêve, pendant laquelle chaque parti releva ses blessés (Alain, Propos, 1921, p. 219).V. fracturé III ex. de Judet.
Relever le gant. V. gant I C 4 a et infra I C 2 a.
P. ext. Ramasser. Relever les copies. Relever les cartes (Ac.). Il est l'heure, mesdemoiselles, je relève les feuilles! (Colette, Cl. école, 1900, p. 203).
d) Prendre, ramasser ce qui est contenu dans quelque chose. Relever les boîtes aux lettres, ses pièges. Richard Fénigan, grand chasseur et pêcheur en Seine-et-Oise (...) venait de relever ses verveux (A. Daudet, Pte paroisse, 1895, p. 13).Le courrier relevé dans les boîtes aux lettres (...) ou dans les bureaux de poste est acheminé ensuite vers des centres de tri (Admin. P. et T., 1964, p. 18).V. collet ex. 3.
3. [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Faire en sorte que quelqu'un se remette debout, droit. Relever qqn qui s'est agenouillé, qui s'est prosterné; relever qqn à coups de fouet. Le son d'une voix de femme relève d'un seul coup tout ce monde profondément incliné (Rostand, Cyrano, 1898, iv, 4, p. 169).V. impétrant ex. de Proust.
4. Au fig. [Le compl. d'obj. désigne une pers. (vieilli ou littér.), un ensemble de pers. ou un attribut, une manifestation d'une pers.] Remettre quelqu'un/quelque chose qui a eu une défaillance, qui a perdu de sa valeur dans l'état, dans la situation où il se trouvait auparavant. Synon. ranimer, redresser, restaurer, rétablir.Relever le courage, le moral de qqn; relever les cœurs; relever qqn de son abaissement; relever un pays vaincu; relever l'économie, les finances, la puissance d'un pays. Le père avait ruiné la famille, le fils l'a relevée (Ac.):
2. Une seule pensée relevait (...) Tannenwalder de son ennui des débuts de saison (...): la pensée qu'en crépissant avec ses outils de maçon, il travaillait peut-être à sa maison future. Peyré, Matterhorn, 1939, p. 38.
Empl. pronom. Elle laissa tomber la conversation. Je crus la soutenir en parlant de l'art grec (...). Elle ne me suivit pas dans ces lointains domaines, et la conversation tomba cette fois pour ne plus se relever (A. France, Vie fleur, 1922, p. 533).
Relever un titre. Reprendre un titre de noblesse qui n'était plus porté. Un roturier ayant fait fortune (...) pouvait (...) relever un « titre » que la famille n'avait pu reprendre (Page, Dern. peuples primit., 1941, p. 116).
Empl. pronom. Se relever de son abaissement, de sa déchéance; échec, erreur, faute, malheur dont on ne se relève pas; ne pas pouvoir s'en relever tout seul; pays qui se relève de sa défaite, de ses ruines. Dix millions, c'est-à-dire la faillite évitée, la possibilité de se relever, de recommencer la vie (A. Daudet, Nabab, 1877, p. 236).[Les Allemands] ont dit: « Vous ne supposez pas que nous allons sottement laisser la France se relever à notre frontière? (...) » (Vercors, Sil. mer, 1942, p. 69).
B. −
1. [Le compl. d'obj. désigne une chose, le plus souvent une partie du corps, une partie du vêtement] Mettre plus haut, diriger, incliner vers le haut. Synon. lever, (re)monter.La jument ne relevait pas bien ses pieds et (...) risquait de s'abattre (Sand, Fr. le Champi, 1848, p. 69).Sa bouche, relevée aux coins d'une grimace douloureuse qui ressemblait à un effrayant sourire (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 174).V. cognée ex. 1.
SYNT. Relever son col, sa/ses jupe(s), ses lunettes, ses manches, sa moustache, son pantalon, sa robe, son voile; chapeau aux bords relevés; relever le front, les paupières, les sourcils, les yeux; cheveux relevés sur la tête, relevés en chignon; animal qui relève sa queue; relever l'ancre, le pont-levis, une sonde; rideau qui se relève.
ÉQUIT., MAN. ,,Il se dit absolument (...) des chevaux qui ont le galop élevé, qui lèvent les pieds très haut au galop, au trot ou au pas. (...). Les chevaux anglais ne relèvent point`` (Ac.). Relever un cheval. ,,Le soutenir de la main et de l'éperon pour lui faire porter la tête plus haute et l'asseoir sur les hanches`` (Ac.).
Au fig. Relever le front, la tête. Reprendre courage, retrouver sa dignité. L'espoir a rendu à sa contenance toute sa fierté; il relève son front superbe (Cottin, Mathilde, t. 1, 1805, p. 275).Vous avez cru m'écraser et j'ai relevé la tête (Karr, Sous tilleuls, 1832, p. 303).V. brave ex. 12.
2. En partic.
a) Mettre le niveau de quelque chose plus haut, donner plus de hauteur à quelque chose. Synon. rehausser.Relever le niveau de l'eau. Il faut relever ce plancher pour le mettre au niveau du palier de l'escalier (Ac.).L'eau s'abaisse et se relève En entraînant les cailloux blancs (Noailles, Ombre jours, 1902, p. 8).
b) À la forme pronom. ou au part. passé. [Le suj. désigne une étendue] S'incliner, incliné vers le haut. Virage relevé. Un beau jardin relevé en terrasse le long du torrent (Sand, Péché de M. Antoine, t. 1, 1845, p. 52).Au nord, le terrain se relève pour former l'éperon qui commande le coude de la Schwarza et domine son confluent avec la Saale (Foch, Princ. guerre, 1911, p. 291).
3. P. anal.
a) [Le compl. d'obj. désigne une chose concr. ou perceptible par les sens] Mettre en relief, donner plus d'éclat, plus d'intensité à quelque chose. Relever la flamme d'une lampe; vin qui relève le goût d'un mets, d'un plat; aquarelle, fusain relevé(e) de gouache. Une robe sang de bœuf (...) relevait de tragique façon la lividité surnaturelle de son visage (Milosz, Amour. init., 1910, p. 30):
3. ... cette odeur de rouille et de pourriture organique indéfinissable relevée d'une pointe d'alcali qui caractérise certaines eaux thermales... Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 221.
ART CULIN. [Le compl. d'obj. désigne un mets, un plat] Donner plus de goût. Relever une sauce; vin qui relève le goût d'un mets, d'un plat. Le veau froid, relevé de cette mayonnaise moutardée que Rose adore (Morand, Rococo, 1933, p. 39).La viande que Didace voulait fortement relevée d'épices, d'ail et de gros sel (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 45).
b) [Le compl. d'obj. désigne une chose quantifiable] Mettre à un degré, à une valeur plus élevé(e). Synon. augmenter, majorer.Relever les impôts, le niveau de vie, le plafond de la Sécurité Sociale, les prix, les salaires, les tarifs. Le jeu (...) consistait à faire tomber ces actions à 650 livres (...), afin d'en acheter le plus grand nombre possible à ce prix et de les relever ensuite à 4 000 ou 5 000 livres par des motions rassurantes (A. France, Dieux ont soif, 1912, p. 92).Empl. pronom. La température (...) descend jusqu'à -9; puis soudain, elle se relève pour revenir à 0 (J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 103).
4. Au fig. [Le compl. d'obj. désigne une pers., un attribut, une manifestation d'une pers.] Donner plus de valeur, plus de relief (à quelqu'un/quelque chose). Quelquefois une finesse remarquable, ce que nous appelons de l'esprit, relevait ses aphorismes [de Jésus] (Renan, Vie Jésus, 1863, p. 94).Quinton (...) honorait naturellement tout ce qui orne et relève l'homme (Alain, Propos, 1932, p. 1100).
Empl. pronom. réfl. dir. Chefs de clans, jaloux de se relever à leurs propres yeux par un vernis superficiel d'hindouisme (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 45).
C. −
1. [Le compl. d'obj. désigne une chose] (Faire) remarquer, mettre en relief. Synon. noter, souligner.Relever des empreintes, des traces; relever une contradiction, un défaut, une erreur; relever des fautes d'orthographe dans un texte; ne pas relever de charges contre qqn. Il se plaît à relever les beautés d'un ouvrage, au lieu d'en faire remarquer les défauts (Ac.).Les griefs relevés contre Picquart sont précisément ceux qu'on doit imputer à ses adversaires (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 77):
4. ... les anachronismes qu'on a relevés dans ses œuvres [de Proust] étaient conscients, et destinés à substituer dans l'esprit de son lecteur, à la notion abstraite du temps astronomique, celle vivante, du temps psychologique, du temps vrai. Blanche, Modèles, 1928, p. 126.
Relever le défaut*.
[Avec une complét. dont le verbe est à l'ind.] Boettcher a (...) relevé que, sur huit textes de Goethe qu'il entreprend, entre 1800 et 1804, six sont restés inachevés (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 160).Valéry (...) relève avec humour que si la vie de Lamartine et de MmeCharles pouvaient expliquer Elvire, nous aurions tous écrit le Lac; car à qui n'est-il pas arrivé de revenir solitaire sur les lieux d'une amour perdue? (Guiraudds Langage, 1968, p. 441).
2. P. ext.
a) [Le compl. d'obj. désigne un énoncé] Répondre, réagir vivement à quelque chose. Relever une accusation, une allusion, une impertinence, une offense. M. de Seigneulles, en tout autre temps, eût vertement relevé l'insolence de cet Esculape campagnard, mais il n'avait même plus la force de s'indigner (Theuriet, Mariage Gérard, 1875, p. 190).Bissibingui ne releva pas la menace. Parole n'est pas geste. Il se contentait de surveiller les moindres mouvements de Batouala (Maran, Batouala, 1921, p. 142).
Relever la balle. V. balle1I A 1.
Relever le/un défi. Accepter un défi, y répondre. V. défi A 1 b β ex. de Mauriac, B 3 ex. de Ponge et de Green.Relever le gant. V. gant I C 4 a.
Vieilli. [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Répondre vivement à quelqu'un. Synon. reprendre.Il avait avancé une proposition choquante, mais on l'a bien relevé (Ac.).Je voulus critiquer la couleur du cheval et la pose de l'esclave, mais Oscar me releva d'importance (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 249).L'on va voir avec quelle vigueur et même quelle roideur il releva Mirabeau, un jour qu'il croyait avoir à se plaindre de lui (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 8, 1853, p. 336).
b) Noter par écrit, copier. Relever une adresse, une inscription; relever un passage, une phrase d'un texte. Une roulette à aiguilles, pour relever les patrons: elle sert à cet usage et plus fréquemment encore à tracer le patron de grandeur naturelle sur l'étoffe (Mallarmé, Dern. mode, 1874, p. 742).On m'avait dit qu'il y aurait une dizaine de réfractaires, et vous êtes plus de quatre-vingts (...) Vos noms seront relevés et signalés au gouvernement français (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 293).
Fam. Relever un compteur; relever l'électricité, le gaz. Noter le chiffre indiqué par un compteur (d'électricité, de gaz). V. compteur II B en partic. ex. de Céline.
TOPOGR. Déterminer et noter la configuration, la disposition de quelque chose. Relever une côte, une île. Pour peu qu'une ville eût eu de la célébrité (...) elle était sûre de se voir relevée par le César archéologue [Adrien] (Renan, Église chrét., 1879, p. 9).
Relever un croquis, un plan. Dresser, prendre un croquis, un plan. Les archéologues sous-marins (...) ont réussi à explorer les anciens ports et à en relever le plan (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p. 110).
c) Déterminer, repérer. Relever le pouls d'un malade. [Le renard] relève leurs allées et venues [des poules], le sillon qu'elles suivent pour gagner leur nid (Pesquidoux, Chez nous, 1923, p. 136).
MAR. Relever un cap, un navire. ,,Déterminer l'angle que fait leur direction avec la ligne nord-sud`` (Gruss 1978). Papadakis (...) abattait vers la terre, relevait un cap, un phare, la croupe d'une montagne éloignée, redonnait un coup de barre (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 215).
D. − [Le compl. d'obj. désigne une pers. ou un ensemble de pers.]
1. [Le compl. d'obj. désigne le plus souvent un soldat, une troupe] Remplacer quelqu'un dans une fonction, dans un travail. Synon. relayer.Relever un factionnaire, les postes, une sentinelle; relever le quart, l'homme de barre; relever qqn de garde. L'abbé Barthomeuf, venait relever Charlotte de sa corvée et tenir la partie [de trictrac] du marquis (Bourget, Disciple, 1889, p. 139).Les trois corps anglais avaient été relevés sur l'Aisne par deux divisions françaises (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 458).
Empl. pronom. réciproque. Toutes les huit heures, six soldats de garde se relevaient dans la grande salle (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 300).MlleLargeyx et la sœur Anaclet se relevaient pour tenir compagnie à la marquise (Bourget, Disciple, 1889, p. 165).
En partic. Décharger quelqu'un de ses fonctions, le révoquer, le limoger. Relever un général de son commandement. Onésime, relevé de ses fonctions commerciales, s'attacha uniquement aux intérêts publics (A. France, P. Nozière, 1899, p. 139).De la mobilisation au 6 septembre, j'avais dû relever deux commandants d'armée, neuf commandants de corps d'armée (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 421).
2. Relever qqn de qqc.Libérer, délier quelqu'un d'une charge, d'une obligation, d'un contrat, de quelque chose de pénible. Relever qqn de ses obligations, d'une promesse, d'un serment, d'un vœu. Tout mineur est en droit de se faire relever des actes qu'il a passés en minorité (Ac.).[La princesse de Faenza] est excommuniée (...) et un père prie Laurent de Médicis, qui a un grand crédit près du pape, d'intercéder pour qu'elle soit relevée des censures ecclésiastiques (Taine, Philos. art, t. 1, 1865, p. 174).La captivité, accident de combat, ne relève personne des devoirs de l'état militaire, et tout prisonnier est encore un soldat (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 274).
Relever qqn du péché de paresse*.
II. − Empl. intrans., rare. Remonter, être dirigé vers le haut. Quant aux hommes, en Espagne, voyez-vous, c'est des drôles de particuliers: des manteaux qui marchent et une épée qui relève (Dumas père, Napoléon, 1831, iii, 3, p. 60).Alboni est si serrée que son jupon relève (Taine, Notes Paris, 1867, p. 2).
III. − Empl. trans. indir.
A. − Qqn relève de qqc.Se rétablir (de quelque chose). Relever de couches, de maladie, d'une longue maladie. Depuis son accident (...), mademoiselle a toujours été entre la vie et la mort. Elle n'en relèvera certainement pas, quoi qu'en disent MM. les médecins (Sand, Mauprat, 1837, p. 331).Une nuit d'insomnie, dont elle relève avec des yeux battus et des pommettes plus couperosées que de coutume (Martin du G., Vieille Fr., 1933, p. 1074).
B. − Qqn/qqc. relève de qqn/qqc.
1. [Le suj. désigne une pers., un attribut d'une pers. ou un territoire] Être subordonné à quelqu'un/quelque chose, dépendre de quelqu'un/quelque chose. Synon. être du ressort de, ressortir à.Relever de l'autorité, de la compétence de qqn; fief, vassal qui relève de la couronne, du roi; administration dont relève un fonctionnaire. Un pouvoir absolument autonome qui ne relevait de personne (Nizan, Chiens garde, 1932, p. 148):
5. En temps de guerre, tout corps organisé, quand il est sous les armes, est soumis aux lois militaires, fait partie de l'armée et relève soit du ministre de la Guerre, soit du ministre de la Marine. J.O., Loi rel. recrut. arm., 1928, p. 3810.
2. Le plus souvent dans un cont. admin. ou judiciaire. Être de la compétence, du ressort (de quelque chose). Relever de la cour d'assises, d'une juridiction spéciale; relever de la compétence de tel tribunal; relever de l'article n de la constitution; relever du code pénal, du droit commun; relever du régime général de la Sécurité Sociale; relever de l'État. Un juré ne relève que de sa conscience (Labiche, Pied ds crime, 1866, ii, 3, p. 371).Le problème du bruit relève soit de la réglementation des établissements incommodes (...), soit des pouvoirs de police générale des maires (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 383).V. autoroutier ex.
[Dans une tournure nég.] N'être digne, n'être justiciable que (de quelque chose). Cela ne relève que du mépris (Ac.1935).L'auteur d'une pareille cochonnerie ne relève que de la trique et de la voirie (Bloy, Journal, 1905, p. 271).
3. Être du domaine de quelqu'un/quelque chose, appartenir (à quelqu'un/quelque chose). Fait qui relève de la conscience, de l'instinct, d'une théorie; habitude qui relève de l'enfantillage. De la seconde tendance relève l'empereur Hadrien, qui fait restaurer, copier les plus beaux monuments du monde (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 254).Il y a tout un domaine commun qui relève à la fois du psychologue et du sociologue, celui des représentations collectives et des pratiques collectives (Traité sociol., 1967, p. 72).V. cuisinière ex. de Aragon.
P. méton. Subir l'influence de quelqu'un, être marqué par quelqu'un. D'aucuns, parmi ces jeunes gens, voulaient plus de profondeur, d'intellectualité, dans la poésie, et ceux-là relevaient surtout de Stéphane Mallarmé (Verlaine, Œuvres posth., t. 2, Crit. et conf., 1896, p. 369).Les Illuminations ont eu une postérité. J'ai nommé tout à l'heure Jarry. Mais Connaissance de l'Est relève directement de Rimbaud, et, aussi, bien des passages de M. Luc Durtain (Thibaudet, Réflex. litt., 1936, p. 162).
REM. 1.
Relevant, -ante, part. prés. en empl. adj.Synon. rare de pertinent.Est relevant ce qui présente un rapport raisonnable à la question dont il s'agit (Lal. 1968, s.v. relevance). Un argument relevant constitue un apport décisif dans la réponse à une question qui est en discussion (Thinès-Lemp.1975).
2.
Relevance, subst. masc.,région. (Belgique, dans la lang. jur.). Pertinence, portée, effet. Sans relevance. Sans portée. La date d'encaissement effectif des revenus mobiliers d'origine belge est sans relevance en l'occurrence (A. Goosse, Façons de parler, 1, Gembloux, Duculot, 1971, p. 130).
Prononc. et Orth.: [ʀ əl(ə)ve], (il se) relève [-lε:v]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. Prend un è devant syll. muette: relève, relèverai, etc. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 « remettre debout » (Roland, éd. J. Bédier, 3726); 2. 1160-74 « prendre à terre, ramasser quelque chose » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 8397); 3. 1174 « rendre la prospérité à quelqu'un » (Guernes de Pont-Sainte-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 34); 4. ca 1175 « remettre dans sa position naturelle, en bon état » (Chronique Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 17630); 1680 relever un vaisseau (Rich.); 5. 1564 relever le cœur « redonner du courage à quelqu'un » (Indice de la Bible, 34c, 20); 6. fin xives. « reprendre quelqu'un, lui répondre vivement » (Froissart, Chroniques, éd. G. Raynaud, XI, p. 70); 1636 « mettre en relief, souligner » (Monet); 7. 1640 relever un plan (Oudin Curiositez); 1716 « déterminer la position d'un cap, d'une île... et l'inscrire sur une carte » (Frezier ds Trév. 1732); 8. 1811 « prendre des notes » (Chateaubr., Itinér. Paris Jérus., t. 2, p. 851); 9. 1890 relever sur un compteur à gaz (Ser, Phys. industr., p. 292); 1964 relever le gaz (Rob.); 10. 1952 relever des empreintes (Le Figaro, 19-20 janv., p. 2, col. 5). B. 1. 1555 « orienter, diriger vers le haut » (L. Labé, Discours, V ds Œuvres compl., éd. E. Guidici, p. 58); 1573 « donner plus de hauteur à quelque chose » (Dupuys); 1680 relever un cheval (Rich.); 1835 fig. relever la tête (Ac.); 2. 1670 part. passé « d'un mets auquel on a donné plus de goût » (Molière, Bourgeois gentilhomme, IV); 3. 1674 « augmenter » (Bouhours, Doutes sur la lang. fr., p. 73); 4. 1269-78 « mettre en relief, en valeur » (Jean de Meung, Rose, éd. F. Lecoy, 8400); 1571 tapisserie relevee d'or et d'argent (Ordre tenu au sacre et couronnement de la royne Elisabeth ds Havard 1890); 1608 « faire valoir, exalter » (M. Regnier, Satyre IV, éd. G. Raibaud, p. 43, vers 100). C. 1. 1549 « libérer quelqu'un d'un engagement » (Est.); 1654 relever la garde (La Rochefoucauld, Mém., éd. Gilbert et Gourdault, II, 197); 1740 relever qqn de ses vœux (Ac.); 1875 relever qqn de ses fonctions (Lar. 19e, s.v. relevé); 2. 1671 « remplacer un service ou un plat par un autre » (La Fontaine, Contes, Les Remois, éd. L'Intégrale, p. 228); 1814 part. passé subst. relevé de potage (Viard, Cuisin. impérial, p. 385). D. 1. Ca 1100 verbe intrans. « se remettre debout » (Roland, 3575); 2. ca 1155 relever de mal « guérir quelqu'un d'un mal » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 8945); ca 1256 relever de maladie (Aldebrandin de Sienne, Regime du corps, éd. Landouzy et Pépin, 24, 24); 3. ca 1165 relever « se lever la première fois après les couches » (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1041); 4. 1573 relever de « être dans la dépendance de » (Dupuys); 1638 id. « dépendre hiérarchiquement de » (Rotrou, Antigone, IV, 4); 1872 « être du ressort, de la compétence de » (A. Daudet, Tartarin de T., p. 237). E. Verbe pronom. 1. ca 1140 « se remettre debout » (Pélerinage Charlemagne, éd. G. Favati, 865); 2. 1588 « se remettre d'une épreuve, d'une situation difficile » (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 900). Du lat. relevare « soulever », « décharger, alléger », « soulager, réconforter ». Fréq. abs. littér.: 7 358. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 9 333, b) 10 740; xxes.: a) 11 117, b) 10 882.
DÉR.
Relevable, adj.,rare. Qui peut être relevé. Accoudoirs relevables (Davau-Cohen 1972). La pièce aurait été miraculeusement jouée, (...) ça aurait été la même chose (...) il n'y avait rien à faire et (...) la pièce, peut-être relevable ailleurs, ne l'est pas là (Goncourt, Journal, 1889, p. 946). [ʀ əl(ə)vabl̥]. 1resattest. fin xives. « qui a besoin d'être relevé » (Gl. gall.-lat., Richel. L. 7684 ds Gdf.), 1934 « qu'on peut relever » (Boullanger, Malt., brass., p. 262); de relever, suff. -able*.
BBG.Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 428. − Piron (M.). Les Belgicismes lex. Mél. Imbs (P.) 1973, p. 303 (s.v. relevance). − Quem. DDL t. 16.