| RELATIF, -IVE, adj. Qui concerne, implique ou constitue une relation. A. − Relatif à. Qui a trait à, qui concerne (quelque chose, quelqu'un). Donner des instructions relatives à un nouvel emploi; un problème de physique relatif à la propagation de la chaleur. − Ce soupçon aurait-il quelque rapport à moi? − (...) est-ce que je m'y serais arrêté, s'il n'était relatif à vous, à vous uniquement (...)? (Stendhal, L. Leuwen, t. 1, 1835, p. 318).V. absolu ex. 1, avenir ex. 1, impétrant ex. de Encyclop. éduc. et intimité ex. 6: C'est cette possibilité de fixer les choses relatives à la langue qui fait qu'un dictionnaire et une grammaire peuvent en être une représentation fidèle, la langue étant le dépôt des images acoustiques, et l'écriture la forme tangible de ces images.
Sauss.1916, p. 32. B. − 1. Qui devrait être comparé avec la moyenne des notions, des choses ou des êtres de même espèce, et ne peut être évalué en soi, d'une façon indépendante (d'apr. Lal. 1968). Anton. absolu.Valeur relative; brièveté relative d'une durée. Par la science l'homme a pu sortir de sa nature d'homme et connaître (...) des vérités qui n'ont rien de relatif (Le Dantec, Savoir!1920, p. 247).Donc le monde des objets, qui est celui de la science, n'admet pas de vérité absolue. Mais il atteint une vérité relative (Sartre, Existent., 1946, p. 139).V. absolu ex. 8. − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Déduisez avec quelque apparence de bon sens le nécessaire et l'absolu du contingent et du relatif (Cousin, Hist. philos. mod., t. 1, 1846, p. 20).Naviguer entre le relatif et l'absolu, le possible et le souhaitable, sans perdre de vue le réel, en écoutant la voix de la sagesse profonde qui est en nous (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 967).V. absolu ex. 81. ♦ Loc. (Avoir) le sens du relatif. (Avoir) le sens de la relativité des choses. Nous ne sommes pas, hélas! dans une époque d'ironie. Nous sommes encore dans le temps de l'indignation. Sachons seulement garder, quoi qu'il arrive, le sens du relatif et tout sera sauvé (Camus, Actuelles I, 1944, p. 40). − Loc. Tout est relatif. On ne peut rien affirmer de façon absolue, rien n'est vrai en soi. Seras-tu bonne? − C'est selon, tout est relatif! dit-elle (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 320).Pour vous, rien n'est certain, rien n'est universel, rien n'est de soi, juste. Tout est relatif, changeant, variable, la justice, la beauté, la dignité, comme les flots (Proudhon, Pornocratie, 1865, p. 102). 2. a) Qui est approximatif, p. euphém., qui est limité, imparfait. Anton. parfait, complet, total.Calme, immobilité, ordre relatif; aisance, capacités, difficulté, facilité, faiblesse, perfection relative(s); liberté, pauvreté, sécurité relative; jeunesse relative; importance relative. Elle n'avait jamais été méchante, ce qui est une bonté relative (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 724).Des années d'une activité que tout laissait croire d'une sorte rare et passionnante, puis une période de repos relatif et d'attente (Romains, Hommes bonne vol., 1939, p. 238). b) Qui n'est tel que par rapport au sujet, au locuteur (d'apr. Foulq.-St-Jean 1962). Synon. subjectif; anton. objectif.Les goûts, les plaisirs sont relatifs. Le domaine du plaisir ou de la douleur absolus est bien plus rétréci que celui de la douleur et du plaisir relatifs; (...) ces mots, agréable et pénible, supposent presque toujours une comparaison entre l'impression que reçoivent les sens, et l'état de l'âme qui perçoit cette impression (Bichat, Rech. physiol. vie et mort, 1822, p. 59). ♦ Loc. C'est relatif. On croit pouvoir expliquer rationnellement, par la pensée, ce qu'on écrit. Mais c'est très relatif. La pensée est une belle chose pour la philosophie mais elle est relative (Tzara, Manif. Dada, 1918, p. 25). ♦ Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. À celui qui n'observe pas le relatif, il arrive ce qui arrive à un homme qui comptant ses convives oublie de se compter soi-même, et ne se prend pas pour un homme, car homme est chose qu'il voit, et il ne se voit pas (Valéry, Tel quel II, 1943, p. 187). C. − Qui est évalué par rapport à un autre élément, à un repère, à un système de référence. Anton. absolu.Fréquence relative. Ce qui vient d'être dit de l'or et de l'argent, peut être dit de l'argent et du cuivre, et en général de la valeur relative de tous les autres métaux (Say, Écon. pol., 1832, p. 260).Il faudrait pour cela déterminer la valeur absolue et relative des différents signes de la fatigue intellectuelle (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 284).V. absolu ex. 67. − Spécialement ♦ MATH. [En parlant d'un nombre] Qui, selon qu'il est positif ou négatif, est affecté du signe + ou du signe -. Des valeurs entières relatives et dont les coefficients sont eux-mêmes des entiers relatifs (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 72).Dans notre exemple, E est simplement Z, ensemble des nombres entiers relatifs (Warusfel, Math. mod., 1969, p. 127). ♦ MUS. [En parlant de tonalités, de tons, de gammes] Qui, l'un majeur, l'autre mineur, ont les mêmes altérations à la clef. Gammes relatives de mode différent (D'Indy, Compos. mus., t. 1, 1897-1900, p. 105).Tandis que le vieux Percepied marquait le rythme du talon, que Luc montait la gamme on échafaudait les tierces et les quartes dans le ton moyen ou relatif (Arnoux, Écoute, 1923, p. 194).Relatif de.Ton de si bémol, relatif de sol mineur (Potiron, Mus. église, 1945, p. 94). ♦ SC. PHYS. Dimension, grandeur, position, valeur relative. L'étendue d'une flamme dépend (...) des vitesses relatives de l'air et du gaz combustible (Ser, Phys. industr., 1888, p. 10).Déplacement relatif d'un aimant par rapport à une bobine. Volume relatif des vides (de la roche) (D.C.F.G. 1976). GÉOMORPHOL. Altitude relative. V. absolu ex. 48.MÉCAN. Mouvement relatif. V. mouvement I A.STAT. Majorité relative. V. majorité3A 1.STAT. LING. Fréquence relative. [P. oppos. à fréquence absolue, qui donne le nombre total des occurrences observées] Proportion de ces occurrences par rapport à celle des phénomènes de même nature observées simultanément. Sur 11 colonnes sont données, pour chaque mot figurant à son rang alphabétique, des informations, distinguées selon le siècle, sur son numéro de classe, sa fréquence absolue, sa fréquence relative, c'est-à-dire sa distribution quantitative dans les œuvres en prose, en vers ou les « poèmes en prose » (P. Imbs, Préf.ds Fréq. t. 1 1971, p. iv).Toutes les fréquences relatives sont rapportées à un ensemble fictif de 100 millions d'occurrences (Ch. Muller, Lang. fr. et ling. quantitative, Genève, Slatkine, 1979, p. 337).Pour les vocables d'une fréquence de 1 à 200, elle [la rubrique statistique du T.L.F.] se borne à l'indication de la fréquence absolue. Pour ceux qui dépassent cette limite, la fréquence absolue est suivie des fréquences relatives par demi-siècle (Ch. Muller, Lang. fr. et ling. quantitative, Genève, Slatkine, 1979, p. 339). D. − GRAMMAIRE 1. [En parlant d'une forme; p. oppos. à absolu] ,,Qui se rapporte à un élément pris comme point de comparaison ou point de départ`` (Mar. Lex. 1951). Comparatif, possessif relatif. [P. oppos. à superlatif absolu (v. ce mot I D 2 b)] Superlatif relatif. Superlatif ,,suivi d'un complément qui précise dans quelles limites est vraie l'assertion dans laquelle la comparaison est impliquée`` (d'apr. Ling. 1972). [En parlant d'un temps] Temps relatif. ,,Forme de l'accompli qui exprime le futur ou le passé par rapport à un futur ou à un passé de l'énoncé`` (Mar. Lex. 1951). Le temps relatif [est défini] par rapport au moment où se place un autre événement dans le passé (plus-que-parfait) ou dans l'avenir (futur antérieur) (Mar.Lex.1951, p. 181).V. absolu I D 2 c ex. 66. 2. [En parlant d'un mot, d'une liaison] Qui sert à établir une relation entre un nom ou un pronom qu'il représente et une subordonnée. Qui, que, quoi, dont, où, lequel sont des mots relatifs. ♦ Adjectif relatif. L'emploi de l'adjectif relatif sujet ou objet direct est rare en français, de style archaïsant ou juridique: on a vu arriver un dénommé Théodore, lequel Théodore se prétendait roi de Corse (Ling.1972).[En gramm. ar.] ,,Adjectif qui exprime la relation d'une personne ou d'un objet avec le nom qui énonce leur origine`` (Mar. Lex. 1951). ♦ Adverbe relatif (vx). Adverbe qui a la valeur d'un pronom relatif précédé d'une préposition. Du pronom personnel se, de l'adverbe relatif de lieu hors, et d'une terminaison verbale tir, ils ont fait s-or-tir, c'est-à-dire sehorstir, ou mettre sa propre personne hors de l'endroit où elle étoit (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 123). ♦ Pronom relatif [En gramm. traditionnelle] Mot qui sert à rapporter, à joindre, au nom ou au pronom qu'il représente, et qui est son antécédent, une proposition subordonnée dite relative qui explique ou détermine l'antécédent (d'apr. Ling. 1972). Les formes du pronom relatif sont dites simples ou composées (...). Les formes composées sont en réalité des formes de pronoms, mais aussi d'adjectifs relatifs (Ling.1972).Le latin emploie quantité de pronoms relatifs là où nous introduisons des conjonctions de subordination circonstancielle (Legrand1972).Empl. subst. masc. Relatif de liaison. Siegfried: (...) Quel repos d'avoir à me demander quelle est cette jeune femme, qui elle a aimé, à quoi elle ressemble! Geneviève: A qui... relatif féminin... (Giraudoux, Siegfried, 1928, ii, 2, p. 81).[En ling. struct.] Opérateur de phrase qui permet l'expansion d'un syntagme nominal par une phrase (d'apr. Ling. 1972). Le pronom relatif (dans l'homme qui a vu Jean) est un amalgame entre un pronom qui représente le substantif homme et une conjonction qui marque la subordination du syntagme a vu Jean au substantif l'homme (Mounin1974). ♦ Proposition relative. ,,Tout groupe centré autour d'un verbe à un mode personnel et introduit par un pronom relatif (simple, composé) ou par un adverbe relatif (où, dont)`` (Wagner-Pinchon 1962, p. 568). Propositions relatives adjectives, substantives. On a mis à part les propositions relatives, auxquelles on donne souvent la fonction d'épithète du substantif (Gramm. Lar.1964, p. 110).Empl. subst. fém. Relatives substantives ou déterminatives; relatives adjectives, appositives ou explicatives; relatives prédicatives. Les relatives sont souvent intercalées entre deux mots de la proposition principale (Dagn.1965).Relative enchâssée dans le syntagme nominal (Ling.1972). E. − INFORMAT. ,,Qui marque une relation par rapport à une donnée admise comme référence`` (Bureau 1972). Adresse relative. ,,Adresse notée à partir d'une origine`` (Bureau 1972). Fichier relatif. ,,Fichier à accès sélectif dans lequel le critère de recherche est le rang de l'article par rapport au début du fichier`` (Ging.-Lauret 1982). Prononc. et Orth.: [ʀ
əlatif], fém. [-i:v]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1265 « qui n'est tel que par rapport à certaines conditions » (Brunet Latin, Trésor, II, 46, éd. F. J. Carmody, p. 218); b) 1377 nomz relatis « mots dont l'idée comporte un rapport entre eux (comme grand et petit) » (Oresme, Ciel et Monde, éd. Menut et Denomy, p. 168); ca 1380 subst. relatif « mot qui indique une relation (ici empl. avec jeu de mots) » (Jean Lefèvre, Vieille, éd. H. Cocheris, 109); c) 1562 gramm. « qui sert à marquer un rapport (peut s'employer à propos de noms, d'adjectifs, d'adverbes, de verbes, de pronoms, de propositions, d'après l'usage de la grammaire latine, cf. l'art. relatif de Encyclop. t. 14) » (Ramus, Gramere, p. 48, v. aussi J.-Cl. Chevalier, Hist. de la syntaxe, Naissance de la notion de complément, p. 292); 2. 1723 relatif à (Marivaux, Spectat. fr., p. 226); 3. 1737 mus. (Rameau, Génération harmonique, p. 143: d'un premier Mode naissent cinq autres modes qui leur sont relatifs); 4. 1803 subst. le relatif (p. oppos. à l'absolu) (Maine de Biran, Influence habit., p. 199). Empr. au b. lat.relativus (dér. de relatio « relation, rapport ») « qui est en rapport avec » (ives., v. Blaise Lat. chrét.). Fréq. abs. littér.: 2 670. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5 068, b) 3 199; xxes.: a) 2 692, b) 3 697. Bbg. Benzakour (F.). Les Relatives déictiques. Rech. en pragmatique. Metz-Paris, 1984, pp. 75-106. − Blanche-Benveniste (Cl.). Divers types de relatives en fr. parlé. T. A. Inform. 1980, t. 21, n o2, pp. 16-25. − Calan (E. de). Ét. sur le relatif fr. Linguistique. Paris. 1972, t. 8, n o2, pp. 137-143. − Demarolle (P.). Pron. relatif. Verbum. 1980, t. 3, n o1, pp. 93-113. − Fehr (A.-J.). Le Pron. dit relatif. Fr. mod. 1950, t. 18, pp. 259-260. − Foulet (L.). La Difficulté du relatif en fr. mod. R. Philol. fr. 1928, t. 40, pp. 100-124, 161-181. − Fuchs (C.), Milner (J.). À propos des relatives. Paris, SELAF, 1979, 151 p. − Godard (D.). Les Relatives parenthétiques du fr. LINX. 1980, n o2, pp. 35-86; Anaphores et relatives en fr. Rech. sur l'anaphore. Paris, 1984, pp. 69-117. − Gougenheim (G.). Le Pron. relatif. Classe de fr. 1954/55, t. 5, pp. 173-177; La Sub. relative d'apr. MM. Damourette et Pichon. Fr. mod. 1935, t. 3, pp. 236-241. − Guiraud (P.). Le Syst. du relatif en fr. pop. Langages. Paris. 1966, t. 3, pp. 40-48. − Härmä (J.). Rech. sur les constr. imbriquées relatives et interrogatives en fr. Helsinki, 1979, 303 p. − Jokinen (U.). Les Relatifs en m. fr. Helsinki, 1978, 428 p. − Kleiber (G.). Relatives spécifiantes et relatives non spécifiantes. Fr. mod. 1981, t. 49, pp. 216-233; Verbes virtuels et prop. relatives. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1981, t. 19, n o1, pp. 293-310; Rem. sur l'appos. relative restrictive-relative appositive et l'art. indéf. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1984, t. 22, pp. 179-191. − Le Goffic (P.). Prop. relatives, identification et ambiguïté. DRLAV. 1979, n o21, pp. 135-145. − Lorian (A.). La Relative « attelée ». Fr. mod. 1976, t. 44, pp. 254-273; Souplesse et complexité de la prop. relative en fr. Genève-Paris, 1983, 147 p. − Nordahl (H.). Les Relatives juxtaposées en a. fr. Neuphilol. Mitt. 1982, t. 83, pp. 61-67; Les Relatives non-contactuelles en a. fr. In: N. (H.). Sept contributions à l'ét. de l'a. fr. Toulouse, 1983, pp. 51-64. − Pollock (J.-Y.). Théorie du cas et synt. des relatives inf. en fr. Univ. de Paris XII. Journées d'ét. 1982. Créteil. Paris, 1983, pp. 81-88. − Prebensen (H.). La Prop. relative dite attributive. R. rom. 1982, t. 17, pp. 98-117. − Quem. DDL t. 25. − Rothenberg (M.). Les Prop. relatives... B. Soc. Ling. 1972, t. 67, pp. 175-213; 1979, t. 74, pp. 351-395; Ét. Ling. appl. 1971, n o2, pp. 102-117. − Touratier (Ch.). La Relative. Paris, 1980, 568 p. − Vendryes (J.). Sur un emploi du relatif. B. Soc. Ling. 1947/48, t. 44, pp. 21-41. − Warnant (L.). Les Prop. relatives. Mél. Bal (W.). Cah. Inst. Ling. Louvain. 1984, t. 10, n o1-3, pp. 335-344. |