| RECOURIR, verbe I. − [Corresp. à courir] A. − Empl. intrans. 1. Courir de nouveau; revenir en courant. J'ai couru et recouru (Ac.).Villefort ouvrit alors un gros registre placé dans un casier voisin, recourut à une table, de la table passa à des dossiers (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 141). 2. Fam. Retourner rapidement (à l'endroit d'où l'on vient). Pour me rendre compte si je rêvais pas, j'ai recouru vers la République (Céline, Mort à crédit,1936, p. 225). 3. SPORTS a) Refaire une course. Les commissaires ont écarté la réclamation et les chevaux ont recouru (Le Sport,4 août 1880ds Petiot 1982). b) Recommencer à courir, revenir à la compétition. Athlète, joueur qui recourt après une foulure, un accident. Il n'a pas recouru depuis son accident (Lexis1975). B. − Empl. trans. Courir une seconde fois. Recourir le cent mètres (après un faux départ). Quand une course annulée est recourue (...) les yachts engagés dans la course primitive sont admis à participer à la course recourue (J. Merrien, Voile et régate,Paris, R. Laffont, 1957, p. 330). II. − [Corresp. à recours] A. − Empl. trans. indir. 1. Recourir à qqn.Demander à quelqu'un son aide ou son secours dans une situation difficile. Recourir à un ami, au médecin; recourir à une agence. Se sachant prompte aux entraînements, elle se craignait elle-même, et regrettait de n'avoir pas un conseiller à qui recourir (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 58).Il recourt à Dieu et à la Sainte Vierge, implorant leur assistance (Valéry, Variété V,1944, p. 218). 2. Recourir à qqc.Se servir de tel ou tel moyen. Recourir à un artifice, à la force, à des principes, à des procédés, aux grands remèdes, à la ruse, à la violence; recourir à l'emprunt, à des expédients; recourir aux manuscrits, à l'original (d'un texte). Pour oublier, il recourait depuis peu à la boisson qui achevait de le détruire (Rolland, J.-Chr.,Buisson ard., 1911, p. 1278): Déposant le 5 juin 1907 devant la Cour d'assises de la Seine dans le procès Bousquet-Lévy, Jaurès aurait dit: « Je n'ai pas la superstition de la légalité. Elle a eu tant d'échecs! Mais je conseille toujours aux ouvriers de recourir aux moyens légaux... »
Sorel, Réflex. violence,1908, p. 29. B. − Empl. intrans., DR. Se pourvoir (en justice). Synon. faire appel.Recourir en cassation, en Conseil d'État; recourir contre son adversaire. Il s'était présenté chez elle, afin de savoir si leur contrat stipulait la communauté; alors, on aurait pu recourir contre la femme (Flaub., Éduc. sent.,t. 2, 1869, p. 76). Prononc. et Orth.: [ʀ
əkuʀi:ʀ], (il) recourt [-ku:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug.: v. courir. Étymol. et Hist. A. Verbe intrans. 1. ca 1175 recorre « courir de nouveau » (Chroniques ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 7832); 2. 1178 « revenir en courant » (Renart, éd. M. Roques, 13139). B. Verbe trans. indir. 1. ca 1245 recourre a « avoir recours à » (Huon de Cambrai, Regrets N.-D., 134, 8 ds T.-L.); ca 1480 recourir a (Mist. Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 32691); 2. 1869 dr. (Flaub., loc. cit.). Dér. de courir*; préf. re-*, les sens A 2 et B représentent le lat. recurrere « revenir en courant, revenir vite », « avoir recours à ». Fréq. abs. littér.: 1 464. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 225, b) 1 387; xxes.: a) 1 667, b) 2 582. |