| RECÉLER,(RECELER, RECÉLER) verbe trans. A. − Empl. trans. 1. Tenir quelque chose en son sein de manière cachée, non ouverte. Synon. cacher, renfermer.Receler un mystère, un secret, un trésor. Quelques-unes de ces matières annoncent que ces montagnes recèlent des mines de fer et de cuivre (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 192).J'ai appris que la ville voisine recèle l'homme de France qui redoute le moins de se colleter avec les bandits morts et vivants (Giraudoux, Intermezzo, 1933, II, 2, p. 105). ♦ Part. passé à valeur d'adj. La source longtemps recélée jaillit de terre dans toute sa fraîcheur (Sainte-Beuve, Portr. contemp., t. 5, 1814, p. 319). ♦ [Avec un compl. introd. par dans désignant une partie du référent du suj.] Des vestes en toile grise, d'une coupe commode, et recélant dans des poches profondes (...) l'attirail des ingrédients nécessaires ou utiles dans un voyage en pays de montagnes (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 391).Tout le dessus de la maison leur apparaissait en imagination comme un éden sombre, recélant dans la profondeur de ses garde-robes, de ses commodes, toutes sortes de richesses (Reider, MlleVallantin, 1862, p. 147). − Au fig. Posséder, présenter virtuellement. Le XVIIIesiècle devine toutes les ressources que recèle le maniement du crédit (Baudhuin, Crédit et banque, 1945, p. 12).Mais leur orientation trop exclusive vers les résultats pratiques (...) nous semblent recéler de réels dangers sur le plan strictement scientifique (Hist. sc., 1957, p. 1537). 2. Détenir sciemment quelque chose obtenue de manière délictueuse. Trompe-La-Mort encaisse des valeurs considérables en recélant non seulement les sommes possédées par quelques-uns de ses camarades, mais encore celles qui proviennent de la Société des Dix Mille (Balzac, Goriot, 1835, p. 187). − DR. Détenir sciemment quelque chose obtenue (par autrui) de manière délictueuse ou donner asile à une personne ayant commis certains délits punis par la loi. Quiconque est reconnu coupable d'avoir sciemment recélé ou pris à son service un homme recherché pour insoumission ou d'avoir favorisé son évasion est puni d'un emprisonnement (J.O., Loi rel. recrut. arm., 1928, p. 3824). B. − Empl. intrans. ou pronom. réfl., VÉN. [Le suj. désigne l'animal] Rester dans son enceinte pendant plusieurs jours sans en sortir. Le cerf recèle (Ac.).Lorsque naissent les faons, alors les mâles découronnés se recèlent, cachant leur disgrâce (Genevoix, Routes avent., 1958, p. 123). Prononc. et Orth.: [ʀ
əs(ə)le], [-sele], (il) recèle [ʀ
əsεl]. Barbeau-Rodhe 1930: je recèle [ʒ
ə
ʀsεl], [ʒ
ʀ
ə-]. Martinet-Walter 1973: (le sol doit) receler [ʀ
əsele], [-sə-], [ʀ
əsle] (7, 4, 5); (doit) recéler [ʀ
əsele] ou [-sε-]. Ac. 1694-1835: receler; 1878: recéler; 1935: receler. Catach-Golf. Orth. Lexicogr. 1971, p. 212: receler, -cé-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 receler « cacher » (Denis Piramus, Vie St Bernard, éd. H. Kjellman, 3789); 1398 en partic. « cacher frauduleusement » (Reg. de la loy, 1393-1401, A. Tournai ds Gdf. Compl.); 2. a) 1583 dr. recelé « amende encourue par celui qui avait celé au suzerain son acquisition » (Ragueau, Indice des droits roiaux et seigneuriaux, éd. 1600, p. 463) − 1704, Laurière; b) 1611 « action de tenir caché » (Cotgr.); c) 1690 (Fur.: Recelé. Il signifie la chose volée et détournée [...] action civile de recelé). Dér. de céler* à l'aide du préf. re-*; au sens 2 a l'anc. lang. avait également le subst. fém. recelée (1287 ds Gdf.), att. dep. la fin du xiies. au sens de « cachette » (v. Gdf. et T.-L.). Fréq. abs. littér.: 406 (recelé: 38). Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 621, b) 284; xxes.: a) 763, b) 582. DÉR. Recèlement, subst. masc.,dr., vx. Action de receler. Synon. recel.Le recèlement et le larcin sont également punissables. Le recèlement d'un meurtrier (Ac. 1835-1935). − [ʀ
əsεlmɑ
̃]. − 1resattest. 1174-76 receilement « dissimulation » (Guernes de Pont Sainte-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 1622), 1467 en partic. recellemens de biens emblez (Ordonnances des Rois de Fr., t. 16, p. 651); de recéler, suff. -ment1*. |