| RAYONNEMENT, subst. masc. I. − [Corresp. à rayonner1, à rayon1A, B] A. − Usuel, parfois littér. 1. Action de rayonner (v. rayonner1I A 1); lumière rayonnante. Rayonnement du soleil, d'une chandelle, d'une lampe. Il distingua, dans le ciel nocturne, le rayonnement de Londres (Tharaud, Dingley, 1906, p. 139): 1. La nuit était noire. La lune, nouvelle ce jour-là même, avait disparu en même temps que le soleil. (...) de gros nuages orageux formaient une voûte basse et lourde, qui empêchait tout rayonnement d'étoiles.
Verne, Île myst., 1874, p. 554. 2. Au plur., rare. Rayons (v. rayon1A 1). Un jour factice, d'abord rougeâtre et fumeux, sembla trouer la pénombre, puis éclata en rayonnements vifs (Pergaud, De Goupil, 1910, p. 210).Un ciel d'orage où le soleil s'enlisait (...) parmi de grands reflets dorés, des masses noires de nuées et de grands rayonnements obliques à travers l'espace (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 123). B. − PHYSIQUE 1. Processus d'émission ou de transmission d'énergie sous forme de particules ou d'ondes électromagnétiques, ou d'ondes acoustiques; énergie ainsi émise et propagée (aussi appelée énergie rayonnante). Rayonnement lumineux, calorique. Ce corps perd autant par rayonnement sur les corps environnants, qu'il reçoit par l'irradiation de ces corps (Cournot, Fond. connaiss., 1851, p. 138): 2. ... il est convenu d'appeler période d'extinction le moment où la note n'est plus entretenue, c'est-à-dire où l'on ne fournit plus d'énergie au corps vibrant. Celui-ci dissipe alors progressivement l'énergie qu'il contenait, tant par rayonnement d'ondes sonores que par échauffement interne...
Schaeffer, Rech. mus. concr., 1952, p. 216. ♦ Source de rayonnement. Processus par lequel se produit la transformation d'une forme d'énergie en énergie rayonnante; système matériel (appareil, substance) susceptible d'effectuer cette transformation. L'énergie est produite par des corps, sources de rayonnement, et les quitte avec une vitesse et une quantité de mouvements finis qui lui sont propres (Encyclop. Sc. Techn.t. 91973, p. 360). 2. Rayonnement (complexe). Rayonnement formé d'une somme de radiations simples, dont les longueurs d'ondes et les énergies peuvent être différentes. V. radiation2B 2 e ex. de L. de Broglie: 3. L'expérience classique d'Isaac Newton, qui donne de la lumière solaire un spectre de radiations « colorées » par réfraction à travers un prisme de verre, est la première en date à avoir mis en évidence la dispersion du rayonnement optique. La méthode du prisme est encore actuellement l'une de celles utilisées pour l'étude de la dispersion des radiations, c'est-à-dire pour la mesure de l'indice de réfraction d'un matériau en fonction de la longueur d'onde du rayonnement incident.
Encyclop. Sc. Techn.t. 41970, p. 519. 3. Synon. de radiation(s).Rayonnement simple, monochromatique. Les travailleurs (...) étaient munis d'instruments permettant de mesurer la dose quotidienne de rayonnement reçue par chaque individu (Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p. 42): 4. Un rayonnement monochromatique est défini (...) par sa longueur d'onde lorsqu'il se propage dans la matière ou dans le vide. Un tel rayonnement transporte de l'énergie à la vitesse de la lumière. Mais cette énergie n'est pas directement mesurable sous sa forme rayonnante. Il faut la transformer pour la rendre mesurable. La transformation la plus facile est la transformation du rayonnement en chaleur...
Schatzman, Astrophys., 1963, p. 3. 4. En partic. a) Rayonnement corpusculaire/particulaire. Rayonnement considéré comme formé essentiellement par des trajectoires de particules neutres ou électrisées. Les rayonnements particulaires sont souvent désignés par le mot rayonnement suivi d'un adjectif ou d'une lettre grecque rappelant la nature des particules constitutives (Laitier1969): 5. Rayonnements corpusculaires. L'étude des rayons issus des substances radioactives et l'analyse de la décharge électrique à travers les gaz raréfiés ont conduit à la découverte de rayonnements d'une toute autre nature que les radiations périodiques connues jusque-là.
M. de Broglie, Rayons X, 1922, p. 21. b) Rayonnement cosmique (astron.). Synon. de radiation cosmique (v. radiation2C 1). c) Rayonnement de freinage (astron.). Rayonnement électromagnétique produit par la décélération ou l'accélération de particules chargées, lors de leur passage dans le champ électrique de noyaux ou d'autres particules chargées (d'apr. Nucl. 1975). Le ralentissement de particules accélérées et notamment des électrons, par passage au voisinage de centres chargés produit un rayonnement électromagnétique qu'on appelle rayonnement de freinage et qui explique le spectre continu des rayons X (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 333). d) Rayonnement électromagnétique. Rayonnement caractérisé par des variations de champs électrique et magnétique. Les rayonnements électromagnétiques (...) comprennent, par ordre d'énergie quantique croissante, les ondes hertziennes, les rayons infrarouges, la lumière visible, les rayons ultraviolets, les rayons X, les rayons Y et les rayons cosmiques (Nucl.1975). e) Rayonnement gamma (γ). Synon. de rayons gamma (v. gamma2B 2). f) Rayonnement infrarouge. Synon. de radiation infrarouge, rayons infrarouges (v. infrarouge). g) Rayonnement ionisant. Synon. de radiation ionisante (v. ionisant, rem. s.v. ioniser). h) Rayonnement noir. Rayonnement du corps noir. Mais la grande affaire restait de trouver la loi de répartition du rayonnement noir, c'est-à-dire la formule représentant la répartition spectracle de l'énergie du rayonnement entre les différentes longueurs d'onde qui y sont présentes (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 132). i) Rayonnement solaire (météor.). Synon. de radiation solaire (v. radiation C 4). j) Rayonnement terrestre (météor.). ,,Rayonnement émis par la Terre (y compris l'atmosphère)`` (Villen. 1974). k) Rayonnement thermique (thermodyn.). Rayonnement électromagnétique provenant de la transformation d'énergie thermique. Les quanta furent introduits en 1900 par l'Allemand Max Planck; il s'efforçait d'expliquer le rayonnement thermique émis par un métal chauffé au rouge par exemple (Leprince-Ringuet, Atomes et hommes, 1957, p. 24). l) Rayonnement ultraviolet. Synon. de radiation ultraviolette, rayons ultraviolets (v. ultraviolet). m) Rayonnement visible. Synon. de radiation visible (v. radiation B 2 d). n) Pression de rayonnement (astron.). Synon. de pression de radiation (v. radiation C 1). C. − P. métaph. ou au fig. 1. Éclat qui se manifeste sur le visage de quelqu'un et reflète certains états intérieurs. Rayonnement de joie, de tendresse. Comme nos braves chasseurs de casquettes se regardaient fièrement! Quel rayonnement sur leurs mâles visages (A. Daudet, Tartarin de T., 1872, p. 30): 6. Il n'y avait ni ressentiment, ni amertume, sur le fin visage amaigri et pensif de vierge primitive, − seulement l'espèce de rayonnement d'un grand bonheur paisible et triste...
Van der Meersch, Empreinte Dieu, 1936, p. 254. 2. Éclat dont la manifestation révèle un haut degré de perfection dans la beauté. Pour la splendeur du sein, pour le rayonnement De la peau, nulle reine ou courtisane (...) N'égale sa beauté (Verlaine, Poèmes saturn., 1866, p. 77).Elle portait au cou un collier de vieil ambre (...). Et, sous l'ambre, sa chair avait un rayonnement laiteux, troublant (Martin du G., Thib., Belle sais., 1923, p. 893). 3. Influence heureuse qui émane d'une personne radieuse. Rayonnement de jeunesse et de fraîcheur. La conscience de mon enlaidissement subit (...) me rendait honteux d'être et d'être vu (...) mon état était l'inverse du rayonnement et du triomphe; c'était plutôt le recroquevillement et le retrait intérieurs (Amiel, Journal, 1866, p. 189): 7. Ce que j'éprouvais auprès d'elle, c'était surtout un sentiment profond d'harmonie. La paix intérieure qu'elle avait atteinte, il semblait qu'un rayonnement, émanant d'elle, vous la fît suavement partager.
Gide, Et nunc manet, 1951, p. 1142. − P. anal. Quels que soient l'objet et le sujet (...) qui conditionnent une symphonie ou une sonate de Beethoven, elles ne participent au génie que dans la mesure de ce rayonnement magique qu'elles irradient (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 21). 4. Influence qui se propage à partir d'une source intellectuelle ou morale dont le prestige exerce une grande attraction et p. méton., cette source elle-même. Rayonnement d'une civilisation, d'une doctrine, d'une oeuvre. Mais on ne saurait nier qu'à l'heure où tous les peuples dits civilisés sont à la veille de se jeter les uns sur les autres, la patrie soit un asile du droit et de la liberté. Il dépend de nous d'en faire (...) un rayonnement de fraternité solidaire (Clemenceau, Iniquité, 1899, p. 257).Tous, catholiques, protestants, etc., contribuent à ce rayonnement de la France que l'univers proclame (Barrès, Cahiers, t. 11, 1916, p. 202). − P. anal. Le nombre des dirigeants permettait à la maison un rayonnement illimité. Cinq patrons voyageaient pour les affaires et y réussissaient mieux, par la force du gros intérêt personnel, que des employés délégués par un directeur unique (Hamp, Champagne, 1909, p. 211). 5. Influence, emprise qui émane d'une personne ou d'un ensemble de personnes du fait de leur prestige ou de leur renommée. Rayonnement de Michel-Ange, d'une cour. Une forte personnalité exerce son rayonnement surtout sur les jeunes gens, plus occupés de sentir que d'agir (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 769): 8. Que Bonaparte et quelques-uns des hommes qui vinrent avec lui et qu'il absorba trop vite dans son rayonnement eussent été appelés à continuer l'oeuvre des jacobins (...) ils eussent pu apporter le concours de leur génie et de leur audace à cet édifice de notre avenir.
Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 15. II. − [Corresp. à rayon1C] Disposition en rayons; p. méton., chose ainsi disposée. Auprès d'un soleil fantaisiste, fait d'un pot de nuit à son centre et d'un inégal rayonnement de haches d'abordage et de chibouks tunisiens, un grand portrait peint (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, 6etabl., 3, p. 252).Il ressemblait aux araignées muettes que l'on considère à travers le rayonnement de leur toile (Milosz, Amour. init., 1910, p. 16). − ARTS DÉCOR. Disposition de figures ou de couleurs en forme de rayons à partir d'un centre (d'apr. Bég. Dessin 1978). III. − [Corresp. à rayon1D 1] Notre asile, bas et tapi à côté de ce géant [un cèdre], n'en était pas moins signalé par lui dans un rayonnement immense, et peut-être lui devait son nom: la Haute-Forêt (Michelet, Oiseau, 1856, p. xxxviii). Prononc. et Orth.: [ʀ
εjɔnmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1558 « émission de rayons lumineux » (Pontus de Tyard, Mantice dans ses Discours philos., 140a d'apr. Vaganay ds Rom. Forsch. t. 32, p. 145); 2. 1827 phys. (Mém. de l'Ac. royale des sc. de l'Institut de France, t. 7, p. 475); 3. 1832 « éclat, expression (d'un visage) comparable à la lumière » (Hugo, N.-D. Paris, p. 452); 4. 1842 « influence, extension » (Id., Rhin, p. 337). Dér. de rayonner1*; suff. -(e)ment1*. Fréq. abs. littér.: 772. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 363, b) 1 587; xxes.: a) 904, b) 1 578. Bbg. Goffin (R.). Néol. dans le domaine de l'én. solaire. Équivalences. 1979, t. 10, n o1/2, pp. 67-68. − Leenhardt (O.). Gloss. sur l'én. solaire. Banque Mots. 1980, n o19, p. 68. |