| RAVITAILLER, verbe trans. A. − Dans le domaine milit.Pourvoir en vivres et en munitions. Ravitailler une armée, un corps de troupes, une place. Wurmser avait ravitaillé la garnison de Mantoue, il est vrai, mais il ne ramenait pas en ce moment, de toute sa belle armée (...) plus de quarante à quarante-cinq mille hommes (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 537). ♦ Ravitailler qqn en qqc.À mesure que les colonnes victorieuses avançaient, il fallait les ravitailler en vivres et en munitions (Foch, Mém.,t. 2, 1929, p. 324).[Sans compl. d'obj.] Tout ce monde, tout ce matériel se rapprochent des lignes afin de ravitailler ou de prendre position dans quelques heures à la faveur des ténèbres (Bordeaux, Fort de Vaux,1916, p. 111).Empl. pronom. réfl., rare. Les assiégeants, bien tranquilles dans leurs lignes, sans se donner aucune peine, se ravitaillaient facilement et tout le jour faisaient bombance (A. Daudet, Port-Tarascon,1890, p. 24). − MAR. Pourvoir un navire en vivres et en matériel. Ravitailler une escadre. Il fera réparer et ravitailler ses bâtimens, et attendra, dans le port, le retour de la mousson (Voy. La Pérouse,t. 1, 1797, p. 25).Empl. pronom. réfl. La baie de Talcahuano, où le Duncan s'était déjà ravitaillé avant d'entreprendre son voyage de circumnavigation (Verne, Enf. cap. Grant,t. 3, 1868, p. 206). B. − Pourvoir une collectivité, un individu, une installation des denrées nécessaires à sa subsistance. Ravitailler sa famille; ravitailler un pays en matières premières; ravitailler un poste en eau potable; ravitailler un aérodrome en carburant et en pièces de rechange. [Jules Favre] apprenait qu'il n'y avait plus que dix jours de pain, à peine le temps de ravitailler la ville [Paris]. C'était la capitulation brutale qui s'imposait (Zola, Débâcle,1892, p. 579).Ces sommets, où l'on monte de la vallée une fois par semaine seulement pour le ravitailler [le berger] (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 118). − [Sans compl. d'obj.] Diego: Que fais-tu? Le Batelier: Je ravitaille. Diego: La ville? Le Batelier: Non, la ville est ravitaillée en principe par l'administration. En tickets naturellement. Moi, je ravitaille en pain et en lait (Camus, État de siège,1948, 2epart., p. 265).Empl. pronom. réfl. Se ravitailler à la ville voisine. Mon trouble était si profond en retrouvant le clos que j'avais oublié de me ravitailler en cigarettes! (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 108). − En partic. Fournir du carburant à un véhicule. Ravitailler une automobile; ravitailler (en carburant) un véhicule; ravitailler un avion en vol. Un vaisseau cosmique pourra être ravitaillé en carburant dans le cosmos, par un autre vaisseau (Paris-Jour,13 août 1962, p. 9, col. 2 ds Guilb. Astronaut. 1967). C. − Au fig. Pourvoir de biens intellectuels, spirituels ou moraux. Synon. alimenter, revigorer, nourrir.Malgré tout, cette attente d'un soulagement le ravitaillait, mais il eut une appréhension nouvelle: pourvu que le médecin soit à Paris (Huysmans, À rebours,1884, p. 276).Nous ressentons de toutes parts autour de nous l'élément et les exigences d'un chœur et d'une assistance que de par nos ressources propres nous avons l'obligation de ravitailler (Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 281). Prononc. et Orth.: [ʀavitaje], [-ɑ-], (il) ravitaille [-aj], [-ɑ:j]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1425 « pourvoir de vivres » cont. milit. (J. de Béthencourt, Le Canarien, 112, Gravier ds Delb. Notes mss); 1828 verbe pronom. (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr., p. 271); b) 1836 « fournir quelqu'un en vivres » (Balzac, Corresp., p. 111); 2. fig. 1831 « ranimer » (Id., Peau chagr., p. 44). Dér. de avitailler*; élém. formant re-*. Fréq. abs. littér.: 131. DÉR. Ravitailleur, -euse, subst.a) Dans le domaine milit.Personne préposée au ravitaillement en vivres, munitions et carburants d'un corps de troupe. L'agora de ce petit monde des abris et des postes de guet, ce furent les cuisines. Là, une ou deux fois par jour, les ravitailleurs venus des divers points du secteur, se retrouvaient (M. Bloch, Apol. pour hist.,1944, p. 51).b) Véhicule, navire, avion employé au ravitaillement militaire ou commercial. Ravitailleur d'avions, de sous-marins. C'est sur le Jupiter, ravitailleur d'escadre de la marine américaine, que la première installation satisfaisante de ce type de transmission a été réalisée un peu avant 1914 (Le Masson, Mar.,1951, p. 83).En appos. Navire ravitailleur. Choisi par la France comme véhicule de la force de frappe il [le Mirage IV] est capable de transporter la bombe atomique. Une version ravitailleur est également prévue (Industr. aéron. fr.,1962, p. 17).c) Sports. Celui, celle qui ravitaille les coureurs en aliments et boissons dans une course cycliste, en essence dans une course automobile. (Dict. xxes.). − [ʀavitajœ:ʀ], [-tɑ-], fém. [-ø:z]. − 1resattest. a) 1527 « personne chargée de ravitailler » (cont. milit.) (R. Macquereau, Chron. de la maison de Bourgogne, Panth. Litt., 36, 2 ds Fonds Barbier), absent de la lexicogr. jusqu'à Lar. 20e, b) 1951 « navire équipé pour ravitailler les bateaux en mer » (Le Masson, loc. cit.); de ravitailler, suff. -eur2*. |