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RAVALER, verbe
I.
A. − Empl. trans.
1. Vx. Faire redescendre. Ravaler un capuchon sur les épaules (Ac. 1798-1878).
2.
a) AGRIC. Tailler court. [Pour que les sarments fructifères ne soient pas trop élevés sur la souche] on ravale les bois de taille pour garder des coursons plus près de terre (Brunet,Matér. vitic., 1909, p. 134).
b) MENUIS. Amincir ou diminuer l'épaisseur d'une pièce de bois en certains endroits. Le petit tenon A entrant dans l'épaisseur de dessus du fût, dessus qui doit être ravalé de l'épaisseur des filets dans toute la largeur du fer (Nosban,Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 147).
c) P. ext., rare, p. exagér. Creuser, amaigrir. Je penchai sur elle un visage inquiet, suppliant, en ravalant encore mes joues pour me donner l'air d'une intellectuelle surmenée (Sagan,Bonjour tristesse, 1954, p. 41).
d) Au fig. Dénigrer, déprécier la valeur d'une personne ou d'une chose. Mmede Mortemart, ayant décidé que Mmede Valcourt ne serait pas des « élues », avait pris par ce fait même l'air de conjuration, de complot qui ravale si bas celles mêmes des femmes du monde qui pourraient le plus aisément se moquer du qu'en-dira-t-on (Proust,Prisonn., 1922, p. 269):
1. Si Jansénius écrase et ravale si fort l'homme d'aujourd'hui, on le conçoit, ce n'est donc que parce qu'il croit savoir à fond la responsabilité entière de l'Adam primitif, ce père de tous, et l'énormité de son crime, si aisément évitable, si librement et souverainement voulu. Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 2, 1842, p. 140.
Ravaler au rang de, au niveau de. L'esprit le plus haut est d'abord ravalé au rang de l'esprit le plus bas par la technique policière de l'amalgame (Camus,Homme rév., 1951, p. 294).Et puis, j'avais eu avec la nature des rapports trop intimes pour accepter de la voir ici ravalée au niveau d'une distraction de villégiaturants (Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p. 204).
Empl. pronom. S'abaisser, s'avilir. Je savais déjà que le punisseur se ravale au niveau du puni (Abellio,Pacifiques, 1946, p. 275).
Part. passé en empl. adj. J'aime à voir l'humanité et tout ce qu'elle respecte, ravalé, bafoué, honni, sifflé (Flaub.,Corresp., 1854, p. 33).
3.
a) MAÇONN. Remettre à neuf le parement d'un ouvrage de maçonnerie en procédant de haut en bas. Ravaler un mur:
2. Nous habitions, à cette époque, dans le bas de la rue Passy, une vieille maison (...). De mémoire de locataire sa façade n'avait été ravalée et l'on voyait sur la pierre grise les marques noires qu'y laissaient les volets. Green,Autre sommeil, 1931, p. 7.
P. anal., empl. pronom., pop., p. iron. [En parlant d'une femme] Se maquiller. Elle s'était poudrée... plâtrée... fardée tant et plus! Elle se faisait des cils d'odalisques, elle se ravalait pour venir en ville! (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 487).
b) ORFÈVR. ,,Étendre des feuilles d'or ou d'argent sur du métal avec le brunissoir`` (Littré).
B. − Empl. intrans.
1. [En parlant d'un cerf] Présenter des signes de vieillesse. Et quand on devient vieux comme nous, eh bien! On est comme les vieux cerfs qui ravalent... qui portent moins de bois chaque année (Druon,Gdes fam., t. 1, 1948, p. 14).
2. [En parlant de certains poissons] Descendre un cours d'eau, aller vers la mer. Le saumon ravale (Caput1969).
II. − Empl. trans.
A. − Ravaler sa salive. Avaler sa salive (sous l'effet de l'émotion, de l'inquiétude, de l'hésitation). Oui, fit maman, ravalant un excès de salive, ce qui, chez elle, était grand signe d'émotion, oui, Raymond, explique-moi tout (Duhamel,Notaire Havre, 1933, p. 158).Le typo tremble, Brunet lui dit: « Si tu gueules comme ça, tu vas foutre la trouille aux copains. » Le typo ravale sa salive, il a l'air docile, il dit: « T'as raison, Brunet » (Sartre,Mort ds âme, 1949, p. 284).
B. − Au fig.
1. Empêcher une parole, un mouvement, un sentiment de s'exprimer. Ravaler son amour-propre, sa colère, son dégoût, sa honte, son sourire; ravaler ce qu'on voulait dire. Les autres étaient là, en sueur, dans le courant glacé, muets comme lui, ravalant des grondements de colère (Zola,Germinal, 1885, p. 1180).
2. En partic. Tenter de rattraper une parole malheureuse, la regretter. Je n'eus pas plus tôt lâché cette sottise, que j'aurais voulu la ravaler; mais le bonhomme n'en parut ni surpris ni scandalisé (Sand,M. Sylvestre, 1866, p. 63).J'avais les tempes serrées comme lorsque je voudrais ravaler mes paroles (Gide,Journal, 1907, p. 239).
REM.
Ravalant, -ante, part. prés. en empl. adj.Qui rabaisse, qui humilie. Je n'aime pas ce sentiment [le fanatisme], je le trouve petit, ravalant et niais (Sand,Corresp., 1836, p. 355).Disproportion rendue à chaque minute plus sensible, plus humiliante, plus ravalante par les caprices et même par les bontés de ces êtres sans justice, sans amour, que sont les riches (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p. 261).
Prononc. et Orth.: [ʀavale], (il) ravale [-val]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Notion de progression en aval, de descente [cf. avaler1A] A. fig. 1. ca 1165 intrans. (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 2209: On a bien veü alever De teus que vilain ravalerent, La dont il murent s'en ralerent); 1erquart xiiies. (Renclus de Molliens, Carité, éd. A. G. Van Hamel, XXIX, 12: Franchois, fai ke par ta desserte Te grans hauteche ne ravaut); 2. 1360-70 trans. « abaisser, humilier, opprimer » (Baudouin de Sebourg, V, 582; IX, 232 ds T.-L.); ca 1470 part. passé adj. « outragé dégradé » laidangié et ravallé en sa personne (Georges Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 5, p. 218); 3. id. réfl. « se déshonorer, se dégrader » (Id., ibid., t. 4, p. 112). B. Sens propre 1. a) ca 1165 intrans. « redescendre » (Guillaume d'Angleterre, 2301); ca 1200 ravaler el pendant (Bueve de Hantone, éd. A. Stimming, I, 7353); b) 1180-1205 « tomber » (2eContinuation de Perceval, éd. W. Roach, 27426: Li marbres prist a ravaler); c) 1794 part. passé cynégét. « (en parlant d'un vieux cerf) qui pousse des têtes irrégulières et basses » (Encyclop. méthod., Dict. chasses, Paris, Agasse, p. 392b); 2. trans. 1260 « faire descendre » (Villard de Honnecourt, Album, reprod. ms. Bibl. nat. fr. 19093 [H. Omont], pl. LIX: le corde ploie a coi on ravale le verge [...] Il i a grant fais a ravaler car li contrepois est mult pezans [Construction d'un trébuchet]); 1268 « id. » (Claris et Laris, 1797 ds T.-L.); 3. a) 1431 trans. archit. « diminuer l'épaisseur d'un élément de construction (bois, pierre) » (Compte, Arch. de Tournai ds Gdf. Compl.); b) 1432 id. ravaller le mur « gratter, aplanir l'enduit de maçonnerie d'un mur pour recrépir [Guir. Lex. fr. Étymol. obsc.] » (ibid.); c) 1676 arboric. « diminuer, recéper des souches coupées trop haut » (Antoine Le Gendre, Manière de cultiver les arbres fruitiers, pp. 136-137). II. Faire descendre dans le gosier [cf. avaler1B] 1. 1538 « avaler à nouveau » (Est., s.v. resorbeo); 2. 1689, 23 mars fig. ravaler de ce qu'on a envie de dire (Sévigné ds Lettres, éd. E. Gérard-Gailly, t. 3, p. 393). Dér. de avaler*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 271. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 362, b) 309; xxes.: a) 451, b) 419.
DÉR.
Ravaleur, subst. masc.Ouvrier qui travaille au ravalement d'un ouvrage de maçonnerie. Il s'agit de monter péniblement et à grands frais des matériaux énormes, puis, quand cela est en place, d'accrocher sur ce tas de pierres, posées à peu près brutes, des escouades de ravaleurs qui couvrent de poussière de pierre et de gravois tout le voisinage (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 337). [ʀavalœ:ʀ]. Att. ds Ac. 1935. 1resattest. a) 1467 fig. « celui qui ravale, dénigre » (Georges Chastellain, Advertissement au duc Charles ds Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 7, p. 326, var. ms. Bibl. nat. fr. 2689 [anc. 8349]: ingrat mescognoisseur de grans biens reçus, tempteur de sa vieillesse et ravalleur de ses glorieux vieux jours [de Philippe le Bon]), très rare après le xvies.; à nouv. 1831 (Chateaubr., Ét. ou Disc. hist., t. 4, p. 114); b) 1892 maçonn. (Guérin); de ravaler, suff. -eur2*.
BBG. − Archit. 1972, p. 45. − Quem. DDL t. 5 (s.v. ravaleur). − Sculpt. 1978, p. 586.