| RATIONALISATION, subst. fém. A. − Action de rationaliser, de rendre (quelque chose) rationnel; résultat de cette action. Vers 1925-30, on semblait considérer qu'il fallait éviter à tout prix d'utiliser les édifices anciens pour servir de musée et puis on s'est lassé d'une rationalisation muséographique excessive et ceux-ci ont connu depuis un regain de faveur (Musées Fr.,1950, p. 18).V. irrationalisation rem. s.v. irrationnel ex.: 1. Nous avons cherché à soustraire la conscience mythique aux rationalisations prématurées qui, comme chez Comte, par exemple, rendent incompréhensible le mythe, parce qu'elles cherchent en lui une explication du monde et une anticipation de la science, alors qu'il est une projection de l'existence et une expression de la condition humaine.
Merleau-Ponty,Phénoménol. perception,1945, p. 338. B. − Spécialement 1. ÉCON. Organisation d'une activité économique selon des principes rationnels afin d'obtenir le maximum de rendement avec un minimum de coût. Il faut lire les textes de Simone Weil sur la condition de l'ouvrier d'usine pour savoir à quel degré d'épuisement moral et de désespoir silencieux peut mener la rationalisation du travail (Camus,Homme rév.,1951, p. 267): 2. L'organisation de la main-d'œuvre consiste en la recherche des règles et modalités propres à assurer à l'industrie un personnel qualifié, apte à remplir les tâches de l'exécution du travail, avec le minimum de fatigue et le maximum d'intérêt, c'est-à-dire à obtenir le meilleur rendement, sans perdre de vue qu'il s'agit ici de rationalisation appliquée à la personne humaine.
Villemer,Organ. industr.,1947, p. 119. − FIN. Rationalisation des choix budgétaires (RCB). Système de planification et procédé de contrôle opérationnel ayant pour but de faciliter les choix, d'améliorer l'utilisation et le contrôle des dépenses, d'obtenir une meilleure productivité par l'organisation rationnelle des répartitions de ressources entre affectations concurrentes (d'apr. Tézenas 1972). Du point de vue budgétaire, la RCB débouche ainsi sur une affectation des crédits sur une base fonctionnelle, impliquant au stade de l'exécution une modification des procédures de gestion et de contrôle (Bern.-Colli1981). 2. PSYCHANAL. Justification consciente et rationnelle d'une conduite déterminée par des motivations inconscientes. La rationalisation est une erreur de jugement que nous commettons souvent. On entend par là une explication en apparence logique, que l'on se donne pour justifier certains sentiments ou actes dus à des mobiles affectifs inconscients (R. de Saussure, La Méth. psychanalytique,1922, p. 26).On ne range pas habituellement la rationalisation parmi les mécanismes de défense, malgré sa fonction défensive patente. C'est qu'elle n'est pas directement dirigée contre la satisfaction pulsionnelle, mais qu'elle vient plutôt camoufler secondairement les divers éléments du conflit défensif (Lapl.-Pont.1967). Prononc. et Orth.: [ʀasjɔnalizasjɔ
̃]. V. rational. Étymol. et Hist. 1. 1907 « action de rendre rationnel; résultat de cette action » (L. Max, La Phys. de l'infini, Essai de rationalisation de la sc. exp.); 2. a) écon. 1927 (Lar. mens., nov.); b) 1922 psychanal. (R. de Saussure, loc. cit.). Dér. de rationaliser*; suff. -(a)tion*. Cf. l'all. Rationalisierung att. au sens 2 a dès 1905 (NED Suppl., s.v. rationalization) et l'angl. rationalization att. au sens 2 a en 1921 et au sens 2 b en 1908 (NED Suppl.). Fréq. abs. littér.: 29. Bbg. Dub. Dér. 1962, p. 33. − Fourgeaud (A.). La Rationalisation... Paris, 1929, pp. 13-31. − Quem. DDL t. 19, 29. |