| * Dans l'article "RARÉFIER,, verbe trans." RARÉFIER, verbe trans. A. − [Corresp. à rare A] 1. [Le suj. désigne l'agent ou le moyen] a) [Le compl. est nombrable ou coll.] Diminuer le nombre d'exemplaires que présente quelque chose. Anton. augmenter, multiplier.
α) Qqc. raréfie qqn/qqc.Oui, quand vient le soir, raréfiant enfin Les passants alourdis de sommeil ou de faim (...) Qu'il fait bon aux rêveurs descendre de leurs bouges (Verlaine, Poèmes saturn., 1866, p. 84).Les soirées usées sous la lampe ont raréfié mes cheveux, et rayé mes tempes (Maurras, Chemin Paradis, 1894, p. 81).On cause comme autrefois, comme naguère. Mais l'obligation de parler à voix contenue raréfie nos propos et y met un calme endeuillé (Barbusse, Feu, 1916, p. 254).
β) Se raréfier.Devenir moins nombreux. Anton. se multiplier.Au delà, vers le nord, la lisière, formée par la forêt, se prolongeait sur un espace de deux milles environ; puis les arbres se raréfiaient (Verne, Île myst., 1874, p. 243).Vous avez, à mon sens, trois qualités qui se raréfient de nos jours (Villiers de l'I.-A., Corresp., 1886, p. 111).
γ) Part. passé à valeur adj. De 1804 à 1815, il lui fut donc impossible [à mademoiselle Cormon] de lutter avec les jeunes filles qui se disputaient les partis convenables, raréfiés par le canon (Balzac, Vieille fille, 1836, p. 309).Là naquit (...) une bourgeoisie (...) qui fut décimée par des guerres de religion, abêtie et raréfiée ensuite par deux siècles de vices sournois et de mariages consanguins (Toulet, J. fille verte, 1918, p. 166). b) [Le compl. n'est pas nombrable ou n'est pas dénombrable] Diminuer la quantité de quelque chose. Anton. augmenter.
α) Qqn/qqc. raréfie qqc.Cet air vierge et balsamique (...) doit ranimer mes forces, raréfier mon sang (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 125).Et je pouvais encor Faire engouffrer du vent, pour prendre mon essor, En raréfiant l'air dans un coffre de cèdre Par des miroirs ardents mis en icosaèdre! (Rostand, Cyrano, 1898, III, 11, 1898, p. 145).
β) Qqc. se raréfie.Diminuer en quantité, devenir insuffisant. Des bûchers s'allument pour brûler les morts (...) Chaque famille veut avoir le sien. Puis le bois, la place et la flamme se raréfiant, il y a des luttes de famille autour des bûchers (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p. 29).
γ) Part. passé à valeur adj. La salive raréfiée collait au palais et aux lèvres comme une glue (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 362).Elles sont faites de la même matière raréfiée que ces corps glorieux qu'on nous promet (Sartre, Sit. III, 1949, p. 303). c) [Le compl. désigne une substance] Vieilli ou littér. Rendre peu dense. Anton. densifier.
α) Qqc. raréfie qqc.La chaleur, quand elle est considérable, est nuisible généralement à tous les animaux qui vivent dans l'air, parce qu'elle raréfie fortement leurs fluides essentiels (Lamarck, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 79).
β) Qqc. se raréfie.Le réchaud était allumé, l'air se raréfiait (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 142).L'air plus chaud et plus léger à ce contact s'est élevé et raréfié (Alain, Propos, 1927, p. 696).
γ) Part. passé à valeur adj. Atmosphère raréfiée. L'air très raréfié ne fournissait plus assez d'oxygène à son alimentation (Verne, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 111).Gaz raréfiés qui semblent former les nébuleuses (...) qui s'illuminent de je ne sais quelle lueur d'origine mystérieuse (H. Poincaré, Valeur sc., 1905, p. 168). B. − [Corresp. à rare B] Rendre (quelque chose) moins fréquent. 1. Qqn/qqc. raréfie qqc.Si les sens agissent trop à l'inverse de l'amour (...) ils le tuent d'ordinaire; en s'usant eux-mêmes, ils raréfient en nous la faculté d'aimer (Sainte-Beuve, Volupté, t. 1, 1834, p. 64).J'aime raréfier sur mes pas les saluts, Et m'écrie avec joie: un ennemi de plus! (Rostand, Cyrano, 1898, II, 8, p. 94).En raréfiant les renoncements (...) la richesse favorise considérablement l'égoïsme et hypertrophie les sentiments de possession (Mounier, Traité caract., 1946, p. 88). 2. Qqc. se raréfie a) [Le suj. désigne une action] L'on recherche les moyens de lutter contre la hausse des prix en cette période d'hiver où les arrivages de bestiaux se raréfient (Le Monde, 19 janv. 1952, p. 10, col. 5).Les guérisons, inexplicablement mais fatalement, se raréfient (Arnoux, Double chance, 1958, p. 106). b) [Le suj. désigne un état] Elle lui donna tout le bonheur qu'on peut faire avec de l'amour, (...) au point que le crachement de sang s'arrêta et que la toux se raréfia (Péladan, Vice supr., 1884, p. 152). Prononc. et Orth.: [ʀaʀefje], (il) raréfie [-fi]. Ac. 1694, 1718: -re-; dep. 1740: -ré-. Étymol. et Hist. 1. 1377 « rendre moins dense » (Oresme, Ciel et monde, 60c, éd. A. D. Menut, p. 252: se [...] une matiere estoit [...] rarefiee ou estendue au double); 1587 pronom. se rarifier (Du Chesne, Miroir, l. V, p. 182 ds Hug.); 1637 se raréfier (Descartes, Discours de la méthode, V, éd. F. Alquié, p. 622); 2. 1832 pronom. se raréfier « devenir moins nombreux, moins fréquent » (Balzac, L. Lambert, p. 186: les idées se raréfient); 1836 trans. « rendre rare » (Id., Vieille fille, p. 309). Empr. au lat.rarefacere « rendre moins dense » (comp. de rarus « rare; peu dense » et facere « faire, rendre »), avec adapt. au moyen du suff. -fier (-ifier*), cf. liquéfier, putréfier et Nyrop t. 3, § 440. Fréq. abs. littér.: 111. DÉR. Raréfiable, adj.,phys., vx. Qu'on peut raréfier. Synon. dilatable (d'apr. Ac. 1878, 1935; dict. xixeet xxes.).− [ʀaʀefjabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1878. − 1reattest. 1641 (E. De Clave, Nouv. lumière philos., p. 470 ds Fonds Barbier: l'eau, l'esprit et l'huile sont fluxiles et liquides, rarefiables et volatils); de raréfier, suff. -able*. BBG. − Gohin 1903, p. 359. |