| ![]() ![]() ![]() ![]() RÂPÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst. masc. I. − Part. passé de râper*. II. − Adjectif A. − Qui a été réduit en poudre, en pulpe, en petits morceaux à l'aide d'une râpe. Gruyère râpé; carottes râpées. Plus bas le granit est gris scintillant, et sous nos pieds il semble râpé, broyé; nous marchons sur de la poudre luisante (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Bandit corse, 1882, p. 56).Un autre plat contenait du chocolat râpé et des morceaux de biscuits (Mauriac,Myst. Frontenac, 1933, p. 18). B. − [En parlant d'un tissu, d'un vêtement] Usé (jusqu'à la corde). Pardessus, manteau râpé. Les saillies des coudes et des genoux, offrant plus de prise aux frottements, se marquaient par des plaques râpées jusqu'à la corde (Gautier,Fracasse, 1863, p. 95).Il portait avec élégance un habit à la française, semé de taches et tout râpé (A. France,Vie fleur, 1922, p. 442). C. − Au fig. 1. [En parlant d'une pers.] Qui affiche, par l'état délabré de son habillement, un air de grande misère. Dame, mon cher! Il faut renoncer aux conquêtes; Les amoureux râpés font peu tourner les têtes (Ponsard,Honn. et argent, 1853, IV, 5, p. 100).Au cou de Gontran, toujours un peu râpé, une cravate. C'était, de notre ancien vestiaire, à peu près tout ce qui devait subsister au monde (Giraudoux,Simon, 1926, p. 56).Il devait avoir des dettes criardes. Il était un peu râpé, et avec ça bien monsieur pour un socialiste (Aragon,Beaux quart., 1936, p. 98). − Empl. subst. Quelle cohue de bohèmes, de faméliques, de râpés hagards qui commençaient à perdre patience (Arnoux,Crimes innoc., 1952, p. 46). 2. Pop. [En parlant d'une attente déçue, d'un contretemps] C'est râpé! C'est manqué, raté, loupé. C'est râpé, mon colonel. Impossible d'envisager de regagner la frontière. Il ne nous reste que sept ou huit minutes (P. Bonnecarrère,La Guerre cruelle, 1972ds Gilb. 1980). III. − Subst. masc. A. − Boisson faite à base de râpe ou de grappes de raisin frais macérées dans l'eau; vin qui se gâte et qui est amélioré par ajout, dans le tonneau, de raisin frais. Quand mon frère fut malade, il n'y avait rien à lui donner à boire que du râpé sur lequel on jetait de l'eau depuis un an (Goncourt,G. Lacerteux, 1864, p. 6).Ces petits bourgeois (...) s'efforçant quand même de représenter, mangeant de la carne et buvant du râpé (Huysmans,En mén., 1881, p. 74). B. − Fromage de gruyère râpé. Acheter cent grammes de râpé (Dub.). Prononc. et Orth.: [ʀ
ɑpe]. Att. ds Ac. dep. 1694 (boisson). Fréq. abs. littér.: 202. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 254, b) 571; xxes.: a) 204, b) 212. Bbg. Henschel (B.). Qq. dat. nouv. du 18es. Fr. mod. 1969, t. 37, p. 122. |