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RANG, subst. masc.
A. − [En tant qu'ensemble d'éléments]
1. Chacune des lignes sur lesquelles est disposée une suite, un ensemble d'objets semblables ou de personnes (dans le sens de la largeur, par opposition à file dans le sens de la longueur); p. méton. cette suite, cet ensemble lui-même.
a) [À propos d'obj.] Synon. rangée.Il y a sur le bord de la mâchoire un premier rang de dents dans une situation verticale; et par derrière, plusieurs autres rangs couchés (Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 125).C'est un gros village, qui prend naissance à cent mètres de la plaine par un double rang de maisons basses (Arland, Ordre, 1929, p. 38).
α) [À propos de sièges, de tables]
Série de sièges placés côte à côte (dans une salle de spectacle, de cours...). À L'Aiglon, pour la répétition générale et pour la première, nous avions des places au premier rang. C'est l'échelle de la gloire (Renard, Journal, 1910, p. 1264).Je suis entré dans l'église. (...) Donc, j'entre, et je me place dans un rang vide (Martin du G., Thib., Belle sais., 1923, p. 815).
HÔTELLERIE. Rangée de tables. Loc. Chef de rang. Responsable du service d'un « rang de table » (Guide ONISEP des métiers et des formations, t. 2, 1977, p. 991). Après 3 ou 4 années d'expérience, le chef de rang peut accéder à l'emploi de maître d'hôtel (Guide ONISEP des métiers et des formations,t. 2,1977,p. 992).
β) Spécialement
ARCHIT., CONSTR. Le pavage de la cour contient un grand nombre de rangs de cases en briques (Ledieu, Cadiat, Nouv. matér. nav., t. 2, 1890, pp. 466-467).Les tuiles se posent par rangs horizontaux en commençant par le bas de la toiture (Bourde, Trav. publ., 1928, p. 136).
GÉOGR., région. (Canada). Ensemble des fermes et des exploitations rurales situées le long d'un chemin ou d'un cours d'eau, caractéristique du peuplement rural du Canada français; p. méton. ce chemin (d'apr. Fén. 1970). Les rangs s'alignent en bordures de rivières, qui fournissaient les voies de communication et les bonnes terres d'alluvions (George1970).
AGRIC., VITIC. Rang de vignes. Les pièces travaillantes [des houes] (...) sont (...) de petits versoirs orientés vers les rangs de vignes lorsqu'on se propose de chausser la vigne (Brunet, Matér. vitic., 1909, p. 145).V. aligner ex. 6.
TRICOT, CROCHET. Ensemble déterminé de mailles faites d'affilée sur une même ligne. Un rang à l'endroit, un rang à l'envers. Quand (...) j'apprenais à tricoter, on m'obligeait à défaire des rangs et des rangs de mailles, jusqu'à ce que j'eusse trouvé la petite faute inaperçue (Colette, Vagab., 1910, p. 298).
γ) P. méton.
IMPR. ,,Meuble en bois ou en métal dont l'intérieur est garni d'étagères ou de casses et dont la partie supérieure forme un pupitre où travaille le compositeur typographe`` (Comte-Pern. 1974). L'épreuve lue revient au compositeur, qui, d'après elle, corrige sa composition et la pose ensuite sous son rang (E. Leclerc, Nouv. manuel typogr., 1932, p. 201).
ORFÈVR. Rang de perles. Collier (constitué de perles), rangée de perles. Vous, madame, avec trois rangs de perles au cou (Romains, Knock, 1923, i, p. 7).
b) [À propos de pers.]
α) Domaine milit.Suite de soldats alignés côte à côte. Anton. file.Le rang est de flanc en flanc, et la file de la tête à la queue (Ac.).Il fit passer l'ordre d'ouvrir les rangs devant le cavalier et de le laisser traverser l'armée impunément (Péladan, Vice supr., 1884, p. 155).
Locutions
[Commandement milit.] À vos rangs, fixe! V. fixe III.
Loc. adv. En rang(s). Les soldats se mettent en rang autour des drapeaux et défilent autour de la salle (Claudel, Tête d'Or, 1901, 2epart., p. 256).Le plus grand bonheur de cet imbécile était de se faire saluer (...) quand nous défilions en rangs dans Oberwesel pour aller au travail (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 109).
Rompre les rangs. Quitter les rangs, ne pas rester rangé. Lagache profita du commandement: rompez les rangs! pour se sauver à toutes jambes dans la campagne (Champfl., Souffr. profess. Delteil, 1853, p. 33).
Empl. pronom. Les hommes devant moi étaient rangés sur deux rangs. Les ailes firent face à droite et face à gauche. Puis sur un ordre les rangs se rompirent (Guéhenno, Journal homme 40 ans, 1934, p. 186).
Serrer les rangs. Se rapprocher, de façon à occuper moins de place. L'ennemi était à trois cents mètres (...). Les Français, malgré les balles, serrèrent les rangs (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 142).
À rangs serrés (vieilli). Ce genre de feu [feu précipité] offre (...) l'avantage de procurer des tirs nourris contre l'artillerie, sans qu'il soit nécessaire d'augmenter le nombre de fusils mis en ligne, c'est-à-dire de placer les troupes à rangs serrés (Ledieu, Cadiat, Nouv. matér. nav., t. 1, 1889, pp. 351-352).
P. méton. Les rangs. L'ensemble des hommes qui servent dans une unité militaire. Servir dans les rangs d'une armée. Les Athéniens peuvent à peine surmonter leurs compatriotes qui combattent dans les rangs ennemis (Chateaubr., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 45).Ces décisions avaient pour conséquence de vaincre les dernières hésitations du gouvernement de Londres et de jeter dans les rangs alliés les armées britannique et belge (Foch, Mém., t. 1, 1929, p. 10).
En partic., absol. Le rang. L'ensemble des hommes de troupe et des sous-officiers, ou, le plus souvent, l'ensemble des hommes de troupe seulement. Servir dans le rang; demeurer dans le rang. Du reste il [Napoléon] n'avait pas moisi dans le rang (Arnoux, Roi, 1956, p. 276).Depuis 1781, on ne devenait officier, sans passer par le rang, qu'en faisant preuve de quatre quartiers [de noblesse] (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 109).
[En parlant d'un officier] Sortir du rang. Conquérir ses grades après avoir servi comme soldat, sans passer par une école militaire. C'est un officier sorti du rang (Ac.1935).P. anal. Sorti du rang. Qui n'est pas passé par une grande école. M. Sidoine, (...) sorti du rang, parvenu à force de travail et d'habileté à un poste de haut fonctionnaire qui lui a été durement disputé par les anciens élèves des grandes écoles (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 22).
Loc. adv. Hors rang. V. hors II A 2.
P. anal. ou au fig. Rentrer dans le rang. Renoncer à ses prérogatives. Les masses allemandes (...) rentrent dans le rang, quand on leur promet qu'elles vont manger (H. Albert, inMercure de France, n o491, 1erdéc. 1918, p. 534 ds Quem. DDL t. 21).
β) P. anal. [À propos d'écoliers] Disposition ordonnée des écoliers lorsqu'ils doivent se déplacer. Silence dans les rangs. Il est défendu de parler dans les rangs (Ac.).À deux heures, quand la cloche sonna, le maître d'études fut obligé de l'avertir pour qu'il se mît avec nous dans les rangs (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 2).
Loc. adv. En rang. On se mit en rang deux par deux (Verlaine, Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 47).
2. Loc. adv., fam. [Dans le temps] De rang. Synon. d'affilée, de suite.Trois jours de rang. Croyez-vous que ça ne donne pas soif de jouer au tennis quatre heures de rang (Toulet, J. fille verte, 1918, p. 143).
B. − Dans des loc. verb. fig. ou p. anal.
1. Masse, nombre, ensemble de personnes réunies par des idées ou des sentiments communs. Rejoindre les rangs. Voulez-vous passer avec nous dans les rangs de l'opposition? (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 371).Cette force du lien familial a puissamment aidé cette société à grossir les rangs de sa population (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 204).
Les rangs s'éclaircissent. Les gens (d'un groupe déterminé, de l'entourage) meurent peu à peu. La mort de Mmede Villeneuve m'a affecté vivement. Il faut, chère sœur, se rapprocher davantage à mesure que les rangs s'éclaircissent (Chateaubr., Corresp., t. 2, 1811, p. 364).V. éclaircir I A 2 b p. anal.
Mettre au rang de + subst. plur. Mettre au nombre de, compter parmi. Ses travaux l'ont mis au rang des savants les plus illustres (Ac.1835-1935).
Loc., vieilli. Mettre une chose au rang des péchés oubliés (Ac. 1798-1878). Ne plus s'en souvenir.
2. Serrer les rangs. Se grouper pour affronter les difficultés et pouvoir s'entraider. Ils ont appelé une fois de plus les assurés à serrer les rangs pour défendre la Sécurité Sociale en danger (Reynaud, Syndic. en Fr., 1963, p. 51).
Serrer ses rangs. Serrons nos rangs, oublions nos petites dissidences (Chateaubr., Lib. Presse, Marche et effets Censure, 1827, p. 277).
3. [Avec, gén., une idée de concurrence]
Être sur les rangs. Faire partie du nombre des concurrents. Un certain nombre de locaux seront mis en vente libre pour les négoces les plus variés: cinéma, instituts de beauté, bijoutiers et même un gantier seraient sur les rangs, car, paraît-il, les demandes sont dès à présent nombreuses (Le Monde, 19 janv. 1952, p. 4, col. 2).
Se mettre sur les rangs. Se porter candidat, entrer en concurrence avec d'autres (pour obtenir quelque chose). Il se met en même temps sur les rangs pour l'académie des sciences morales et politiques (Scribe, Camaraderie, 1837, ii, 3, p. 272).
Prendre rang (avec un compl. prép. à, dans, parmi). Prendre place, être compté (dans, parmi). Octave, elle n'en doutait pas, était appelé aux plus hautes destinées. Depuis qu'il avait pris rang à l'École Centrale, cette modeste et utile académie de jeunes ingénieurs s'était transformée dans son esprit en une pépinière d'hommes illustres (Verne, 500 millions, 1879, p. 31).Il ne considéra pas ce qu'avait d'anormal que Séryeuse prît si vite rang parmi ses anciens amis (Radiguet, Bal, 1923, p. 89).
C. − Place, niveau atteint dans une série, un ordre, dans une disposition généralement hiérarchique ou dans un classement.
1. Dans une série d'éléments, d'objets.
a) MATH., SC.
Rang (d'un chiffre). ,,Position d'un chiffre dans un nombre`` (Guilh. 1969).
Rang pair, impair. Catégorie déterminée en fonction de la parité. L'effet des traits de rang impair (...) est (...) de détruire, par interférence, la moitié des spectres que donneraient les traits de rang pair agissant seuls (M. de Broglie, Rayons X, 1922, p. 32).
Rang d'une matrice. Taille maximale des sous-matrices carrées régulières que l'on peut former en supprimant des lignes et/ou des colonnes de la matrice considérée. (Ds Bouvier-George Math. 1979).
Rang d'un système linéaire. Rang de la matrice formée par les coefficients du système considéré. (Ds Chamb. 1981).
b) STAT., LEXICOMÉTRIE. Il faut introduire une notion supplémentaire, celle de rang, et classer les vocables par fréquence décroissante (Ch. Muller, Initiation à la stat. ling., Paris, Larousse, 1968, p. 167).
c) MUS., ACOUST. Rang d'un harmonique. ,,Son numéro d'ordre, le fondamental étant l'harmonique 1`` (Mus. 1976). On ne va pas au delà du quatrième harmonique. Le rendement, en effet, diminue avec le rang de l'harmonique employé (J. Mercier, Radio-électr., t. 1, 1937, p. 68).
d) LING. STRUCT. ,,Chacun des niveaux successifs, subordonnés les uns aux autres, qui s'étagent de l'unité supérieure (l'énoncé) aux unités élémentaires, inanalysables en unités plus petites`` (Ling. 1972).
e) MAR. ANC. ,,Position assignée aux grands bâtiments selon leur structure et leur armement`` (Lar.). Vaisseaux du premier rang. ,,Les vaisseaux à trois ponts`` (Ac. 1798-1878). Vaisseaux du second rang, du troisième rang. ,,Les vaisseaux qui n'ont que deux ponts`` (Ac. 1798-1878).
2. Au premier rang. En première position. Au premier rang des questions philosophiques, en mathématiques comme ailleurs, se placent celles qui portent sur la valeur représentative des idées (Cournot, Fond. connaiss., 1851, p. 240).Il m'invitait à mettre les questions de forme au premier rang de mes préoccupations (Gide, Si le grain, 1924, p. 532).Il mettait l'énergie au premier rang des vertus (Mauriac, Journal occup., 1944, p. 326).
3. Place occupée par une personne physique ou morale, place d'un droit dans un classement.
a) [Dans la hiérarchie admin., scol., univ., pol., milit.] Reprendre son rang; élever au rang de colonel. Quand le roi de Dacie vint séjourner à Venise, la république lui donna rang de citoyen (Hugo, Rhin, 1842, p. 467).M. Joseph Reinach sera donc ramené au rang de simple cavalier (Clemenceau, Iniquité, 1899, p. 419).
DROIT
,,Place qu'occupe un dignitaire ou un fonctionnaire dans l'ordre des préséances`` (Cap. 1936). Rang diplomatique (Jur.1971).
Rang des privilèges et des hypothèques. ,,Place à laquelle est classé un privilège ou une hypothèque, dans l'ordre de priorité à établir entre ces sûretés, et qui dépend en général d'une inscription à la conservation des hypothèques et de la date de cette inscription`` (Juridique 1987).
[Dans un cadre scol.] Place obtenue à un examen, un concours. Mes notes oscillent entre 15 et 20; mon rang sera suffisant (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1909, p. 78):
En fonction de leur rang de sortie, les élèves de l'École Nationale d'Administration sont donc destinés à des fonctions et à des débouchés sensiblement différents selon ce rang... Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 245.
b) [Dans la société, dans la hiérarchie sociale (conférée notamment par la naissance, la puissance, l'argent)] Redescendre, retomber au rang de; les plus hauts rangs de l'ordre social; au premier rang de l'échelle sociale; une personne d'un rang élevé. Né dans un rang illustre, riche des revenus de provinces entières, universellement estimé (Lemercier, Pinto, 1800, i, 6, p. 20).Il est bien vrai qu'un homme ne puisse être en présence d'un autre, communément, sans se demander: « Que vaut-il? Est-il au-dessus? Au-dessous de moi? En fortune, rang social, intelligence, etc. » (Mounier, Traité caract., 1946, p. 590).
Absol. La rivalité du rang; distinctions de rang; cacher son rang; les honneurs dus au rang. François Picaud se rend chez un cafetier, son égal de rang et d'âge (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 781).Elle ne voulait être qu'une femme, heureuse comme les autres. Mais supérieure aux autres par le rang et la fortune (Arland, Ordre, 1929, p. 77).
Place (généralement élevée) dans cette hiérarchie. Occuper un rang dans la société. On lui conteste, on lui dispute son rang (Ac.1835-1935).On respecte plutôt son rang que sa personne (Ac.1935).[Lors de la construction de la cathédrale de Chartres et de Sainte-Marie de Dives] on vit des hommes et des femmes de haut rang courbant la nuque pour s'atteler, comme des animaux, à des chariots (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 222).
En partic., vieilli. Place dans la hiérarchie nobiliaire. Les premiers rangs de la noblesse. Isabelle d'Este fut sans doute, dans la réalité, une fort petite princesse, semblable à celles qui sous Louis XIV n'obtenaient aucun rang particulier à la cour (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 525).
Loc. verb.
Avoir rang de. Exercer (...) un contrôle sur les secrétaires d'état n'ayant pas rang de ministres (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 261).
Tenir (un, son) rang. Vivre en fonction d'un certain niveau social, jouer un certain rôle social. Sa famille a tenu un rang distingué à la cour de Suède (Ponson du Terr., Rocambole, t. 2, 1859, p. 193).Quand on se marie, c'est tout différent. On a une maison, un rang à tenir (Anouilh, Sauv., 1938, iii, p. 226).
P. anal. Tenir son rang. Se comporter selon la situation, les convenances. La comtesse d'Orgel parut. Elle craignait de ne pouvoir tenir son rang, tant elle était faible (Radiguet, Bal, 1923, p. 179).
Soutenir un rang. Si je suis l'amant de cette femme, ce n'est point par amour, mais par intérêt. Elle est riche et je suis pauvre, j'ai un rang à soutenir, des enfants à élever (About, Grèce, 1854, p. 101).
c) [Pour répartir, classer, mesurer dans une série, une suite] Loc. adv. À son rang. Opiner, parler à son rang. ,,Parler selon son rang, selon la place qu'on occupe`` (Ac. 1835-1935). Vous parlez à votre rang (Ac.1798).
d) Niveau de compétence, qualité reconnue d'un créateur. Goethe est tout seul au premier rang dans l'art de composer des élégies, des romances, des stances (Staël, Allemagne, t. 2, 1810, p. 182).M. Léon Cogniet est un artiste d'un rang très élevé dans les régions moyennes du goût et de l'esprit (Baudel., Salon, 1845, p. 41).
4. Loc. prép. [Le compl. prép. indique le critère de classification des éléments d'une suite]
Fam. En rang d'oignon*.
Par rang de + subst.Par rang d'urgence, par rang de taille. Et il fallait voir le bel ordre, les casseroles et les pots par rangs de grandeur, chaque chose à son clou, jusqu'à la poêle et au gril qui reluisaient (Zola, Page amour, 1878, p. 862).Je saluai à la ronde, par rang d'âge et de sexe (Pesquidoux, Livre raison, 1932, p. 211).
Prononc. et Orth.: [ʀ ɑ ̃]. Homon. ran, ranz, rend(s) (formes de rendre). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. A. 1. a) α) Ca 1100 renc « ligne de guerriers » (Roland, éd. J. Bédier, 264); β) 1636 serrer les rangs du bataillon (Monet, s.v. serrer); b) α) 1835 entrer dans les rangs d'une armée (Ac.); β) 1918 rentrer dans le rang « renoncer à ses prérogatives » (H. Albert, loc. cit.); 2. a) 1165-70 ranc « piste réservée pour la joute » (Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 2118); b) α) 1170 se mettre al renc « se présenter au bout de la piste pour engager la joute » (Marie de France, Lais, Milun, éd. J. Rychner, 413); 1220-40 se mettre en renc « id. » (Lancelot, éd. A. Micha, t. 7, p. 388); β) 1676 fig. mettre (des concurrents) sur les rangs (Corneille, Pulchérie, II, 1, 376). B. 1. a) Ca 1100 « rangée (de personnes) » (Roland, 2192: Sis mist en reng dedevant ses genuilz); b) ca 1160 « rangée (de choses) » (Enéas, éd. J. J. Salverda de Grave, 433: treis rens de mangnetes); 2. 1771 (Trév.: rang signifie encore la place qui convient à une chose parmi plusieurs autres). II. A. Ca 1140 en renc « à tour de rôle » (Voyage de Charlemagne, 417 ds T.-L.). B. 1. 1462 mettre ou ranc de « compter parmi » (Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 1010); 2. a) α) 1462 « privilège » (Mém. pour servir de preuves à l'hist. ecclés. et civile de Bretagne, t. 3, p. 9 ds Bartzsch, p. 15: preservation des droitz, rancs, prerogatives et noblesses tant d'assiepte que autrement); β) 1640 « place qu'une personne occupe dans la société » (Corneille, Cinna, IV, 3, 1207); b) 1549 « place, position dans un ordre, un classement, une classification » (Est.). De l'a. b. frq. *hring « cercle, anneau » (cf. l'all. Ring « anneau »), introd. au sens de « assemblée militaire disposée en cercle »; v. FEW t. 16, p. 246a. Fréq. abs. littér.: 4 737. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 9 637, b) 6 207; xxes.: a) 5 682, b) 5 177. Bbg. Vardar Soc. pol. 1973 [1970], p. 298.