| ![]() ![]() ![]() ![]() RANCI, -IE, part. passé et adj. I. − Part. passé de rancir*. II. − Adjectif A. − [En parlant d'un corps gras] Qui est devenu rance (v. rance1A). [Un enfant du Ghetto] qui passe d'ordinaire sa vie entre les hautes maisons de quelque quartier sordide, dans l'odeur de la misère et de la graisse d'oie rancie (Tharaud, Ombre de la Croix, 1917, p. 141).Encore que ce fût une marque de bon ménage de ne jamais manger le lard que jaune et ranci, parce qu'on tenait à avoir des provisions bien amples, comme pour deux ans, et que, naturellement, on entamait en premier lieu celles de plus vieille date (Pourrat, Gaspard, 1922, p. 123). ♦ P. ext. [En parlant d'autres corps] Qui a vieilli, n'est pas frais. Le bois de la porte (...) a un ton de miel un peu ranci (Jouve, Paulina, 1925, p. 12).Dans l'appartement, une affreuse odeur de renfermé, et de tabac ranci (Picard a dû y fumer, puis oublier d'ouvrir les fenêtres) (Montherl., Lépreuses, 1939, p. 1490). − [P. méton.; en parlant d'un goût, d'une odeur, surtout dans des cont. métaph.] Sa voisine (...) portait en elle quelque chose de fripé (...) une sorte de fausse jeunesse éventée, comme un parfum d'amour ranci (Maupass., Bel-Ami, 1885, p. 51).Ce que je revois, ce que je sens si bien, c'est la couleur, le goût un peu ranci de ces mois de collège (Tharaud, Péguy, 1926, p. 6). − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Odeur, saveur de ce qui est devenu rance. Sentir le ranci. (Ds Rob., Lar. Lang. fr.). ♦ P. métaph. Ce parfum d'un autre monde, dont je m'enivrais avec une sensibilité perfectionnée, hélas! Il est remplacé par une fétide odeur de tabac mêlée à je ne sais quelle nauséabonde moisissure. On respire ici maintenant le ranci de la désolation (Baudel., Poèmes prose, 1867, p. 28). B. − Au fig. Qui est usé, défraîchi; qui a vieilli en laissant apparaître des aspects désagréables, déplaisants. Je sais que je suis sans galanterie, cassé par les veilles, amaigri, et presque pareil aux squelettes de mon ouvroir; mais mon cœur est jeune et chaleureux! Vois-tu, la passion que je ressens pour toi n'est point une passion rancie; sous une vieille enveloppe, c'est une âme neuve que je t'apporte (Borel, Champavert, 1833, p. 71).Si l'un fleurait l'âcreté des paperasses empoussiérées, l'autre exhalait l'odeur atroce des vieux chastes, doucereuse, écœurante, qui est comme le relent de leurs virginités rancies (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, 2etabl., I, p. 56).Couchers de soleil et soirs d'actrices, (...) fantaisies impériales de cocotte vieillie, embourgeoisée, rancie, mais demeurée très femme (Lorrain, Âmes automne, 1898, p. 93). Prononc. et Orth.: [ʀ
ɑ
̃si]. Att. ds Ac. 1694-1878. Fréq. abs. littér.: 18. |