| RAMPE, subst. fém. A. − [Désigne un plan incliné ou ce qui est en plan incliné] 1. Vieilli. Partie d'un escalier conduisant d'un palier à un autre. Synon. mod. volée.Cette rampe a plus de degrés que les autres (Ac.1798-1878).Les marches de cette rampe sont trop hautes (Ac.1835-1935).Je trouve l'escalier encombré d'une foule immense. Il faut descendre en marchant sur les talons du voisin, trois rampes rapides (Stendhal, Rome, Naples et Flor.,t. 1, 1817, p. 408).Elle descendit jusqu'au premier étage, et elle alla jusqu'au bas de la rampe (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 182). − ARCHIT. ANC. ,,Suite de marches très basses et larges qui permettaient aux cavaliers de monter aux divers étages d'un monument, d'un jardin, etc.`` (Vogüé-Neufville 1971). 2. P. anal. a) Plan incliné aménagé pour permettre la communication entre deux points qui ne sont pas de niveau. On descendait dans ce parterre par une rampe douce (Ac.1798-1935).La tour d'entrée contient, roulés l'un sur l'autre, un escalier à vis pour les hommes et une rampe pour les chevaux (Hugo, Rhin,1842, p. 22).Un bon garage est près du domicile, possède la lumière, l'eau, un accès facile, des murs épais, un toit (...). Il ne doit pas exiger de la part du conducteur des manœuvres pour entrer ou sortir. Les garages modernes placés aux sous-sols répondent à ces qualités à une seule condition, que la rampe d'accès soit d'un faible pourcentage (Chapelain, Techn. automob.,1956, p. 332).V. accès1ex. 7. ♦ TRAV. PUBL., CH. DE FER et dans la lang. cour. Bien entendu, pour la rapidité et l'économie de la circulation, il y a tout intérêt à éviter les rampes trop fortes, causes de pertes de temps et de consommation supplémentaire de carburant (J. Thomas, Route,1951, p. 382): 1. Les rues de Séville ont tout le caprice des cités arabes. Si l'on regarde un plan détaillé de la ville, on est émerveillé par sa fantaisie. C'est un ovale craquelé comme un tableau ancien. Bien qu'elle soit bâtie dans une plaine, sur un terrain uni, et ne comporte par conséquent ni lacets ni rampes, ce ne sont que venelles tordues, culs-de-sac, détours qui ne mènent à rien ou vous ramènent au point de départ...
T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p. 146. ♦ Loc. En rampe. En pente. La voie peut être horizontale ou inclinée, autrement dit le chemin est de niveau ou en rampe (Armengaud, Moteurs à vapeur,t. 2, 1861, p. 185). − P. anal. Pente (d'une colline, d'une montagne). Le massif robuste a subi l'usure des âges. Il s'élève d'abord par une rampe brusque d'une centaine de mètres immédiatement sur la rive droite du fleuve (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 250).[Le] jeune Figure qui, derrière lui, descendait la faible rampe du talus (Carco, Équipe,1919, p. 150). b) ARM., ASTRONAUT. − Rampe de lancement. Dispositif en plan incliné servant à assurer le support, le lancement et le guidage initial d'un engin autopropulsé. Rampe de lancement d'un avion catapulté, d'une fusée. V. lancement A 1 ex. de Billotte. ♦ Au fig. Ce qui sert à « lancer » quelque chose ou quelqu'un, ce qui sert de point de départ au développement de quelque chose, à la réussite de quelqu'un. Saint-Germain-des-Prés (...) ce ne pouvait être à présent pour elle qu'un point de départ, une rampe de lancement (Vialar, Tournez,1956, p. 233).L'industrialisation devrait constituer la « rampe de lancement » du développement dans les pays sous-développés et surpeuplés, afin d'absorber l'excédent de population agricole (Univers écon. et soc.,1960, p. 36-15). − MAR. Rampe d'amerrissage. Forte toile à voile remorquée par un navire et constituant un plan incliné sur lequel un hydravion une fois posé, vient engager sa coque (d'apr. Gruss 1952 et 1978). c) INFORMAT. ,,Plan incliné servant à l'alimentation et à la réception des cartes dans un lecteur ou un perforateur de cartes`` (Ging.-Lauret 1982). d) ANAT. Rampes du limaçon; rampe vestibulaire, rampe tympanique. Cavités du limaçon de l'oreille, l'une s'ouvrant dans le vestibule, l'autre communiquant avec le tympan. Comme l'axe du limaçon est oblique, les deux rampes sont, l'une antérieure et externe, l'autre interne et postérieure. L'interne, qui est plus près de la base du limaçon est un peu plus longue, et se redresse pour aboutir à la fenêtre ronde qui donne dans la caisse du tympan. L'externe, qui est plus près de la pointe, va au vestibule, qui communique lui-même avec la caisse par la fenêtre ovale (Cuvier, Anat. comp.,t. 2, 1805, p. 466). B. − Balustrade placée le long d'un escalier pour servir d'appui et de garde-corps. Synon. main-courante (v. main 1reSection I D 1 d).Rampe en bois, en marbre; se pencher sur la rampe. Un large perron, raide et droit, de vingt-neuf marches, sans rampes, sans garde-fou, remplaçait sur les fossés comblés l'ancien pont-levis (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 63).Un vaste escalier dont la rampe très ouvragée se tordait en ces enroulements et arabesques de serrurerie de mode sous l'autre règne (Gautier, Fracasse,1863, p. 373).Grilles somptueuses, rampes d'escalier monumentales, balcons riches et ventrus, etc..., sont les caractéristiques d'une époque, à laquelle nous devons les grilles de Saint-Denis, du château de Versailles, de celui de Maisons-Laffite, de la place Stanislas de Nancy, la rampe de la chaire de l'église Saint-Roch (Fillon, Serrurier,1942, p. 26). − P. méton. Barre d'appui constituant la partie supérieure ou dos de la rampe. S'appuyer à la rampe. En gravissant l'escalier, François Tessier s'arrêtait de marche en marche, tant son cœur battait (...). Et il ne respirait plus qu'avec effort, tenant la rampe pour ne pas tomber (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Père, 1883, p. 436).Tant qu'ils tiennent la rampe, ils peuvent monter leur escalier. (Leur escalier peut ne mener à rien, mais cela c'est une autre question). Dès qu'ils lâchent la rampe, il faut, ou qu'ils tombent, ou qu'ils volent (Péguy, Argent,1913, p. 1167). ♦ Loc. fig., fam. Tenir la rampe. Se maintenir en bonne santé; tenir bon. Il avait cinquante piges passées... Il tenait encore bon la rampe grâce aux exercices physiques, aux haltères, massues, barres fixes, tremplins (Céline, Mort à crédit,1936, p. 401).Lâcher la rampe. Renoncer à une entreprise, abandonner. Vous vous inscrivez dans un parti, mais à la première anicroche, vous lâchez la rampe et vous préférez rentrer chez vous (Abellio, Pacifiques,1946, p. 202).Pathé a eu beau lutter pendant la guerre, il a fini par déclarer forfait. Il a lâché la rampe. On l'a accusé d'avoir naufragé le cinéma français (Vialar, Tournez,1956, p. 82).Pop., fam. Lâcher la rampe. Mourir. Ton oncle s'est laissé mourir? Le pauvre cher homme! Il vient de lâcher la rampe (Larch.1862, p. 271). − P. ext. Balustrade; objet servant de garde-fou, de barrière de protection. Quels gueux! murmurait le commandant, appuyé à la rampe d'une fenêtre, comme sur le velours d'une loge de théâtre (Zola, Fortune Rougon,1871, p. 210).Ainsi m'enseigna le Vinci, tandis que je le priais au Brera, étant accoudé sur la rampe de fer qui entoure la salle (Barrès, Homme libre,1889, p. 163). − Au fig. Ce qui sert d'appui (intellectuellement ou moralement); ce qui constitue une barrière, un obstacle (matériel ou moral). J'ai reçu des nouvelles de Guitry et de Capus, mais le goût frivole de ces gens pour les mensonges du théâtre met entre eux et moi une rampe infranchissable (Renard, Corresp.,1898, p. 195).La peur de trébucher cramponne notre esprit à la rampe de la logique (Gide, Nouv. Nourr.,1935, p. 260). C. − [Désigne un alignement de choses] 1. THÉÂTRE. Rangée de sources lumineuses placée au niveau du plateau sur le bord de l'avant-scène. Baisser, lever la rampe; allumer la rampe; les feux, les lumières de la rampe. À travers cette confusion, pas un de mes mots ne porte, ne fait flèche. Au lieu de monter, d'emplir la salle, les voix des acteurs s'arrêtent au bord de la rampe et retombent lourdement dans le trou du souffleur (A. Daudet, Contes lundi,1873, p. 237).La rampe donne une lumière que l'on peut qualifier d'horrible: elle éclaire à contresens le visage humain; l'œil est habitué à l'ombre des orbites, à celles du cou. Avec la rampe, c'est le contraire! (Moynet, Machinerie théâtr.,1893, p. 240).V. feu II A 2 théâtre: 2. ... dans l'obscurité, la scène, elle, est toute lumière, une lumière issue d'elle-même, sa propre lumière, qui la confine dans ses propres limites. Rampe et herses illuminent l'illusion d'un espace rigide et clos de toutes parts. Et la scène est toujours lumière. Quand disparaît la cloison de lumière de la rampe, le rideau interdit la scène, interdit la nuit.
Serrière, T.N.P.,1959, p. 92. − Loc. fig. [En parlant d'une pièce, du jeu d'un acteur, d'une réplique] Passer la rampe. Avoir de la portée; produire auprès du public l'effet escompté, l'atteindre, l'émouvoir. Il y a du Don Quichotte dans Déroulède. Il y a aussi de l'homme de théâtre qui dispense les effets de manière qu'ils passent la rampe et émeuvent une salle de spectacle (Barrès, Cahiers,t. 10, 1914, p. 311).Mes interprètes servaient la pièce [Les Mal-Aimés] au mieux (...) Elle passait évidemment la rampe (Mauriac, Nouv. Bloc-Notes,1959, p. 206). ♦ P. ext. [En parlant de propos, d'une proposition quelconque] Être accepté, accueilli favorablement (par le public concerné). Quant à l'objectivité, j'ose dire qu'elle me semblait relative dans les journaux américains qui montaient en épingle telles ou telles phrases extrapolées. Tout de même, celles-là « passaient la rampe » (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 214).Développement de l'effort des migrations rurales. Ce rapport passe difficilement la rampe du conseil d'administration de la FNSEA; et le congrès, en 1956, l'accepte non sans réticences (Debatisse, Révol. silenc.,1963, p. 101). − P. méton. Scène, théâtre. L'air maussade de la comédienne obligée à jouer une scène, à exercer son métier, chez elle, aux instants du repos, loin de la rampe (Huysmans, À rebours,1884, p. 143).Avec ses cheveux trop longs, ce menton bleu, il faisait songer, ce matin, à quelque tragédien de province qui se néglige à la ville, mais qui, le soir, à la rampe, fait encore de l'effet en empereur romain (Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 825). ♦ Loc., vieilli. Prince, princesse de la rampe. Acteur, actrice. Un soir, elle avoua à Maxime qu'elle mourait d'envie d'aller à un bal que Blanche Muller, une actrice en vogue, donnait aux princesses de la rampe et aux reines du demi-monde (Zola, Curée,1872, p. 441).L'hôtel (...) fut construit par un financier célèbre, pour une actrice, sous le premier Empire, à l'époque où la rue de la Tour des Dames abritait plusieurs princes et princesses de la rampe (Bourget, Crime am.,1886, p. 4). 2. P. anal. Dispositif constitué d'une rangée de sources lumineuses (pour l'éclairage d'une façade, d'une vitrine, etc.). V. gaz ex. 4. − AVIAT. Rampe de balisage. Alignement de projecteurs éclairant une piste. Casablanca essaya ses feux. La rampe de balisage découpa en rouge un morceau de nuit, un rectangle noir. Çà et là une lampe manquait, comme une dent (Saint-Exup., Courr. Sud,1928, p. 53). 3. P. ext., TECHNOL. a) Rampe (à gaz). Dispositif constitué d'une rangée de becs ou d'une série d'orifices où brûle le gaz de chauffage. Le modèle de réchaud le plus courant (...) comprend: un brûleur à simple couronne, un brûleur à double couronne et un grilloir: celui-ci est chauffé par une rampe longitudinale à flamme blanche, ou par une double rampe transversale à flamme bleue, qui porte à l'incandescence un plafond métallique ou garni de touffes d'amiante (Lar. mén.1926, p. 620).On commence à chauffer au rouge les deux extrémités du tube placé sur une rampe à gaz (Chartrou, Pétroles natur. et artif.,1931, p. 103). b) Rampe de chargement. Dispositif utilisé pour le chargement des wagons-citernes, des camions-citernes, constitué d'une ,,série de tuyaux verticaux et parallèles branchés sur une conduite commune et se terminant chacun par un bras horizontal portant un flexible ou un élément articulé`` (Pétrol. 1964). c) AUTOMOBILE − [Dans un moteur à explosion] Rampe des culbuteurs. ,,Ensemble des culbuteurs et de leur support`` (Lar. 20e-Lar. Lang. fr., Lexis 1975). − Rampe de graissage. ,,Dispositif distribuant l'huile en plusieurs points`` (Lar. 20e). d) Rampe (d'arrosage). ,,Appareil muni d'un dispositif permettant de mettre en marche simultanément différents jets d'eau`` (Bén.-Vaesk. Jard. 1981). La rampe percée de petits trous ou équipée de gicleurs peut être fixée ou oscillante; ou bien de grosse section et équipée d'arroseurs rotatifs; peut être automotrice (Agric.1977). Prononc. et Orth.: [ʀ
ɑ
̃:p]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1584 « plan incliné sur lequel sont établis les degrés ou marches d'un escalier » (d'apr. FEW t. 16, p. 658b); 1845 (Besch.); b) 1669 « partie d'un escalier par laquelle on monte d'un palier à l'autre » (La Fontaine, Psyché, I ds
Œuvres, éd. H. Régnier, t. 8, p. 121); 2. 1694 « plan incliné permettant de passer d'un niveau à un autre dans les jardins, les places fortes, etc. » (Ac.); 3. a) 1767 « terrain en pente » (Diderot, Salon, Œuvres, t. 4, p. 183 ds Pougens d'apr. Littré); b) 1856 « passage, route, rue ou voie ferrée en pente » (C.r. de l'Ac. des sc., t. 43, p. 809); c) 1904 ch. de fer « instrument servant à remettre un wagon sur les rails » (Nouv. Lar. ill.); d) 1949 rampe de lancement (Nouv. Lar. univ.); 4. 1798 anat. (Schwan, Suppl. au dict. de la lang. all. et fr. d'apr. FEW t. 16, p. 659a). B. 1. a) 1690 « main courante, balustrade placée à hauteur d'appui le long d'un escalier » (Fur.); b) 1862 lâcher la rampe « mourir » (Larch., p. 271); c) 1880 « partie supérieure du dossier d'un canapé » (Havard); 2. a) 1832 « (au théâtre) rangée de sources lumineuses éclairant le décor et les acteurs » (Raymond); b) 1867 passer la rampe (Delvau, p. 354); 3. a) 1928 « alignement de projecteurs destiné à éclairer une piste d'atterrissage » (Saint-Exup., loc. cit.); b) 1929 « tout dispositif d'éclairage composé d'une suite de sources lumineuses » (Cocteau, Enfants, p. 132). Déverbal de ramper*. Fréq. abs. littér.: 1 023. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 131, b) 2 095; xxes.: a) 1 632, b) 1 280. DÉR. Rampiste, subst. masc.,constr. Ouvrier qui fait des rampes d'escalier. Rampiste en bois. ,,Menuisier réalisant plus particulièrement des éléments de rampe en bois`` (Mét. 1955). Rampiste en fer. ,,Serrurier spécialisé dans la réalisation et la pose des rampes en fer pour escaliers`` (Mét. 1955). Le travail du rampiste se nomme: débillardage, et l'action débillarder (Forest.Métall.1977).− [ʀ
ɑ
̃pist]. − 1reattest. 1836 (Ac. Suppl.); de rampe, suff. -iste*. BBG. − Archit. 1972, p. 37, 226. − Notes de lexicogr. critique. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1985, t. 23, n o1, p. 30. |