| * Dans l'article "RAJUSTER,, verbe trans." RAJUSTER, verbe trans. A. − 1. Rare. Redonner de la justesse, de l'exactitude, de la précision à quelque chose. Rajuster une balance, des instruments de mesure. Il y avait (...) une épinette désaccordée et lacunaire que le compositeur (...) rajuste tant bien que mal (Arnoux, Rossignol napol., 1937, p. 187).Les armes qui nous ont manqués rajustent leur tir (Saint-Exup., Pilote guerre, 1942, p. 344). − Au fig. Puis vient Saint-Simon, qui profite beaucoup du Journal de Dangeau pour établir ses Mémoires, pour en fixer bien des faits et en rajuster des souvenirs (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 11, 1854, p. 2). 2. a) Vieilli
α) Remettre à sa place et/ou en état de bon fonctionnement. Synon. partiel réparer, retaper (fam.).Le maître des basses-œuvres s'occupait d'en rajuster les chaînes [du gibet] rouillées par la pluie (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 385).On repêche les tabourets et les flambeaux, on rajuste et on rallume les chandelles (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 245).
β) Au fig. − Rétablir, ramener en usage. Je voudrais qu'un petit dîner rajustât nos vieilles causeries depuis si longtemps brisées (M. de Guérin, Corresp., 1839, p. 372). − Rendre acceptable, conforme à la normale: L'art de tout déguiser et de tout rajuster est tel dans ce roman, qu'au bout de l'intrigue, au moment que l'humiliation devrait au moins punir l'égarement et la faiblesse, on ne fait plus qu'admirer ceux pour lesquels on devrait rougir.
Marmontel, Essai sur rom., 1799, p. 329. b) En partic. [Le compl. d'obj. désigne une pièce de vêtement ou un accessoire qu'on porte sur soi] Remettre en ordre, en place. Rajuster ses vêtements, sa cravate. Mon bon oncle rajusta sa perruque, prit sa vieille canne, mit son petit chapeau à cornes, et sortit (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 169).Le médecin tira sa montre, rajusta son lorgnon, se tut pendant une minute (Martin du G., Thib., Belle sais., 1923, p. 877). − Empl. pronom. réfl. Elle se rajusta devant une glace, répara un léger désordre dans sa chevelure, et sortit d'un pas ferme (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 205). 3. Mettre quelque chose en harmonie, en conformité avec quelque chose. Synon. adapter.[L'école] se met à parler comme tout le monde, transigeant avec sa conscience et essayant, à grand renfort d'équivoques et de restrictions mentales, de rajuster sa doctrine ésotérique avec la foi du vulgaire (Proudhon, Guerre et paix, 1861, p. 95). − En partic. Modifier une valeur (notamment un prix) ou une quantité (notamment un salaire) pour l'adapter à des nouvelles conditions, généralement pour compenser un déséquilibre (d'apr. Combe 1971). Rajuster les salaires. Les deux Sociétés d'architectes font paraître une édition de la série tous les deux ans, afin de rajuster les prix aux variations survenues (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 1, 1929, p. 8). Rem. On emploie plus fréq. de nos jours réajuster dans cette acception. B. − Rare. Ajuster de nouveau, mettre (à nouveau) quelque chose en état d'être joint à quelque chose. Les épissures (...) ne doivent [jamais] être faites par simple juxtaposition. Il faut décâbler et recâbler en rajustant les fils ensemble (Haton de La Goupillière, Exploitation mines, 1905, p. 1042). − Empl. pronom. Si l'on enlève les yeux à un triton pour implanter ensuite dans ses orbites les yeux d'un autre individu, ceux-ci reprennent leurs fonctions, les nerfs optiques se rajustent au cerveau, et la vision redevient quasi normale (J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 74). REM. Rajustage, subst. masc.Action de rajuster (supra A). La coïncidence entre les livres sacrés et l'état religieux d'une époque n'est (...) jamais parfaite (...); le commentateur et le traditionniste viennent alors et procèdent au rajustage (Renan, Église chrét., 1879, p. 244). Prononc. et Orth.: [ʀaʒyste], (il) rajuste [-ʒyst]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1175 rajoster « remettre en place » (Benoît de Ste-Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 26412); d'où 1. 1260 « ajuster de nouveau, rendre la justesse à ce qui l'a perdue » ici une mesure (Étienne Boileau, Métiers, éd. R. de Lespinasse et F. Bonnardot, titre IV, VIII, p. 20); 2. a) 1645 « remettre d'accord, réconcilier des personnes brouillées » (Scarron, Jodelet, ou le Maître-valet, II, 2 ds
Œuvres, Paris, J. F. Bastien, 1786, t. VI, p. 331); b) 1665 « remettre en accord, en harmonie, rétablir une situation compromise » (Molière, L'Amour médecin, éd. R. Bray, I, 1: la mort r'ajuste toutes choses); c) 1962 rajuster les salaires (Rob.); 3. 1664 « ramener à l'exactitude, rétablir dans sa vérité » (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. I, p. 71); 4. a) 1669 « remettre en place, en ordre des éléments de sa toilette » ici pronom. (La Fontaine, Les Amours de Psyché, II ds
Œuvres, éd. H. Régnier, t. VIII, p. 191); b) 1671 « remettre dans un état, une disposition convenable » (Pomey). Dér. de ajuster*; élém. formant r[e]-*. Fréq. abs. littér.: 209. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 197, b) 324; xxes.: a) 380, b) 314. |