| RAILLE, subst. masc. ou fém. Arg., vx A. − Au masc. Mouchard de la police. Synon. cogne.C'est dans la rue du Mail Où j'ai été coltigé [empoigné], Maluré, Par trois coquins de railles (Hugo, Dern. jour condamné, 1829, p. 81).Méchant petit raille (...) parce qu'il est poltron comme une vache, il serait capable de nous faire faucher (...) − Puisque tu m'appelles raille (...) je dirai tout à mon frère (Sue, Myst. Paris, t. 6, 1843, p. 26).Il n'y a pas quinze jours, les railles du service des mœurs perpétraient un immonde attentat (La Petite lune, 1878-79, n o19, p. 3). B. − Au fém., coll. Police (d'apr. France 1907, Cellard-Rey 1980). Daron* de la raille. Je n'irai plus à ce tapis, car la Raille y va (Ansiaume, Arg. bagne Brest, 1821, f o16 r o, § 480).C'était censé qu'il ferait le gaffe [pendant le vol]. Le gaffe pour la raille (pour la police), car sitôt fargués [« chargés des objets volés »], sitôt marrons (Vidocq, Mém., t. 3, 1828-29, p. 135). Prononc.: [ʀ
ɑ:j]. Homon. rail et formes de railler. Étymol. et Hist. [1792 « mouchard » (Chanson ds Esn.)] 1797 « les gens, ceux dont les voleurs craignent l'hostilité ou une dénonciation » (Orgères, I-64-183, v o1. − Rapport du détenu Baugis, 4 sept.); 1799 crier à la raille « donner l'alerte parce que du monde arrive » (ibid., II-1-159, r o3. − Aveux Jolly, févr.); 1821 « espion de police » (Ansiaume, op. cit., f o13 v o, § 375); 1821 la raille « les mouchards, ou la police [?] » (Id., ibid., f o6 v o, § 78; v. aussi supra); 1827 « mouchard » (Grandval, Le Vice Puni ou Cartouche,... suivi de dict. arg. fr. et fr. arg., p. 105); 1828-29 la raille « la police » (Vidocq, loc. cit.); 1836 raille subst. masc. « agent de police » (Id., Voleurs, t. 2, p. 46). Orig. obsc.; considéré par FEW t. 10, p. 33b comme un dér. régr. de l'arg. railleux « agent de police » (1790, Rat du Châtelet, 14 ds IGLF: Quel bagou aurais-tu pris si les railleux t'avaient coltiné avec six peignes dans ta profonde); dér. de railler*. Bbg. Sain. Arg. 1972 [1907], pp. 98-99; p. 310, 314. |