| RADIO, subst. Abrév. de plusieurs comp. de radio-. V. radio-1, 2, 3, 4.I. − Subst. masc. A. − Abrév. cour. de radiotélégramme/radiogramme (s.v. radio-2A 6 a). Envoyer, expédier, recevoir un radio; capter, intercepter, saisir un radio; réussir à traduire un radio. Un peu plus loin, dans la salle des radios, je me trouve en communication immédiate avec Byrd, dans l'Antarctique (Morand, New-York, 1930, p. 195): 1. Les passagers marchent, à pas comptés, sur le pont, se gardant de s'éloigner trop du cadre blanc dans lequel vont être fixés les radios reçus cette nuit. Chaque jour, les nouvelles précisent le drame qui commence; il prend corps; maintenant (...) il hante tous les hommes du paquebot.
Malraux, Conquér., 1928, p. 9. B. − 1. Opérateur radiotélégraphiste (dér. s.v. radiotélégraphie). Synon. sans-filiste (dér. s.v. sans-fil).Quant aux radios de veille au sol, ils prennent sagement, sur leurs cahiers, à la même seconde, la même dictée de leur camarade: « Minuit quarante. Route au 230. Tout va bien à bord » (Saint-Exup., Terre hommes, 1939, p. 149). − En compos. Radio(-)amateur, radioamateur, subst. masc. ,,Personne titulaire d'une licence l'autorisant à effectuer des radiocommunications, dans des conditions réglementées, en vue d'études techniques et d'instruction individuelle, sans intérêt pécuniaire et à titre uniquement personnel, sauf en cas d'urgence`` (GDEL). 2. Opérateur radiotélégraphiste à bord (d'un avion, d'un navire). Synon. radionavigant (rem. s.v. radionavigation).Le pilote, le mécanicien et le radio; le radio de bord d'un avion, d'un bateau; chef-radio; le radio a envoyé un S.O.S.: 2. Le radio passa un papier au pilote: « Il y a tant d'orages que les décharges remplissent mes écouteurs (...) ». Mais le radio pensait que des orages s'étaient installés quelque part, comme des vers s'installent dans un fruit; (...) il lui répugnait d'entrer dans cette ombre prête à pourrir.
Saint-Exup., Vol nuit, 1931, p. 82. II. − Subst. fém. A. − 1. Abrév. de radiotéléphonie, radiotélégraphie. Lancer un appel, transmettre des ordres par radio. Les postes de radio de chacune des villes avaient alerté les aéroports. Les chefs d'aéroports avaient alerté les camarades. Et peu à peu, ils se rassemblaient autour de nous comme autour du lit d'un malade (Saint-Exup., Terre hommes, 1939, p. 153).Archivistes, comptables, opérateurs de radio (...) en augmentation (...). À Washington, l'ambassade de France compte, pour 13 agents politiques, 19 attachés techniques (Chazelle, Diplom., 1962, p. 88). − En appos. Appel(s), message(s), communication(s), liaison(s) radio. L'administration des postes et télécommunications dispose d'un ensemble de stations radio grâce auxquelles on peut téléphoner ou télégraphier avec la plupart des pays, même les plus éloignés (Admin. P. et T., 1964, p. 32). − P. méton. Installation, équipement permettant ce type de communication. On équipe parfois les planeurs de la radio (Jeux et sports, 1967, p. 1619). ♦ Véhicule, voiture radio. Véhicule muni de cet équipement, de la radio(phonie). À noter que les véhicules américains, montés sur 6 volts, ont leurs véhicules radio en 12 volts (Chapelain, Techn. automob., 1956, p. 318). 2. Abrév. de radioélectricité avec l'accept. de radioguidage: 3. Supposons qu'une station météorologique A enregistre, heure par heure, la température, la pression (...) et qu'un gardien téléphone les données ainsi enregistrées à une station B. Si la situation du gardien en A devient trop inconfortable, on peut fort bien le remplacer par un automate qui communiquera par transmission électrique avec la station B. Supposons que celle-ci soit chargée d'utiliser les informations reçues pour guider par radio des avions, un automate, là encore, peut remplacer le personnel.
Ruyer, Cybern., 1954, p. 126. − En appos. Dans l'hypothèse de la guerre nucléaire spasmodique, la guerre aérienne proprement dite deviendrait presque aussi futile que la guerre aéro-terrestre: les terrains d'aviation et les aides à la navigation seraient détruits, les transmissions radio brouillées (Beaufre, Dissuasion et strat., 1964, p. 135). B. − 1. Abrév. cour. de radiophonie, radiodiffusion: 4. Lisez-vous, Mesdames, Messieurs, les romans de la Série Noire? (...). De quoi parlent-ils? D'une jeunesse inculte et d'une jeunesse des écoles, également exaltées par le lyrisme du crime (...). Sans omettre, en marge de l'écriture, l'ivresse du jazz, les fantômes du néon, la saga médiévale du tour de France, épopée presque imaginaire, que les troubadours de la radio déclament dans les demeures...
Cocteau, Poés. crit. II, 1960, p. 218. − Subst. + de radio.Émission, station de radio. Un des directeurs, qui l'a entendu, estime qu'en corrigeant sa prononciation, il peut devenir un homme de radio de premier ordre (P. Bruneau, Magiciens de la public., 1956, p. 254). − En appos. Programme radio; récepteur radio. Je vous prie de faire survoler Port-Gentil par des avions annonçant par tracts la reddition du général Têtu à Libreville et demandant qu'on se soumette. Je vous prie également d'y envoyer une force navale qui devra se tenir en liaison radio avec moi (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 312). 2. P. méton. a) [P. réf. à l'émission]
α) La radio. Bâtiment regroupant les divers services et les moyens de production des émissions. Se rendre à la radio. Barrault expédiait en hâte son repas avant de se rendre à la radio où il devait donner lecture de quelques scènes du Soulier de satin (Gide, Journal, 1942, p. 118). − La Maison de la Radio. Le bâtiment situé quai du Président-Kennedy à Paris et qui groupe en outre certains services de télévision. Les artistes contemporains n'ont que rarement recours à la technique de la mosaïque pour s'exprimer. On remarque, cependant, (...) les deux grandes mosaïques (1963), en hommage à la musique, de Jean Bazaine et de Gustave Singier, qui ornent, à Paris, la maison de la Radio (Encyclop. gén. Hachette, t. 8, 1976, p. 2925). ♦ [P. anal. avec celle de la capitale] Grande variété [de programmes] (...) qui justifie la complexité des modernes maisons de la radio (Matras, Radiodiff. et télév., 1958, p. 47).
β) [Souvent suivi d'une épith. de nationalité ou avec une majuscule suivi du nom propre de la ville] Station émettrice; réseau particulier de cette station. Indicatif d'une radio; radio Andorra; la radio allemande, américaine, soviétique; la radio de Dakar, de Vichy; participation des français libres à la radio de Londres; (ici) Radio Monte-Carlo; la radio nationale (p. réf. à un pays donné); les radios périphériques. Allo, allo, Radio Madrid. − Nous recevons la note officielle suivante publiée par le ministère de l'Intérieur (Camus, Révolte Asturies, 1936, ii, 2, p. 413).Par ailleurs, ils [des bandes de jeunes gens du Caire] ont obligé la radio du Caire à diffuser des lectures du Coran (Combat, 19-20 janv. 1952, p. 4, col. 7). − Radio libre. Station émettrice de radiodiffusion qui peut être autorisée (à condition de respecter certaines règles). Fragilisée dès 1982 par l'apparition des radios libres, Europe 1 postule depuis quelque temps déjà à l'octroi d'une fréquence nationale sur la bande de modulation de fréquence (L'Événement du jeudi, 12-18 sept. 1985, p. 92, col. 3). − Radio-pirate. Station émettant sans autorisation, généralement à partir d'un bateau amarré au large des côtes, à la limite des eaux territoriales: 5. Les « radios libres » (...) revendiquent un caractère local, veulent donner la parole à leurs auditeurs ou faire entendre une autre voix que celles de la radio-diffusion d'État ou des postes émetteurs périphériques autorisés (...). Souvent appelées par leurs détracteurs « radios-pirates ».
Pol.1969.
γ) Ensemble du personnel et des services s'occupant de la radiodiffusion. Remise d'une déclaration à la presse et à la radio. Les Fritz en septembre 40 quand ils annonçaient le Blitz dans le ciel de Londres et la destruction des docks (...), leur radio jubilait (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 282).Il n'est pas question de faire ici le parallèle entre la radio d'État et la radio commerciale, mais nous tenons cependant à attirer l'attention sur le fait que 61 % des foyers radiophoniques en France écoutent les émissions publicitaires qui leur sont destinées par l'un ou l'autre des postes cités (Weinand, Public. radioph., 1964, p. 35): 6. Je l'accompagne au conseil de la Radio et prends place à côté de lui, autour de la table verte. Le nom de l'Iliade venant à être prononcé, Paul se penche vers moi et, à voix basse: « Connais-tu rien de plus embêtant que l'Iliade? »
Gide, Journal, 1938, p. 1325. ♦ R.T.F. V. O.R.T.F.
δ) L'émission elle-même; son contenu. Il y aurait bien eu le cinéma pour passer la soirée du samedi ou du dimanche, mais les cinémas n'étaient pas chauffés, et puis cela faisait rater la radio de neuf heures et quart (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 224).
ε) [P. oppos. à la télévision, au cinéma, à la presse ou au livre, en tant qu'organe d'information, instrument de propagande ou moyen de culture] Hebdomadaire de la radio. La radio [de Vichy], qui est décidément entre les mains d'une équipe de remarquables imbéciles, a distillé en gouttelettes sonores, une rosée de bénédictions admiratives (L'Œuvre, 7 févr. 1941).Le ralliement à de Gaulle de plusieurs colonies, puis l'affaire de Dakar, enfin celle du Gabon, faisaient voir que, si la France libre savait user de la radio, elle était tout autre chose qu'« une poignée de mercenaires groupés autour d'un micro » (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 118): 7. ... le disque et la radio introduisent l'orchestre, le théâtre, les bruits du stade, de la réunion publique, entre les quatre murs de la demeure privée; la télévision est sur le point d'apporter à l'isolé les images du monde avec leur atmosphère sonore.
Arts et litt., 1935, p. 76-1. ♦ En appos. Chute d'audience des dernières années: 22 % de l'auditoire radio en octobre 1982, 16,7 % au printemps dernier (L'Événement du jeudi, 12-18 sept. 1985, p. 91, col. 1). ♦ Radio éducative. Les radios éducatives et scolaires ne diffusent pratiquement que des émissions préalablement préparées (Éduc.1979). b) [P. réf. à la réception] Fam. Appareil, poste récepteur de radiophonie. N'avoir ni radio ni télé (chez soi); tourne-disques combiné radiophono; réparateur de radio; (tourner) le bouton de la radio; mettre la radio. Pourquoi ces trains de luxe, et cet écouteur de radio sur la tête encore? (Alain, Propos, 1930, p. 924).On se prend le pied dans le long fil de la radio, car la prise est dans la cuisine, mais la radio est devant la maison, sur la pelouse, où elle parle et où elle chante (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 400). Rem. Empl. au masc., rare: Un ennuyeux discours est mieux écouté au radio, car cette magie amuse (Alain, op. cit., 1933, p. 1128). V. achaler ex. 2. − P. ell., rare. Antenne. Le bungalow avec sa radio sur le toit (Morand, New-York, 1930, p. 62). − En appos. Dépanneur radio. Le parc radio est estimé à 15 millions de récepteurs environ (Media1971). − En compos. ♦ Radio-cassette-stéréo. Poste de radio muni d'un magnétophone enregistreur de cassettes en stéréophonie. Un peu crispé malgré les sollicitudes de l'hôtesse, Diara Bakary s'installe dans le Super DC8. Engoncé dans son beau costume tout neuf, il serre fébrilement contre lui un volumineux combiné radio-cassette-stéréo (L'Express, 28 févr. 1981, p. 113, col. 1). ♦ Radio-réveil. Poste de radio qui s'allume à l'heure choisie du réveil ou déclenche une sonnerie à cette heure-là. Chiffres définitifs 1975: 4 % (5 664 000 appareils vendus). Ventes exceptionnelles de radio-réveils (70 000), qui triplent leur marché en un an (Le Nouvel économiste, 15 mars 1976, p. 10, col. 3). SYNT. Écouter la radio; parler à la radio; allocution prononcée à la radio; auditeur(s), auditrice(s), speaker, speakerine de la radio; fading, parasites d'une émission, d'un programme de radio; animateur, animatrice de radio; poste récepteur de radio (muni d'écouteurs); amplificateur, condensateur, haut-parleur, antenne, prise de terre, lampes, valves d'un poste de radio; réglage, sélectivité, sensibilité d'un poste de radio; gamme(s) d'ondes d'un poste de radio; appareil de radio perfectionné, à modulation de fréquence; récepteur de radio à galène; poste de radio à pile, à transistors; studio de radio; (méthodes pour mesurer l')audience de la radio. C. − MÉD. Abrév. de radioscopie, radiographie. Faire une radio; passer à la radio. Douleurs semblent s'atténuer. Elles disparaîtront peut-être comme elles sont venues? Mauvaise radio. La prolifération du tissu fibreux s'est considérablement accélérée depuis le dernier examen. Surtout poumon droit (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 973). − P. méton. [En concurrence avec scopie (rem. s.v. radioscopie)] Le cliché lui-même. Synon. recommandé radiogramme.Une radio du colon, de l'estomac; les radios sont bonnes; comparer les deux dernières radios (des poumons); découvrir (une hernie) sur les radios; rapporter les précédentes radios. Il arrive également que l'on puisse, grâce à cet examen, rectifier un diagnostic radiologique de cancer de l'œsophage et ne montrer qu'une lésion purement inflammatoire non maligne, mais qui, sur les radios donnait des images beaucoup plus inquiétantes (Quillet Méd.1965, p. 135): 8. La porte resta ouverte, montrant des malades européens qui attendaient (...). Lobel saisit un négatif de radio sur sa table et l'éleva vers le jour.
Montherl., Lépreuses, 1939, p. 1480. REM. Radioteur, subst. masc.,plais. Homme de radio; professionnel de la radio. Samedi dernier, lors d'un « Droit de réponse » fumeux et confus sur TF 1, Ivan Levaï pouvait transformer l'émission en autopublicité et mettre en avant les « dix millions d'auditeurs d'Europe 1 ». Les « radioteurs libres », eux, ont eu du mal à se faire entendre et se coupaient la parole, un comble pour des hommes de radio (L'Express, 12 févr. 1982, p. 68, col. 1). Prononc.: [ʀadjo]. Étymol. et Hist. A. Subst. masc. 1. 1915 « radiotélégramme » (Esn. Poilu, p. 447); 2. 1917 « radiotélégraphiste » (La Vie par., 3 mars, p. 209, c. 1, ibid.). B. Subst. fém. 1. 1922 « radiographie » (Martin du G., Thib., Pénitenc., p. 754); 1936 « cliché radiographique » (Céline, Mort à crédit, p. 13); 2. 1926 « radiodiffusion » (Giraudoux, Bella, p. 174); 3. 1931 empl. en appos. (Saint-Exup., Vol nuit, p. 131: des postes radio); 1933 « poste récepteur de radiodiffusion » (Green, Journal, p. 164). Abrév. des mots comp. corresp. Cf. aussi l'angl. radio « radiotélégramme » (1906 ds NED Suppl.2, s.v. radio, § I), « transmission d'ondes électromagnétiques » (1907, ibid., § II 2 a), « poste récepteur de radiodiffusion » (1917, ibid., § II 3), « radiodiffusion » (1922, ibid., § II 2 b). Fréq. abs. littér.: 562. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) néant, b) néant; xxes.: a) néant, b) 2 390. Bbg. Quem. DDL t. 16, 23. |