| RACAILLE, subst. fém. Péj. Partie du peuple la plus pauvre, considérée comme la plus méprisable. Synon. canaille, populace.C'est le bouleversement de tout; la racaille va maintenant à la cour... Les seigneurs sont confondus parmi les va-nu-pieds (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 196).Qu'ai-je côtoyé de plus repoussant que ce quartier de ville bâti (...). La racaille n'émergeait de ces profondeurs spongieuses que pour s'injurier d'une voix usée et sans colère véritable (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 537).− P. ext. [S'emploie pour désigner de façon très méprisante un ensemble d'individus] Synon. crapule (vieilli), fripouille (vieilli).La racaille bourgeoise, révolutionnaire. C'est Masson (...) qui amène toute cette petite racaille académique! (Goncourt, Journal, 1887, p. 641).Les notaires? D'la racaille! Des mecs qui prennent cent sous pour vous écrire deux lignes... (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 94).Il leur fallait quelqu'un à qui s'en prendre, quelqu'un qu'on pourrait haïr sans danger (...) ceux qu'on appelait les dissidents, les réfractaires, les patriotes ou simplement les jeunes... la résistance, ce ramassis de vauriens, cette racaille, ces bandits, la résistance, que le diable l'emporte! (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 410). − Rare ♦ Une racaille de + subst.Synon. une meute de.[Les] logeuses, [les] concierges, (...) toute une racaille de gens sinistres (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p. 197). ♦ [Désigne un, des individu(s)] Synon. de canaille.Ils ont mis une machine derrière le mur, ces racailles! (Zola, Assommoir, 1877, p. 788). Prononc. et Orth.: [ʀakaj], [ʀakɑ:j]. Martinet-Walter 1973 [-a-], [-ɑ-] (14, 3). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1140 rascaille agn. (Gaimar, Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 1822). Terme originaire des dial. agn. et norm. (supra, FEW t. 10, p. 89a et M. Nezirović
, Le Vocab. ds deux versions de Roman de Thèbes, p. 140), dér., à l'aide du suff. péj. -aille*, d'un verbe *rasquer (cf. a. prov. rascar « râcler », Moissac, xves. ds Levy Prov.) corresp. à un a. fr. *rachier; *rasquer est issu d'un lat. vulg. *rasicare « raser » (également att. par le cat. esp. port. rascar, vénit. lomb. raskar, REW3n o7074), fréquentatif formé sur rasus, part. passé du class. radere (d'où, également le dér. *ras(i)c(u)lare, v. raser). Fréq. abs. littér.: 84. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 395. |