| RABOUIN, -INE, subst. et adj. Arg. ou pop. I. − Substantif A. − Diable. Il s'agitait comme un rabouin dans un bénitier (La Petite lune, 1878-79, n o43, p. 2). B. − Gitan, gitane. Il s'agissait d'un nez-de-cochon [un hérisson], que les rabouins distinguent de la variété nez-de-chien [hérisson] et font cuire à l'étouffée dans la glaise (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 122). II. − Adj. Propre aux gitans. Quelque solennité rabouine, une sorte de ferveur familiale qui, du chef au moindre palefrenier, échauffe le chapiteau (...) voilà du cirque (Colette, Jumelle, 1938, p. 240). − Empl. inv. Il lui chantait, sa bouche collée à la sienne, des chansons rabouin qui traversaient son corps (J. Genet, Notre-Dame-des-fleurs, 1946, p. 24 ds Cellard-Rey 1980). Prononc. et Orth.: [ʀabwε
̃], fém. [-in]. Lar. Lang. fr.: rabouin, raboin. Étymol. et Hist. 1. Ca 1741 raboin « diable » (comédiens d'apr. Esn.); 1800 rabouin (P. Leclair, Hist. brig. et assass. Orgères, p. 138); 2. 1901 « bohémien » (Rossignol, Dict. arg.). Empr. au fourbesquerabuino « diable » (cf. 1640, Oudin Ital.-fr.: Rabuino, en Jargon, le Diable) qui, comme l'ital. rabacchio « lutin » et le fr. rabas, rabat « id. » (att. du xvieau xviiies., v. FEW t. 10, p. 2a), serait dér. du rad. onomat. *rab(b)- (cf. rabâcher); v. Prati, DEI et Hope, p. 449. Pour P. Barbier (Misc. X n o25) et FEW t. 10, p. 72a et 73a, l'ital. rabuino aurait été d'abord un des sobriquets du Diable et serait dér. de l'a. prov. raboi « derrière » (hapax ca 1210, Raimon de Durfort, Serventes, 42, éd. G. Contini ds Studi medievali t. 9, 1936, p. 231; texte de la famille des mss ital. Hikda; cf. A. Jeanroy, Bbg. sommaire des chansonniers prov.) qui lui-même serait dér. de rapum « rave » (cf. aussi milanais rabbag, rabozz, noms du diable, FEW t. 10, p. 73a); pour Barbier, le mot a. prov. a dû signifier également « queue », la racine de la rave ayant été comparée à une queue (cf. esp. rabo « queue » et v. aussi Barb. Misc. VIII n o27) et le Diable aurait reçu en ital. ce surnom parce que la queue est l'un de ses traits les plus caractéristiques; pour FEW, loc. cit. et p. 71a et 74, notes 23 et 42, le surnom ital. du Diable aurait signifié « gros derrière »; pour L. Lazzenini (ds Medioevo romanzo t. 8, pp. 346-349) le sème commun à derrière/sexe et diable serait celui de noir. Rabouin figure également ds le FEW comme mot d'orig. inc. (t. 23, p. 155a). |