| ![]() ![]() ![]() ![]() RÉVOLTÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst. I. − Part. passé de révolter*. II. − Adjectif A. − [En parlant de qqn] Qui est en état de révolte. 1. Qui est en rébellion, qui s'est soulevé contre l'autorité établie. Synon. dissident, rebelle, séditieux.Vers l'an 400 après la fondation de Rome, des troupes mercenaires (...) s'établirent dans les fortes positions de la Calabre sous le nom de brutii, c'est-à-dire esclaves révoltés (Michelet,Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 36).L'ancien chef révolté du Rif (...) paraissait rarement en public (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p. 2, col. 2).P. métaph. Pour calmer l'estomac révolté qui se venge, Ils souperont dans l'ombre en rentrant d'une orange (Lorrain,Modern., 1885, p. 101). 2. [En parlant de qqn ou d'une composante de la personnalité, du comportement] a) Qui refuse d'obéir, de se soumettre à quelqu'un. Synon. contestataire.Anges révoltés. Au château même de la Wartbourg, le souvenir de Luther, de l'orgueil révolté et victorieux, a détrôné celui de l'humilité et de la charité d'Élisabeth (Montalembert,Ste Élisabeth, 1836, p. 110). b) Qui est en opposition, sans violence extérieure; qui a une attitude de refus devant les événements, devant l'inéluctable. L'âme révoltée accuse le ciel (Staël,Allemagne, t. 5, 1810, p. 91).Qu'est-ce qu'un homme révolté? Un homme qui dit non. Mais s'il refuse, il ne renonce pas (...) ce non affirme l'existence d'une frontière (Camus,Homme rév., 1951, p. 25). c) Indigné, outré. Vous avez eu cette idée abominable de me faire passer ma vie dans une perpétuelle grossesse, jusqu'au moment où je dégoûterais tous les hommes. (...) Vous vous en êtes vanté même à votre sœur (...) et elle a été révoltée de votre grossièreté de rustre (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Inutile beauté, 1890, p. 1148). B. − [En parlant de qqc.] Qui exprime la révolte. Ton révolté. La tête d'Hugo en pleine lumière se trouve dans son cadre et a grand air. Il y a dans ses cheveux de belles mèches blanches révoltées, à la manière des prophètes de Michel-Ange (Goncourt,Journal, 1870, p. 664).V. nasiller B ex. de Verlaine. III. − Substantif A. − 1. Celui qui est en révolte, en rébellion, en soulèvement. Synon. factieux, insurgé, mutin, rebelle.Les dernières nouvelles [de l'Inde] apportent une liste effroyable de femmes violées et massacrées par les révoltés (Mérimée,Lettres Ctessede Montijo, t. 2, 1857, p. 85). 2. Celui qui refuse d'obéir, de se soumettre. Synon. contestataire.Je griffais les sœurs (...). Je commençais à passer pour un vaurien, un révolté, un paresseux, un âne enfin (Chateaubr.,Mém., t. 1, 1848, p. 34).De quoi? On n'admet pas la discipline? On veut faire son petit révolté? (Aymé,Tête autres, 1952, p. 154). B. − Domaine métaphys. ou mor.Celui qui s'oppose, qui n'accepte pas. Les anges, les génies adverses, devinrent des révoltés, des ennemis (Volney,Ruines, 1791, p. 255).Ils ne réussissaient qu'à former des révoltés, des inadaptés sournois, de perpétuels scrupuleux, ou encore, en réaction, des orgueilleux durs et méfiants (Mounier,Traité caract., 1946, p. 101). C. − Domaine esthét., intellectuel.Celui qui pense différemment, ne se conforme pas aux règles établies et heurte l'opinion. Il y avait alors des révoltés en littérature, de francs révolutionnaires et qui se permettaient sur Boileau, Racine et autres grands écrivains du XVIIesiècle, des impertinences à peu près aussi fortes que celles qu'on a pu ouïr depuis (Sainte-Beuve,Chateaubr., t. 2, 1860, p. 331).Chateaubriand, Lamennais, Renan, les plus beaux révoltés du siècle, les grandes figures taillées dans le granit, que balaie l'embrun de la gloire (L. Daudet,A. Daudet, 1898, p. 238). Prononc.: [ʀevɔlte]. Étymol. et Hist. 1. 1564 « apostat » (Indice et rec. univ. [...] de la Bible, f o296 v o); 2. 1559 révolté de « en rebellion contre » (M. Du Bellay, Mém., L. III, f o75 r o, éd. 1569); 3. 1675 « indigné » (Mmede Sévigné, Lettre du 3 nov. ds Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 149). Part. passé adj. de révolter*. Fréq. abs. littér.: 1 017. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 121, b) 1 238; xxes.: a) 1 929, b) 1 544. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 406. |