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RÉTRÉCIR, verbe
A. − Empl. trans. Synon. vieilli étrécir.
1. Rendre plus étroit, plus petit. Rétrécir un pantalon, une jupe. La rive droite grandit et s'élève; le mur de rochers envahit et rétrécit la route (Hugo, Rhin, 1842, p. 53).L'empâtement du visage et le port de la barbe ont rétréci les yeux et vieilli le regard (Martin du G., Devenir, 1909, p. 179).
En partic., empl. pronom. réfl. [Le suj. désigne une pers.] Se faire petit, prendre le moins de place possible. L'affection du beau-père pour sa bru attisait encore la rage de la belle-mère. En passant près d'elle elle se rétrécissait, collant ses bras à son corps, s'écrasait au mur comme par crainte de se salir (Renard, Journal, 1889, p. 22).
MAN. Rétrécir un cheval. ,,Le faire travailler, soit dans la leçon des cercles, soit dans la leçon des voltes, sur un terrain plus étroit, en resserrant insensiblement l'espace et l'étendue`` (Ac. 1798-1878).
2. Au fig. Diminuer, réduire l'importance, la portée de quelque chose. Rétrécir un sujet, une question. Il ne faut pas suivre une méthode qui rétrécit et borne (...) les idées (Lamarck, Philos. zool., t. 1, 1809, p. 13).
B. − Empl. intrans. ou pronom.
1. Devenir plus étroit, diminuer dans ses proportions. Est-ce qu'onze heures ne vont pas bientôt sonner? Comme je pense peu à ce que je copie, aux « deux pièces de toile qui, après lessivage, se rétrécissent de un dix-neuvième dans leur longueur et de un vingt-deuxième dans leur largeur », elles pourraient rétrécir encore bien davantage sans m'intéresser (Colette, Cl. école, 1900, p. 160).Quand vous faites un effort d'attention, l'iris bleu se contracte... et la pupille se rétrécit, se rétrécit... jusqu'à devenir un tout petit point, rond et net comme un trou de poinçon... Quelle volonté il y a, dans vos yeux! (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 403).
2. Au fig. Perdre une partie de son ampleur, de son importance, de sa durée, de sa portée. Il nous a trouvés tous changés de visage depuis une année, et pas embellis. Hélas! Il monte tandis que nous descendons. L'avenir s'ouvre pour lui et se rétrécit pour nous (Amiel, Journal, 1866, p. 456).Dès la première semaine, une angoisse propre aux vacances me posséderait: à peine entamées, elles s'effriteraient d'heure en heure. La peau de chagrin, j'en ai vécu le mythe alors que je ne connaissais même pas le nom de Balzac. Les vacances rétrécissaient sous mon regard (Mauriac, Mém. intér., 1959, p. 15).
3. MAN. [Le suj. désigne un cheval] Ne plus parcourir autant de chemin. Élargissez votre cheval, il se rétrécit (Ac.1798-1878).
Prononc. et Orth.: [ʀetʀesi:ʀ], (il) rétrécit [-si]. Ac. 1694: restrecir; 1718: retrecir; dep. 1740: rétrécir. Étymol. et Hist. 1. Verbe trans. a) xves. retroicir « rendre plus étroit » (Petit traité d'alchimie, éd. Méon, p. 209); 1494-95 restroicir (doc. de Tournai ds Gdf. Compl.); 1549 rétrécir (Est.); b) fig. 1689 rétrécir (son esprit) (Mmede Sévigné, Lettre du 5 juin ds Lettres, éd. Monmerqué, t. 9, p. 70); 2. verbe pronom. 1596 se rétrécir (Hulsius d'apr. FEW t. 12, p. 297b); 3. verbe intrans. 1718 « devenir plus étroit, se resserrer » (Ac.). Issu, avec substitution de la dés. -ir à la dés. -er, de l'anc. verbe restrecier « rendre plus étroit, resserrer » (1remoit. du xiiies., restrechier, Guillaume de Palerme, 5096 ds T.-L.; 1307 retrecier, doc. de l'Oise ds Gdf.), lui-même formé de re-* et de estrecier (étrécir*). Fréq. abs. littér.: 475. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 021, b) 579; xxes.: a) 508, b) 531.
DÉR.
Rétrécissable, adj.Qui peut être rétréci, diminué. [Le temps que j'ai à attendre] coïncide avec mon impatience, c'est-à-dire avec une certaine portion de ma durée à moi, qui n'est pas allongeable ni rétrécissable à volonté (Bergson, Évol. créatr., 1907, p. 10).« La maison pour soi » absolument démontable, basculable (transportable évidemment), rétrécissable, abrégeable instantanément d'une ou deux pièces à volonté, selon les besoins permanents (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 442). [ʀetʀesisabl̥]. 1reattest. 1907 (Bergson, loc. cit.); de rétrécir, suff. -able* (irrétrécissable*); cf. 1919 rétrécible (P. Hamp, La Peine des hommes. Les Métiers blessés, p. 322).