| RÉQUISITIONNER, verbe I. − Empl. trans. A. − [Le compl. d'obj. dir. désigne qqc.] Se procurer un bien par voie de réquisition. Synon. mettre en réquisition.Nous venons de réquisitionner tous les fours de la ville pour le 1ercorps (Zola, Débâcle, 1892, p. 119).J'allai vivre (...) dans une écurie dont on a réquisitionné les chevaux pour le service des armées (A. France, Dieux ont soif, 1912, p. 77). − Absol. Pendant que vous piocherez, nous irons réquisitionner sur la rive droite (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 70).Aurelle, dit-il, j'attends ce soir mille chèvres (...). Il me faut pour cinq heures un terrain convenable et un petit bâtiment pour les bergers. Si le propriétaire refuse de vous louer, vous réquisitionnerez (Maurois, Sil. Bramble, 1918, p. 226). B. − [Le compl. d'obj. dir. désigne qqn] Requérir, exiger, obtenir une prestation de services de quelqu'un par voie de réquisition. Réquisitionner sur place. Les gardes avaient été réquisitionner quarante porteurs, sur l'ordre de l'administration (Gide, Voy. Congo, 1927, p. 777): Des affiches blanches, du reste, posées par les autorités prussiennes, réquisitionnaient les habitants pour le lendemain, ordonnant à tous, quels qu'ils fussent, ouvriers, marchands, bourgeois, magistrats, de se mettre à la besogne, armés de balais et de pelles, sous la menace des peines les plus sévères, si la ville n'était pas propre le soir...
Zola, Débâcle, 1892, p. 432. − P. anal., fam., p. plaisant. Faire appel pour un service. Quand un maharadjah descend dans un hôtel, il y occupe généralement tout un étage, de façon à pouvoir y donner des fêtes sans être gêné (...). Le maharadjah n'est pourtant pas seul à réquisitionner tout le personnel d'une maison (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 229). II. − Empl. intrans., rare, DR. Faire des réquisitions à l'audience; prononcer un réquisitoire. (Dict. xixeet xxes.). REM. Réquisitionneurs, subst. masc. plur.,rare. Ceux qui effectuaient les réquisitions sous le Directoire. Le trésor public c'est la poche des réquisitionneurs. Et d'ailleurs les drapeaux, les chefs-d'œuvre, les millions en tas partaient pour le Directoire (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 461). Prononc. et Orth.: [ʀekizisjɔne], (il) réquisitionne [-ɔn]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. a) 1796 trans. « prélever un bien par réquisition » (Le Néologiste fr. ds Ranft, p. 74); b) 1883 « assigner une tâche à quelqu'un en vertu d'un acte de réquisition » ici fam. « faire appel à quelqu'un pour un service quelconque » (Zola, Bonh. dames, p. 656: on avait réquisitionné Mllede Fontenaille qui aidait à l'inventaire); 1888 au propre réquisitionner par la force armée les ouvrières (Id., Rêve, p. 49); 2. 1842 intrans. « faire un réquisitoire » (Cormen. [in] ds Besch. 1845). Dér. de réquisition*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 116. |