| RÉPRESSION, subst. fém. A. − [L'action est exercée sur autrui] Action de réprimer, de prendre des mesures punitives contre ceux qui sont jugés contrevenir aux règles, aux lois ou aux options d'un gouvernement, d'une société ou à la morale; fait d'empêcher par la violence un soulèvement collectif. Cela avait commencé à Moscou après la terrible répression, les massacres de révolutionnaires sous les murs de Presnia (G. Leroux, Roul. tsar, 1912, p. 5).La rigueur de cette répression n'avait jamais été égalée. Il y eut dix-sept mille morts, des exécutions sommaires, plus de quarante mille arrestations (Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 226). ♦ Répression éducative. Moyen de contrainte utilisé pour éduquer un enfant. Collège de répression. À chaque élan de mon organisation on opposait une petite répression bien douce, mais assidue. On ne me grondait pas, mais on me disait vous, et c'était tout dire. Ma fille, vous vous tenez comme une bossue (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 283).Répression psychiatrique. Ensemble de moyens médicaux utilisés contre une personne en désaccord avec le régime en cours. Boukovski, trente-quatre ans, le « héros des héros », a passé le tiers de sa vie en prison. C'est lui qui a signalé la répression psychiatrique en U.R.S.S. dans son livre: « Une Nouvelle maladie mentale en Union Soviétique, l'opposition » (Le Nouvel Observateur, 10 avr. 1976, p. 51, col. 1). ♦ Répression des écrivains, de la parole, de la presse. La censure (...) interdit la publication du Crapouillot, de Jean Galtier-Boissière (...). Signes avant-coureurs d'une répression plus vaste où allaient être englobés les rédacteurs des journaux communistes − et leurs lecteurs! − et quelques autres journalistes de droite (Coston,A.B.C. journ., 1952, p. 55).V. embrigadement B 2 ex. 2. SYNT. Répression brutale, féroce, implacable, meurtrière, policière, politique, sanglante; répression à outrance, sans merci; répression des émeutes, des évasions, des grèves, des ouvriers, d'une révolte, d'une révolution; acte, moyen de répression. − DR. Répression des abus, du braconnage, du crime, des délits. Ils devront, pour pouvoir poursuivre la répression pénale, obtenir une levée de l'immunité que les assemblées ne sont pas toujours empressées à accorder, ou attendre la fin du mandat (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 403). ♦ Répression des fraudes. ,,Action de réprimer les actes de mauvaise foi dans l'intention de tromper`` (Lar. agric. 1981). Le décret du 28 juillet 1908 a réglementé la bière sous le rapport de la loi du 1erAoût 1905 sur la répression des fraudes (Boullanger, Malt. brass., 1934, p. 10).La répression des fraudes s'appuie sur la loi du 1eraoût 1905 (Lar. agric.1981).(Service de la) répression des fraudes et de la qualité. ,,Service relevant du ministère de la Consommation, responsable de l'application de la législation et de la réglementation relative à la qualité des produits, la protection de la santé publique, les conditions de transactions`` (Habault Agric. 1983). ♦ Répression pécuniaire. Obligation de verser une somme d'argent. La législation française rend vraiment trop difficile la répression de la diffamation et de l'injure. Déjà Gambetta, dans une plaidoirie, le 8 janvier 1897, demandait que dans ce cas, la répression pécuniaire fût particulièrement lourde, parce que seule elle apporte de « sérieuses garanties et une véritable sanction » (Civilis. écr., 1939, p. 44-5). B. − [L'action est exercée sur soi-même] 1. PSYCHOL. ,,Processus psychique, conscient et volontaire, consistant à renoncer à la satisfaction d'un désir qui ne se trouve pas en accord avec la personne morale`` (Sill. 1965). Répression d'un accès de colère, d'un geste, d'une parole, des passions; répression sexuelle. Les innombrables petites répressions qu'il s'est imposées ou qu'il a subies ont provoqué une sourde rébellion intérieure (Taine, Notes Paris, 1867, p. 65).La rigueur puritaine est presque toujours solidaire d'une forte répression de l'instinct (Mounier, Traité caract., 1946, p. 699). 2. PSYCHANAL. ,,Phénomène inconscient de défense et tentative de fuite de l'angoisse, que le moi utilise devant un désir dont la satisfaction peut être dangereuse`` (Sill. 1965). Synon. refoulement.Le refoulement désigne cette fonction de contrôle, de répression, de « censure », dont il est fort difficile de parler sans tomber dans la mythologie (Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 374). − BIOL. Le phénomène inverse, l'inhibition de la synthèse d'une enzyme par les produits issus de la réaction qu'elle catalyse, est aussi connu chez les Bactéries. On l'appelle la répression (Physiol., 1969, p. 48 [Encyclop. de la Pléiade]). Prononc. et Orth.: [ʀepʀesjɔ
̃], [-pʀ
ε-]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. a) [1372 (Oresme) d'apr. Bl.-W.4-5]; xves. la repression de ire (Pierre de Lanoy, Légende de St Antoine, éd. M.-C. Guigue, p. 43); b) 1802 « action d'arrêter le progrès, l'accomplissement d'une chose condamnable » (Flick); c) 1867 psychol. (Taine, Notes Paris, p. 65). Dér. de repressus (répressif*) d'apr. oppression* pour servir de subst. à réprimer*. Fréq. abs. littér.: 222. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 94, b) 277; xxes.: a) 431, b) 455. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 402. − Faye (J.-P.). Dict. pol. portatif en cinq mots: démagogie, terreur, tolérance, répression, violence. Paris, 1982, 274 p. − Lemoine (M.). Le Vocab. de la répression: apparition du mot et approfondissement de la not. In: Actes du 107eCongrès Nat. des Sociétés Sav. Brest. 1982. Paris, 1984, p. 391-397. − Quem. DDL t. 29. |