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RÉMISSION, subst. fém.
A. −
1. Action de pardonner (les péchés), de remettre (une peine). La justice voulut que je fusse condamné à cinq ans de purgatoire. Mais ma bonne sœur Élisabeth s'est approchée du tribunal et m'a obtenu la rémission de cette peine. Sachez donc que je mourrai de cette maladie et que je jouirai de l'éternelle gloire (Montalembert,Ste Élisabeth,1836,p. 326.)
Spécialement
a) DR. ANC. Grâce faite à un coupable de la peine à laquelle il a été condamné. Accorder la rémission. Le roi, par ses lettres du 26 août, permit à tous ses sujets de courir sus aux gens des compagnies (...), de les détruire par tous les moyens quelconques, sans encourir aucune poursuite, sans avoir besoin de grâce ni de rémission (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 101).
Lettre de rémission. ,,Acte par lequel le prince remettait à un criminel la peine à laquelle il avait été condamné`` (St-Edme t. 5 1828). Il accorda un entier pardon à la pauvre fille estimant, disent les lettres de rémission, qu'elle avait souffert des supplices (A. France, Opin. J. Coignard, 1893, p. 256).
b) THÉOL. CATH. Pardon accordé par Dieu au pécheur repentant. Comme un lépreux dont la peau de nouveau est saine et dont les ulcères sont séchés. Ainsi l'homme qui va en paix après la rémission de ses péchés (Claudel, Processionnal, 1910, p. 295).Ah! si un prêtre s'était dressé devant lui avec le geste qui pardonne, peut-être ce soir-là... Mais non! Les mots de la rémission ne seront pas dits (Psichari, Voy. centur., 1914, p. 209).V. église ex. 6.
2. Action de réduire, de supprimer une contrainte, une peine. Il alloit demander, non le pardon de ses fautes, mais la rémission de ces souffrances que Dieu impose à tous les hommes (Chateaubr., Natchez, 1826, p. 351).
Sans rémission. Sans la possibilité d'un recours en grâce. Le prince avait ordonné, comme il savait ordonner, que personne dans la Petrella ne s'avisât de parler de Castro et du procès de l'abbesse; la peine de mort, sans aucune rémission, était placée en perspective du moindre bavardage (Stendhal, Abbesse Castro, 1839, p. 231).
P. méton. Sans indulgence. Ses jugements étaient prompts, sévères et sans rémission. Elle ne méprisait pas; mais certains êtres qui ne lui paraissaient pas authentiques, elle cessait de les considérer, de les voir (Gide, Et nunc manet, 1951, p. 1142).Sans appel, sans erreur. L'existence démontrée de deux principes vivants dans ce qu'on appelle l'homme en fait sans rémission une chose complexe (Jouffroy, Nouv. Mél. philos., 1842, p. 179).
B. − Atténuation temporaire des symptômes d'une maladie ou d'une manifestation pathologique. Synon. rémittence (dér. s.v. rémittent).Périodes de rémission et d'aggravation. Pendant les moments de rémission que la fièvre lui laissait il travaillait encore (Massis, Jugements, 1923, p. 137).Castel avait fermé son livre et regardait le malade (...). − Il n'y a pas eu de rémission matinale, n'est-ce pas, Rieux. Rieux dit que non, mais que l'enfant résistait depuis plus longtemps qu'il n'était normal (Camus, Peste, 1947, p. 1392).
P. anal. Interruption temporaire, d'une durée variable, d'un phénomène quelconque. J'écrivais tout à l'heure que la République conservatrice, telle que l'avaient rêvée les gros paysans finauds de l'Assemblée Nationale, n'était plus qu'une rémission, un sursis (Bernanos, Gde peur, 1931, p. 257).Et ce fut l'hiver (...) où l'on coupe les haies, laboure parfois dans les rémissions après les gelées (Vialar, Homme de chasse, 1961, p. 134).
Sans rémission. Sans marquer d'arrêt. Au début d'avril, les Russes, eux aussi, progressaient sans rémission, franchissant l'Oder d'un bout à l'autre, menaçant déjà Berlin et tout près d'atteindre Vienne (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 156).Sans relâche. Mais celle-ci [sa mauvaise humeur] durait parfois sans rémission pendant des semaines entières, où Albertine semblait vouloir provoquer un conflit (Proust, Prisonn., 1922, p. 363).
Prononc. et Orth.: [ʀemisjɔ ̃]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1remoit. xiies. [ms. fin xiies.] « action de remettre (les péchés) » (Professio fidei à la suite du Psautier d'Oxford, éd. F. Michel, p. 255: remissiun des pecchiez); b) ca 1180 sans rémission « sans possibilité de pardon » (Vie de St Gilles, éd. G. Paris et A. Bos, 219: senz remission); 2. a) xiiies. « remise de peine accordée à un coupable » (s. réf. ds FEW t. 10, p. 242b); 1358 (Ordonnances des Rois de France, t. 3, p. 227: grace, remission ou pardon); b) 1358 lettres de rémission (ibid.: les Lettres desdites remissions ou pardons); 1412 (ibid., t. 12, p. 243: nos Letres de pardon et remission); 1449 (B. d'Overbreuc contre Ch. et H. de Flavy, Arch. nat. X2A25 ds P. Champion, Guillaume de Flavy, capitaine de Compiègne, p. 245: lectres de remission); 3. 1690 p. ext. « indulgence, miséricorde » (Fur.: un homme ardent qui poursuit ses ennemis [...] sans remission); 1718 (Ac.: un homme sans remission). B. 1. a) 1532 sans rémission « sans arrêt, sans relâche » (Rabelais, Pantagruel, chap. 18, éd. V. L. Saulnier, p. 147: boire sans rémission); b) 1749 « accalmie, relâche » (Buffon, Hist. nat., t. 1, p. 468: dans les vents de terre, quelque violens qu'ils soient, il y a des momens de rémission); 1765 « diminution d'intensité » (Encyclop. t. 12, p. 365b, s.v. péripatéticienne, philosophie: [la qualité] admet intensité et rémission); c) av. 1784 « diminution, atténuation » (Diderot, Paradoxe sur le comédien, éd. P. Vernière, p. 307: la chaleur [dans le jeu d'un comédien] a son progrès, ses élans, ses rémissions); 2. 1575 méd. « affaiblissement, diminution temporaire d'un mal » (A. Paré, éd. J. F. Malgaigne, XX, 12, t. 3, p. 101a: telle relasche [de la fièvre] se doit plustost appeler remission qu'intermission). Empr. au lat.remissio « action de renvoyer; action de détendre, de relâcher, affaiblissement (d'un mal); abandon, remise (d'une peine, d'un impôt) » lat. chrét. « pardon, rémission (des péchés) »; dér. du lat. remittere (remettre*). Fréq. abs. littér.: 161.
DÉR.
Rémissionnaire, subst. masc.,dr. anc. ,,Celui qui était porteur de lettres de rémission, qui avait obtenu des lettres de rémission`` (Ac. 1835, 1878). Tout rémissionnaire était obligé de se mettre à genoux quand il présentait ses lettres de rémission à l'audience (Ac. 1835, 1878).[ʀemisjɔnε:ʀ]. Ac. 1718: re-; dep. 1740: ré-. 1reattest. 1567 (J. Papon, Recueil d'arrestz notables, 248a ds Fonds Barbier); de rémission, suff. -aire2*.