| RÉFLEXIF, -IVE, adj. A. − Relatif à la réflexion. Activité réflexive. Nous exerçons la faculté réflexive qui est particulièrement tournée vers le monde des réalités ou l'univers intellectuel et moral (Maine de Biran, Journal,1815, p. 75).En général, les jugemens sont de deux sortes: ou ce sont des jugemens dans lesquels nous acquérons ce que nous ignorions auparavant, ou ce sont des jugemens réflexifs, dans lesquels nous nous rendons compte de ce que nous savions déjà (Cousin, Hist. philos. XVIIIes.,1829, p. 427). − Propre à la réflexion, au retour de la pensée, de la conscience sur elle-même. Acte réflexif; méthode réflexive; psychologie réflexive. Il n'y a pas de psychologie dans une philosophie de la conscience constituante (...), elle ne peut qu'appliquer les résultats de l'analyse réflexive à chaque contenu particulier, en les faussant, d'ailleurs, puisqu'elle leur ôte leur signification transcendantale (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 444).Le caractère réflexif de l'évaluation confère (...) au jugement de valeur une signification comparable au jugement de responsabilité (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 70).V. assumer ex. 7. ♦ Conscience réflexive. Conscience qui est conscience (ou connaissance) de la conscience. La conscience réflexive se développe à l'extrême sous l'influence d'une culture en serre chaude, et le thème de Narcisse s'introduit dans ces vies repliées sur la contemplation voluptueuse du moi (Mounier, Traité caract.,1946, p. 543). − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. L'accentuation des formes du savoir est partout favorable au rationnel, au réflexif, au conceptuel, à l'adéquat, excepté la connaissance politique qui reste pénétrée de symbolisme mythologique (Traité sociol.,1968, p. 131). B. − MATH. Relation réflexive. Relation qui lie certains couples d'éléments d'un ensemble et qui est vérifiée si ces deux éléments sont identiques. La réflexivité (la relation R relie toujours un élément x de E à lui-même) (...) sur un graphe orienté: une relation réflexive crée une boucle à chaque sommet (Warusfel, Math. mod.,1969, p. 74). REM. Réflexivement, adv.D'une manière réflexive, par la réflexion. La réflexion elle-même en se réfléchissant conçoit son néant; elle se détruit; c'est l'acte libre − acte d'où sans doute la réflexion risque de renaître pour le nier réflexivement (G. Marcel, Journal,1914, p. 70). Prononc.: [ʀeflεksif], fém. [-i:v]. Étymol. et Hist. 1611 phys. (Cotgr.); 1692 philos. (Jean Du Hamel, Réflexions critiques sur le système cartésien de la philosophie de M. Régis, p. 51). Empr. au lat. sc.reflexivus « relatif à la réflexion (de lumière) » 1267 ds Latham, « relatif au retour sur soi » 1267 ibid., formé sur le supin reflexum de reflectere, v. réfléchir. L'angl. reflexive « capable de renvoyer » est att. dep. 1588 ds NED, « tourné sur son esprit; capable de réflexion » 1640 et 1653, ibid. Fréq. abs. littér.: 131. DÉR. Réflexivité, subst. fém.a) Math. Propriété d'une relation réflexive (v. supra B). En symbolisant les relations par un code binaire de quatre positions, avec la transversalité à gauche, suivie successivement de la transitivité, de la symétrie et de la réflexivité (Jolley, Trait. inform.,1968, p. 220).b) Philos. Réflexion se prenant elle-même pour objet; propriété consistant à pouvoir réfléchir sur soi-même. Le monde de la réflexivité et la prise de conscience de soi (Maritain, Human. intégr.,1936, p. 34).Réflexive est plus que réfléchie. La réflexivité, c'est la réflexion spontanée se prenant elle-même pour objet et se thématisant sur un plan spéculatif, scientifique, en élaborant des critères épistémologiques d'ordre rationnel (H. Duméry, La Foi n'est pas un cri,1959, p. 247 ds Foulq.-St-Jean 1962).− [ʀeflεksivite]. − 1reattest. 1857 (Taine, Philos. XIXes., p. 95); de réflexif, suff. -ité*. BBG. − Dub. Dér. 1962, p. 49. |