| ![]() ![]() ![]() ![]() RÉFLÉCHI, -IE, part. passé et adj. I. − Part. passé de réfléchir*. II. − Adjectif A. Qui provient d'une réflexion. Lumière, onde réfléchie; radiations réfléchies, rayon réfléchi. Quatre petits cierges fluets (...) jetaient une lueur pâle et mal réfléchie par le mur (Balzac, Épis. Terr., 1830, p. 439).Elle (...) se regarda dans la glace pour arranger ses cheveux et, me voyant derrière elle, les yeux fixés sur son image réfléchie, elle me sourit à moi aussi (Mauriac, Climats, 1928, p. 115). − En partic. Qui est recourbé, replié sur lui-même. Limbe réfléchi. Sur la gouttière sus-cotyloïdienne, s'insère le tendon réfléchi du muscle droit antérieur de la cuisse (G. Gérard, Anat. hum., 1912, p. 162). − Au fig. ou p. métaph. Nous n'apercevons presque jamais la réalité des choses, mais leurs images réfléchies faussement par nos désirs (Chateaubr., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 411). Rem. On relève un empl. considéré par certains comme abusif en parlant de la chaleur. Synon. de réverbéré. La chaleur réfléchie du soleil (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 357). − GRAMMAIRE ♦ Adjectif possessif réfléchi. Adjectif possessif déterminant un substantif désignant une chose appartenant au sujet du verbe. Au pronom réfléchi (lat. se) correspond dans certaines langues un adjectif possessif réfléchi (lat. suus) (Mar.Lex.1951). ♦ Pronom réfléchi. Pronom personnel représentant en fonction de complément (direct ou indirect) la personne ou la chose qui est en même temps sujet du verbe. Il y a une tendance à supprimer le pronom réfléchi dans les phrases: je vais me promener, − me coucher, − me baigner, etc. (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p. 160). ♦ Verbe pronominal réfléchi. Verbe qui se conjuge avec un pronom réfléchi. Traditionnellement, on oppose aux verbes dits « essentiellement pronominaux » les verbes pronominaux dits « réfléchis » et ceux qu'on appelle « réciproques », ces derniers ne se distinguant des réfléchis que par le sens, ils évoquent deux procès analogues dont l'un s'opère en retour de l'autre (Wagner-Pinchon1962, p. 290). − Empl. subst. masc. Adjectif, pronom ou verbe pronominal réfléchi (v. ex. ci-dessus). Le réfléchi est traditionnel dans la locution chacun pour soi (Wagner-Pinchon1962, p. 290). B. − 1. [En parlant d'une chose] Qui porte la marque de la réflexion, qui dénote la réflexion. Action, mouvement, pensée, regards, réponse réfléchi(e)s; étude bien réfléchie; plan mûrement réfléchi. La douleur de la mort de Lambert fut de la douleur comme je l'ai éprouvée tout le reste de ma vie, une douleur réfléchie, sèche, sans larmes, sans consolation (Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 169).La peur (...) l'envahit complètement, submergea tout, non plus cette fois la peur réfléchie, motivée, mais la peur obscure et mystérieuse qui fait ramper les bêtes féroces et brise les genoux des héros (Montherl., Démon bien, 1937, p. 1304).V . méchanceté ex. de Mirbeau. ♦ En partic. [En parlant de propos, d'une manière de parler] Prudent, sans précipitation. Paroles réfléchies; voix réfléchie. Elle parlait d'un ton lent, réfléchi, regardant au-dedans d'elle-même et, avec un souci d'extrême sincérité, avec scrupule, confessait ce qu'elle y découvrait (Mauriac, Fleuve de feu, 1923, p. 181). ♦ PHILOS. Qui est capable de réflexion. Conscience réflexive et conscience réfléchie (v. conscience ex. de Ruyer et de J. Vuillemin): ... nous reconnaissons (...) que tout s'explique mécaniquement. Et ce serait très juste, s'il n'y avait que la pensée réfléchie, pleinement consciente. Mais au-dessous d'elle est une pensée spontanée et semi-consciente, qui superpose à l'enchaînement mécanique des causes et des effets quelque chose de tout différent...
Bergson, Deux sources, 1932, p. 155. − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Le spontané et le réfléchi, le nécessaire et l'arbitraire, tout ceci est fondé dans l'expression extérieure, comme le cuivre et l'étain dans le bronze (Valéry, Variété IV, 1938, p. 98). 2. [En parlant d'une pers.] Qui a l'habitude de la réflexion, qui fait preuve de réflexion. Elle répondait sans embarras, en fille réfléchie, sensée, pas plus songeuse qu'il ne faut. Il la trouvait pleine de bon sens (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Hérit., 1884, p. 479).C'est un homme froid, réfléchi, qui sait très bien ce qu'il veut et très bien ce qu'il ne veut pas (Duhamel, Maîtres, 1937, p. 131). ♦ [P. méton.] Esprit, caractère réfléchi. Un vieillard qui se promenait, les mains derrière le dos (...) et que l'on prendrait, à sa tournure grave, à son air réfléchi, pour un magistrat parlementaire (Jouy, Hermite, t. 1, 1811, p. 223).Yvette allait d'un air sage et réfléchi, regardant le sable de l'allée (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Yvette, 1884, p. 527). − Empl. subst. Personne qui a l'habitude de la réflexion, qui fait preuve de réflexion. Aux yeux du sage, de l'impartial, du réfléchi, du raisonnable, ma voix, après tout, vaudra bien celle d'un autre (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 374).Carrière est un réfléchi, un intérieur, il ne voit que ce qui l'émeut, il ne peut exprimer que ce qu'il sent (Séailles, E. Carrière, 1911, p. 68). Prononc. et Orth.: [ʀefleʃi]. Ac. v. réfléchir. Fréq. abs. littér.: 2 390. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 194, b) 2 651; xxes.: a) 3 809, b) 3 726. Bbg. Gohin 1903, pp. 302-303. − Sten (H.). Réfléchi et ,,réfléchi``. In: [Mél. Grévisse (M.)]. Gembloux, 1966, pp. 323-325. |