| RÉFÉRENCE, subst. fém. I. A. − Action de (se) référer à quelqu'un, à quelque chose. La référence, purement verbale, que parfois je faisais à Dieu dans mes plaidoiries, donnait de la méfiance à mes clients (Camus, Chute, 1956, p. 1528): 1. Si l'acte humain n'a pas une double référence, d'une part à l'histoire dans laquelle il s'insère et d'autre part, à une norme supérieure qui le juge, mais une seule, à savoir la première, il s'ensuit nécessairement qu'il ne peut tirer sa valeur propre que de son rôle historique.
Lacroix, Marxisme, existent., personn., 1949, p. 19. B. − 1. Action de (se) référer à quelqu'un; p. méton., ce à quoi on (se) réfère. Cet enfant [trouvé] n'a aucune référence, pas d'état civil (Barrès, Cahiers, t. 9, 1911, p. 182).Dans la période de 1860 à 1870, c'est [dans l'œuvre de Manet] une référence logique à Hals et à Goya (Mauclair, Maîtres impressionn., 1923, p. 57).Nous vivons dans un monde où les problèmes de l'existence tendent à être des problèmes précis et où le besoin de références exactes, fixes, est évidemment primordial (Aymé, Confort, 1949, p. 44). − Au plur. Renseignements, témoignages donnés par quelqu'un sur une personne à la recherche d'un emploi, d'un logement ou souhaitant entrer en affaires, et qui attestent son comportement, ses qualités et représentent une garantie morale pour ceux auxquels elle se présente. Avoir des références. On demande un garçon de bureau d'un certain âge (...). Bonnes références (A. Daudet, Nabab, 1877, p. 56).Parfois le « principal clerc » me demandait les références fournies par mes derniers patrons (Duhamel, Confess. min., 1920, p. 92). − Souvent au plur. Réalisations d'une entreprise, propriétés, mérites déclarés d'un produit qui attestent ses qualités. (Dict. xixeet xxes.). − Au fig., fam., au sing. Raison, fait, motif permettant de conclure à la valeur, aux qualités de quelqu'un. Ce n'est pas une référence! Quand on a pu s'échapper vivant d'un abattoir international en folie, c'est tout de même une référence sous le rapport du tact et de la discrétion (Céline, Voyage, 1932, p. 140). − De référence.Auquel on (se) réfère. Valeur de référence. [Il] existe une tendance à orienter les interventions concernant de nombreux prix agricoles à un prix de référence ou prix indicateur (Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 527). ♦ Ouvrage de référence. Ouvrage fait pour être consulté, et non lu à la suite, où l'information est généralement classée de façon à être facilement accessible, tel que dictionnaire, encyclopédie; en partic., ouvrage qui s'impose par la qualité de son information. Les principaux ouvrages de référence sur l'uranium (Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p. 39). ♦ Par référence à.En se référant à, par rapport à... (pris comme norme). La distance entre A et Z sur une droite ne se détermine pas par référence à A, plutôt que par référence à Z (Hamelin, Élém. princ. représ., 1907, p. 128).La loi (...) leur accorde (...): − pendant la première année de scolarité: un traitement fixé par référence à l'indice 300 (Encyclop. éduc., 1960, p. 377). − Domaine des sc.Éléments, points que l'on a choisis ou déterminés au préalable comme cadre pour situer et résoudre un problème. Axe de référence; plan de référence: 2. Quand il s'agit d'étudier une étoile variable, on a intérêt à la comparer à une étoile d'éclat constant visible en même temps dans le champ de l'instrument d'observation. Mais, pour dresser un catalogue de magnitudes comprenant des étoiles éloignées les unes des autres sur la sphère céleste, on doit comparer chacune d'elles soit à une même étoile de référence, soit à une étoile artificielle.
Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 541. ♦ Système de référence. Construction, ensemble constitué à partir d'éléments matériels ou immatériels et permettant de déterminer la place d'un point variable. Synon. référentiel1.Système de référence galiléen (L. de Broglie, Théorie quanta, 1959, p. 20).L'écorce terrestre n'est pas rigide. Pour la réduction des observations, il est tenu compte des mouvements du système de référence équatorial sur la sphère céleste (précession, nutation) (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 136). 2. Souvent au plur. Indications précises permettant de retrouver la source (auteur, texte, passage) que l'on cite ou dont on s'inspire, et où l'on peut trouver un complément d'information. Référence bibliographique; références d'une citation. Chaque fiche doit être munie de références précises à la source où le contenu en a été puisé (Langlois, Seignobos, Introd. ét. hist., 1898, p. 82). − COMM. ,,Échantillonnage qui donne une idée de la marchandise proposée`` (Ac. 1935). Un album de références (Ac. 1935). ,,Code d'identification attaché à un produit pour en faciliter la gestion`` (Public. 1976). − COMM., ADMIN. Mention attribuée à un client, à une affaire, à un dossier et portée sur toutes pièces et toutes correspondances y afférentes, permettant une identification rapide et un classement aisé. Références à rappeler dans toute correspondance. (Dict. xxes.). II. − LING. ,,Fonction par laquelle un signe linguistique renvoie à un objet du monde extra-linguistique, réel ou imaginaire`` (Ling. 1972). Prononc. et Orth.: [ʀefeʀ
ɑ
̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. 1845-46 (Besch.: Référence... pour désigner les personnes auprès desquelles ces compagnies [de chemins de fer] peuvent prendre des renseignements sur la solvabilité de ceux qui demandent des actions); 1865 subst. fém. plur. « renseignements sur quelqu'un » (Sainte-Beuve, Corresp., t. 14, p. 288); 2. 1846 (Besch. Suppl.: Référence. Relation); 1868 « action de se référer ou de renvoyer à un article, à une chose ayant quelque rapport » (F. Baudry, Gramm. comparée des langues classiques ds Littré); 1877 (Littré Suppl.: Nom, chez les marchands de tissus, du livre où sont réunis les échantillons des marchandises livrées à la vente). Dér. de référer*; suff. -ence*. L'angl. reference « renvoi à un livre... où l'on peut trouver certaines informations » est att. dep. 1612 ds NED. Fréq. abs. littér.: 368. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) néant, b) 39; xxes.: a) 247, b) 1 395. DÉR. Référencer, verbe trans.a) Comm. ,,Introduire un article dans l'assortiment d'une entreprise en vue d'en assurer la vente continue et régulière`` (Public. 1976). b) Assortir, pourvoir d'une ou de plusieurs références. Référencer une citation. Peindre l'échantillon de chaque couleur choisie, pure et dégradée avec le blanc d'argent jusqu'à une nuance très pâle; mélanger certaines couleurs avec du blanc de zinc (...). Référencer et dater (Arts et litt., 1935, p. 30-3).Référencer qqc. à qqc. (rare). Renvoyer, à titre de référence, à. Il fut remis aux experts, comme pièces de comparaison, deux lettres de Sisley, datées de 1885 et 1889. Ces lettres n'étant plus en notre possession, nous référencerons les extraits ci-dessous de notre expertise à une lettre de Sisley, datée du 30 janvier 1891, appartenant à la Bibliothèque nationale (A. Tajan, G. Delage, L'Analyse des écritures, 1972, p. 90).Part. passé en empl. adj. [En parlant de qqc.] Qui est accompagné de références. Citation référencée. Un exemple référencé (Hanse Nouv. 1983). − [ʀefeʀ
ɑ
̃se], (il) référence [-ʀ
ɑ
̃:s]. − 1resattest. 1877 (Littré Suppl.: Référencer. Mettre un échantillon dans la référence), 1877 adj. (Darm., p. 94); de référence, dés. -er, suff. -é*. BBG. − Barthélémy. Réseaux informat. Les nouv. données du savoir. À paraître. 1978, n o4, p. 25. − Darm. 1877, p. 94 (s.v. référencé). − Gall. 1955, p. 364. − Lyne (A. A.). A Lexicometric approach to the description of a language variety... Thèse, Sheffield, 1981, pp. 329-330. − Milner (J.-Cl.). Réflexions sur la référence. Lang. fr. 1976, n o30, pp. 63-73. |