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RÉDUIT, subst. masc.
A. − Vieilli. Retraite, refuge. Réduit agréable, calme, commode, paisible, silencieux, solitaire, tranquille; se faire un petit réduit. À droite de la maison principale (...) se voit une espèce de guinguette ou petit pavillon (...) c'était là le réduit loué par l'amiral pour la demeure temporaire de l'empereur (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 154):
J'ai signé mon bail de la rue Murillo et choisi les étoffes pour tendre. Je crois qu'à peu de frais je peux m'organiser là un gentil réduit, une « délicieuse bonbonnière », comme dirait M. Achille Dupont. Flaub.,Corresp., 1869, p. 25.
P. métaph. Réduits de l'infortune ou de la misère. La pâle violette, en son réduit obscur, Timide, essaie au jour son doux regard d'azur (Gautier,Prem. poés., 1830-45, p. 140).L'homme qui résolument se bornait dans la pauvreté n'était jamais traqué dans la pauvreté. C'était un réduit. C'était un asile. Et il était sacré (Péguy,Argent, 1913, p. 1127).
B. − Local de très petites dimensions, retranché d'un plus grand (synon alcôve, niche), ou simple recoin (synon. cabinet, cagibi). Pelven entra dans la cuisine de l'auberge (...) prit place sur un des bancs qui meublaient le réduit de la cheminée (Feuillet,Bellah, 1850, pp. 170-171).M. Garçonnet, fort riche, délicat et coquet, avait fait arranger ce réduit d'une très élégante façon (Zola,Fortune Rougon, 1871, p. 271).
P. anal. Quelque anciennes, quelque puissantes que soient les empreintes du péché dans les réduits mystérieux du corps, l'âme, aidée de la grâce, fortifiée par la pénitence, peut les effacer lentement (Lacord.,Conf. N.-D., 1848, p. 107).
P. ext. Logement misérable. Ce sont [les femmes de Chénier] des Phrynés sans doute (...) mais galantes et de haut ton; non plus des Alizons ou des Jeannes vulgaires en de fétides réduits (Sainte-Beuve,Portr. littér., t. 1, 1829, p. 164).Sous la montée de l'escalier avait été ménagé un réduit obscur, sans autre jour qu'une porte vitrée (Dabit,Hôtel Nord, 1929, p. 28).
SYNT. Méchant, petit, triste réduit; réduit étroit, étouffant, misérable, modeste, noir, poussiéreux, sombre, souterrain, ténébreux, voûté; réduit coquet; réduit avec lucarne, sans fenêtre et sans porte; réduit sous les toits, en appentis; réduit utilisé comme cellier; le réduit du confessionnal; servir de réduit; dans un réduit du hangar.
C. − Spécialement
1. FORTIF. ANC. Ouvrage construit à l'intérieur d'un plus grand ou en arrière d'un plus grand et pouvant servir d'abri pour en prolonger la défense et assurer une retraite aux défenseurs. Réduit blindé, casematé, fortifié, inexpugnable; réduit d'un château fort (donjon); enceinte autour d'un réduit; réduit facile à défendre; se rendre maître d'un réduit; (se trouver) au contact des réduits allemands. C'est sur l'évaluation (...) de l'organisation prévue d'un réduit central que l'on doit fixer le chiffre de la troupe affectée à la défense directe de la localité (Foch,Princ. guerre, 1911, p. 216).Dans les temps anciens, une forteresse couronnait la falaise, tandis que la ville, collée de son mieux au réduit tutélaire, tassait pêle-mêle à l'extrémité du plateau son beffroi, sa cathédrale et ses maisons ventrues (Estaunié,Appel route, 1921, p. 15).
P. anal. Partie d'un pays ou d'un théâtre d'opérations dans laquelle on envisage de mener le dernier combat et qu'on aménage à cette fin. Réduit alpin. On pouvait (...) se demander si les dirigeants nazis ne tenteraient pas de prolonger la lutte dans le réduit naturel que leur offrait le massif des Alpes bavaroises et autrichiennes (De Gaulle,Mém. guerre, 1959, p. 157).
Au fig. Suprême réduit de l'orgueil blessé (à propos de la résignation). Assiégez le réduit de mes rêves défunts, Et dispersez ce qu'il y reste de parfums (Cros,Coffret santal, 1873, p. 60).L'enseignement secondaire, tout démantelé qu'il soit (...) est encore la citadelle, le réduit de la culture en France (Péguy,Notre jeun., 1910, p. 46).
2. MAR. MILIT., vieilli. Compartiment blindé ménagé autrefois dans l'intérieur de certains navires cuirassés et formant une citadelle où étaient logés les canons de gros calibre (appelés pièces de réduit). En même temps que l'artillerie poursuivait sa lutte contre la cuirasse, la tourelle et le réduit trouvaient, tous deux, leurs partisans exclusifs (Ledieu, Cadiat,Nouv. matér. nav., t. 2, 1890, p. 539).
Prononc. et Orth.: [ʀedɥi]. Ac. 1694, 1718: re-; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1150 reduit « chemin » (Thèbes, éd. F. Raynaud de Lage, 7108); b) 1176 id. « lieu retiré, renfoncé » (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 5508); 2. 1225-30 reduit « lieu où plusieurs personnes ont coutume de se rendre pour converser, jouer, se divertir » (Guillaume de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 716); 1559 p. ext. « personnes qui s'assemblent en un lieu, société » aux reduicts et es assemblées (Amyot, Lyc., 53 ds Littré); 3. 1583 [éd.] reduict « pièce étroite et retirée d'une maison, recoin » (Montaigne, Essais, éd. Villey-Saulnier, II, VIII, p. 393); réduit (Montesquieu, Lettres persanes, 150, éd. E. Carcassonne, t. II, p. 176); 4. 1671 reduit « ouvrage fortifié à l'intérieur d'un autre servant d'emplacement pour l'ultime défense » (Pomey). D'abord att. sous la forme reduit, a été refait à une date difficilement déterminable en réduit d'apr. réduire; reduit représente le lat. pop. reductum neutre pris subst. de reductus « qui est à l'écart (en parlant d'un lieu, d'un objet, v. aussi redoute), part. passé de reducere « ramener », v. réduire. Fréq. abs. littér.: 322. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 533, b) 285; xxes.: a) 381, b) 531. Bbg. Archit. 1972, p. 167. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 102.