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QUI, pron. interr. ou rel.
I. − [Sans antécédent − ou séparé de l'antécédent par une prép. − et porteur du genre animé apte à toutes les fonctions grammaticales]
A. − Pron. interr.
1. [Dans une interr. dir.]
a) [Suj.] Qui m'appelle, s'écria une voix sèche et furieuse, qui m'appelle? (Barrès, Colline insp., 1913, p. 257).
Qui vive*, Qui-vive*.
Qui va là?, Qui-va-là? [Loc. interj. par laquelle on veut connaître l'identité d'une pers. inconnue qui survient] − Qui va là? dit le maître. − Quelqu'un qui voudrait souper et coucher. − C'est bon. Ici on soupe et on couche (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 83).
b) [Attribut] Qui es-tu? demanda-t-il (Balzac, Annette, t. 4, 1824, p. 149).
c) [Régime dir.] Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère? (Baudel., Poèmes prose, 1867, p. 11).Qui as-tu choisi? (Giraudoux, Sodome, 1943, i, 4, p. 84).
[Dans ce cas, qui peut être postposé] Il guette... qui, maintenant? (Giono, Colline, 1929, p. 108).
d) [Régime prép.] Mais à qui devons-nous ces bienfaits! À qui messieurs? (Claudel, Pain dur, 1918, i, 1, p. 412).Tu le sais. Tu bredouilles. Par qui? (Giraudoux, Lucrèce, 1944, i, 1, p. 15).
Rem. 1. Dans qui est-ce qui, le 1erqui a valeur interr., le second introd. une sub. rel. Le premier qui, sans antécédent, exprime le genre animé; le second, en empl. évocateur, marque uniquement la fonction suj. 2. La forme pop. qui que (qui que tu vois?) est à rapprocher de combien que, où que, etc. Le morph. interr. est isolé en tête de phrase par une sub. rel. introd. par un que tendant vers le rel. universel: Et les wagons à vaches, pour qui que c'est? (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 194). Les autres tournures du lang. pop. sont des var. de la loc. qui est-ce qui: Qui c'est qui va nous le payer? (Céline, Voyage, 1932, p. 494).
2. [Dans une interr. indir.]
a) [Suj.] Et finalement on ne sait pas qui départagera les parties (Proust, Temps retr., 1922, p. 692).
[Avec effacement de la prop. interr.] « La princesse (...) quittant la demeure de ses pères », de je ne sais plus qui (Gide, Journal, 1902, p. 128). « (...) Il connaît des gens très bien, mais il en connaît aussi de très mal ». Je demandai qui (Proust, Sodome, 1922, p. 1095).
b) [Attribut] J'ai oublié qui je suis. Je me rappelle qui tu es (Giraudoux, Sodome, 1943, ii, 8, p. 157).
c) [Régime dir.] Gélis se lève et se rassied; je sais bien ce qui l'occupe et qui il attend (A. France, Bonnard, 1881, p. 313).
Rem. En interr. indir., qui est remplacé qqf. dans la lang. parlée par celui qui: Alors, dites-nous celui qui a le plus de chance? (Guitry, Veilleur, 1911, i, p. 4).
d) [Régime prép.] Madame Mathias, la vieille bonne, ne savait à qui entendre (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 6).Ma décision était prise d'emmener l'enfant (...) encore que je ne me fusse pas nettement demandé ce que je ferais d'elle par la suite, ni à qui je la confierais (Gide, Symph. pastor., 1919, p. 879).
B. − Pron. rel. ou pron. indéf. [Sans antécédent] .
1. Pron. rel.
a) [Suj.] Si lugubre que fût l'appartement, c'était un paradis pour qui revenait du lycée (Gide, Si le grain, 1924, p. 419).
[Dans des proverbes, des adages, avec valeur d'indéf.] Qui aime bien châtie bien (Proust, Sodome, 1922, p. 1069).Qui vole un œuf, enlève un bœuf (Bachelard, Poét. espace, 1957, p. 122).
Fam. Comme qui dirait. Comme si on disait. Une âme exquise comme qui dirait l'âme d'un bébé, qui la connaîtrait dans les coins (Gyp, Leurs âmes, 1895, p. 134).
[Dans des tournures marquant la compétition, la rivalité] C'est à qui + verbe.Jouer à qui perd gagne. Soudain Panurge (...) jette son mouton (...) dans la mer. Tous les autres moutons (...) commencèrent à se jeter après lui par-dessus bord. C'était à qui sauterait le premier (A. France, Rabelais, 1909, p. 172).
Rem. Dans jouer à qui, un dém. peut précéder le rel.: Nul d'entre eux n'est encore assez intelligent pour jouer à celui qui obéit (Duhamel, Plais. et jeux, 1922, p. 58).
[Qui peut qqf. désigner le fém.]:
1. Pour livrer sa pensée au vent de la parole, S'il faut avoir perdu quelque peu la raison, Qui donne son secret est plus tendre que folle... Desb.-Valm., Élégies, 1859, p. 66.
b) [Attribut] Il a fait allusion à ce qu'il a fallu que je cessasse d'être pour être qui je suis (Breton, Nadja, 1928, p. 7).
c) [Régime dir.] Je trouble qui je veux (Valéry, Variété III, 1936, p. 129).
d) [Régime prép.] Elle était libre de coucher avec qui elle voulait (Malraux, Cond. hum., 1933, p. 215).
Prép. + qui de droit.Adresser une requête à qui de droit. L'adresser à la personne à qui elle doit l'être. Ce n'est pas un mauvais moyen de faire couler à l'oreille de qui de droit les choses que soi-même on ne peut dire (Claudel, Père humil., 1920, i, 2, p. 495).
Rem. L'effet de sens oscille entre l'indéfinition où qui signifie « n'importe qui » et l'indéterm. feinte, qui suggérant alors une pluralité indéterm. ou désignant une pers. déterminée seulement pour le locuteur.
2. Pron. indéf.
a) Qui que ce soit/fût, loc. pronom. indéf.
α) [Après prép.] Synon. de personne2.Je fais ce que je crois devoir faire, en toute conscience, et n'ai compte à rendre à qui que ce soit (Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 724).Je n'ai jamais accepté de partager avec qui que ce fût la responsabilité d'un traitement (Bernanos, Joie, 1929, p. 645).
[Introd. une sub. concess.] À qui que ce soit que nous parlions, nous devons être polis (Littré).
β) [Dans des cont. forclusifs (v. ne I B rem.), prop. interr., hyp.] Qui que ce soit a-t-il répondu? Si qui que ce soit répondait. Je n'y ai trouvé qui que ce soit (Ac.1798-1935).
b) Rare, littér. Qui que, loc. pronom. concess. Qui qu'elle fréquentât, désormais elle resterait pour tout le monde duchesse de Guermantes (Proust, Fugit., 1922, p. 669).
c) [Dans la loc. pronom. indéf. n'importe qui] V. importer1III B et quoi III D ex. de Gide.
C. − Pron. rel. prép. [Avec antécédent de l'animé] Elle devait aller chercher Gisèle avec qui elle tenait beaucoup à dîner (Proust, Fugit., 1922, p. 597).Avec celui pour qui ce travail est fait (Valéry, Variété[I], 1924, p. 254).
[P. arch., l'antécédent peut désigner un inanimé] Ces murailles de verdure presque noire sur qui vous n'avez aucune prise (Claudel, Père humil., 1920, i, 3, p. 502).[Le prince de Polignac] se plaisait surtout à Amsterdam et à Venise, deux villes entre qui son œil de coloriste et son oreille de musicien avaient reconnu la double parenté de la lumière et du silence (Proust, Chron., 1922, p. 43):
2. Depuis lors, à chaque seconde, je suis à l'intérieur d'elle, − animé d'un centuple besoin de la protéger, tout tendu vers un unique objet: qu'à aucun prix elle ne souffre! Protéger Z..., ne rien retirer de ce que j'ai donné à Anne, − être le lien où elles se rencontrent, le seul lien en qui elles se puissent rencontrer... Du Bos, Journal, 1924, p. 152.
[Les noms d'animaux peuvent être repris par qui] Je sautai sur mes pieds sales, sans oublier ma vipère, que je pris cette fois par la queue et à qui j'imprimai un joli mouvement de balancier (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 10).
[Dans la lang. pop., remplacé par qui que, qui c'est que, qui que c'est que] La personne à qui que j'ai donné votre lettre (Bauche1928, p. 103).
D. − Pron. rel. à valeur distributive
1. [En fonction de suj. ou de régime] Et aux moujiks accourus, il distribuait à qui une jambe, à qui un bras (Hanry, Conquête de Jérusalem, p. 159 ds Nyrop t. 5 1925, p. 323):
3. La nuit tombée, il n'était pas rare de voir les sentinelles entrer dans nos baraques et tirer de leur vaste manteau de guérite, qui un poulet, qui un lapin, qui un jambon, en les faisant valoir aux amateurs. Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 317.
[Précisé par une appos.] Pour être lauréats, ils devaient avoir fait, dans un temps donné, qui sculpteur, le modèle en terre glaise d'une statue; qui peintre, l'un des tableaux que vous pouvez voir à l'école des Beaux-Arts; qui musicien, une cantate; qui architecte, un projet de monument (Balzac, Un Ménage de garçon, p. 75 ds Dam.-Pich. t. 4 1969 [1934], § 1381).
Rare. [Représentant un inanimé] Voici un très grand nombre de livres d'histoire. Et ni l'anatomie, ni la physiologie, ni la cristallographie, ni l'acoustique ne manquent à la collection; qui pour un chapitre, qui pour un paragraphe, il n'est presque de science qui ne paye tribut (Valéry, Variété IV, 1938, p. 240).
2. Dans la loc. à qui mieux mieux. Le plus possible en rivalisant avec les autres. Crier à qui mieux mieux. Les fils d'un collègue de mon père, dont le plus jeune était mon camarade de classe, apprenaient avec moi; c'était à qui mieux mieux! (Gide, Si le grain, 1924, p. 401).
[Appliqué à des choses personnifiées] À quel fil voulez-vous que se rattache un pauvre satyre, quand la mer et le bateau dansent à qui mieux mieux (Claudel, Protée, 1914, i, 1, p. 308).
Rem. 1.À qui mieux mieux n'exprime pas toujours le rapport entre deux ou plusieurs pers.; il se peut que ,,l'idée de concurrence évoque celle de l'effort`` (Sandf. t. 2 1965, § 56), de sorte que le tour vient à signifier « de toutes ses forces »: L'enfant se débattait et ruait à qui mieux mieux de ses petits pieds rouges (Benoit, Axelle, 1928, p. 143, ibid.). 2. À l'aide de la prép. à, on peut former d'autres expr., analogues à l'expr. à qui mieux mieux: À ce point qu'entre les ministres c'est la lutte continuelle à qui ne l'aura pas (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, 1ertabl., 1, p. 24).
II. − Vx. [Sans antécédent, avec valeur de neutre]
[Dans des loc.] Qui plus est, qui pis est, qui mieux est. Une femme menteuse, avec un truc extrêmement simple, peut leurrer, sans se donner la peine de le changer, des quantités de personnes, et qui plus est la même, qui aurait dû le découvrir (Proust, Fugit., 1922, p. 616).
[Dans qq. tours archaïsants] Nous décidâmes d'aller ensemble taper notre ancien patron. Qui fut dit, fut fait (Céline, Voyage, 1932, p. 132).
III. − [Avec antécédent immédiat, représente un animé ou un inanimé et se trouve uniquement en fonction de suj.]
A. − [L'antécédent désigne un animé] Comme un malade dans son lit, qui se retourne pour trouver le sommeil, du matin au soir (Gide, Journal, 1892, p. 28).Elle aperçut, sur le quai, cette petite ouvrière qui sanglotait (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 661).
[Le subst. antécédent de qui doit toujours être déterminé, sauf lorsqu'il est précédé d'une prép. et qu'il est pris dans le sens le plus gén.] En homme qui ne sait point si l'on sera content ou non d'être vu avec lui et qui vous laisse la faculté de venir le trouver si vous en avez l'envie (Proust, Sodome, 1922, p. 1037).En garçon qui aime à reconnaître la vérité (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 418).
[Lorsque l'antécédent est un pron. pers., celui-ci peut être except. omis s'il est déjà empl. comme pron. prédicatif dans la princ.] Comment brillerai-je qui suis aveugle? (Claudel, Soulier, 1944, 2epart., 4, p. 1058).
Rem. 1. Dans les tours faire celui qui, jouer celui qui, le verbe de la sub. peut être au sing. même si le suj. de la princ. est au plur.: Ils faisaient celui qui ne comprend pas (Mille, Barnavaux, 1908, pp. 155-156). 2. Celui qui peut être repris par le pron. pers. il: Celui qui gueulera le plus fort, il aura la médaille et la dragée du bon Jésus! (Céline, Voyage, 1932, p. 14).
B. − [L'antécédent désigne un inanimé] Rue Neuve-Saint-Augustin, un embarras de voitures arrêta le fiacre chargé de trois malles, qui amenait Octave de la gare de Lyon (Zola, Pot-Bouille, 1882, p. 3).Et les variétés s'établissent, l'élection de la mère par exemple va souvent avec la ressemblance physique du père, ou c'est le contraire qui a lieu (Zola, Dr Pascal, 1893, p. 106).
[Après voici, voilà ou des pron. neutres (ce, quelque chose, ...) qui est un neutre] Voilà qui sort d'un armorial danois (Milosz, Amour. init., 1910, p. 12).Je ne sais ce qui m'a pris, dit-elle; j'ai froid (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 95).Avez-vous l'impertinence de penser qu'il y avait en moi quelque chose qui fût fait spécialement pour vous? (Claudel, Soulier, 2epart., 1944, 6, p. 1068).
C. − Rare. [L'antécédent du rel. peut être un adv.] Demain, demain qui n'était jusqu'alors que la pâle image d'hier encore au-dessous de l'horizon, le demain attendu d'un cœur tranquille, retrouvé chaque matin sans surprise, n'est plus (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1360).
Rem. 1. Accord du verbe dépendant de qui. a) Un verbe ayant le pron. qui pour suj. s'accorde en personne et en nombre avec l'antécédent de celui-ci: Il n'y a que moi, moi qui hais, moi qui aime (Sartre, Nausée, 1938, p. 189). b) Lorsque qui a pour antécédent un attribut se rapportant à un pron. pers. de la 1reou de la 2epers., l'accord se fait avec le suj.; mais il peut se faire aussi avec l'attribut, partic. quand celui-ci est déterminé par un art. déf.: Vous êtes les artisans qui ont construit cette maison (Gramm. Lar. 1964, p. 384), un adj. dém.: Vous êtes ce Monsieur qui m'a porté secours (ibid.) ou lorsque la princ. est nég. ou interr.: Êtes-vous un journaliste qui soit débrouillard? (ibid.). c) Après c'est moi, toi ... qui ou il n'y a que moi, toi ... qui, l'accord peut se faire à la 3epers. dans la lang. pop.: La bonne: C'est moi qui l'a dit à Madame (Tr. Bernard, M. Codomat, 1907, i, 2, p. 140). C'est moi qui fait tout! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 490). d) Après un(e) des, un(e) de, l'accord se fait gén. au plur.: Dans un des bâtiments qui flanquaient la forteresse (Gracq, Syrtes, 1951, p. 26). 2. Place de l'antécédent. a) En règle gén., qui est précédé immédiatement de son antécédent: Des locataires, qui étaient tous des amis (Proust, Sodome, 1922, p. 1057). b) Qui peut être séparé de son antécédent lorsque celui-ci est un pron. compl. d'un verbe de perception ou d'un présentatif: Je le vois qui traverse le jardin (Céline, op. cit., p. 465). La voici qui danse pour nous (Mauriac, Journal 2, 1937, p. 198). c) Lorsqu'il est séparé de son antécédent par les conj. de coord. et/ou: Cette longue bataille qu'Antoine, en lui-même, continuait à appeler « les attaques de Provins », et qui était pour tous la bataille de la Marne (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 832). d) Parfois, l'antécédent peut être placé après la prop. rel.: Elle me montra, qui jouait, dans son jardin, un de ces ânes charmants de Provence, aux longs yeux résignés (Barrès, Jard. Bérén., 1891, p. 49). e) En règle gén., qui peut être séparé de son antécédent par un compl., une prop., etc., lorsque l'intelligence du texte n'en souffre pas: Son visage creusé, sa silhouette émaciée, ses prunelles souffrantes étaient là qui me bouleversaient (Bourget, Disciple, 1889, p. 188). Les fascistes ne voyaient son corps que jusqu'au ventre, et tiraient à qui mieux mieux sur ce buste incroyable en veston d'alpaga, en cravate rouge, qui lançait une charge de dynamite avec un geste de discobole, du coton dans les oreilles (Malraux, Espoir, 1937, p. 540). 3. [Avec un verbe impers., il y a parfois une hésitation entre qu'il et qui] Le peu d'argent qui lui restait après l'acquisition de la barque avait été employé à acheter un petit télescope de rencontre (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 25). Maintenant qu'il n'avait plus de doute sur ce qu'il lui restait à faire, il semblait fatigué, mais très calme (Rolland, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 851).
Prononc. et Orth.: [ki]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Pron. rel. A. En fonction de suj. 1. empl. avec antécédent 842 masc. sing. (Serments de Strasbourg ds Henry Chrestomathie, 1, 7: Et ab Ludher num plaid nunqua'm prindrai qui, meon vol, cist meon fradre Karle in damno sit); ca 881 id. (Ste Eulalie, ibid., 2, 6; 12); fin xes. fém. sing. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 268); ca 1050 masc. plur. (St Alexis, éd. Chr. Storey, 263); spéc. apr. un indéf., un dém. 2emoit. xes. ici, la régissante est nég., le verbe de la rel. est au subj. (St Léger, éd. J. Linskill, 32: Ne fud nuls om ... Qui mieldre fust); 2. empl. sans antécédent a) désigne une pers. partic., déterm. 2emoit. xes. (St Léger, 26: Et cum il l'aut doit de ciel'art [Deu servir] Rende'l qui lui lo comandat); b) désigne une pers. indéterm., avec valeur gén., la rel. pouvant prendre un tour sentencieux α) 2emoit. xes. (St Léger, 38: Qui fai lo bien, laudaz en er); β) fin xes. la rel. est en rapport avec le pron. de la régissante; celui-ci constitue un pron. de rappel plutôt qu'un antécédent [G. Moignet, Gramm. a. fr., 1973, p. 156 in fine] (Passion, 455: Qui lui credran, cil erent salv); ca 1100 (Roland, 1181; 1970); c) qui 1erélém. de rel. comp. introd. une rel. indéterm. à valeur concess., et dont le 2eélém. est α) qui ca 1050 chi ... chi (St Alexis, 503: Chi chi se doilet, a nostr'os est il goie); ca 1130 (Li Ver del Juice, 224; 226 ds T.-L. t. 8, 90, 21); β) que (Roland, 1546: Ambure ocit, ki quel blasme ne quil lot; 1592; 3360); v. R. Martin ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg, V 1 1967, pp. 116-118; cf. que3I A 1 c β; d) introd. une rel. au cond. ou au subj. imp. (en rel. avec une régissante aux mêmes modes) ayant valeur de prop. hyp. introd. par se: « si l'on » ca 1100 (Roland, 596: Chi purreit faire que Rollant i fust mort, Dunc perdreit Carles le destre braz del cors); ca 1135 la rel. est rappelée par un pron. dans la régissante (Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB 94: Qui en feroit roi, ce seroit pechiez); e) la rel. hyp., empl. sans régissante, constitue une phrase complète et équivaut à une exclam. (G. Moignet, op. cit., p. 157: Ph. Ménard, Synt. de l'a. fr., § 76, rem. 1) ca 1100 (Roland, 1341; 1680: Ki puis veïst Rollant e Oliver De lur espees e ferir e capler!); f) qui ... qui répété avec valeur d'indéf. marquant une idée distributive ca 1135 (Couronnement de Louis, 1488 [réd. AB] Chascuns a point qui cheval, qui destrier); 1155 (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 8038). B. En fonction de régime [cui, cas régime tonique, devenu qui] 1. régime dir. a) empl. avec antécédent 842 (Serments de Strasbourg, 21: Si Lodhuuigs sagrament que son fradre Karlo iurat conservat, et Karlus ... non lo's tanit, si io returnar non l'int pois, ne io ne neuls cui eo returnar int pois); fin xes. (Passion, 114: Celui prendet cui bassaerei); ca 1050 (St Alexis, 7); b) empl. sans antécédent (Philippe de Thaon, Bestiaire, 1063 ds T.-L. t. 3, 1126, 19); 2. régime prép. a) 2emoit. xes. por cui (St Léger, 208; 240); fin xes. a cui (Passion, 170); id. de cui (ibid., 330); b) 1176-81 empl. sans antécédent (Chrétien de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 3605: Qu'estre porrïez delivree Par qui que soit de cest peril); 1269-78 a cui que soit (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 5146). II. Pron. interr. A. Interr. dir. 1. a) En fonction de suj. α) fin xes. renvoyant à une pers. (Passion, 188); ca 1100 (Roland, 534; 748); β) avec valeur de pron. neutre ca 1200 (Auberee, 483 ds T.-L. t. 8, 89, 2: Dame Auberee ... qui vous maine a ceste eure?); b) en fonction d'attribut du suj. ca 1130 (Cantique des cantiques, 9, ibid., 87, 17: chi est illi?); ca 1170 (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 840: Qui es tu Qui...?); 1176-81 (Id., Chevalier Lion, 3565); 2. en fonction de régime [cui] a) régime dir. ca 1100 (Roland, 244: qui i enveieruns, En Sarraguce?; 252); b) régime prép. ca 1276 (Adam de La Halle, Feuillée, éd. E. Langlois2, 603: A cui iés tu, di, barbustin?). B. Interr. indir. 1. en fonction de régime [cui] a) ca 1050 régime dir. (St Alexis, 177: ,,ne sai cui antercier``); b) régime prép. 1remoit. xiies. a qui (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, XXXVIII, 10); 1176-81 de cui (Chrétien de Troyes, Chevalier Lion, 2401); 2. a) en fonction de suj. α) ca 1100 renvoyant à une pers. (Roland, 742); β) 1176 avec valeur de pron. neutre (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 1556: ... Qu'el li die qui la fet rire); b) en fonction d'attribut du suj. ca 1190 (Floovant, éd. F. H. Bateson, 985: Ne sai qui est li sires); fin xiies. (Béroul, Tristan, éd. E. Muret, 4013). III. Empl. comme subst. 1606 [éd. 1608] (M. Régnier, Satires, éd. G. Raibaud, IX, 57). Qui, cas suj. est issu du lat. qui, dans la lang. class. pron. rel. masc., nomin. sing. et plur. Dans la lang. vulg., apr. la réduction de la déclinaison à deux cas suj. et régime, et l'ext. des formes du masc. au fém. et au neutre, le nombre n'étant d'autre part plus distingué, qui devient rel. du cas suj. aux trois genres, sans distinction de nombre. De plus, le datif sing. class. cui, valable pour les trois genres, devient dans la lang. vulg. cas régime sing. et plur., d'où l'a. fr. cui, cas régime tonique, assez vite réduit à la forme qui. Enfin, le lat. vulg. ayant opéré la fusion entre le pron. interr. class. quis, quae, quid et le rel. qui, celui-ci assura les divers empl. énumérés comme rel.-interr. L'ext. de qui est tôt perceptible: 1. qui pour quae, nomin. fém. sing. (iies. [?] épitaphe d'Ostie ds Vään., § 285; fin iiie-ives. d'apr. V. Väänänen ds Congrès internat. Ling. Philol. rom., Québec, 1976, t. 1, p. 269; v. aussi Löfstedt, p. 132); pour quod, nomin. neutre sing. (ives. Mulomedicina Chironis; fin ves. Tablettes Albertini d'apr. V. Väänänen, ibid.; v. aussi Löfstedt, p. 131); pour quae, nomin. neutre plur. (Mulomedicina Chironis d'apr. V. Väänänen, ibid.; fin ives. Peregr. Aeth., 2, 6 ds Löfstedt, p. 131); 2. cui pour quem acc. masc. sing. (viiies. Form. Senon. ds Vään., § 286); cui apr. prép. (episcopum de cui parrochia fuit, ca 720 Leg. Alam., 12, ibid.). Le tour a. fr. qui « si on » [« si quis »; I A 2 d] est relevé pour qui dès Plaute, Asin., 323: ista virtus est ... qui malum fert fortiter; cf. vies. Grégoire de Tours ds Vään., § 371: Ego non parvam censeo gratiam, qui hoc meruit. Fréq. abs. littér.: 715 642. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 090 295, b) 955 044; xxes.: a) 1 020 798, b) 987 536. Bbg. Bonnard (H.). Lequel/qui, pron. rel. In: [Mél. Grevisse (M.)]. Gembloux, 1966, pp. 39-46; Le Système des pron. qui, que, quoi en fr. Fr. mod. 1961, t. 29, pp. 168-182, 241-251. − Bourgeacq (J. A.). Moi, je ou c'est moi qui? Fr. R. 1970, t. 43, pp. 452-458. − Bureau (C.). Synt. fonctionnelle du fr. Québec, 1978, p. 50, 58, 103, 107, 113, 149, 154. − Calan (E. de). Ét. sur le rel. fr. Linguistique. Paris. 1972, t. 8, n o2, pp. 137-143. − Clédat (L.). Qui et qu'il. R. Philol. fr. 1927, t. 39, pp. 134-137. − Combettes (B.), Tomassone (R.). À propos de la sub. rel. introd. par qui. In: [Mél. Lanly (A.)]. Nancy, 1980, pp. 71-84. − Cressot (M.). Qui répété à valeur distributive. Fr. mod. 1952, t. 20, pp. 14-16. − De Jong (K.). 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