| PUPILLE1, subst. A. − 1. DR. CIVIL. Personne mineure placée sous l'autorité d'un tuteur. C'est rendre un mauvais service à un pupille que de lui remettre trop tôt la disposition de ses biens. Mais c'est un crime de le tenir dans l'idiotisme pour le garder indéfiniment en tutelle. Mieux vaut encore une émancipation prématurée (Renan, Avenir sc., 1890, p. 351).Le tuteur, lorsqu'il gère les affaires de son pupille, pourvu qu'il agisse dans la limite de ses pouvoirs, fait des actes qui produisent effet sur la tête de son pupille (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 134).V. amiablement ex. du Code civil. 2. P. anal. Personne mineure placée sous l'autorité d'une collectivité et prise en charge par elle. Pupilles de la ville de Paris, de la Seine, du département. Cette belle pensée lui est venue de faire des enfants abandonnés les pupilles de la colonie (A. Daudet, Port-Tarascon, 1890, p. 198). ♦ Pupilles de l'Assistance publique (vieilli), pupilles de l'État. Sont placés sous la tutelle du service de l'Assistance à l'enfance et dénommés « Pupilles de l'État »: les enfants trouvés, les enfants abandonnés, les orphelins pauvres, les enfants maltraités, délaissés ou moralement abanbonnés (Loi du 15 avr. 1943, art. 1): 1. Les orphelines et orphelins se promènent aujourd'hui, libres, dans la ville. Rien de plus touchant que ces pupilles de l'État, du peuple, de tous. Leur joli et modeste costume aide à la surveillance. Ces nombreux établissements d'orphelins indiquent assez combien la marine ou les épidémies détruisent ici de familles.
Michelet, Journal, 1847, p. 672. ♦ Pupilles de la Nation: 2. Le titre de Pupille de la Nation est un titre de reconnaissance qui place les enfants adoptés par la Nation sous la protection et le soutien matériel et moral de l'État. Peuvent être pupilles de la Nation: l'enfant mineur dont le père, la mère ou le soutien de famille a été tué à l'ennemi ou est mort des suites de guerre. L'enfant d'un pensionné de guerre se trouvant dans l'incapacité de s'acquitter de ses obligations et charges d'éducation. L'enfant victime civile de guerre.
H. Aubrun, Guide prat. d'aide soc., Musée soc., 1957, p. 163. − En partic. ♦ AVIAT. Pupilles de l'air. Des classes préparatoires à ce concours existent dans certains établissements, notamment à l'école des pupilles de l'air, à Grenoble (Encyclop. éduc., 1960, p. 237). ♦ ÉDUC. Pupilles de l'école publique, de l'enseignement public. Enfants nécessiteux de l'école publique qui bénéficient d'une aide morale et pécuniaire des collectivités locales. Deux événements principaux ont marqué en 1983 la vie de l'association départementale des pupilles de l'enseignement public: l'ouverture d'un centre médico-psycho-pédagogique à Jarny et l'inauguration de nouveaux locaux au centre de vacances de La Combelle (L'Est Républicain, 18 juin 1984, p. 6, col. 5). ♦ HIST. MILIT. Pupilles de la garde impériale. ,,Corps d'enfants ou de jeunes gens qui était attaché à la garde de Napoléon. Les pupilles de la garde étaient de plus de neuf mille`` (Ac. Compl. 1842). ♦ MAR. Pupilles de la Marine. Enfants de marins, généralement orphelins, admis dans une école près de Brest pour préparer l'école des mousses. Autrefois il existait une École des mousses à Brest. Actuellement elle porte le nom d'École des pupilles de la Marine. On y reçoit des enfants qui se destinent à la Marine (Le Clère1960, p. 281). B. − P. anal. 1. Vx. Jeune enfant confié à un gouverneur, un précepteur; enfant dont on s'occupe plus particulièrement. Ce gouverneur s'est fait beaucoup d'honneur par l'éducation de son pupille (Ac.1798-1878).Puis il livra l'enfant à une vieille sœur, une demoiselle de Marsay, qui en eut grand soin, et lui donna (...) un précepteur, un abbé sans sou ni maille qui (...) résolut de se payer, sur les cent mille livres de rente, des soins donnés à son pupille (Balzac, Fille yeux d'or, 1835, p. 340). 2. Pensionnaire d'un établissement relevant de la bienfaisance privée. Pupille d'un pénitencier. Il se rappelait avec obsession cette campagne de presse menée jadis contre le pénitencier; il se rappelait surtout un article intitulé Bagnes d'enfants, où l'on décrivait par le menu la misère matérielle et morale des pupilles, mal nourris, mal logés, soumis aux punitions corporelles, abandonnés souvent à la brutalité des gardiens (Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 679). 3. SPORTS. Catégorie sportive comprenant les enfants au-dessous de 14 ans. (...) Durée de la partie. (...) Cadets (15-16 ans): 2 fois 40 minutes. Minimes (13-14 ans): 2 fois 30 minutes. Pupilles (11-12 ans): 2 fois 20 minutes (J. Mercier, Footb., 1966, p. 22). REM. Pupillarité, subst. fém.,dr., vieilli. État d'un enfant en tutelle, durée de cet état. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth.: [pypij], [-il]. Littré, Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930 [-il]; Pt Rob. [-il], cour. [-ij]; Warn. 1968 [-il], parfois [-ij]; Lar. Lang. fr. [-il] ou [-ij]; Martinet-Walter 1973: 13/17 [-ij], 4/17 [-il]. Homon. et homogr. pupille2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1334 « orphelin mineur sous la garde d'un tuteur » (Reg. de délib. de St Jean-d'Angély, I, 97 ds DG); 2. a) 1448 p. ext. « jeune homme, élève par rapport à son précepteur, son gouverneur » (Arch. nat. JJ 179, charte 367 ds Du Cange, s.v. pupillarietas); b) 1784-97 « jeune soldat pris en charge par un officier » (Kéralio, Art milit., t. 4, p. 771 ds Brunot t. 9, p. 939, note 10); 1811, 30 mars pupilles hollandais de la garde impériale (doc. ibid., p. 966); c) 1904 pupilles de la ville de Paris; pupilles de la Marine (Nouv. Lar. ill.). Empr. au lat.pupillus « pupille, mineur », var. de pupulus masc. de pupula « petite fille », dimin. de pupa, *puppa, v. poupée (Ern.-Meillet). |