| PUDIBOND, -ONDE, adj. Ironique A. − Qui est d'une réserve excessive et généralement déplacée notamment en ce qui concerne certaines parties du corps et les choses relatives au sexe. Synon. bégueule (fam.), prude, pudique; anton. égrillard, grivois, gaillard, hardi, impudique, licencieux.Un moraliste pudibond. Les visiteurs pudibonds feront bien de ne pas regarder de trop près les miséricordes des sièges; elles sont d'une étrange audace en ce lieu saint (T'Serstevens, Itinér. esp., 1963, p. 244).V. indécemment ex. de Toulet. − Empl. attributif. Isabelle était chaste et pudibonde même en la solitude (Gautier, Fracasse, 1863, p. 184).Je crois ne pas être plus pudibond qu'un autre (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 475).À cause de lui je n'aurais osé relater, ainsi que je vais faire ici, quelques aventures galantes: il se montrait extraordinairement pudibond, et je n'osais parler devant lui de mes amours (Gide, Thésée, 1946, p. 1415). B. − [P. méton.] Qui exprime, qui marque une réserve excessive et généralement déplacée en ce qui concerne certaines parties du corps et les choses relatives au sexe. Synon. pudique; anton. égrillard, grivois, hardi, impudique, licencieux.Regard pudibond; danse, harangue pudibonde. C'est une trahison que de venir rompre un sceau pour entrer botté, éperonné, dans une pudibonde confidence (Borel, Champavert, 1833, p. 178).Dans une phrase pudibonde, Chapron, le chroniqueur de l'Événement, ne disait-il pas que les devoirs de son métier l'avaient forcé à jeter les yeux malgré lui sur le livre du marquis de Sade? (Goncourt, Journal, 1882, p. 153): Qu'une société, rongée par l'érotisme, soit condamnée, les Soviétiques n'en doutent pas. Nous nous moquons de leur art pudibond et de leur « prêchi-prêcha » officiel.
Mauriac, Nouv. Bloc-Notes, 1961, p. 394. REM. 1. Pudibard, -arde, adj.,pop., vieilli, synon. de pudibondEt par là-dessus, c'est un président très pudibard (Goncourt, Journal, 1891, p. 22).Le bal des Quat'z'harpes, chuchotait un ami du pudibard sénateur Bérenger (Willy, Mouches des croches, 1894, p. 12). 2. Pudibondement, adv.D'une manière pudibonde. Le vieux Davesne (...) mime pudibondement, en des gestes resserrés et frileux (...) le récit de la confidente à Hippolyte (E. de Goncourt, Faustin, 1882, p. 68).Mais à ses étranges sourires (...), à ses phrases pudibondement interminées, on reconstituait les dessous de sa lamentable odyssée (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, 1ertabl., III, p. 48). Prononc. et Orth.: [pydibɔ
̃], fém. [-ɔ
̃:d]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1488 parties pudibundes « parties sexuelles » (Mer des hystoires, t. I, fol. 621ds Gdf. Compl.); 2. a) 1542 « (d'une femme) qui a une pudeur naturelle » (P. de Changy, Instit. de la femme chrest., p. 23, ibid.); b) 1690 « (d'une personne) qui a une pudeur mal fondée, exagérée » (Fur., qui qualifie le mot de ,,burlesque et ironique``); 1718 « qui traduit une pudeur exagérée » (Ac.). Empr. au lat.pudibundus « qui éprouve de la honte, de la confusion; qui témoigne la confusion» (ora pudibunda). Fréq. abs. littér.: 46. Bbg. Darm. 1877, p. 90 (s.v. pudibard). |