| PROTECTION, subst. fém. A.− 1. Action ou fait de soustraire quelqu'un ou quelque chose à un danger, à un risque qui pourrait lui nuire; fait de se protéger ou d'être protégé. Synon. assistance, défense; anton. menace, attaque.Moyen de protection; protection contre l'incendie. Partout les ambassadeurs le couvraient d'une protection illimitée (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 286).Mais la haute protection dont jouissait Gilbert lui donnait aux yeux de ses collègues un certain prestige (Arland, Ordre,1929, p. 401). a) [Accompagné d'un compl. adj. ou adnominal indiquant celui ou ce qui protège] Protection divine; protection aérienne, militaire, nucléaire. Elle se voyait (...) exilée en quelque sorte de sa patrie, privée de la protection paternelle, au milieu d'une cour étrangère (Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. 24).Et il la découvrit bientôt [la maison], toute basse, munie de contrevents verts, sous la protection d'une barrière en bois goudronné (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 444).Cette opération pourrait comporter une protection navale et un appui aérien par les forces de l'Empire britannique (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 580). − ADMIN. PUBL. Protection sociale. Prise en charge par la société des risques de maladie, des accidents du travail, du chômage et de la retraite. Tous les enfants, qu'ils soient nés dans le mariage ou hors du mariage, jouissent de la même protection sociale (Déclar. univ. Dr. Homme,1949, p. 7).Quatre projets de loi concernant la protection sociale des agriculteurs (Debatisse, Révol. silenc.,1963, p. 192). b) [Accompagné d'un compl. adj. ou adnominal indiquant celui ou ce qui est protégé] Protection de l'environnement, des sites, des sols; la protection des droits d'auteur, des prix; protection sanitaire. En somme, vous assuriez vous seule la surveillance et la protection de cette maison? (Bernanos, Crime,1935, p. 773).Ce plan comprenait la création (...) de « larges zones de protection forestière » (Forêt fr.,1955, p. 26). − Spécialement ♦ Protection civile. Mission de la puissance publique consistant à limiter les risques encourus par la population et à réduire les dommages causés aux biens matériels lors d'accidents, de catastrophes ou de cataclysmes (d'apr. Debb.-Daudet Pol. 1981). En matière de protection civile, le préfet de défense contrôle et coordonne les actions appelant la mise en œuvre de moyens excédant le cadre du département (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 303). ♦ Protection diplomatique. ,,Théorie en vertu de laquelle un État prend fait et cause pour l'un de ses ressortissants victime d'un dommage imputable à un État étranger`` (Debb.-Daudet Pol. 1981). ♦ Protection maternelle et infantile (abrév. P.M.I.). ,,Surveillance médico-sociale préventive de l'ensemble des femmes enceintes et des enfants du premier et du second âge`` (Lar. Méd. t. 3 1972). V. maternel ex. 4. 2. Loc. verb. ♦ Demander protection (à qqn). Solliciter son appui, son assistance contre des dangers ou des difficultés. La timide vierge levoit ses beaux yeux vers le duc de Bourgogne pour lui demander protection (Cottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 112).Tu vas aller chez le commissaire : tu lui diras (...) que tu demandes protection à la loi (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Signe, 1886, p. 1052). ♦ Mettre, placer sous la protection de qqn. Confier quelqu'un ou quelque chose à quelqu'un pour qu'il l'assiste et le secoure. Prince, je le place aussi [un recueil] sous votre protection royale (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 2, 1823, p. 497).Empl. pronom. réfl. On voit des hommes (...) qui abandonnent leurs domaines (...) et vont s'enfermer dans une ville, et se mettre sous la protection d'une église (Guizot, Hist. civilis.,leçon 7, 1828, p. 17).Désespéré, jugeant tout perdu, il courut à Ascalon se placer sous la protection de la garnison égyptienne (Grousset, Croisades,1939, p. 143). 3. Protection rapprochée. Protection exercée à l'entour immédiat d'un personnage important par ses gardes du corps, notamment lorsqu'il se déplace en public ou participe à des réunions, et visant avant tout à éviter qu'il ne soit victime d'un attentat. Ainsi les militants du SAC ne s'adonnent-ils pas seulement à la protection rapprochée de personnalités (Le Monde,31 juill. 1981ds R. Trad. 1983 no23/24, p. 43). B.− En partic. 1. Personne ou chose qui protège de certains dangers ou de certains risques. Synon. défense.Elle remarqua tout à coup qu'il portait des gants de filoselle noire, mince protection contre le vent du nord (Bernanos, Crime,1935, p. 734).Mais le silence même n'aurait pas été longtemps pour vous une protection efficace (Bernanos, Crime,1935p. 860).Le délégué jouit pourtant de diverses protections légales (Reynaud, Syndic. en Fr.,1963, p. 215): 1. Je connaissais assez le caractère espagnol pour être très sûr de n'avoir rien à craindre d'un homme qui avait mangé et fumé avec moi. Sa présence même était une protection assurée contre toute mauvaise rencontre.
Mérimée, Carmen,1847, p. 9. − Spécialement ♦ HYG. Protection périodique*. ♦ INFORMAT. Protection mémoire. Dispositif empêchant qu'un programme en cours d'exécution ne vienne perturber les informations appartenant à un autre programme (d'apr. Stern.-Lep. 1971, Morvan 1980, Microproc. 1981). 2. a) Attitude d'une personne influente qui use de son pouvoir pour favoriser la carrière ou les visées de quelqu'un; p. méton., cette personne elle-même. Synon. appui, piston (fam.).La protection spéciale du pape Innocent III, sa proche parenté avec l'empereur Frédéric Barberousse (Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. 2). ♦ Par protection. Par faveur. Le sire Ferry de Mailly et d'autres gentilshommes (...) furent amenés à Compiègne, mis à la torture, et puis suspendus au gibet, hormis le sire de Mailly, qui, par protection, fut sauvé (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 4, 1821-24, p. 91).On a demandé des tueurs de bœufs à l'abattoir, et il s'est fait embaucher là-dedans par protection (Barbusse, Feu,1916, p. 135). b) P. méton. Personnage qui use de son influence, de son pouvoir pour protéger quelqu'un, quelque chose. Synon. appui, protecteur.Cet homme a de belles protections (Ac.1835-1935).En pays turc, une protection vaut mieux qu'un droit (Nerval, Voy. Orient,t. 2, 1851, p. 42): 2. − J'ai surtout compris, dit Ingelby (...) que vous nous avouez ici, au milieu de gens honorables, de singulières accointances avec l'ennemi et des protections plus que suspectes...
Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 318. C.− ÉCON. POL. Système visant à préserver l'industrie et les produits nationaux de la concurrence étrangère; ensemble des mesures prohibitives ou restrictives prises à cet effet. C'est donc l'agriculture qui demanda et obtint la protection douanière (Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1966, p. 407).L'intervention de produits extérieurs sur un marché crée des perturbations pour la production et pour le commerce dans le pays importateur; aussi des accords, des mesures de protection sont adoptés (Wolkowitsch, Élev.,1966, p. 186). Prononc. et Orth. : [pʀ
ɔtεksjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1200 protections « action de défendre, de protéger » (Dialogue Grégoire, éd. W. Foerster, p. 357 : sa plus large protections entor nos); b) 1906 protection des sites (d'apr. Nouv. Lar. ill. Suppl. 1907, s.v. Protection des paysages de France); 1930 protection sociale (Lar. comm.); 1933 protection maternelle et infantile (Biot, Pol. santé publ., p. 55); 1951 protection civile (J.O., 18 nov., p. 11444, col. 1); 1963 protection diplomatique (Lar. encyclop.); 1967 protection routière (Dub.); 1969 informat. protection des fichiers, de mémoire (Guilh.); 1971 protection de l'environnement (Tern.); 1981 protection rapprochée (Le Monde, 31 juill. ds R. Trad., loc. cit.); 2. a) xiiies. proteccions « personne ou chose qui constitue une défense, un abri » (Légende de Théophile ds Bartsch-Horning, col. 476, 2 : dama, tu es proteccions/d'umain lignage); b) 1932 « enduit placé sur un métal pour le préserver de l'oxydation » (Lar. 20e); c) 1963 électr. « dispositif permettant de détecter et d'éliminer les anomalies survenues dans un réseau de transport ou une installation électrique » (Lar. encyclop.); 3. 1633 « action de favoriser les intérêts, la carrière de quelqu'un » (Voiture, Lettres, éd. A. Ubicini, t. 1, p. 191); 4. 1664 écon. pol. (Colbert, Lettres, Instructions et Mémoires, éd. P. Clément, t. 2, p. CCLXVII ds Kuhn, p. 207); 5. 1745 « action de favoriser une activité » (Ch. Duclos, Hist. de Louis XI, t. 2, p. 464 : accorder une protection singuliere aux arts et aux talens); 6. 1746 « comportement protecteur » (La Morlière, Angola, t. 1, p. 154 : air de protection). Empr. au b. lat. et lat. chrét. protectio « abri, défense; protection (de Dieu) », dér. de protegere (protéger*). Fréq. abs. littér. : 1 770. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 602, b) 2 056; xxes. : a) 1 957, b) 2 173. |