| PROPAGATION, subst. fém. A. − Multiplication des espèces animales et végétales par voie de reproduction. Le sévère directeur [de conscience] expliqua les opinions de l'Église, qui ne voit dans le mariage que la propagation de l'humanité, qui réprouve les secondes noces et flétrit les passions sans but social (Balzac, Pierrette, 1840, p.92).À la vérité, on ne règlera jamais la reproduction des humains comme celle des animaux. Cependant, il deviendra possible d'empêcher la propagation des fous et des faibles d'esprit (Carrel, L'Homme, 1935, p.364): 1. Il semble que la nature, en donnant aux hommes un goût pour les femmes, entièrement indestructible, ait deviné que, sans cette précaution, le mépris qu'inspirent les vices de leur sexe, principalement leur vanité, serait un grand obstacle au maintien et à la propagation de l'espèce humaine.
Chamfort, Max. et pens., 1794, p.63. B. − Fait de s'étendre de proche en proche; progression, diffusion dans un milieu. Propagation d'un incendie, d'une épidémie; propagation de la chaleur. L'abaissement de température produit par la détente des gaz de la combustion à travers les chicanes (...) suffirait à empêcher toute propagation de la flamme [du grisou] à l'extérieur de l'enveloppe [de la dynamo] (Haton de La Goupillière, Exploitation mines, 1905, p.654): 2. En établissant de façon indiscutable le fait que les maladies infectieuses sont toujours dues à la présence dans le corps humain d'un germe, et que celui-ci provient obligatoirement d'un même germe lui ayant donné naissance, il [Pasteur] a, une fois pour toutes, affirmé la propagation des maladies infectieuses.
Quillet Méd.1965, p.191. − PHYS. [Concernant un phénomène vibratoire] Mouvement d'une onde sonore ou lumineuse s'éloignant de son origine. La plus ancienne détermination d'une distance par le temps de propagation d'une onde fut peut-être l'estimation de la distance d'un orage par le temps écoulé entre la vision de l'éclair et le bruit du tonnerre (Decaux, Mesure temps, 1959, p.42).Les équations de Maxwell ont donc permis de traiter les problèmes qui font intervenir la propagation de la lumière dans les milieux diélectriques isotropes et dans les milieux conducteurs (Prat, Opt., 1962, p.120): 3. Pascal se moquait d'un jésuite qui disait que la lumière était le mouvement luminaire des corps lumineux. Ces corps reparaissent sous le nom de Photon. Le mouvement luminaire peut s'entendre au sens de propagation ondulatoire, et le jésuite se trouve assez justifié.
Valéry, Mauv. pens., 1942, p.219. C. − Au fig. Diffusion dans le public d'une rumeur, d'une information, d'une croyance, d'une doctrine, etc. Propagation de fausses nouvelles. Parmi cette foule de connaissances, les unes de théorie, les autres d'application, dont la propagation et les progrès sont avantageux au public, il y en a heureusement beaucoup que les particuliers sont personnellement intéressés à acquérir, et dont la société peut se dispenser de payer l'enseignement (Say, Écon. pol., 1832, p.487).Si vous cherchez cette amélioration, que j'espère aussi, par le jeu sincère des institutions libres, par l'expansion et la propagation de toutes les lumières et de toutes les vertus, comptez-moi au nombre de vos amis politiques (Lamart., Corresp., 1833, p.361).La généralisation des idées a pour effet inévitable leur propagation et leur diffusion (Cousin, Hist. philos. mod., t.2, 1846, p.7). − RELIG. CATH. Propagation de la foi. Institution ayant pour but la diffusion de la foi chrétienne (v. propagande A). Ces lignes étaient écrites en 1890 par un père de la rue du Bac, «missionnaire en Cochinchine orientale», et son ouvrage monumental était publié sous l'égide de la Propagation de la foi (Philos., Relig., 1957, p.46-2). Prononc. et Orth.: [pʀ
ɔpagasjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. xiiies. «rejeton, enfant» (Bible, Maz. 684, fo122b ds Gdf., hapax); 2. ca 1380 «action de multiplier la race par reproduction» (Jean Lefèvre, Trad. La Vieille, 34 ds T.-L.); 3. a) 1688 «action de propager la religion» (Miege); b) 1690 «action de propager une idée quelconque» (Fur.); c) phys. 1690 (ibid.); d) méd. 1812 (Mozin-Biber). Empr. au lat. propagatio «provignement, extension, agrandissement, prolongation», dér. de propagare (propager*). Fréq. abs. littér.: 262. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 383, b) 254; xxes.: a) 183, b) 540. Bbg. Dub. Pol. 1962, p.390. |