| ![]() ![]() ![]() ![]() PRONONCER3, verbe trans. A. − BEAUX-ARTS, vx. Dessiner avec fermeté, rendre sensible (un détail); rendre avec beaucoup de force, de netteté (certaines parties d'un tableau, d'une sculpture). Prononcer (trop) un bras, un muscle; prononcer le méplat, la saillie (d'un plan); prononcer un ton, une couleur. J'ai légèrement prononcé ces derniers [des clairs vifs] sur cette masse, et il a suffi de colorer avec des tons chauds et reflétés toute la partie ombrée (Delacroix,Journal, 1847, p.234). − P. méton. [Le suj. désigne une oeuvre d'art] Sa première oeuvre [d'Ingres] prononçait encore à la manière davidienne, des formes saillantes (Hourticq,Hist. art, Fr., 1914, p.346). ♦ [Le suj. désigne le moyen] La touche employée comme il convient sert à prononcer plus convenablement les différents plans des objets (Delacroix,Journal, 1857, p.18). − Prononcé de + compl. de moyen.Les clairs ajoutés ensuite (...) et (...) tous les endroits colorés, soit dans l'ombre, soit dans les clairs plus prononcés de rouge (Delacroix,Journal, 1853, p.3). − Empl. pronom. à sens passif. C'est que ce point lumineux ne se prononce que sur les parties frappées en plein par le jour, qui ne fuient point sous le jour (Delacroix,Journal, 1857, p.13). − Empl. pronom. réfl. [Le suj. désigne l'objet du procès prononcer] [La sculpture] n'était au commencement qu'un relief timide dont les profils étaient définis au moyen d'une vive coloration; plus tard elle s'accusa par une saillie plus forte et qui se prononçait d'elle-même (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin, 1876, p.61). B. − P. ext. 1. a) Accentuer, marquer. [Recommandation pour l'exercice no1] Prononcer largement le mouvement d'attaque [du poignet] (Cortot,Techn. pianist., 1928, p.78). − P. méton., rare. [Le suj. désigne une ligne, un contour] Synon. dessiner: 1. Si la robe s'arrache à la rebelle ronce,
L'arc de mon brusque corps s'accuse et me prononce,
Nu sous le voile enflé de vivantes couleurs
Que dispute ma race aux longs liens de fleurs!
Valéry,J. Parque, 1917, p.100. b) [À propos des rides d'expression, des marques causées par l'âge; le suj. désigne ici la cause du procès prononcer] Synon. creuser.Je lui disais [à Andrieu], en retouchant la Vénus, que les natures jeunes avaient quelque chose de tremblé, de vague, de brouillé ; l'âge prononce les plans (Delacroix,Journal, 1852, p.491).Je n'ai encore que trente ans, dit Chasseboeuf, avec ce fin sourire qui, aidé du soleil d'Orient, avait déjà prononcé des rides sur les pommettes saillantes de son visage (Nerval,Fayolle, 1855, p.37). c) Empl. pronom. réfl. − Synon. de s'accentuer, s'accuser, se marquer.Et la belle fibre tout entière de son corps [d'une danseuse] net et musculeux, de la nuque jusqu'au talon, se prononce et se tord progressivement et le tout frémit (Valéry,Eupalinos, 1923, p.24). 2. Se prononcer a) Dans des domaines techn. Synon. de se manifester, faire son apparition*.Mais plus loin se prononce un facies schisteux (Lapparent,Abr. géol., 1886, p.240).Vers le 5èmejour se prononcent les hémorragies (Teissierds Nouv. Traité Méd.fasc. 21928, p.269). b) [En parlant d'un phénomène] S'intensifier, s'accentuer, s'aggraver. On voit (...), vers le milieu du XIXesiècle, se prononcer dans notre littérature une volonté remarquable d'isoler définitivement la poésie, de toute autre essence qu'elle-même (Valéry,Variété[I], 1924, p.103): 2. ... se retrouvant sur le même terrain, celui de la politique à main armée et de la guerre, les différences de caractère et de vues qui avaient déjà paru entre eux [Frédéric II et le prince Henri] précédemment se prononcèrent encore.
Sainte-Beuve,Caus. lundi, t.12, 1856, p.385. Prononc. et Orth. V. prononcer1. Étymol. et Hist. A. 1. 1121-34 «dire en public, déclarer» (Philippe de Thaon, Bestiaire, 2996 ds T.-L.); 2. ca 1225 «articuler d'une certaine façon les phonèmes et les mots» (Gautier de Coincy, Mir. Vierge, II Mir 30, éd. V. F. Koenig, 4, p.407); 1546-49 le prononcer (Marguerite de Navarre, Heptameron, 26 ds Hug.); 3. 1277 «déclarer avec autorité» (A. N. S. 4947, pièce 1 ds Gdf. Compl.); 1283 prononcier le jugement (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, t.I, 23); 1694 prononcer soi-même sa condamnation (Ac.); 4. 1667 part. passé «qui est fortement marqué» (d'un détail) (Le Brun, Conf., p.53-54 ds Brunot t.6, 2, 1, p.1384); 1668 inf. (Dufresnoy, L'art de peinture, trad. de Piles, IV vo). B. 1. 1585 verbe intrans. «prendre parti, prendre une décision» (Noël du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, II, 223); 2. 1587 prononcer contre qqn «formuler un arrêt contre lui» (Guillaume du Vair, Actions et traictez oratoires, éd. R. Radouant, p.129). C. 1. 1569 verbe pronom. «être articulé» (R. Estienne, Traicté de la gramm. franç., préf., p.4); 2. 1795 «manifester avec autorité ses décisions» (Snetlage, Nouv. dict. fr. ds Quem. DDL t.11); 3. 1830 «s'accentuer, s'accuser (en parlant des plis sur le front)» (Balzac, Mais. chat, p.20). Empr. au lat. pronuntiare «annoncer à haute voix, raconter», «proclamer, publier», «prononcer une sentence», «prononcer une lettre, un mot», «déclamer». STAT. −Prononcer1, 2 et 3. Fréq. abs. littér.: 5639. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 8964, b) 6826; xxes.: a) 8848, b) 7350. |