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PROMESSE, subst. fém.
A. −
1. Assurance, le plus souvent verbale, de faire ou de dire quelque chose. Synon. engagement, parole, serment.Il tint parole, chose rare. Sans lui, sans ses encouragements, sans ses promesses, rien n'était possible (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p.191).N'oubliez pas que je considère votre promesse comme ferme et que je vous attends à Prague entre le 20 juillet et le 15 septembre (Claudel, Corresp.[avec Gide], 1911, p.181):
1. Là le duc de Bourgogne offrit ses services au dauphin, jura de servir lui et le roi son père contre tous leurs adversaires. Le dauphin reçut cette promesse et jura de son côté d'aider et défendre de tout son pouvoir le duc... Barante, Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.109.
SYNT. Promesse écrite, formelle, mutuelle, orale, sacrée, solennelle, verbale; promesse d'alliance, d'argent, de discrétion, d'obéissance, de paix, de pardon, d'une prime, de renoncement; téméraire promesse; accomplir, donner, enfreindre, garder, oublier, ratifier, remplir, renouveler, signer, violer sa/ses promesse(s); être fidèle, manquer à sa/ses promesse(s); être lié par une promesse; compter sur la promesse de qqn; revenir sur sa promesse; malgré, selon, suivant sa/ses promesse(s).
Promesse à temps. Promesse temporaire. L'adhésion à la révolution ne doit pas être une promesse à temps sur laquelle il soit un jour licite de revenir (Nizan, Conspir., 1938, p.64).
Promesse de + inf.Quoi qu'il en soit, reçois ici mon inviolable promesse de n'avoir jamais d'autre femme que toi et de devenir ton mari sitôt que cela sera en mon pouvoir (Hugo, Lettres fiancée, 1820, p.24).En retour de leur promesse de ne s'évader point et d'observer les lois du Reich, ils se trouvaient affranchis des barbelés et goûtaient toutes les ivresses du chien à l'attache (Ambrière, Gdes vac., 1946, p.275).
Promesse que.L'amitié n'est plus possible entre nous sans un pacte, une promesse solennelle qu'elle sera un jour autre chose (Montherl., J. filles, 1936, p.1051):
2. Le surlendemain arriva à la hâte un officier supérieur, aide de camp du maréchal, tout exprès envoyé pour apporter ses très humbles excuses, ses plus humbles respects et la promesse qu'il ne le ferait plus. Vigny, Mém. inéd., 1863, p.86.
Faire une promesse. S'engager moralement. Oui, j'aime qu'on rapporte sa paie et qu'on soit de parole, quand on a fait une promesse (Zola, Assommoir, 1877, p.704).
SCOUTISME. Promesse (scoute). ,,Engagement personnel du jeune au projet commun du groupe auquel il adhère`` (Éduc. 1979). Faire sa promesse.
Mentir à sa/ses promesse(s). Ne pas tenir sa/ses promesses. On verrait un peu si l'oncle oserait mentir une fois encore à ses promesses, en face d'un mourant, dans une chambre si triste, qu'une lampe fumeuse éclairait mal (Zola, Pot-Bouille, 1882, p.345).
Rendre sa/ses promesse(s). Délier quelqu'un de sa parole. Dites-lui que je lui rends ses promesses, que moi-même je la prie de se donner au ciel (Cottin, Mathilde, t.2, 1805, p.304).
Tenir sa/ses promesse(s). Accomplir ce qui a été promis. Il est revenu, heureux de la revoir et heureux aussi d'avoir tenu ses promesses, d'avoir vécu toute une année en garçon sage, sans sacrer ni boire (Hémon, M.Chapdelaine, 1916, p.102).
Expr. et loc.
Promesse de Gascon. V. gascon B 2.
Promesse de marin. Promesse qu'il ne faut pas croire. Protée: Mais il a déjà dû te promettre quelque chose? Brindosier: Promesse de marin! Il jure trop facilement (Claudel, Protée, 1927, i, 5, p.376).
Promesse des grands n'est pas héritage (vx). ,,Il ne faut pas se fier aux promesses des grands`` (Rey-Chantr. Expr. 1979).
DR. CIVIL. ,,Engagement de contracter une obligation ou d'accomplir un acte`` (Cap. 1936). Promesse d'achat, de bail.
Promesse de mariage. ,,Engagement pris envers une personne de contracter mariage avec elle`` (Cap. 1936). Après le prône, le curé annonça du haut de la chaire qu'il y avait promesse de mariage entre Victoire-Adélaïde Martin et Joséphin-Isidore Vallin (Maupass., Contes et nouv., t.1, Martine, 1883, p.113).
Promesse de vente. ,,Contrat unilatéral, par lequel une personne s'engage à vendre une chose à l'autre partie, sans que celle-ci consente immédiatement à l'acheter`` (Lemeunier 1969). Les actes d'acquisition se font par promesses de vente sous seing privé jusqu'à ce que nous soyons maîtres de tous les terrains (Balzac, C. Birotteau, 1837, p.16).
Sur la promesse de.Une saisie faite chez une jeune personne qui avait meublé un appartement à crédit, sur la promesse d'un lieutenant de chasseurs (Jouy, Hermite, t.5, 1814, p.162).
RELIG. Enfants, peuple de la promesse. Les élus. Jadis les Hébreux, héritiers de la promesse faite par Dieu à Abraham et ses descendants (...); depuis: les élus appelés à l'héritage du ciel (Marcel1938).
2. Au plur. Paroles prodiguées sans intention ou sans possibilité de les mettre à exécution. Promesses mensongères, mirobolantes, ronflantes, trompeuses; promesses électorales; promesses en l'air; bercer qqn de promesses; faire des promesses, de belles promesses; payer qqn de promesses/en belles promesses. Ah! ils ne sont pas chiches de bonnes paroles. Veux-tu des promesses, en voilà! Et ils vous nourrissent de vieilles semelles, et ils vous flanquent à la porte comme des chiens! (Zola, Bonh. dames, 1883, p.546).Plus ils accumulaient de belles promesses, plus les gens sérieux soupçonnaient des pièges (...) car les utopistes eussent mené le monde à des désastres, à la tyrannie et à la bêtise, si on les avait écoutés (Sorel, Réflex. violence, 1908, p.201):
3. Nous le gagnerons par des flatteries, par des présents, et surtout par des promesses. Les promesses coûtent moins que les présents et valent beaucoup plus. Jamais on ne donne autant que lorsqu'on donne des espérances. A. France, Île ping., 1908, p.215.
Fam. Se ruiner en promesses. ,,Faire beaucoup de promesses qu'on ne tient pas`` (Ac. 1835-1935).
B. −
1. [À propos de qqn] Espérance que l'on conçoit des qualités ou des talents d'une personne. Être riche de promesses. Ce caractère si pur, si noble, si sensible, qui a tenu toutes les promesses de l'enfance (Krüdener, Valérie, 1803, p.262).Près de lui [le chanteur], l'autre [sa femme] ne semblait guère qu'une élève, admirablement douée, la promesse d'un génie futur (A. Daudet, Femmes d'artistes, 1874, p.84).On a dit que la beauté est une promesse de bonheur (Proust, Prisonn., 1922, p.140):
4. Tu passais dans le soleil, avec ta chevelure d'or; tu étais une promesse m'annonçant que tu me ferais connaître, un jour, la nécessité de cette création, de cette terre, de ces arbres, de ces eaux, de ce ciel, dont le mot suprême m'échappe encore... Zola, Faute Abbé Mouret, 1875, p.1407.
2. [À propos de qqc.] Assurance ou espérance que semblent donner certaines choses, certains événements. Promesse de beau temps. Ce soir-là, le crépuscule apportait, dans sa pâleur sereine, la promesse d'une splendide matinée (Zola, Faute Abbé Mouret, 1875, p.1472).En avril, quand on s'est mariés, les pêchers étaient en fleurs. Ils recommencent à fleurir, c'est une promesse (Ramuz, Derborence, 1934, p.58):
5. ... l'étrange appel que je ne cesserais plus jamais d'entendre comme la promesse qu'il existait autre chose, réalisable par l'art sans doute, que le néant que j'avais trouvé dans tous les plaisirs et dans l'amour même... Proust, Prisonn., 1922, p.263.
Plein de promesses. Une terre pleine de promesses. Le nom de la Grèce, plus encore que celui de l'Espagne ou de l'Italie, est plein de promesses (About, Grèce, 1854, p.2).Le cinéma, art plein de promesses, allait faire profiter de ses techniques toutes neuves le roman (Sarraute, Ère soupçon, 1956, p.12).
En partic. Promesse de.Annonce, signe de. Promesse de pluie, de vent. Toute rougeur mal placée, toute altération de la peau lui semblaient promesses de chancre (Arnoux, Double chance, 1958, p.168).
Prononc. et Orth.: [pʀ ɔmεs]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Ca 1150 «action de promettre quelque chose» (Conte de Flore et de Blancheflor, éd. J.-L. Leclanche, 1405); 2. 1607 [éd.] «assurance ou espérance que semblent donner certaines choses, certains événements» (Malherbe, Prière pour le roy allant en Limozin ds Le Parnasse des plus excellens poetes de ce temps, t.1, fo32 vo). Empr. au b. lat. promissa, fém. «action de promettre quelque chose» (fin du ves. ds Blaise, Lat. chrét.), issu du plur. du subst. neutre promissum «id.», lui-même issu par subst., du part. passé de promittere, v. promettre. Fréq. abs. littér.: 3243. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5003, b) 3858; xxes.: a) 4212, b) 4922.