| PROHIBITION, subst. fém. A. − Interdiction promulguée par une autorité; p.méton., mesures qui en découlent. Prohibition de l'inceste; prohibition du port d'armes; prohibition des stupéfiants. La croyance nouvelle (...) allait bientôt décréter à son tour certaines prohibitions et parmi celles-ci l'interdiction du mariage entre proches (Gaultier,Bovarysme, 1902, p.154).V. inceste A 1 ex. du Monde dimanche: 1. Sous Louis XI, les prohibitions devinrent plus sévères (...): ce tyran (...) fit menacer par son parlement de la confiscation, des verges et du bannissement, tous clercs, tant du Palais que du Châtelet, qui joueraient des farces et des sotties...
Sainte-Beuve,Tabl. poés. fr., 1828, p.178. ♦ P. métaph. [Les pédants étourdis] renouvellent leur prohibition du grotesque allié au sublime (Hugo,Préf. Cromw., 1827, p.18). − Vx ou littér. Prohibition de + inf.Les servitudes non apparentes sont celles qui n'ont pas de signe extérieur de leur existence, comme (...) la prohibition de bâtir sur un fonds (Code civil, 1804, art. 689, p.126).Comme la prohibition d'écrire ne s'étend pas jusqu'à moi, je veux vous faire mention d'Agnès de Catane dont on raconte ici la romanesque histoire (Sand,Lélia, 1839, p.486).J'ai peint la figure de Pan, la passion de l'univers travaillé par la prohibition de subsister (Claudel,Art poét., 1907, p.160). B. − 1. ÉCON. POL. Interdiction d'importer, d'exporter certains produits, pour des raisons diverses (salubrité, sécurité publique, fiscalité, protection douanière). Prendre des mesures de prohibition; prohibitions à l'importation, à l'exportation. Pourquoi êtes-vous forcés d'approuver la prohibition de l'exportation des grains à l'étranger toutes les fois que l'abondance n'est point assurée dans l'intérieur? (Robesp.,Discours, Subsist., t.9, 1792, p.113).V. convention1ex. 1: 2. On a vu (...) des fabricans de chapeaux de Marseille solliciter la prohibition d'entrée des chapeaux de paille venant de l'étranger, sous prétexte qu'ils nuisaient au débit de leurs chapeaux de feutre!
Say,Écon. pol., 1832, p.180. ♦ Droit de prohibition. Taxe de douane très élevée équivalant à la prohition d'importation ou d'exportation d'un produit. Synon. droit prohibitif*.La protection, n'est-ce pas? La surtaxe, un droit de prohibition sur les blés étrangers, pour que les blés français doublent de prix! (Zola,Terre, 1887, p.369). 2. En partic., absol., HIST. Interdiction d'importer, de fabriquer, de vendre et de consommer de l'alcool aux États-Unis (de 1919 à 1933). À New-York (...) la prohibition a supprimé l'ivresse officielle (Morand,New-York, 1930, p.77).−Quoi donc, s'étonna Caracalla, n'importe qui peut entrer [au bar], il suffit de connaître le nom de la patronne! −C'était la même chose pour les speakeasies, à New-York, du temps de la prohibition (Vailland,Drôle de jeu, 1945, p.58). Prononc. et Orth.: [pʀ
ɔibisjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1237 «interdiction absolue» (Franchises commerciales accordées par la commune de Londres aux marchands d'Amiens, de Corbie et de Nesle ds A. Thierry, Rec. des Monuments inéd. de l'Hist. du Tiers État, t.1, p.805); 2. 1890 la prohibition «interdiction de vendre certaines boissons alcoolisées (dans un état américain)» (La vie polit. à l'étranger, p.384 ds Quem. DDL t.21); plus spéc. 1927 «interdiction des boissons alcoolisées sur tout le territoire des États-Unis» (A. Siegfried, Les États-Unis d'aujourd'hui, p.67 ds Rey-Gagnon Anglic.). Empr. au lat. prohibitio «interdiction, défense», dér. de prohibere, v. prohiber; au sens 2 d'apr. l'usage de l'angl. prohibition aux États-Unis (1851 ds Americanisms) plus spéc. à propos de l'interdiction nationale du dix-huitième amendement de la Constitution des États-Unis du 16 janv. 1919 dont l'application relevait du National Prohibition Act appelé Volstead Act (v. Americanisms, DAE, Encyclop. Brit.). Fréq. abs. littér.: 95. |