| PROFOND, -ONDE, adj., adv. et subst. I. − Adjectif A. − Dans le domaine concr. 1. [Suivant une direction vers le bas] a) [En parlant d'un récipient, d'un contenant] − Profond de + indication de mesure.Dont la hauteur interne, par rapport aux autres dimensions, est de. [La source était] une étroite cuve naturelle creusée par l'eau dans un sol glaiseux, profonde d'environ deux pieds (Hugo, Misér., t.1, 1862, p.467): 1. ... les quatre compagnies d'assaut (...) poussèrent d'un coup jusqu'au fossé même qui, large de 10 mètres et profond de 5 mètres, entre ses murs abrupts de grosses pierres carrées, enferme tout l'ouvrage...
Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p.274. − Absol. Dont la hauteur interne est grande par rapport aux autres dimensions; dont le fond est éloigné du bord, de l'orifice, de la surface. Bassin, cratère, fossé, gouffre, précipice, puits, trou, sac profond; boîte, caisse, crevasse, fosse, gorge, grotte, ornière, poche, vallée profonde. Ce petit visage barbare, avec ses pommettes mongoles, la dépression profonde des orbites sous le double arc frontal (Bernanos, M. Ouine, 1943, p.1376).Région. (Belgique). Assiette profonde. ,,Assiette creuse`` (Piron Belgique 1978, p.54). ♦ En partic. [En parlant des eaux naturelles] Fleuve profond; eau, mer, rivière profonde: 2. ... [je ne cherche pas] comme cela nous arrivait souvent dans le champ du père Martin, cette fontaine profonde et tarie couverte d'un grillage, enfouie sous tant d'herbes folles qu'il fallait chaque fois plus de temps pour la retrouver...
Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p.186. b) Qui pénètre très avant dans le sol, dans une épaisseur. Racines profondes. Immédiatement semé après les pluies d'automne, il profite du bref ralentissement causé par l'hiver pour pousser dans le sol des radicelles profondes (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p.134). c) Qui est situé à un niveau beaucoup plus bas que la surface ou la ligne de référence. Couches, régions, zones profondes; fosses profondes de l'océan; eaux profondes des mers. Pêle-mêle, au hasard du coup de filet, les algues profondes, où dort la vie mystérieuse des grandes eaux, avaient tout livré: les cabillauds, les aigrefins, les carrelets (Zola, Ventre Paris, 1873, p.697): 3. Il savait qu'on pouvait faire soixante pas en ligne droite, et qu'après, il était nécessaire de suivre le mur à tâtons pour ne pas se heurter à l'escalier souterrain du temple. La grande fraîcheur de la terre profonde le calma peu à peu.
Louys, Aphrodite, 1896, p.98. ♦ P. métaph. Couches, régions, zones profondes de + subst. (psychol.). V. couche II A 3 c ex. de Bergson et de Druon. − Spécialement ♦ ANAT. Qui est éloigné de la surface; qui est très implanté dans les chairs. Couches profondes du derme; muscle fléchisseur profond. V. cubito-phalangettien (synon. s.v. cubito- A 1). ♦ COUT., MODE. Très échancré. Décolleté profond. V. décolleté B ex. de Villard. ♦ OCÉANOGR. Benthos* profond. Synon. benthos abyssal*, benthos* aphytal; anton. benthos* littoral, néritique.V. abysse ex. 4. d) [En parlant d'un mouvement] Qui descend très bas. Forage profond; pénétration profonde. V. percée ex. de Sainte-Beuve. − En partic. En s'inclinant très bas. Profonde révérence; profond salut. V. inclination A ex. de Huysmans. 2. [Suivant d'autres directions dans l'épaisseur de qqc., notamment d'avant en arrière] a) Qui s'étend très loin de l'ouverture; dont le fond est très retiré par rapport à la façade, à la partie visible. Grotte, maison, pièce profonde; placard profond. Dans un golfe profond est une île dont les flancs se courbent et forment un port (Chênedollé, Journal, 1833, p.185).L'appartement n'avait qu'une seule pièce, pouvant servir d'atelier, avec une alcôve profonde séparée de l'atelier par un rideau (Triolet, Prem. accroc, 1945, p.121). − [En parlant d'un siège] Dont le fond est reculé du bord, où l'on peut s'enfoncer. Divan, fauteuil profond; banquette profonde. Olivier (...), quittant le jeu, jetant les cartes, bâillant, disant: Je m'ennuie, et allant s'enfouir dans une profonde bergère (Fromentin, Dominique, 1863, p.71). b) Qui pénètre loin à l'intérieur de quelque chose. Blessure, cicatrice, entaille, plaie, ride profonde: 4. Pour la première fois les marques profondes que la maladie avait creusées sur le visage de la mère Chapdelaine parurent à son mari et à ses enfants être autre chose que des signes passagers de douleur...
Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p.222. c) Dont le centre est très éloigné du bord. Synon. épais.Forêt profonde. V. bois ex. 1. − P. anal. Qui a beaucoup d'épaisseur. En quelques endroits où la terre était moins profonde, l'herbe seule couvrait le sol (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p.27). ♦ DÉFENSE, vx. Ordre profond. ,,Disposition d'une troupe sur une grande profondeur`` (Littré). Anton. ordre mince* (vx).Le règlement d'août 1791 (...) admettait l'attaque en ordre profond, par colonne de bataillon (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p.278).V. mince I B 1 a ex. de Chateaubriand. B. − P. métaph. ou p.anal., littér. 1. Dans le domaine visuel.Qui provoque une impression de profondeur, d'épaisseur, d'intensité. Nuit profonde; ténèbres profondes. Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait À l'âme en secret Sa douce langue natale (Baudel., Fl. du Mal, 1857, p.87).Ils avançaient lentement (...) et les repoussaient (...) vers l'arrière. L'humidité pénétrante et l'horreur de l'obscurité profonde, collée aux parois du navire, les aidaient (Peisson, Parti Liverpool, 1932, p.194). ♦ [En parlant des yeux, du regard] Yeux profonds. Ce regard anxieux, profond, fixé sur moi, me causait une impression étrange (Loti, Mon frère Yves, 1883, p.116): 5. Elle venait de faire admirer dans Sieglinde, les plus beaux et les plus épais cheveux roux; et voici qu'elle revenait blonde, avec un teint de lys, l'oeil profond, une face étrange, énigmatique.
Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p.27. − En partic. [En parlant d'une couleur, d'une nuance] Qui est très prononcé. Synon. foncé, intense.Bleu profond. La mare était bleue, d'un azur profond (Zola, Assommoir, 1877, p.432): 6. Le campo de l'Isla Menor, à trente kilomètres de Séville, s'étendait à perte de vue, couvert d'une herbe grasse, au vert profond et presque sombre, nourrie par les inondations du Guadalquivir.
Montherl., Bestiaires, 1926, p.406. 2. Dans le domaine auditif.Qui semble avoir son siège dans un lieu ou une partie du corps très en profondeur. Synon. caverneux, grave, sépulcral.Voix profonde; son, bruit, grondement profond; gémissement, sanglot profond. La lyre sur laquelle elle fait entendre quelques notes profondes (Valéry, Variété III, 1936, p.112): 7. Un faible et profond murmure entrait par les fenêtres, peuplait maintenant le silence revenu et faisait vivre sourdement autour de nous la chambre vide.
Gracq, Syrtes, 1951, p.113. 3. [En parlant de la respiration] Très intense, qui se fait jusqu'au fond des poumons. Soupir profond; faire une inspiration profonde. Il fit une profonde aspiration, comme si l'air qu'il inhalait devait calmer ses nerfs, qu'il sentait vibrer à l'intérieur de lui (Montherl., Célibataires, 1934, p.793).Conan (...) relança sa pipe, en aspirant quelques profondes bouffées (Vercel, Cap. Conan, 1934, p.98). 4. Qui affecte la personne humaine en profondeur, dans une de ses parties vitales. Anton. léger.Atteinte, lésion profonde. Le médecin dit qu'elle a un trouble nerveux très profond... Il paraît que la montagne ne lui vaut rien (Bourget, Disciple, 1889, p.168): 8. Telle femme, à l'appel de son ancien nom, tombait comme morte, de terreur et de saisissement, dans une crise nerveuse semi-cataleptique si profonde qu'il fallait parfois plusieurs heures pour la faire revenir à elle.
Gide, Voy. Congo, 1927, p.800. − [P. méton.] PSYCHOPATHOL. (Arriéré, débile) profond. (Personne) dont le quotient intellectuel est inférieur à 20. Anton. (débile) léger.Sans compter les débiles profonds, on dénombre en France plus d'un million d'enfants souffrant de troubles psychomoteurs (Le Monde, 3 mars 1976, p.20, col. 1). C. − Dans le domaine abstr. 1. Dans le domaine des activités des êtres supérieurs correspondant à leurs facultés supérieures (intellectuelles, morales, spirituelles) a) [Postposé; en parlant d'une pers. ou, p.méton., d'une de ses facultés] Qui approfondit la réalité vécue ou pensée, qui va au fond des choses, qui témoigne d'une grande élévation d'esprit ou de coeur ou de jugement, ou qui a une grande perspicacité (dans les limites de la fonction ou de la capacité de l'agent que désigne le subst.). Synon. élevé, pénétrant.Être, paraître profond; coeur, esprit, écrivain, génie, homme profond; âme, intelligence profonde. Tromper les hommes est l'adresse d'un guide profond (Senancour, Rêveries, 1799, p.123).Il est impossible que celui qui créa le restaurant ne fût pas un homme de génie et un observateur profond (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p.283): 9. En quoi sommes-nous supérieurs aux Grecs? (...) Nos philosophes sont-ils plus sages que ne furent les leurs et voit-on en France ou en Allemagne un penseur plus profond qu'Héraclite d'Éphèse?
A. France, Vie fleur, 1922, p.539. − [P. méton.; en parlant d'une activité ou d'une production de l'esprit ou du coeur ou de l'âme] Connaissance, méditation, pensée(s), réflexions, retraite, formule, parole profonde(s); texte profond; oeuvre profonde; sens profond d'un mot, d'une phrase, d'un texte; cause(s), raison(s) profonde(s); réalité, vérité profonde. Peut-être y a-t-il un symbole profond caché dans le dessin de Maurice? (Flaub., Corresp., 1872, p.355): 10. Il faut déjà une science profonde pour comprendre que les passions, et leurs preuves si vives, dépendent des mouvements du corps, et que, pour dénouer la colère, il suffit de dénouer les poings.
Alain, Propos, 1914, p.177. ♦ En partic., vieilli. Science(s) profonde(s). Science(s) difficile(s) ou réputée(s) telle(s), dont l'accès est réservé à quelques initiés. Parler de la philosophie et des sciences profondes comme de théories trop supérieures à un être borné (Condorcet, Esq. tabl. hist., 1794, p.166).La religion n'était pas (...) une chose toute claire et facile, mais une science abstraite et profonde que Dieu avait pris soin de couvrir de multiples voiles (Tharaud, Mille et un jours Islam, II, 1938, p.26). b) [Antéposé à un subst. désignant un agent; à valeur intensive et laudative] Qui a toutes les qualités, les connaissances requises. Profond écrivain, penseur, politique. La solution du problème de la couronne fit jadis tressaillir de joie le plus profond géomètre de l'antiquité (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t.1, 1821, p.96).Écoutez-moi bien, vous allez voir que je suis un profond diplomate, en dépit de mon sexe (Ponson du Terr., Rocambole, t.3, 1859, p.334). − [P. méton.; en parlant d'une activité, ou d'une production de l'esprit ou d'une faculté supérieure] Vous n'avez improvisé, dans ces terribles conjonctures, ni l'admirable jugement tactique, ni la profonde connaissance des hommes, qui furent la substance de l'un et l'autre succès (Valéry, Variété IV, 1938, p.56). 2. Qui est intérieur, difficile à saisir mais essentiel. Synon. intime.Nature profonde de qqn; instincts profonds; tendances profondes; le moi profond; causes, intentions profondes; conflit, mal, malaise profond; sens profond; signification profonde. Il était loin, d'ailleurs, de se représenter clairement les raisons les plus profondes de son état d'esprit (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p.291). − Spécialement ♦ LING., GRAMM. GÉNÉRATIVE. Structure profonde. ,,Structure d'une phrase telle qu'elle est représentée par le ou les indicateurs de base et par l'indicateur syntagmatique transformationnel`` (Mounin 1974). Anton. structure de surface*.On réduit une structure de surface souvent complexe en un certain nombre de schémas de phrases représentant la structure profonde à l'intérieur de laquelle les principales fonctions grammaticales sont définies (Lerot-Klein, Terminol. gramm., Bruxelles, éd. A. De Boeck, 1984, p.69). ♦ SOCIOL. [Toponyme, nom propre de région ou de pays + profond(e)] Dont les habitants ont conservé dans leurs habitudes, leur mentalité, leurs traditions, les traits de l'identité socio-culturelle de l'ensemble national ou régional (désigné par le toponyme qualifié). Anton. évolué, moderne.Amérique profonde; Sud profond; France profonde. Garde républicain. On le recrute généralement dans les provinces profondes. Il plantait des artichauts dans le Finistère, gardait les moutons dans le Larzac (Le Nouvel Observateur, 4 mars 1974, p.56, col. 1). 3. a) Littér. [Postposé; en parlant d'un état affectif, sentiment, émotion, ou d'un état de conscience] Qui atteint la personne jusqu'au fond d'elle-même, qui est intense et durable; qui est essentiel. Affection, foi, joie, paix, passion, solitude profonde; amour, attachement, calme, sentiment, sommeil profond; malaise profond. Une transformation profonde travaille aujourd'hui les peuples allemands. Cette révolution n'est point apparente et bruyante comme celles qui s'opèrent en France, en Angleterre (Quinet, All. et Ital., 1836, p.87).Quelle surprise de découvrir tout à coup un être (...) en accord profond avec lui-même, libre, intact! (Bernanos, Joie, 1929, p.669). b) [Antéposé à valeur intensive] Qui est porté à un degré extrême, au physique ou au moral. Profonde brûlure; profonde impression; profond mystère, secret, silence, sommeil; profonde attention, indifférence, inquiétude; profond dégoût, ennui, mépris, respect; profondes modifications, réformes: 11. En entendant ces expressions de forfanterie, qui annoncent une profonde ignorance ou un aveuglement complet sur la véritable situation politique et morale de la France, j'éprouvais un sentiment mêlé d'irritation et de pitié...
Maine de Biran, Journal, 1816, p.170. II. − Adv. En profondeur. Synon. profondément.Ces séances mornes, ou ces discussions de bureau (...) laissent plus de liberté à l'imagination et nous permettent d'aller plus profond. Il s'agit de trouver la vérité, d'atteindre à ce qui est réel (Barrès, Cahiers, t.5, 1907, p.165).Raboliot, toujours couché sur l'ados du fossé, au seuil de la plaine, avait glissé profond dans sa rêverie. Son cerveau s'engourdissait lentement, une torpeur le prenait qui était presque du sommeil (Genevoix, Raboliot, 1925, p.297). Rem. Caractérise le résultat du procès (p.ex. creuser profond), alors que profondément caractérise la manière de l'action exprimée par le verbe (p.ex. creuser profondément). III. − Substantif A. − masc. 1. Le profond de; au profond de. (Dans) la partie profonde de. Synon. entrailles, profondeurs.Ainsi frappe le coin une yeuse abattue Au profond des forêts pour former la charrue (Moréas, Éryphile, 1894, p.210).Le corps de l'ouvrier suivait le mouvement de la hache. Tout l'arbre frémissait, même les radicelles dans le profond de la terre (R. Bazin, Blé, 1907, p.8). − Au fig. Oui, dans son lait, ou dans ses fruits, exclama soudain la Belcredi, du profond de sa méditation (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p.282). 2. Le plus profond de a) La partie la plus enfoncée ou reculée de. La sonnette de ma maison me réveilla, non par le bruit: il est grêle et enfoui au plus profond de la bâtisse (Duhamel, Confess. min., 1920, p.75). b) Au fig. La partie la plus intime de; le degré extrême de. C'est sans doute le plus profond de l'amour que d'être absolument et réciproquement inexpiable (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p.116): 12. À cet instant-là, il était libre de gagner la porte et d'appeler à l'aide, mais la menace éveillait en lui, au plus profond de la bête, un certain sentiment de chevalerie: il acceptait que l'affaire se déroulât dans un ordre convenu.
Aymé, Jument, 1933, p.299. B. − fém. 1. Arg. Poche. −Voyons, c'est pas Dieu possible! R'gard' voir un peu à tes profondes! (...) Eux fouillaient leurs poches, les coiffes huileuses de leurs shakos, palpaient jusqu'aux coutures intérieures de leurs pantalons (Courteline, Train 8 h 47, 1888, ii, 9, p.196). 2. SKI. [P. ell. de neige] Couche épaisse de neige (fraîchement tombée de la nuit ou de la journée). Marcher, s'enfoncer dans la profonde; descente en profonde. Dans une station pleine de neige, et glissante de verglas (...) le matin (...) le skieur impatient (...) ne veut pas perdre un mètre de profonde (L'Écho de la Mode, 1erjanv. 1967, p.22, col. 1). Prononc. et Orth.: [pʀ
ɔfɔ
̃], fém. [-ɔ
̃:d]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. A. 1. a) Fin xives. [ms.] «dont le fond est très loin de la surface (en parlant de l'eau)» (Nicole Oresme, Le Livre du Ciel et du Monde, 119, 6-8, ms. C d'apr. A. D. Menut et A.-J. Denomy ds Med. St. t.5, p.314); b) 1476 «dont le fond est très bas par rapport aux bords» profons fossez (Guillaume Leseur, Histoire de Gaston IV de Foix, II, 229 ds Fonds Barbier); c) 1580 «qui est loin au-dessous de la surface du sol» terres profondes (B. Palissy, Disc. adm., p.414 ds IGLF); 2. a) 1492 «qui pénètre très en avant» playes profondes (G. Tardif, Art de faulc., I, 124, Jullien ds Gdf. Compl.); b) 1559 «qui présente une grande longueur perpendiculairement au front (d'une troupe rangée)» (Amyot, César, 58 ds Littré); c) 1690 «qui présente une grande longueur perpendiculairement à la façade» (Fur.). B. Fig. 1. a) ca 1480 «qui va au fond des choses» (en parlant de l'esprit, de ses activités) (Mystère du Vieil Testament, 36196 ds IGLF); b) 1534 sciences profundes (Rabelais, Gargantua, Prol., éd. R. Calder et M. A. Screech, p.17); c) 1636 «qui pénètre fort avant dans la connaissance des choses» (Monet); 2. 1524-27 «qui est intense et durable» amour profonde (P. Gringore, Vie Ms. S. Loys, II, 3 ds IGLF); 3. 1668 «qui est extrême en son genre» ennui profond (La Fontaine, Fables, II, 14, éd. H. Regnier, t.1, p.171); 4. 1727 «qui est difficile à atteindre» (Ramsay, Les Voyages de Cyrus, t.2, p.172). C. P. anal. 1. a) 1535 en parlant de ce qui évoque la profondeur profondes tenebres (J. Calvin, Ep. au Roy, éd. Lefranc, XXXII ds Fonds Barbier); b) 1559 profond sommeil (Amyot, Caton d'Utique, 38 ds Littré); 2. 1548 p.ext. «qui descend très bas» profonde reverance (N. du Fail, Baliverneries, 193 ds IGLF); 3. id. «qui vient du fond (des poumons)» profonds soupirs (Id., ibid., p.148, ibid.). II. Adv. fin xiiies. [ms.] «profondément» (Menestrel de Reims, ch. 60, var. du ms. BN 24430, fo62a ds Gdf. Compl.). III. Subst. A. subst. masc. 1. 1529 «partie la plus profonde» (G. Tory, Champ Fleury, 34 rocité par P. Laurent ds Romania t.51, p.42: du profond de leur gouzier); 2. 1535 fig. le profond des cueurs (Marot, Epitre, 36, 51, éd. C. A. Mayer, 199); 3. 1552 «fond, profondeur» (Rabelais, Quart Livre, éd. R. Marichal, XX, 62); 4. 1628 «endroit profond dans un cours d'eau» (Arch. des notaires de Nevers, Minutes Taillandier ds Gdf.). B. Subst. fém. 1790 «poche» (Le Rat du Chatelet ds Sain. Sources arg. t.1, p.339). Réfection sous l'infl. du lat. profundus «profond, dense, épais» de l'a. fr. parfunt (1100, Roland, éd. J. Bédier, 1831) issu de profundus avec substitution de préf. Le fait que le par- de parfunt fut ressenti comme le préf. augm. «très» et -funt comme un adj. simple entraîna son élimination au profit de profond. On rencontre en a. prov. les formes preon et pregon (Levy Prov.), directement issues de profundus avec dissim. de la 1resyll. en e (v. FEW t.9, p.434b). Fréq. abs. littér.: 17066. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 25883, b) 24093; xxes.: a) 25169, b) 22445. Bbg. Duchac̆ek (O.). Déficiences du lex. Ét. rom. Brno. 1974, no7, p.9. _ Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p.153; pp.287-294. _ Nique (Ch.). Notes et déf. pour une approche des ouvrages de ling. Fr. auj. 1972, no19, p.61. _ Wind 1928, p.40. |