| PROFILER, verbe A. − 1. Empl. trans. a)
α) ARCHIT. Représenter en coupe perpendiculaire. Profiler une base, un chapiteau, un entablement. À seize ans, Brigaut ne savait encore ni dessiner, ni profiler une corniche (Balzac, Pierrette, 1840, p.88). − Au fig., rare. Décrire rapidement et sommairement (quelqu'un). Popinot (...) joue un si grand rôle dans cette histoire qu'il est nécessaire de le profiler ici (Balzac, C. Birotteau, 1837, p.73).
β) DESSIN. Représenter de profil (un visage, une silhouette). En empl. pronom. à valeur passive. L'on respire un parfum de la Renaissance sous les arcs des chapelles à fines nervures, décorées par les artistes de l'Italie. Les figures des saints et des anges se profilent en rose sur les voûtes peintes d'un bleu tendre (Nerval, Filles feu, Sylvie, 1854, p.608). b) P. ext. [Le suj. désigne une chose concr.] Faire apparaître, mettre en évidence les contours de quelque chose. La lune, profilant les silhouettes des gargouilles, peuplait l'air de fantômes (Estaunié, Empreinte, 1896, p.115). − [Le compl. désigne une partie du référent du suj.] À l'horizon, la ligne ocreuse de la côte apparaît, puis le petit port, où les énormes bateaux profilent leurs cheminées, dans cette brume humide (Bourget, Essais psychol., 1883, p.236).Les vieux meubles, assoupis dans la pénombre douce, profilaient leurs courbes arrondies, leurs attitudes affaissées (Moselly, Terres lorr., 1907, p.64). c) MENUIS., INDUSTR. MÉTALL. Tracer et exécuter le profil d'un ouvrage, d'une pièce d'après le contour de la section. Profiler une aile d'avion, une carlingue, une carrosserie, une maquette. Absol. Et si les corps n'étaient pas ainsi périssables, ces praticiens [le sculpteur, le mécanicien] ne pourraient: l'un sculpter; l'autre, profiler et ajuster (Valéry, Suite, 1934, p.141). 2. Empl. pronom. a) Se présenter de profil ou en silhouette; avoir des contours plus ou moins nets qui se découpent sur un fond. Synon. se découper.Ombre, silhouette qui se profile sur un mur; se profiler à l'horizon, sur le ciel, sur l'horizon, sur un fond. Sous le ciel implacablement bleu, se profilant sur la mer, une file de petits nègres qui marchent tout nus, à la queue leu leu (Goncourt, Journal, 1880, p.70).Sa silhouette se profile en sombre sur le vitrage blême (Martin du G., J. Barois, 1913, p.351). b) Au fig. Se présenter à l'état d'esquisse, commencer à prendre forme. Synon. s'annoncer, s'esquisser.Quand bien même on admettrait, comme Laplace, un déterminisme total qui permît de prévoir un état futur, encore faudrait-il que cette circonstance future se profile sur un dévoilement préalable de l'avenir en tant que tel (Sartre, Être et Néant, 1943, p.168).Derrière cette querelle passionnée, qui aboutit à un renouvellement du Conseil d'administration d'É.D.F., se profilaient par surcroît des oppositions d'influence politique et d'intérêts industriels (Chenot, Entr. national., 1956, p.52). B. − Empl. intrans., MENUIS. [Le suj. désigne deux pièces de profil identique] Se joindre parfaitement par leurs profils. Moulures qui profilent. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth.: [pʀ
ɔfile], (il) profile [-fil]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. 1621 «représenter en profil» (R. François [E. Binet], Essay des Merveilles de Nature, p.201 ds Brunot t.6, p.690, note 1); 2. 1755 archit. (Ch. d'Aviler, Dict. d'archit. civile et hydraulique); 3. 1827 «dessiner la ligne extérieure de quelque chose» (Chateaubr., Voy. Amér. et Ital., Voy. Mt-Blanc, t.2, p.310). B. Pronom. réfl. 1. 1784 «apparaître sous une forme dont seul le contour se découpe nettement sur un fond» (Bern. de St-P., Ét. nature, t.1, p.347); 2. 1916 au fig. «s'esquisser» (Barrès, Cahiers, t.11, p.185). Dér. de profil*; dés. -er; ou empr. à l'ital. profilare, att. au sens 1 dep. le xives., (Búti d'apr. DEI), d'abord «ourler, border» (dep. déb. xives., Dante, ibid.), comp. de filare (filer*); cf. m. fr. porfiler «ourler, border», dér. de porfil (profil*). Fréq. abs. littér.: 139. DÉR. 1. Profilage, subst. masc.a) Opération qui consiste à donner un profil déterminé à une pièce de menuiserie ou de métallurgie; p.méton., forme ainsi obtenue. Les machines [à profiler les tôles] sont conçues pour exécuter à froid le profilage complet en une seule opération (Champly, Nouv. encyclop. prat., t.13, 1927, p.120).b) Archit., rare. Ensemble des profils d'ornements. Prenez un temple dorien des beaux temps et vous ne trouverez pas une seule moulure verticale; tout le profilage est horizontal et très-vivement galbé (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p.184).c) Industr. métall. ,,Forme de carrosserie étudiée pour présenter le minimum de résistance à l'avancement`` (Lar. encyclop.). En 1938 on remarquait déjà le profilage savant des ailes de l'Alfa-Romeo, directement inspiré par les enseignements des épreuves sportives (Tinard, Automob., 1951, p.383).− [pʀ
ɔfila:ʒ]. − 1resattest. a) 1872 «action par laquelle on donne un profil particulier à quelque chose» (Viollet-Le-Duc, loc. cit.), 1878 métall. (Expos. Univ., Notices sur le corps des mines, p.38 ds Fonds Barbier), b) 1951 «forme de carrosserie étudiée pour que l'automobile présente le minimum de résistance à l'air» (Tinard, op. cit., p.333); de profiler, suff. -age*. 2. Profileur, subst. masc.a) Trav. publ. Instrument servant à tracer sur le papier les profils d'une route, d'une voie de chemin de fer, d'une pièce mécanique (d'apr. Lar. Lang. fr., Lexis 1975). b) Industr. métall. Ouvrier qui conduit une machine à profiler (d'apr. Mét. 1955). − [pʀ
ɔfiloe:ʀ]. − 1reattest. 1875 désigne l'instrument (Lar. 19e); de profiler, suff. -eur2*. BBG. −Gohin 1903, p.300. |