| PRISER1, verbe trans. A. − Vieilli. Estimer, donner une valeur monétaire à. Synon. évaluer.Les bestiaux et ustensiles servant à faire valoir les terres, seront censés compris dans les donations entre-vifs ou testamentaires desdites terres; et le grevé sera seulement tenu de les faire priser et estimer (Code civil, 1804, art. 1064, p.193).Quelle bille équarrie! Sans compter les traverses des maîtresses branches et le bois de chauffage du débris. Il a été prisé... et vendu, hélas! 760 francs (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p.35). − Empl. pronom. réfl., p.métaph. Ce manque total d'estime personnelle annonçait dès lors les insouciances ou les sévérités d'un esprit qui devait s'observer de bonne heure, se priser à sa juste valeur et se condamner (Fromentin, Dominique, 1863, p.67). B. − Au fig., littér. 1. [Le compl. désigne un inanimé concr. ou abstr.] Porter un grand intérêt à, attacher du prix à (v. prix I C 2). Synon. apprécier, estimer.Il y en avait un [manuel] dont j'ai oublié le titre, que Deschartres avait placé au plus haut de ses rayons et qu'il prisait pour l'ancienneté de l'édition (Sand, Hist. vie, t.2, 1855, p.373).Bernard, qui ne prisait que le naturel, mais pourtant était plein de considération pour Ubu (Gide, Faux-monn., 1925, p.1170): . ... jamais fils gâté de grand seigneur n'a reçu une éducation plus molle. Le courage militaire aux yeux de mes parents était une qualité des Jacobins, on ne prisait que le courage d'avant la révolution qui avait valu la croix de Saint-Louis au chef de la branche riche de la famille.
Stendhal, H. Brulard, t.2, 1836, p.477. 2. [Le compl. désigne un animé hum.] Avoir de l'estime pour, apprécier. Que prisez-vous le plus de Mozart ou d'Homère? (Balzac, Gambara, 1837, p.100).Il en prisait peut-être d'autant mieux sa femme. Il n'imaginait pas qu'il pût se passer d'elle (Pourrat, Gaspard, 1922, p.107). − Empl. pronom. réciproque. Les premiers moments qu'elle [l'amitié] s'éveille, alors que les parties se connaissent peu et se prisent fort (Barrès, Barbares, 1888, p.76). Prononc. et Orth.: [pʀize], (il) prise [pʀi:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1100 preiser «faire cas de quelqu'un ou quelque chose» et «faire l'évaluation, estimer» (Roland, éd. J. Bédier, 636, 1683). Du b. lat. pretiare «estimer, priser». DÉR. Prisable, adj.Qui peut être prisé. Synon. appréciable.L'esprit particulier aux artistes qui comporte plusieurs prisables qualités (Balzac, Illus. perdues, 1837, p.41).− [pʀizabl̥]. Att. ds Ac. 1878. − 1resattest. ca 1150 proisable «de haut prix» Charroi de Nîmes, éd. D. Mac Millan, 1065), ca 1265 prisable (Brunet-Latin, Trésor, éd. F. J. Carmody, p.178); de priser1, suff. -able*. BBG. −Lanly (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp.134-135. _Lerch (E.). Frz. priser... Rom. Forsch. 1941, t.55, pp.66-76. |