| PRIMAT2, subst. masc. PHILOS., MOR. Suprématie, caractère de ce qui prime du point de vue de la valeur ou de la puissance. Synon. primauté.D'autres docteurs s'élèvent, au nom de la «tradition française», contre cette «barbare» exaltation de l'instinct, prêchent le «primat de l'intelligence» (Benda, Trahis. clercs, 1927, p.186).Il n'y a pas d'ordre véritable et complet de la vie humaine sans le primat de la grâce et de la charité (Maritain, Primauté spirit., 1927, p.109).La démocratie, c'est l'affirmation du primat de l'homme libre sur l'État ou sur tous les autres groupes sociaux (Vedel, Dr. constit., 1949, p.187).♦ En partic. [P. réf. à Kant] Primat de la raison pratique. Prééminence de la raison pratique sur la raison théorique. La théorie, qui n'est pas exacte, consiste à ériger le fait en droit, comme Kant a essayé de le faire en affirmant le primat de la raison pratique (Lévy-Bruhl, Mor. et sc. moeurs, 1903, p.58). − P. ext. Caractère de ce qui prend le pas, de ce qui domine. C'est là un des thèmes que M. Focillon développera avec le plus d'ingéniosité: «Les siècles qui suivent les invasions nous montrent le déclin de l'art de bâtir et le primat de la parure (...)» (Lhote, Peint. d'abord, 1942, p.52).Aux discussions entre peintres, fondées sur des expériences communes, se substituèrent les discussions entre intellectuels, fondées sur le primat de la chose représentée (Malraux, Voix sil., 1951, p.87). Prononc.: [pʀima]. Étymol. et Hist.1. Fin du xves. «supériorité» (Ancienn. des Juifs, ms. Arsenal 5082, fo22b ds Gdf.); 2. 1893 «primauté spirituelle, intellectuelle» (Blondel, Action, p.300). 1 empr. au lat. primatus «premier rang, prééminence; supériorité»; 2 empr. à l'all. Primat, de même sens que le fr., notamment terme de philos. (Kant: Primat der praktischen Vernunft, cf. Lal.), empr. au lat. primatus. STAT. −Primat1 et 2. Fréq. abs. littér.: 96. |