| PRÊT1, subst. masc. A. − Action de prêter quelque chose; ce qui est prêté. Anton. emprunt.On m'a montré un exemplaire de Fort comme la mort, qui avait servi de buvard (...). Une ligne d'écriture y restait empreinte à l'envers (...). Le prêt des livres ne laisse pas d'être périlleux (A. France, Vie littér.,1891, p.260).Des métayers aux petits propriétaires paysans, il y a le même échange de services. Et il n'y a pas seulement prêt mutuel du travail des bras, il y a prêt du bétail (Jaurès, Ét. soc.,1901, p.15).Modigliani se leva pour aller négocier avec le patron du bateau-lavoir le prêt d'un peloton de ficelle (Cendrars, Bourlinguer,1948, p.200). − Absolument ♦ Prêt d'argent. Le sergent lui tendit alors quatorze sous, reliquat de je ne sais quel prêt, et que ce pauvre Miomandre empocha (Léautaud, Journal littér.,3, 1917, p.241). ♦ Prêt de livres, de disques. Bibliothèque, discothèque de prêt; prêt interbibliothèques. D'une façon générale le prêt à domicile a plus de succès que la lecture sur place (Civilis. écr.,1939, p.48-14). − DR. ÉCON. Contrat par lequel l'une des parties, le prêteur, met à la disposition de l'autre, l'emprunteur, une chose pour son usage, à charge de la restituer au terme convenu, le plus souvent assorti d'une garantie et donnant lieu au versement d'un intérêt en cas de prêt d'argent; somme prêtée. Des prêts d'équipement peuvent être consentis aux établissements thermaux sur les crédits mis à la disposition des industries touristiques (Jocard, Tour. et action État,1966, p.159).L'Église, d'ailleurs, à de nombreuses reprises jusqu'à la fin du XVIIIesiècle, a condamné, sinon exactement la notion de crédit, du moins le principe de l'intérêt et le prêt à usure (Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1968, p.66): . Il y a deux sortes de prêt: celui des choses dont on peut user sans les détruire, et celui des choses qui se consomment par l'usage qu'on en fait. La première espèce s'appelle prêt à usage, ou commodat; la deuxième s'appelle prêt de consommation, ou simplement prêt.
Code civil,1804, art. 1874, p.340. SYNT. Prêt gratuit, à intérêt, usuraire; taux (d'intérêt) d'un prêt; prêt à court, à moyen, à long terme, au jour le jour, à la petite semaine; prêt sur gage(s), sur hypothèque, sur marchandises, sur nantissement, sur titres, hypothécaire; prêt d'une banque, d'un établissement de crédit, d'État, bancaire, public, privé; prêt sur fonds publics, sur plan d'épargne; prêt à un particulier, aux jeunes mariés, à l'artisanat, aux collectivités locales, à l'hôtellerie, à l'industrie, à un État; prêt personnel; prêt à l'amélioration de l'habitat, à la construction, pour l'accession à la propriété (sigle P.A.P.), pour le développement économique; prêt immobilier conventionné (sigle P.I.C.); accorder, consentir, refuser un prêt; demander, obtenir, rembourser un prêt; bénéficier d'un prêt; garantir un prêt (par une hypothèque, un nantissement...); caisse, comptoir, établissement, maison de prêts. ♦ Prêt à la grosse (aventure). V. aventure B 1 b. ♦ Prêt d'honneur. Prêt gratuit, accordé aux étudiants pour leur permettre de poursuivre leurs études, qui doit être remboursé dans un délai de dix ans après l'obtention du diplôme pour lequel il est alloué (d'apr. Éduc. 1979). V. rembourser A 1 a α ex. de Phillon. − En compos., HIST. Prêt-bail. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, fournitures de matériel militaire et autres approvisionnements aux Alliés par les États-Unis. La politique américaine dite de «prêt-bail», grâce à laquelle les pays alliés des États-Unis ont pu recevoir au cours de la deuxième guerre mondiale des prestations à titre gratuit à condition de fournir en contrepartie −également à titre gratuit mais pour un montant nécessairement beaucoup plus faible −des prestations aux forces américaines séjournant sur leur territoire (Univers écon. et soc.,1960, p.40-6). − Au fig. Nous oublions que tout ce que nous pensons, toutes les idées et tous les sentiments que nous nous flattons d'avoir, nous viennent d'elle [notre mère la terre], ne sont que de petits prêts qu'elle nous fait (Maeterl., Gde féerie,1929, p.214).Le génie n'est qu'un prêt: il faut le mériter par de grandes souffrances, par des épreuves modestement, fermement traversées; on finit par entendre des voix et l'on écrit sous la dictée (Sartre, Mots,1964, p.49). ♦ Attribution d'une certaine qualité, d'un certain caractère. Quand l'appartenance au milieu prédomine sur la maîtrise du milieu, l'impersonnalité s'installe dans les attitudes psychiques. Ce n'est plus le monde des choses qui reçoit de l'homme un prêt d'humanité, c'est l'homme qui subit une diminution d'humanité du fait d'un milieu (Mounier, Traité caract.,1946, p.79). B. − ARM. ,,Somme allouée par l'État pour l'entretien du soldat, dont une partie est employée d'office dans ce but, par l'administration du corps dont il fait partie`` (Cap. 1936). C'est dans l'une de ces campagnes de Flandre où le pain manquait et où le prêt ne venait guère (...) que, pour dissiper une mutinerie commencée, il eut l'idée de faire battre la générale (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t.6, 1863, p.217).L'soldat dépense plus qu'n'gagne, y a pas d'erreur. Je m'demande c'que d'viendrait celui qui n'aurait que son prêt (Barbusse, Feu,1916, p.194). ♦ Demi-prêt. V. enfant C 1 ex. de Vigny. ♦ Prêt franc. Paie du soldat versée à celui-ci sans retenue quand il pourvoit lui-même à sa subsistance. L'autorisation de déroger à cette obligation [l'ordinaire] peut être accordée par le chef de Corps: −aux chefs de famille vivant avec leur famille −aux militaires dont la santé ne leur permet pas de suivre le régime de l'ordinaire. Les militaires perçoivent alors leurs prestations pour se nourrir individuellement. On dit qu'ils sont au «prêt franc» (Lubrano-Lavadera, Législ. et admin. milit.,1954, p.209). − P. anal., vieilli. ,,Avance faite par le patron à l'ouvrier sur le salaire de la journée`` (Chabat t.2 1876). Gervaise aperçut quatre ou cinq femmes qui montaient la garde comme elle, à la porte du maître zingueur; encore des malheureuses, bien sûr, des épouses guettant la paie (...). Enfin, un ouvrier parut, puis deux, puis trois; mais ceux-là, sans doute, étaient de bons zigs, qui rapportaient fidèlement leur prêt (Zola, Assommoir,1877, p.761). Prononc. et Orth.: [pʀ
ε]. Homon. près. Ac. 1694, 1718: prest; dep. 1740: prêt. Étymol. et Hist.1. Ca 1165 prest «action de prêter» (Benoît de Ste-Maure, Troie, 15119 ds T.-L.); 2. 1176-81 a prest on a don «chose ou somme d'argent prêtée» (Chrétien de Troyes, Chevalier Charrette, éd. M. Roques, 286); 3. 1671 «contrat par lequel une chose est livrée à charge de restitution» et prêt à intérêt (Pomey); 1832 prêt à usage, prêt de consommation (Raymond); 1835 maison de prêt (Ac.); 1875 prêt d'honneur (Lar. 19e); 4. a) 1360-70 «solde des troupes» (Baudouin de Sebourg, VI, 544 ds T.-L.); 1904 prêt franc (Nouv. Lar. ill.); b) 1872 «avance sur un salaire» (Poulot, Sublime, p.69). Déverbal de prêter*. Fréq. abs. littér.: 240. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 333, b) 333; xxes.: a) 318, b) 365. |