| PRÉSENCE, subst. fém. Fait d'être présent. Anton. absence.I. − [Dans l'espace] A. − [Corresp. à présent1I A] 1. [Présence de qqn] a)
α) Fait de se trouver dans le lieu ou le milieu dont on parle; fait d'assister à l'événement dont il est question. La présence des autres me sera bientôt insupportable; je finirai en ours, je crois (Gide,Journal, 1891, p.26).Certains jours elle paraissait vivre de ma seule présence, sans porter la moindre attention à mes paroles (Breton,Nadja, 1928, p.116).V. absent ex. 35, autour2ex. 16, garçon ex. 12, provocation ex. 1. ♦ Faire acte de présence. V. acte1I C rem. 1, dîner2ex. 3. − [Avec compl. prép. désignant un lieu ou un événement] Il s'était mis en voyage: et il était là, tout simplement. Sa présence à Paris ne datait que du matin (Villiers de L'I.-A.,Contes cruels, 1883, p.312).Il pourra (...) être alloué aux conseillers généraux et aux conseillers d'arrondissement, pendant la durée des sessions, une indemnité pour chaque journée de présence à l'Assemblée (Bacquias,Cons. gén. et cons. arrondiss., 1934, p.74): 1. Le monde ne sera sauvé, s'il peut l'être, que par des insoumis. Sans eux, c'en serait fait de notre civilisation, de notre culture, de ce que nous aimions et qui donnait à notre présence sur terre une justification secrète.
Gide,Journal, 1946, p.296. SYNT. Présence au bureau, à l'école, à la faculté, au séminaire; présence aux cours; présence au corps, au peloton; présence à la tête d'une armée, à bord d'un bateau; présence dans une maison, dans une rue; présence chez qqn; présence en face de, aux côtés de qqn; présence à une cérémonie, à des funérailles. − [Sans compl., avec une valeur abs.] Dea ne voyait pas (...). Pour Gwynplaine Dea était la splendeur. Pour Dea Gwynplaine était la présence (Hugo,Homme qui rit, t.2, 1869, p.71).Beaucoup d'autres aussi, au milieu de cette fête, s'aiment et se sont rejoints. Ils y goûtent la joie animale d'être ensemble, sans le mensonge des paroles (...). Ils ont isolé, mis à part, le bonheur de la présence (Mauriac,Journal 2, 1937, p.178).V. absence ex. 3.
β) P. méton., rare, gén. au plur. Moment où l'on est présent. Elle regarda Camille qui allait et venait, ponctuel dans ses longues absences et ses brèves présences (Drieu La Roch.,Rêv. bourg., 1937, p.192).L'emploi du vide, propre aux dessinateurs, celui du silence, propre aux musiciens, Jean Marais en use. Dans Les Parents terribles, la surface de ses présences est circonscrite par celle de ses absences. Elles en déterminent le contour (Cocteau,Poés. crit.I, 1959, p.237).
γ) Fait de participer à quelque chose, de jouer un rôle quelque part. Cette politique de présence [du syndicalisme dans l'entreprise] inspire un programme très vaste (Reynaud,Syndic. en Fr., 1963, p.73).[Des unités stationnées outre-mer] doivent assurer la présence militaire française dans la communauté (Serv. milit. et réforme arm., 1963, p.68): 2. En combattant, depuis la première et jusqu'à la dernière heure, dans le parti de la liberté la France aura maintenu son droit et proclamé son devoir de participer à l'oeuvre commune qui, sans sa présence active, serait d'avance très compromise.
De Gaulle,Mém. guerre, 1954, p.677. b) En partic., dans le domaine spirituel ou mystique. La présence éminente, infinie, miséricordieuse de Dieu; la présence immédiate, substantielle de Dieu dans le monde. Celui qui a souffert de son amour de la créature et qui a renié cet amour, et qui s'en est retourné à la source éternellement pure d'un fleuve contaminé, celui-là connaît l'amour d'avant les temps, celui-là marche dans l'éblouissement de la présence de Dieu (Milosz,Amour. init., 1910, p.243).C'est, en un mot, une grâce mystérieuse, qui nous fait, non pas concevoir par l'intelligence, mais saisir, goûter, réaliser la présence de Dieu au plus intime de notre être (Bremond,Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.560).L'espace et le temps sont tous deux la présence de Dieu. C'est seulement par eux que nous pouvons nous faire une idée de cette universelle présence (Maeterl.,Sablier, 1936, p.39).V. eucharistique ex. de Mauriac, présent1ex. 3. ♦ Se mettre, se tenir en présence de Dieu. Prendre, avoir conscience de la présence divine au moment où l'on agit. Il n'y a de vraiment belle que l'heure où l'on prie, où l'on se met en présence de Dieu (Coppée,Bonne souffr., 1898, p.18). ♦ (Dogme de la) présence réelle. (Dogme des Églises catholique, orthodoxe et luthérienne qui enseigne la) présence réelle du Christ dans le sacrement de l'Eucharistie (d'apr. Bach.-Dez. 1882). La communion des fidèles a été pour les évêques l'occasion d'un enseignement plus approfondi sur le dogme de la présence réelle et la manière dont elle se réalise (S. Cyrille de Jérusalem, S. Augustin) (Théol. cath.t.14, 11939, p.543).La transsubstantiation est une théorie savante plaquée sur un rite fonctionnel, qui ne cherche pas à faire de l'hostie consacrée un objet précieux, mais le signe convenu d'une présence d'autant plus réelle qu'elle est spirituelle, non matérielle (Philos., Relig., 1957, p.38-14): 3. ... le sacrement non seulement symbolise sous des espèces sensibles une opération de la grâce, mais encore est la présence réelle de Dieu, la fait résider dans un fragment d'espace et la communique à ceux qui mangent le pain consacré s'ils sont intérieurement préparés...
Merleau-Ponty,Phénoménol. perception, 1945, p.245. 2. P. anal.: 4. Le vieux est allé droit vers les pâturages où sont les bêtes, les longues vaches flamandes aux yeux tristes, qui viennent en ronflant de plaisir manger parfois l'avoine au creux de sa main. Aucune n'a seulement levé la tête, aucune d'elles perdues dans leurs songes. Mais leur humble présence est juste ce qu'il faut...
Bernanos,M. Ouine, 1943, p.1430. 3. [Présence de qqc.] Fait d'exister, de se trouver dans un lieu, dans un milieu, dans une substance, chez un individu. ♦ Dans le domaine concr.Contagieuse et inoculable, la maladie des chiens est évidemment liée à la présence d'un agent spécifique (Nocard, Leclainche,Mal. microb. animaux, 1896, p.415).La concentration minima, qui permet de déceler [au moyen des rayons X] la présence d'une substance dans un mélange, est variable pour les différentes espèces minérales et même pour les différents échantillons d'une même espèce (Brajnikov,Pétrogr. et rayons X, 1936, p.24).V. présent1I A 2 ex. de Pottier: 5. Bientôt, c'est la télévision qui dans chaque demeure apportera sa présence agissante, tendant à suppléer, dans nos intérieurs modernes, à l'absence de ces autels, de ces chapelles ou de ces icônes où les hommes de jadis, ceux de l'Antiquité comme ceux d'hier, se livraient à une confrontation avec les images peintes ou sculptées, incarnant leur âme la plus profonde.
Huyghe,Dialog. avec visible, 1955, p.383. ♦ Dans le domaine abstr.Là où la solidarité sociale existe, malgré son caractère immatériel, elle ne reste pas à l'état de pure puissance, mais manifeste sa présence par des effets sensibles (Durkheim,Divis. trav., 1893, p.28).C'est lorsqu'un mal entre en nous, que nous nous croyons en danger. Dès qu'il sera installé, nous pourrons faire bon ménage avec lui, voire même ne pas soupçonner sa présence (Radiguet,Bal, 1923, p.86).V. anxiété ex. 12. 4. P. méton. Celui ou ce qui est présent. J'appelle présences les objets ou les personnes que notre moi perçoit (L. Daudet,Hérédo, 1916, p.12). a)
α) Personne présente. Une présence aimée, amicale, amie; une chère présence; une présence ennemie, hostile; une présence masculine, féminine; une présence qui rôde. Il s'écarta soudain, saisi par la sensation d'une présence (Genevoix,Raboliot, 1925, p.263).Tiens-moi bien, crainte que je ne disparaisse un beau jour on ne sait comment au lieu de toutes ces présences voilées! (Claudel,Échange, 1954, i, p.738).Les voix impersonnelles des philosophes ne m'apportaient pas le même réconfort que celles de mes auteurs de chevet. Je ne sentais plus autour de moi de présences fraternelles (Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p.206). ♦ Par personnalisation. Au fur et à mesure qu'avec le silence retombé (...) [la chaleur] envahissait la pièce, une autre présence montait du flamboiement blanc du sol, des animaux endormis, de l'immobilité des deux hommes (...) réfugiés dans cette ombre surchauffée: la mort (Malraux,Voie roy., 1930, p.224).Si la représentation religieuse vraiment originelle est celle d'une «présence efficace», d'un acte plutôt que d'un être ou d'une chose, la croyance aux esprits se situe très près des origines (Bergson,Deux sources, 1932, p.197).
β) En partic., dans le domaine spirituel ou mystique. Dieu. Leur amour (...) éclatait dans un plus grand Amour. Ils comprirent que dans cette splendeur visible, et au delà, Dieu est. En face de cette Présence qui les illuminait comme le soleil à la lisière du champ tout allumé de cerises sauvages, ils prirent le ciel à témoin de leur union (Jammes,Robinsons, 1925, p.37).[L'église de Souillac] est d'une beauté merveilleuse avec ses trois grandes coupoles et la grande présence qu'on y sent et qu'on ne trouve pas ailleurs. Beaucoup de prières y ont attiré Dieu (Green,Journal, 1955, p.96): 6. ... le portail d'une église s'ouvrait devant lui. Il s'y engouffra. Ses pas sonnèrent sous des voûtes; un parfum connu vint à ses narines. Aussitôt il éprouva un soulagement, une sécurité: il n'était plus seul, une présence surnaturelle l'environnait.
Martin du G.,Thib., Cah. gr., 1922, p.636. b) Chose présente. ♦ Dans le domaine concr.Toute présence végétale agissait sur elle comme un antidote, et elle avait une manière étrange de relever les roses par le menton pour les regarder en plein visage (Colette,Sido, 1929, p.19).Il la sentait bien, pourtant, cette présence étrangère qu'il y avait en lui, cette terrible présence qu'est la maladie! (Montherl.,Célibataires, 1934, p.892). ♦ Dans le domaine abstr.Une évidence, c'est une présence. Là où l'évidence est donnée, la croyance n'est ni utile, ni même possible (Sartre,Imaginaire, 1940, p.210).Le mythe tient l'essence dans l'apparence, le phénomène mythique n'est pas une représentation, mais une véritable présence (Merleau-Ponty,Phénoménol. perception, 1945, p.335): 7. Nous nous connaissons et nous nous dirigeons, mais dans un rayon incroyablement faible. Immédiatement au-delà commence une nuit impénétrable, et cependant chargée de présences, −la nuit de tout ce qui est en nous et autour de nous, sans nous et malgré nous.
Teilhard de Ch.,Milieu divin, 1955, p.73. c) [Avec compl. déterminatif] Manifestation, concrétisation de la présence de quelqu'un ou de quelque chose. Telle a été en effet la fonction de Lamartine depuis 1820, maintenir en France la poésie comme une nature et comme un climat. Il est moins une force de la nature qu'une présence de la nature (Thibaudet,Hist. litt. fr., 1936, p.136).Le mode d'apostolat des prêtres-ouvriers constitue une initiative qu'il ne faudrait pas isoler. Comme la Mission de France, comme la Mission de Paris, ces prêtres veulent être un témoignage, une présence vivante de l'Église à l'intérieur même des milieux les plus déchristianisés (Philos., Relig., 1957, p.50-2). B. − Empl. syntagm. 1. Présence + adj. a) [L'adj. exprime une qualité] Si, dans certains cas fixés par arrêté ministériel, il ne se trouve pas de corps de troupe stationné à proximité suffisante, ces jeunes gens sont dispensés de la présence effective sous les drapeaux (J.O., Loi rel. recrut. arm., 1928, p.3824).Notre perception, dans le contexte de nos occupations, se pose sur les choses juste assez pour retrouver leur présence familière et pas assez pour redécouvrir ce qui s'y cache d'inhumain (Merleau-Ponty,Phénoménol. perception, 1945, p.372): 8. ... chacun, du plus grand au plus petit, a sa place marquée dans l'univers, ma raison d'être, à moi, se dérobait, je découvrais tout à coup que je comptais pour du beurre et j'avais honte de ma présence insolite dans ce monde en ordre.
Sartre,Mots, 1964, p.70. SYNT. Présence accidentelle, actuelle, constante, continuelle, durable, éphémère, fortuite, fréquente, habituelle, improbable, inattendue, permanente, possible, potentielle, probable, prochaine, régulière, temporaire, vraisemblable; présence hebdomadaire, journalière de qqn ou de qqc.; présence bienfaisante, indispensable, nécessaire, rassurante; présence encombrante, gênante, importune, indésirable, inopportune, menaçante, obsédante, provocante, scabreuse, scandaleuse de qqn ou de qqc.; présence invisible de qqn ou de qqc.; présence isolée de qqn ou de qqc.; présence abondante de qqc.; présence accueillante, adorable, charmante, confiante, discrète, douce, pathétique, silencieuse; présence indiscrète de qqn; présence tutélaire de qqn; auguste, royale présence de qqn; la simple présence de qqn ou de qqc.; la chère présence de qqn. b) [L'adj. désigne l'agent du procès] La présence divine. C'est un musée, mais c'est aussi une maison, dans laquelle sans cesse un détail ou un ensemble, un portrait ou un mobilier introduisent une présence personnelle parmi les collections que le propriétaire y a assemblées (Arts et litt., 1935, p.84-12).Sans la présence humaine, la nuit où tout se trouve − ou plutôt se perd − semblerait existence pour rien, non-sens équivalent à l'absence d'être (G. Bataille,Exp. int., 1943, p.129). c) [L'adj. désigne les modalités du procès] Présence affective, corporelle, physique de qqc. ou de qqn. L'île subissait la nostalgie des cérémonies catholiques et de la présence charnelle d'un prêtre sur son territoire (Queffélec,Recteur, 1944, p.22).La couleur réelle demeure sous les apparences comme le fond se continue sous la figure, c'est-à-dire non pas à titre de qualité vue ou pensée, mais dans une présence non sensorielle (Merleau-Ponty,Phénoménol. perception, 1945, p.352).Tous les hommes sont pleinement sur la planète rendus solidaires par leur présence terrestre et la connaissance réciproque qu'ils ont des actes du voisin (Univers écon. et soc., 1960, p.8-5). 2. Présence + verbe.Présence qui console, éblouit, enchante, encourage, rassure, réconforte, stimule qqn; présence qui bouleverse, déroute, excite, impressionne, magnétise, surprend, trouble qqn; présence qui agace, effarouche, énerve, glace, importune, inquiète, intimide, oppresse; présence qui accélère, active, améliore, embellit, facilite, favorise qqc.; présence qui cause, détermine, modifie, occasionne qqc.; présence qui aggrave. Kennedy: Allons, je vois que tu veux encore être seule (...). Depuis un an, je m'aperçois que ma présence te gêne, te fatigue (Dumas père, C. Howard, 1834, i, 1, p.232).Je l'examinais à travers la brume ténue mais profonde des rêves et des sentiments que sa présence réveillait au tréfonds de mon être (Milosz,Amour. init., 1910, p.16).V. embaumer II A 3 ex. de Murger. 3. Verbe + présence a) [Le suj. du verbe désigne une pers.] Mon père vécut encore quelques années, mais dans un état de santé si misérable que je cessai de sentir sa présence longtemps avant de le perdre (Fromentin,Dominique, 1863, p.42).La présence d'inscriptions (...) m'est signalée par cet homme dans plusieurs cavernes du Hoggar occidental (Benoit,Atlant., 1919, p.93): 9. ... surgissant de tous les sites, rose au soleil du matin, noir sur le ciel bleu, [le Matterhorn] ne cessait de se rappeler, de se promettre à eux. Dans le cercle de Zermatt, on n'échappe nulle part à sa présence.
Peyré,Matterhorn, 1939, p.89. SYNT. Accepter, désirer, exiger, favoriser, provoquer, réclamer, requérir, supporter, tolérer la présence de qqn ou de qqc.; annoncer, apprendre, attester, constater, découvrir, démontrer, évoquer, expliquer, garantir, identifier, justifier, montrer, noter, observer, rechercher, reconnaître, remarquer, révéler, vérifier la présence de qqn ou de qqc.; éviter, ignorer, oublier, subir, trahir la présence de qqn ou de qqc.; saluer la présence de qqn; cacher, épargner, imposer sa présence à qqn; s'accoutumer, consentir, répugner, se résigner à la présence de qqn; s'apercevoir, s'étonner, s'irriter, jouir, profiter, (ne pas) se soucier de la présence de qqn; avertir qqn de sa présence; charmer qqn, embellir qqc. de sa présence; débarrasser, délivrer qqn de sa présence; harceler, poursuivre qqn de sa présence; compter sur la présence de qqn. ♦ Honorer (une manifestation) de sa présence. V. honorer A 2 a ex. de Flaubert et de Rolland. b) [Le suj. du verbe désigne une chose] Un terrain de jeux bien aménagé suppose la présence d'un surveillant (Becquet,Organ. loisirs travaill., 1939, p.82).Cette obligation [du service à plein temps] (...) implique la présence dans le service, matin et soir, d'un praticien au moins (chef de service, assistant ou adjoint) (Réforme hospit., 1959, p.10): 10. Toute la nuit j'ai étudié la carte. Mon travail était inutile, puisque j'ignorais ma position. Mais je me penchais sur tous les signes qui m'indiquaient la présence de l'homme.
Saint-Exup.,Terre hommes, 1939, p.228. ♦ [Le suj. du verbe est un nom d'action] La manoeuvre demande la présence de deux ouvriers (Chartrou,Pétroles natur. et artif., 1931, p.60). 4. [Présence en position de compl. déterminatif] a) [Le subst. déterminé désigne une caractéristique, une qualité de la présence] Charme, magie de la présence de qqn; la chaleur d'une présence; probabilité de la présence de qqc.: 11. ... l'homme nous apparaît aujourd'hui baigné tout entier dans un océan sans bords où des quatre points cardinaux la vie, l'histoire et les sociétés mêlent leurs eaux. Le premier mouvement qu'il fait pour s'affranchir de l'animalité et de l'anonymat est de prendre possession de ce milieu afin de n'être pas possédé par lui; de plier cette masse opaque et hostile à l'autorité de sa présence.
Mounier,Traité caract., 1946, p.73. b) [Le subst. déterminé désigne une modalité de la présence] Heure, mois, période de présence, plage de présence obligatoire (au travail); durée de (la) présence; lieu de présence. Une section de chefs de chantier [est] réservée à des candidats de 25 à 45 ans, pouvant justifier de cinq ans de présence sur un chantier comme ouvriers qualifiés (Encyclop. éduc., 1960, p.274).Des millions de Français vivent hors de France et y sont morts (...). L'espace de présence des idées, des traditions, des sentiments français excède de toutes parts l'espace métropolitain (Perroux,Écon. XXes., 1964, p.136).Le temps de présence à l'école doit constituer, pour l'élève, un certain apprentissage de la vie sociale (B. Schwartz,Réflex. prospectives, 1969, p.8). ♦ En partic. [P. réf. à l'espace et au temps] :
12. La perception me donne un «champ de présence» au sens large qui s'étend selon deux dimensions: la dimension ici-là-bas et la dimension passé-présent-futur. La seconde fait comprendre la première. Je «tiens», j'«ai» l'objet distant sans position explicite de la perspective spatiale (grandeur et forme apparentes) comme je «tiens encore en main» le passé prochain sans aucune déformation, sans «souvenir» interposé.
Merleau-Ponty,Phénoménol. perception, 1945, p.307. c) [Le subst. déterminé désigne une fonction de la présence] Si l'on se bornait à la seule preuve de présence, on pourrait à chaque instant tomber dans l'erreur et croire à des relations de cause à effet quand il n'y a que simple coïncidence (Cl. Bernard, Introd. ét. méd. exp., 1865, p.89). ♦ Action de présence. Effet que produit une substance par le seul fait de sa présence; en partic., action d'un catalyseur. Le brassage de l'huile sale avec de l'eau favorise le dépôt des matières étrangères contenues dans l'huile; il y a là une action de présence qui paraît ne pas devoir être négligée (Champly,Nouv. encyclop. prat., t.10, 1927, p.155).La maltase n'a pas été modifiée par la réaction (...). Elle n'a eu qu'une action de présence (Plantefol,Bot. et biol. végét., t.1, 1931, p.109).Littér. [Mallarmé] a joué sans le savoir un si grand rôle dans mon histoire interne, modifié par sa seule existence tant d'évaluations en moi, son action de présence m'a assuré de tant de choses (...) que je ne sais enfin démêler ce qu'il fut de ce qu'il me fut (Valéry,Variété II, 1929, p.196). d) [Le subst. déterminé désigne une chose qui atteste ou sanctionne la présence de qqn ou de qqc.] Certificat de présence. Si l'on se borne à rassembler les faits aussi exactement que possible pour les rapprocher dans des tables de présence ou d'absence, comme le veut Bacon, on tombe à chaque instant dans des coïncidences (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p.226).Mademoiselle Lanthenay, vous n'avez pas chez vous le registre des présences? (Colette,Cl. école, 1900, p.132): 13. Ronsin le souffleur numéro 8 demandait: Relais! et passait sa canne à l'un des ouvriers de secours qui doivent pour deux francs par jour l'attente du travail. La défaillance des ouvriers réguliers leur augmentait cette paie de présence du prix des pièces soufflées aux places prises.
Hamp,Champagne, 1909, p.99. ♦ Droit de présence. ,,Rétribution accordée aux membres de certaines compagnies ou associations, lorsqu'ils assistent aux assemblées`` (Bach-Dez. 1882). Jeton de présence. V. jeton A 1 a.Les jetons de présence sont les médailles qui représentent cette rétribution (Bach.-Dez.1882).Feuille de présence. V. feuille II A 2 c. C. − Locutions 1. Disparaître, sortir de la présence de qqn; chasser qqn de sa présence. Cesser de paraître devant quelqu'un; ordonner à quelqu'un de cesser de paraître devant soi. Va! Sors de ma présence, et emmène avec toi le fruit de ton coupable amour... (Guilbert de Pixer.,Coelina, 1801, ii, 6, p.33).Alexis: C'est bien, je te nomme sous-lieutenant au 10erégiment de cosaques, et gare à toi si tu trahis. Si tu te bats bien, tu seras récompensé. Bordure: Ce n'est pas le courage qui me manque, Sire. Alexis: C'est bien, disparais de ma présence. (Il sort) (Jarry,Ubu, 1895, iii, 6, p.63).La vue de cette bourse qu'il me tendait souleva mon indignation, et me donna la force de chasser de ma présence l'imposteur (A. France,Contes Tournebroche, 1908, p.171). 2. a) En présence de (qqn/qqc.), loc. prép. Quelqu'un, quelque chose étant présent ; devant, face à, confronté à quelqu'un ou quelque chose.
α) En présence de qqn. En présence d'un auditoire, du public; en présence de partenaires, de témoins; en présence d'un adversaire, de l'ennemi; en présence du maire, du curé, du pasteur; en présence de sa famille, de ses camarades, des siens; (ne) parler (qu') en présence de son avocat; se mettre, se tenir en présence de Dieu (supra A 1 b). L'être qu'il était quand il se retrouvait seul en présence de lui-même, qui était-il? (Martin du G.,Thib., Mort père, 1929, p.1343).Je retrouve Jean T. au contrôle civil. Le prêt doit se faire en présence de l'avocat que nous avions d'abord été voir (Gide,Journal, 1943, p.245).Dans la cellule du vénérable père Zossime, en présence d'une nombreuse assistance, le vieux Karamazov entre en scène et se présente (Sarraute,Ère soupçon, 1956, p.24). ♦ En ma/ta/sa présence. Elle le regarda, du matin au soir, avec des yeux languissants et désespérés; mais elle ne trouva jamais le courage d'ouvrir la bouche en sa présence (About,Roi mont., 1857, p.42).Je me réserve, vous devez bien le penser, d'avoir un entretien avec elle où je lui dirai de ces choses qui seraient déplacées en votre présence (Becque,Corbeaux, 1882, iv, 6, p.235).Je songe à l'instant où je paraîtrai de nouveau en sa présence... Je me jetterai à ses pieds, et lui dirai seulement: «Pardonne (...)» (Benoit,Atlant., 1919, p.311): 14. Je ne puis (...) vous parler de vous que loin de vous. En votre présence, je suis trop ébloui pour voir, trop heureux pour interroger mon bonheur, trop plein de vous pour être moi, trop éloquent par vous pour parler, trop ardent à saisir le moment présent pour me souvenir du passé.
Balzac,Lys, 1836, p.144. − Rare. En la présence de qqn. Même sens. Admis en la présence de l'autorité suprême du collège, il raconta ce qui se passait dans l'étude du nouveau surveillant (Larbaud,F. Marquez, 1911, p.76).
β) En présence de qqc. − [L'agent du procès est une chose concr.] La magnésie broyée et gâchée durcit en présence de l'eau (Bourde,Trav. publ., 1928, p.152).Peut-être, d'ici quelques années, serons-nous en présence d'un ensemble documentaire qui permettra d'apporter quelque clarté dans des problèmes âprement discutés aujourd'hui (Arts et litt., 1935, p.62-1): 15. Le spectateur de jadis, mis en présence d'une peinture, était abandonné à son tête-à-tête; il restait armé de ses initiatives. Aujourd'hui le panneau explicatif ou le haut-parleur utilisés jusque dans les galeries assignent à l'attention son objet déterminé.
Huyghe,Dialog. avec visible, 1955, p.55. − [L'agent du procès est un événement, un objet ou le fruit d'une réflexion] En présence d'une constatation, d'une éventualité, d'une difficulté, d'un problème, d'une situation (donnée) préoccupante; en présence d'un accident, d'une attaque, d'un danger, d'une menace; en présence de (certaines) circonstances, de connaissances nouvelles; en présence des réalités. En présence de ces instants décisifs, de ces imminentes questions de vie ou de mort, les petits détails de beauté conventionnelle s'effacent (Sue,Atar-Gull, 1831, p.3).Je n'ai fait que rassembler devant vous ce que chacun peut observer comme moi-même de manière que votre impression soit la mienne en présence de faits évidents (Valéry,Variété IV, 1938, p.172).Nous nous trouvons là en présence d'éléments d'appréciation extrêmement délicats (Pineau,S.N.C.F. et transp., 1950, p.86).V. passé1II B 1 a β ex. de Coppée. b)
α) [Avec subst. au plur.] En présence l'un de l'autre/les uns des autres. Quoique le contraste ne soit pas encore une différence arithmétique, il y ressemble par un certain côté: les deux termes que l'on compare sont en présence l'un de l'autre comme dans une soustraction de deux nombres (Bergson,Essai donn. imm., 1889, p.61).Dans un séminaire, l'influence réciproque des cohabitants est plus considérable que partout ailleurs, car ils sont privés de distractions extérieures et vivent continuellement en présence les uns des autres (Billy,Introïbo, 1939, p.77).
β) Absol., loc. adv. et adj. En présence − Face à face. ♦ Empl. adv. On resta ainsi en présence pendant trois heures; enfin les Anglais et les Bourguignons gagnèrent un pont sur leur droite, et le combat s'engagea rudement (Barante,Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.410).Évite de nous mettre en présence, cette horreur et moi! (Guitry,Veilleur, 1911, ii, p.11): 16. ... s'il y a une douzaine de clans, un homme peut se marier dans l'un des onze autres groupes, et chez les peuplades polygynes il prend femme dans plusieurs clans à la fois. Lorsque seuls deux clans se trouvent en présence, il n'a à sa disposition que le clan opposé.
Lowie,Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.286. [Avec d'autres verbes que être, demeurer, rester, se trouver] Vieilli. Le législateur ayant réclamé le silence, et ramenant la question à son premier but: «Chefs et instituteurs des peuples, dit-il, vous êtes venus en présence pour la recherche de la vérité (...)» (Volney,Ruines, 1791, p.207).♦ Empl. adj. Les serviteurs, éveillés en sursaut, accoururent. Ils virent alors deux hommes en présence et se mesurant du regard; ces deux hommes avaient l'épée à la main (Ponson du Terr.,Rocambole, t.3, 1859, p.503).V. imbibition ex.2. − En compétition, en concurrence. ♦ Empl. adv. Différents systèmes de suspension à roues indépendantes demeurent en présence, les uns préférant les ressorts à lames (Peugeot, Delage, Delahaye, etc.), les autres les barres de torsion (Citroën, Panhard) (Tinard,Automob., 1951, p.328).Cette théorie paraît, de toutes celles qui sont en présence, la moins susceptible d'être généralisée (J.-M. Pérès,Vie océan, 1966, p.41).Il est nécessaire, pour qu'il y ait jeu, que plusieurs partenaires d'avis différents soient en présence (Jeux et sports, 1967, p.455). ♦ Empl. adj. Doctrines, thèses, adversaires en présence. Toute lutte est terminée dès que les épaules de l'un des deux athlètes en présence ont simultanément touché, ne fût-ce que pendant une seconde (Cladel,Ompdrailles, 1879, p.273).Les deux partis en présence renoncent à la lutte quand il est avéré qu'elle ne peut pas aboutir (Durkheim,Divis. trav., 1893, p.66).Je ne crois pas que l'Allemagne puisse jamais être en état de nous l'imposer [la paix]. Non: je vous le répète: je crois à l'égalité approximative des forces en présence... (Martin du G.,Thib., Épil., 1940, p.898): 17. Le principal objet de cette réglementation est d'assurer une égalité réelle entre les candidats en présence et d'empêcher que la puissance financière de certains hommes ou de certains partis ne fausse les conditions de la propagande électorale.
Vedel,Dr. constit., 1949, p.364. 3. Hors de la présence de, loc. prép. L'usage des ombres est de ne reprendre figure humaine que lorsqu'elles se trouvent hors de notre présence (Coppée,Bonne souffr., 1898, p.211).Même aux gens qu'elle aimait, elle se plaisait à dire des choses désagréables. Mais, hors de leur présence, elle n'aurait pas prononcé une parole qu'ils n'eussent pu entendre (Proust,J. filles en fleurs, 1918, p.571).Vous commettriez une cruauté en cherchant à lui arracher un secret qui d'ailleurs serait, pour l'instant, et hors de ma présence, absolument inutile à l'enquête (Bernanos,Crime, 1935, p.791).V. hors II B 2 c ex. de Sand. II. − [Par, pour la conscience] A. − 1. [Corresp. à présent1I B 1] Capacité d'attention, de réaction. L'art de lire à loisir, à l'écart, savamment et distinctement, qui jadis répondait à la peine et au zèle de l'écrivain par une présence et une patience de même qualité, se perd (Valéry,Variété III, 1936, p.11).Prodigieusement dispos et éveillé, il n'était cependant pas sûr de ne point dormir un peu, de posséder toute sa présence; il n'eût pas osé s'affirmer irréfutable (Arnoux,Rêv. policier amat., 1945, p.270). − P. anal.: 18. Cette pleine et singulière possession [de la langue chez Bossuet] qui s'étend de la familiarité à la suprême magnificence, et depuis la parfaite netteté articulée jusqu'aux effets les plus puissants, et retentissants de l'art, implique une conscience ou une présence [it. ds le texte] extraordinaire de l'esprit en regard de tous les moyens et de toutes les fonctions de la parole.
Valéry,Variété II, 1929, p.41. ♦ Présence d'esprit. Le fait de réagir rapidement avec à propos. Manquer de présence d'esprit; recouvrer sa présence d'esprit; admirer la présence d'esprit de qqn. V. esprit 2eSection I B 1 loc. ex. de Péladan et de Daniel-Rops. 2. PHILOS. Présence à.La présence à (...) est un rapport interne de l'être qui est présent avec les êtres auxquels il est présent (Sartre,Être et Néant, 1943, p.165). ♦ Présence à soi(-même). Fait d'éprouver sa propre existence (d'apr. Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p.vii). Le soi représente donc une distance idéale dans l'immanence du sujet par rapport à lui-même, une façon de ne pas être sa propre coïncidence, d'échapper à l'identité tout en la posant comme unité (...). C'est ce que nous appellerons la présence à soi (Sartre,Être et Néant, 1943, p.119).Le temps, cette espèce de halètement après l'être, empêche la présence totale de la personne à elle-même (Lacroix,Marxisme, existent., personn., 1949, p.92). ♦ Présence au monde. Fait de se percevoir comme un élément du monde, de se sentir impliqué dans ce qui concerne le monde. Et jamais je n'ai senti, si avant, à la fois mon détachement de moi-même et ma présence au monde (Camus,Noces, 1938, p.33).[La morale] est présence au monde et efforts vers le monde (Mounier,Traité caract., 1946, p.713). B. − 1. [Corresp. à présent1I B 2 a] Fait de laisser percevoir, d'imposer sa personnalité à travers ses actes, ses attitudes, ses oeuvres. Avoir de la présence. Jamais nous ne nous demandâmes d'où (...) [Modigliani] sortait. Il était de Montparnasse. Il y régnait. Il hantait un carrefour où souffle l'esprit. Il l'animait de sa présence magnifique d'ivrogne (Cocteau,Poésie crit. I, 1959, p.258). − En partic. Présence (d'un acteur). En Sylvaine se réalisait soudain ce phénomène qui s'appelle la présence et sans lequel l'acteur n'est qu'une marionnette de carton (Druon,Chute corps, 1950, p.184).Il reste que Jean Marais nous a donné un Néron de grande allure, très soigneusement établi, et servi par une «présence» certaine (Combat, 19-20 janv. 1952, p.2, col. 2). 2. P. anal. [Présence de qqc.] Fait de donner une impression de réalité. Jamais, depuis qu'il était en prison, le décor de sa libre existence ne s'était imposé à son esprit avec une présence aussi bouleversante (Aymé,Uranus, 1948, p.227).Mais de quoi s'évade-t-on par le roman? D'une réalité jugée trop écrasante? Les gens heureux lisent aussi des romans... D'un autre côté, l'univers romanesque a certainement moins de poids et de présence que cet autre univers où des êtres de chair font notre siège sans répit (Camus,Homme rév., 1951, p.321). 3.
α) Don de présence (d'un auteur). Aptitude à rendre ses personnages vivants. Cet extraordinaire don de présence qu'il y a à chaque page [des romans de Tolstoï] (Du Bos,Journal, 1924, p.62).
β) Présence d'un portrait. Impression de vie, de réalité dégagée par le portrait. Alors, je vous répondrai qu'un bon portrait n'est pas forcément un bon tableau; mais qu'il doit par dessus tout nous donner une impression de présence, ce qui est le cas (Toulet,Notes art, 1920, p.43).Soutenons-nous le regard, la présence de certains portraits? (Colette,Pays connu, 1949, p.178). Rem. En compos. V. co-présence, s.v. co- I A 2 et aussi omniprésence. Parfois j'en viens à me demander si ce ne serait pas aussi que, sans vouloir me l'avouer, sans même le savoir ou m'en rendre compte précisément, je n'aurais jamais cessé tout à fait d'y croire. Oui, de croire en Lui, à sa toute-présence immanente (Gide, Journal, 1933, p.1156). Pseudo-présence. Dire que j'imagine Pierre, c'est dire que je me procure une pseudo-présence de Pierre en déclenchant la «conduite de Pierre» (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p.211). Prononc. et Orth.: [pʀezɑ
̃:s]. Ac. 1694-1718: pre-; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist.I. Êtres animés 1. a) déb. xiies. relig. «fait d'être présent (présence divine)» (St Brendan, éd. I. Short et B. Merrilees, 541: la presence de la glorie [ici p.méton. la présence de Dieu]); ca 1200 (Dialoge Grégoire, éd. W. Foerster, p.10: la presence del saint espir); b) 1575 théol. (Thevet, Cosmographie, VI, 9 fho 173 vho: reale presence); 1643 présence réelle (A. Arnauld, De la fréquente communion, 3epart., chap.16, p.765); 2. ca 1165 «fait d'être présent» (Troie, éd. L. Constans, 28522: en la presence de la gent); 3. 1530 sa présence «sa personne, lui» (Palsgr. d'apr. FEW t.9, p.311b); 4. a) 1656 présence d'esprit (Pascal, Provinciales, 9, éd. L. Lafuma, p.411a); b) 1690 «fait d'être présent par l'esprit, disponibilité, attention» (Fur.: presence de coeur [p.oppos. à présence corporelle]); 5. 1865 «fait de sentir comme présente une personne en réalité absente» (Hugo, Actes et par., 2, p.349: la beauté de la mort, c'est la présence. Présence inexprimable des âmes aimées); 6. 1936 litt. «caractère actuel, proche, vivant» (Thibaudet, Hist. litt. fr., p.151: présence de Lamartine); 7. a) 1945 théâtre «intensité du jeu d'un acteur, forte personnalité» (Sartre, Sursis, p.26); b) 1948 p.ext. «rayonnement, influence» (E. Henriot, La rose de Bratislava, V ds Rob.); 8. 1948 pol. «fait pour un pays, une collectivité, de jouer un rôle dans une partie du monde» (Cendrars, Bourlinguer, p.337: la présence des Anglais en Égypte et au Soudan). II. Êtres inanimés 1. ca 1230 «fait d'être dans un lieu» (La petite philosophie, éd. W. H. Trethewey, 1879: Sa presence [du soleil] nus fet le jur); 2. 1758 «existence d'un corps, d'une substance dans un ensemble» (Helvétius, De l'Esprit, p.522: la lumière est un corps dont la présence rend les objets visibles); 1783 (Buffon, Hist. nat., Minéraux, t.1, p.488: on reconnoît la présence de cette exhalaison à la flamme d'une chandelle). III. 1530 «apparence, aspect d'une personne ou d'une chose» (Epître de la venue de la Reine Aliénor ds Anc. poésies fr., t.11, p.235), sens att. encore au xviies. IV. Loc. 1. a) ca 1165 en présence de (qqn) (Troie, loc. cit.); b) 1696 en présence de (qqc.) (La Bruyère, Caractères XV ds OEuvres, éd. G. Servois, 1922, t.3, p.220: en la présence des mystères); 2. ca 1250 en présence (Bestiaire d'Amour rimé, éd. A. Thordstein, 70: Com se il fussent en presence); 3. ca 1445-60 hors de la présence de (Charles d'Orléans, Rondeaux ds OEuvres, éd. P. Champion, p.375: hors de la presance de celle que bien je congnois). Empr. au lat. praesentia (dér. de praesens «présent») «présence; efficacité, puissance», praesentia animi «présence d'esprit, sang-froid», in praesentia «pour le moment, dans le moment présent»; lat. chrét. praesentia «présence (de Dieu)». Fréq. abs. littér.: 9070. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 11 048, b) 10335; xxes.: a) 10948, b) 17025. |