| PRÉLIBATION, subst. fém. A. − 1. ANTIQ. Action de prélever les prémices, en libation aux dieux; action de prélever quelque chose sur un tout. (Ds Raymond 1832, Lar. 19e-Lar. Lang. fr.). − P. métaph. Comme Adam dormait quand la femme lui fut enlevée du coeur, n'est-il pas juste que de nouveau il dorme en ce jour de ses noces où elle lui est rendue et succombe à la plénitude? Pourquoi être ailleurs désormais? Non point sommeil, ce qu'il dort est la prélibation d'un autre système (Claudel, Soulier, 1929, 2ejournée, 14, p.766). 2. DR. Action de jouir d'avance ou le premier de quelque chose. P. anal. fig. Ce sont (...) de très répugnants paillards (...). Je suis sûr qu'en invoquant Belzébuth, ils pensent aux prélibations charnelles (Huysmans, Là-bas, t.2, 1891, p.151). B. − Spécialement 1. DR. FÉOD. Coutume selon laquelle le seigneur pouvait coucher avec la femme d'un vassal ou d'un serf la première nuit des noces. Synon. droit de cuissage*. (Dict. xixeet xxes.). 2. DR. CIVIL. ,,Action de jouir à l'avance d'un droit, d'un bien`` (Barr. 1974). Mais les monopoles, mais les priviléges de l'industrie, mais la prélibation du capitaliste, mais les droits seigneuriaux de la propriété, les avez-vous abolis? (Proudhon, Syst. contrad. écon., t.2, 1846, p.34). − Vx. Prélibation (d'hérédité). Prélèvement fait sur un héritage. (Dict. xixeet xxes.). Prononc.: [pʀelibasjɔ
̃]. Étymol. et Hist.1. 1756 terme de féod. droit de prélibation «droit réclamé par le seigneur sur la nuit de noces de sa vassale» (Voltaire, Moeurs, 51 ds Littré); 2. 1825 terme d'antiq. «première libation qui se faisait aux dieux» (Raymond); 3. dr. 1846 «action de jouir à l'avance d'un droit, d'un bien» (Proudhon, loc. cit.); 1869 prélibation d'hérédité (Littré). Empr. au lat. praelibatio «action de goûter, offrande préalable faite aux dieux». |