| PRÉDICAT, subst. masc. A. − LOG. [Dans un jugement de prédication] Qualité, propriété en tant qu'elle est affirmée ou niée d'un sujet. Synon. attribut (v. ce mot C).L'interposition d'un nombre quelconque de moyens termes ne peut combler entièrement l'intervalle qui existe entre le particulier et le général. Les transitions, pour devenir moins brusques, n'en restent pas moins discontinues; et ainsi il y a toujours une différence d'extension entre le sujet et le prédicat (Boutroux, Contingence, 1874, p.9).L'existence est un prédicat universel qui convient à tout ce qui est réel (Théol. cath.t.4, 11920, p.946): 1. ... le fait de considérer un ensemble de prédicats comme la définition d'un objet, puis comme un attribut constitutif d'un autre objet, ne constitue pas une innovation; elle est d'usage courant dans la logique classique et correspond, dans la langue courante, aux emplois d'un substantif et de l'adjectif épithète qui en dérive, ou d'un verbe et de son adjectif verbal.
Couffignal, Mach. penser, 1964, p.101. B. − LOG. MATH. Expression incomplète du type «... est un homme», qui devient une proposition si on la complète par un nom d'objet (synon. propriété); expression incomplète du type «... est plus petit que...» qui, pour devenir une proposition, a besoin d'être complétée par deux ou plusieurs noms d'objets (synon. relation). Synon. fonction propositionnelle* (d'apr. Aur.-Weil 1981).Prédicats unaires, binaires. ♦ Calcul des prédicats. [P. oppos. à calcul des propositions*] Partie de la logique analysant les propositions en prédicats et quantificateurs, et établissant les propriétés opératoires des systèmes logiques composés de ces éléments ((d'apr. Aur.-Weil 1981). Calcul des prédicats du premier ordre; du second ordre (qui considère des prédicats de prédicats), d'nièmeordre. Synon. calcul des fonctions prédicatives (v. prédicatif).Le calcul des prédicats que nous allons esquisser (...) se présente (...) comme un système formel (J.-B. Grize, Logiqueds Log. et connaissance sc., 1967, p.219 (encyclop. de la Pléiade)). C. − LINGUISTIQUE 1. [Dans un énoncé où l'on peut distinguer ce dont on parle et ce qu'on en affirme ou nie] Prédicat (logique). Terme qui dit quelque chose de l'autre. Tous les énoncés assertifs (affirmatifs ou négatifs) semblent devoir être décrits comme l'attribution d'une certaine propriété à un certain objet. D'où la nécessité que leurs descriptions sémantiques comprennent deux parties: un sujet que nous appellerons logique désignant l'objet dont quelque chose est affirmé, et un prédicat indiquant la propriété affirmée (Ducrot-Tod.1972, p.344).Pour analyser une proposition assertive telle que Tous les hommes sont mortels, on distinguera un sujet logique: Tous les hommes (ce à quoi on attribue une propriété), et un prédicat logique: sont mortels (propriété attribuée) (D. D. L.1976). 2. Prédicat (psychologique). ,,Membre d'une proposition par lequel on exprime, à propos d'un objet quelconque, ce que l'on tient à dire. L'objet dont on parle et qui sert de support au jugement n'est que le thème`` (Morier 1975). Synon. propos, rhème.Les notions de «thème» (ou «sujet psychologique») et de «propos» (ou «prédicat psychologique») (...) se situent non au niveau de la proposition, de l'énoncé, mais au niveau de l'énonciation: elles s'ordonnent en fonction des intentions du locuteur dans l'acte de communication. Si l'énoncé Tous les hommes sont mortels répond, dans un dialogue, à la question Quels hommes sont mortels?, le prédicat psychologique sera Tous (les hommes) et non pas sont mortels (qui fonctionne alors comme reprise du thème psychologique) (D. D. L.1976).V. présentation ex. 3: 2. ... si quelqu'un dit hélas! En voyant un ami gisant sur son lit de mort, la situation devient sujet psychologique, l'exclamation, prédicat, bien que la phrase soit réduite à un seul signe prononcé.
Bally, Lang. et vie, 1952, p.78. 3. Prédicat (grammatical) a) GRAMM. TRADITIONNELLE. ,,En un sens (...) restreint, le mot désigne spécialement le prédicat de la phrase nominale, composé éventuellement d'un verbe attributif et de son attribut (le jour paraît long...). En un sens plus restreint encore (...), il désigne l'attribut à l'exclusion du verbe attributif (long dans l'exemple qui précède)`` (Mar. Lex. 1933, p.149). b) [Chez Tesnière et Martinet] L'élément qui n'est complément de rien, celui vers qui toutes les autres fonctions se dirigent, c'est-à-dire le verbe (d'apr. Lang. 1973). c) GRAMM. GÉNÉRATIVE. En structure profonde, dénomination du groupe verbal en tant qu'il est fonctionnellement en relation avec un groupe nominal sujet. Chomsky a proposé que (...) les notions fonctionnelles telles que «sujet-de» ou «objet-direct-de», «prédicat-de» et «verbe-principal-de» (...) constituent les principales relations de structure profonde entre les unités lexicales (J. Lyons, Ling. gén., Paris, Larousse, 1970, p.336). Rem. Cet élément ,,indépendant, central et obligatoire`` peut ne pas être le verbe. Ce peut être, p.ex., un nom: «Pitié pour lui!» (v. Mounin 1974). Prononc. et Orth.: [pʀedika]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1370 (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p.116 et note 16) −xvies.: 1522 (P. Fabri, Rhét., éd. Héron, I, 182 ds Fonds Barbier); de nouv. 1840 (Cousin, Fragm. philos., p.237). Empr. au b. lat. praedicatum, -i «attribut» dep. Boèce ds Blaise Lat. chét., part. passé subst. de praedicare «proclamer, annoncer», v. prêcher. Fréq. abs. littér.: 58. Bbg. Guespin (L.). Sur deux approches contradictoires: la not. de prédicat chez E. Benveniste et L. Guilbert. In: [Mél. Guilbert (L.)]. Paris, 1979, pp.142-147. _ Mounin (G.). La Not. de prédicat chez Bloomfield. In: [Mél. Graur (A.)]. R. roum. Ling. 1980, t.25, no4, pp.367-372. _ Pottier (B.). Sujet et prédicat en fr. B. Soc. Ling. 1949, t.45, pp.XVI-XVIII. _Vildé-Lot (I.). Sujet et prédicat. Fr. mod. 1963, t.31, pp.120-136. |